Charlemagne (Les triomphes de) (Larousse - G.D.U. XIXe siècle)

De Wicri Chanson de Roland

Charlemagne (LES TRIOMPHES DE), roman épique de Lodovici, imprimé à Venise en 1535, L’ouvrage offre ceci de particulier, qu’au lieu d’être écrit en octaves, il est en terza rima, ou en tercets. L’auteur l’a divisé en deux parties ; chacune des deux parties se subdivise en cent chants, et chacun des deux cents chants en cinquante tercets. Presque tous les chants ont un exorde ou un prologue, qui change de sujet selon la fantaisie du poète. L’action est interrompue à tout moment par des digressions. Il ne faut pas chercher l’originalité de l’œuvre dans les exploits de Charlemagne et de son cousin Roland, dans les trahisons de Ganelon de Mayence, et tout cet appareil de fêtes et de tournois qui accompagne les prouesses d’un paladin. Mais les voyages de Roland, où le poëte fait l’essai d’une forme nouvelle, sans analogie avec la féerie chevaleresque, méritent de fixer l’attention. Des êtres moraux personnifiés, la Nature, l’Amour, le Vice, la Vertu, la Fortune, prennent part à l’action et développent des leçons morales ou des satires contre les abus et les vices du temps. Des épisodes, souvent gracieux, contrastent avec l’énergique indignation du poète qui flagelle les désordres et les scandales de la société, de la cour de Rome surtout. Il est fâcheux que l’odyssée de Renaud soit si fréquemment interrompue par le récit des expéditions de Charlemagne et les digressions de l’auteur, il est plus regrettable encore que le style soit médiocre. Sans ce défaut commun à tant de poèmes de cette époque, l’ouvrage de Lodovici se ferait lire, grâce aux visions allégoriques de Renaud, qui ont un but philosophique très-remarquable. L’emploi malheureux de la terza rima dans l’épopée indiqua aux poètes qu’ils avaient à faire usage d’un autre mètre.