Charlemagne (Le couronnement) (Larousse - G.D.U. XIXe siècle)

De Wicri Chanson de Roland

Charlemagne (LE COURONNEMENT DE), fresque de Raphaël, dans la chambre de l’Incendie du Bourg, au Vatican, Raphaël s’est fort peu préoccupé de la vérité historique dans la composition de ce tableau ; sous prétexte de nous montrer Charlemagne couronné par le pape Léon III, il a mis en scène François Ier et Léon X, les cardinaux et les seigneurs les plus illustres de son temps ; et, pour que nul n’en ignore, il a écrit, dans l’embrasure de la fenêtre qui s’ouvre à l’un des angles de la fresque, ces mots : Leo X. P. Max. Chr. MCCCCC XVII. Un peu avant cette dernière date, qui est celle de l’exécution de la peinture, François Ier, vainqueur à Marignan, avait eu une entrevue avec Léon X à Florence, et avait signé avec lui un traité d’alliance ; ce ne fut jamais que dans la fresque du Vatican qu’il reçut des mains du pontife la couronne impériale. Néanmoins, les anachronismes qui abondent dans cet ouvrage ne lui enlèvent rien de sa valeur artistique. L’ordonnance du tableau est tout à fait magistrale ; le pape, coiffé d’une mitre et assis sur un trône élevé derrière lequel est tendue une riche draperie, s’apprête à déposer la couronne impériale sur la tête de Charlemagne. Celui-ci, la tête nue et les épaules couvertes d’une chape dorée, est agenouillé sur les degrés du trône ; il tient d’une main un sceptre et de l’autre un globe, symbole de la puissance ; derrière lui est un petit page qui porte dans ses mains une couronne à pointes, et qui tourne vers nous son charmant visage. Onze personnages se tiennent debout autour du trône pontifical ; les uns sont revêtus d’insignes sacerdotaux, les autres paraissent faire partie de la suite de l’empereur. À droite, au premier plan, sont groupés des cardinaux et des ecclésiastiques ou des religieux d’un rang inférieur, les uns assis sur des bancs, les autres assis à terre ; les cardinaux, coiffés de la mitre blanche, nous tournent le dos pour la plupart. Dans le fond sont assis des évêques, et derrière eux se tiennent debout des officiers de Charlemagne. Sur le devant du tableau, à gauche, deux serviteurs demi-nus apportent un banc dont un officier, bardé de fer et à genoux, désigne la place du doigt. D’autres serviteurs apportent des vases antiques. Des objets de ce genre sont déjà déposés sur une table, et on voit, sur une seconde table, des chandeliers dorés garnis de cierges. La scène que nous venons de décrite se passe dans l’intérieur de la basilique de Saint-Pierre, dont l’architure forme au tableau le fond le plus riche et le plus imposant. Ce fond est attribué à Jean d’Udine. La tradition veut aussi que le dessin seul de la composition ait été exécuté par Raphaël, et que la peinture soit l’œuvre de Jules Romain. Cette belle fresque est malheureusement une de celles, dans les chambres, qui ait eu le plus à souffrir des injures du temps.