La légende des paladins (1877) Autran/II - L'armée
La lyre à sept cordes La légende des paladins - 1877 I - Le Chemin de Saint-Jacques II - L'armée III - L'ennemi |
Dans ce poème, Joseph Autran décrit l'armée de Charlemagne en l'imaginant passe une revue de ses troupes.
II - L'armée
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Quand on fut parvenu sur ces monts, dans ces roches,
Où déjà de l’Espagne on pressent les approches,
Charlemagne, un matin, passa ses compagnons
En revue, et voici quelques-uns de leurs noms :
Au premier rang Turpin, qui, soldat patriarche,
Accompagnait toujours la vieille armée en marche,
Et qui distribuait aux preux les sacrements.
A côté de Turpin, Roland, comte du Mans,
Fils de Berthe, la sœur de Charlemagne même ;
C’est le premier baron, un roi moins le saint-chrême ;
Il amène avec lui six mille combattants.
Olivier, dans la fleur de son mâle printemps,
Olivier, son fidèle et doux compagnon d’armes,
Qui connaît la pitié, la puissance des larmes,[170]
Mais qui tue au besoin sans trêve ni pardon ;
Estout, comte de Langre et fils du comte Odon ;
Gayfer, roi de Bordeaux ; l’intrépide Arastagne
Qui commande aux meilleurs soldats de la Bretagne.
Puis Galère et Galin, ils se suivent partout ;
Salomon de Poitiers, ce compagnon d’Estout,
Dont la haute sagesse est au loin reconnue :
Quand il est dans sa tour, voisine de la nue,
Il aime à consulter les oracles divins ;
Sa bannière conduit cinq mille Poitevins.
Celui-ci, c’est Bazin, dont Berthe fut marraine.
Il habitait alors un donjon, en Touraine,
Dont on peut voir encore un vieux reste aujourd’hui ;
Trois mille Tourangeaux marchent derrière lui.
Puis voilà Pontevès de Provence, un athlète ;
Arabil, si savant à tirer l’arbalète
Qu’au plus haut de l’azur il atteint le ramier ;
Besgue, à l’aigle d’argent qui brille à son ramier ;
Beaudoin, du sang royal, qui dans toute entreprise
Se jette avec ardeur ; Gaudebord, roi de Frise ;
Le duc de Roussillon, si beau sous le haubert ;
Gumar, Esturinis, Théodoric, Lambert,
Dont l’écu porte un arbre orné dune cigogne ;[171]
Bérard de Nuble, Hégo, Philibert de Bourgogne,
Angelier de Champagne, un des plus chevelus,
Et le vieil Anséis, et le jeune Oëlus,
Dont on chante le nom dans une cantilène ;
Yvon, le plus rapide à courir dans la plaine ;
Le prince Othon, campé sur son noir palefroi ;
Enfin ce Ganelon, qui trahira son roi.
L’empereur devant tous passe et les examine ;
II parle à chacun d’eux, louant sa bonne mine,
La beauté de son heaume ou de son gonfanon :
« Comment cela va-t-il, messire et compagnon ?
Déjà ce ciel plus chaud vous a pris de son hâle. »
Puis il tourne un regard là-haut, par intervalle,
Et tout bas au Seigneur il adresse ce vœu :
« Si je n’en sauve qu’un, que ce soit mon neveu ! »
Notes et compléments
Sur Roland comte du Mans
Voir aussi
- Sources
- WikiSource : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Autran_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes,_t5,_1877.djvu/180
- Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102927v/f171.item