La Jeunesse illustrée (1934) Roland

De Wicri Chanson de Roland
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Cet article présente la Chanson de Roland pour de jeunes lecteurs. Il est paru dans l'hebdomadaire La Jeunesse illustrée en 1934.

Avant-propos

Le public visé par cet article est celui des jeunes lecteurs (collégiens notamment). Il est donc très intéressant pour connaître la culture de ce public.

La légende et l'histoire

Roland

Eginhard nous apprend que lorsque Charlemagne revint d’Espagne avec son armée, son arrière-garde était commandée par le comte Roland (Rotlandus ou Hrotlandus). C’est la seule fois qu’il est parlé dans un document historique de ce personnage que la légende a rendu si célèbre et dont elle a fait une sorte d'Achille chrétien. Il n’est même pas probable que ce Roland fût neveu de Charlemagne comme les récits épiques l’ont voulu depuis.

L’arrière-garde qu’il commandait fut attaquée au col d’Ibanéta par les montagnards basques ou gascons et complètement défaite par eux. Roland y trouva la mort. Le souvenir de cette bataille s’est perpétué jusqu’à nos jours dans le chant basque d’Altabiscar, dont voici quelques extraits.

« Un cri s’est élevé du milieu des montagnes des Escualdunacs. Et l'etcheco-iaona (l’homme qui a une maison, l’homme libre dans la langue basque) debout devant sa porte a ouvert l’oreille et a dit : « Qui va là ? Que me veut-on ? » Et le chien qui dormait au pied de son maître s’est, levé et a rempli les environs d’Altabiscar de ses aboiements.
« Au col d’ibanéta, un cri a retenti. C’est le murmure sourd d’une armée qui vient et l’etchecoiaona aiguise ses flèches...
« Combien sont-ils ? Enfant, compte-les bien. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix... et des milliers d’autres encore...
« Unissons nos bras nerveux, déracinons ces rochers, lançons-les du haut des montagnes jusque sur leurs têtes. Et qu’avaient-ils à faire dans nos montagnes, ces hommes du Nord ?...
Le chant d’Altabiscar
« Oh! combien d’os broyés, quelle mer de sang !
« Fuyez, fuyez, ceux à qui il reste de la force et un cheval!
« Et maintenant, laissons ces rochers, descendons vite en lançant des flèches à ceux qui fuient.
« Ou donc est la haie de lances ? Où sont les bannières versicolores ?...
« Combien sont-ils ? Enfant, compte-les bien : dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un! il n’y en a même plus un. Etcheco-iaona, vous pouvez rentrer avec votre chien... Nettoyez vos flèches... la nuit, les aigles viendront manger ces chairs écrasées et tous ces os blanchiront dans l’éternité. »
Ganelon devant le roi Marsile

La légende ne pouvait admettre que cette défaite fût due aux seuls montagnards basques, mais elle l’attribue aux Sarrazins d’Espagne et la trahison seule pouvait l’expliquer suivant elle. C’est Ganelon, le traître, jaloux de Roland, neveu de Charlemagne et, comme lui, prétendant à la main de la belle Aude.

L’empereur, avant de quitter l’Espagne, qu’il a conquise en entier, fors Sarraguce qu est en une muntaigne, envoie Ganelon en parlementaire auprès du roi Marsile, qui règne sur cette ville. Ganelon voit là une occasion de se venger du neveu de Charlemagne; il fait alliance avec Marsile et l’émir Blancandrin et leur apprend l’itinéraire que doit suivre l’arrière-garde de l’armée, commandée par Roland et les douze pairs, tandis que l’empereur est parti en avant, vers « Dulce France ».

La chanson de Roland nous narre les exploits du paladin et de son compagnon Olivier, encerclés par les Sarrazins, avec l’archevêque Turpin et les douze pairs. D’un seul coup de son épée Durandart (ou Durandal), le paladin sur son cheval Veillantif pourfend les mécréants.

« La bataille est merveilleuse et grant », dit la chanson et les Sarrazins commencent par être défaits, mais ils reviennent en plus grand nombre et c’est en vain que Roland sonne du cor pour appeler Charlemagne et l’avant-garde de l’armée : le traître Ganelon, qui est auprès do l’empereur, le dissuade de retourner en arrière.

Roland, pour ne pas laisser Durandal aux mains des infidèles, veut la briser contre le rocher mais c’est le rocher qu’il brise et la légende a dénommé « Brèche de Roland » le défilé qui commémore désormais cet exploit fabuleux.

Mais les appels de l'olifant se font si pressants, qu’à la fin Charlemagne so décide à rebrousser chemin. Il arrive trop tard : Roland, les douze pairs, toute l’armée et des milliers de Sarrazins, sans oublier le roi Marsile et Blancandrin, sont étendus sur le champs de bataille. Pendant qu’il fait tirer un châtiment exemplaire de la trahison de Ganelon, le vieil empereur se remémore toutes les terres que son neveu lui a conquises et dont l’énumération fantastique dépasse l’imagination.

Si la chanson de Roland nous conte la mort du héros, d’autres, depuis la Karlamagnus Saga jusqu’au Renaus de Montauban, nous content son histoire poétique. Elles nous disent que, fils de Berthe au grand pied, le neveu de Charlemagne, Roland, a fait le siège de Vienne qu’il conquiert. Il y fait la connaissance de la belle Aude que lui dispute Olivier. Il en résulte un combat singulier dont Aude doit être le prix. Roland et Olivier, ne pouvant se vaincre, tombent aux bras l’un de l’autre et se jurent une éternelle amitié. Ensemble, ils conquièrent la Calabre, la Saxe, pourfendent des géants et vont même poursuivre l’émir Malquidant à la Mecque.

Les chansons de geste contant les exploits du paladin pendant son séjour en Espagne sont plus nombreuses que les autres.

Le romancero espagnol, de son côté, le fait vaincre par le chevalier Bernard del Carpio à Roncevaux. Ainsi, depuis les Basques jusqu’aux Castillans, en passant par les Maures, tous ont prétendu être les vainqueurs du héros légendaire au passage des Pyrénées.

Les livres de chevalerie s’emparèrent de lui après les chansons de geste pour lui attribuer tous les exploits magnifiquement chantés depuis par le Tasse dans son Roland furieux.

...les appels de l’olifant se font si pressants

Discussion

La première phrase contient une référence bon commentée à Éginhard. Cela implique, pour le lecteur de disposer d'un dictionnaire (voir par exemple le Grand Dictionnaire Universel de Larrouse).

Voir aussi