La Jeunesse illustrée (1906) Durandal
De Wicri Chanson de Roland
Cette aventure, dessinée par Louis Denis-Valvérane est parue dans l'hebdomadaire La Jeunesse illustrée en 1906.
L'Histoire et ses sources
Parue dans un magazine pour enfants, l'histoire est relativement insignifiante.
En revanche elle contient de nombreuses références à la Chanson de Roland et même à d'autres chansons de geste.
Format bande dessinée
- Page 1
- Page 2
En format texte
Cette version permet notamment de réaliser des liens et annotations.
Le roi des Sarrasins d’Espagne, Marsile, régnait à Saragosse. Derrière ses murailles, il avait pu braver les armées de Charlemagne, qui avaient décimé les troupes des infidèles en rase campagne. | |
Le roi Marsile en voulait surtout à Roland, le neveu de Charlemagne. Il avait dépêché contre lui ses meilleurs guerriers; mais Roland les avait tous pourfendus avec sa fameuse épée Durandal. | |
« — Il laut a tout prix, dit le roi Marsile, qu'on s’empare de Durandal ou qu’on la détruise par la force ou par la ruse. » Et il envoya, en ambassade auprès de Charlemagne, son parent, l’émir Blancandrin, sous prétexte de traiter de la paix. | |
Les instructions secrètes de Blancandrin étaient de chercher les moyens de s’emparer de Durandal. Comme il en parlait sous sa tente avec son compagnon Abdérame, en attendant une audience de l'empereur, ils virent entrer un des guerriers francs, le comte Ganelon. | |
« — J’ai entendu votre conversation, leur dit Ganelon. Je hais Roland, qui a toutes les faveurs de Charlemagne. Je puis vous fournir tous les moyens de vous emparer de Durandal, si vous suivez bien mes instructions. | |
« Roland est chargé d’une mission auprès des Euscariens, dans les montagnes. Pour s’y rendre, il doit, ce qu’il ignore, traverser à gué un torrent grossi par les neiges et, à la nage, un lac. | |
« Après quoi, il lui faudra passer à travers un grand névé où il aura de la neige jusqu’au cou. Or, il a donné à réparer le fourreau de Durandal au Sarrasin Ali, de Cordoue, qui est le corroyeur de l’armée. Entendez-vous avec Ali. Il n’aurait qu’à s’arranger pour que le fourreau de Durandal... | |
«... fût hors d’usage avant le passage du premier torrent. Une fois arrivé chez les Euscariens, l’épée de Roland serait complètement rouillée. Si vous voulez alors vous en emparer pour la rapporte! au roi Marsile, vous n’avez qu’à poster des guerriers sur le passage de Roland à son retour. | |
« Durandal rouillée ne pourra lui être d’aucun secours.
— Tu as raison, dit Blancandrin. Conduis-nous auprès d’Ali. » Ali, le corroyeur, consulté, réfléchit un moment. Il avait justement devant lui le fourreau de Durandal à réparer. | |
Aidé de Blancandrin et d’Abdérame, il en évida le cuir, puis il introduisit à l’intérieur de cet évidement une grande quantité d’amadou, à une extrémité duquel il mit le feu avant de recoudre le cuir sur l’ouverture.. | |
“ — Le feu va couver dans l’amadou, dit Ali, et, dans deux jours, le fourreau de Durandal sera consumé sans que Roland ait su pourquoi. » Roland partait le lendemain matin. | |
Quand il arrivaa au premier gué, il s'aperçut que le fourreau de cuir de Durandal, rongé par un feu intérieur, tombait en cendres. Il ne restait, que l’épée nue. | |
Le gué était profond. Roland releva son épée au-dessus de sa tête et poussa son cheval Veillantif dans le torrent. | |
Bientôt Veillantif en eut jusqu’au poitrail. Roland se dressa sur ses étriers, tenant toujours de la main gaucho Durandal hors de la portée des flots. Mais Veillantif eut bientôt de l’eau jusqu’aux naseaux. Roland monta debout sur sa selle. Il vit que son cheval allait perdre pied. | |
Mais la rive opposée n’était plus très loin.. Roland saisit Durandal de la main droite et la lança avec une telle force qu’elle alla se planter en terre sur la berge du torrent, au moment même où l’eau devenant plus profonde, cheval et cavalier durent se lancer à la nage côte à côte. | |
Quand il eut repris sa bonne épée, Roland s’aperçut qu’il avait maintenant un lac à traverser entre des rochers escarpés. Il saisit Durandal des deux mains et trancha à ras du sol plusieurs sapins. Ce n’était qu’un jeu pour la lame qui avait l’habitude de trancher des armures. | |
Avec les sapins abattus, Roland fit un radeau sur lequel il s’embarqua avec Veillantif pour atteindre l’autre bord. Durandal était toujours indemne. | |
La route montait ensuite jusqu’à un grand névé. Comment traverser ce névé sans laisser séjourner l’épée nue dans la neige qui aurait tôt fait de la rouiller? | |
Roland abattit deux branches de sapin. A l’aide de Durandal, il les tailla en forme de planches plates et très allongées, analogues aux raquettes qui s’appellent maintenant des skis et qu’il avait vu employer par les peuples du Nord dans ses expéditions avec Ogier le Danois. | |
Roland, ayant laissé Veillantif attaché à un sapin, traversa le névé sur ses raquettes, et Durandal fut épargnée. Il atteignit ainsi le pays desEuscariens où l’appelait sa mission. | |
Blancandrin et Abdérame l’attendaient sur la route du retour. Ils avaient prévenu le plus terrible des guerriers sarrasins, le géant Ferragus. Et tous trois vinrent se poster dans le bois de sapins, à peu de distance de Veillantif qui attendait son maître. | |
Un beau matin, un hennissement du cheval les avertit que le guerrier était de retour : « — Durandal est rouillée, s’écria Blancandrin, et Roland est en notre pouvoir ! » | |
Ferragus s’avança le premier, brandissant sa masse d’armes au-dessus de la tête de Roland, | |
Mais, Roland, qui n’avait même pas eu à sortir Durandal du fourreau, fendit d’un seul coup le géant Ferragus en deux. Blancandrin et Abdé rame avaient pris la fuite. |
Voir aussi
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