Charlemagne (Histoire de) (Larousse - G.D.U. XIXe siècle)

De Wicri Chanson de Roland

Charlemagne (histoire de), en espagnol Historia de Carlo Magno. Dans le prologue de l’édition si curieuse de ce livre, faite à Alcala en 1570, chez le libraire Sébastien Martinez, on lit ce qui suit : « Il en est de même d’une histoire venue à ma connaissance, en langue française, non moins agréable qu’utile, qui parle des grandes vertus et des exploits de Charlemagne, empereur de Rome et roi de France, et de ses chevaliers et barons, comme Roland et Oliviers et les autres pairs de France, dignes de louable mémoire pour les guerres cruelles qu’ils firent aux infidèles et pour les grands travaux qu’ils entreprirent afin de rehausser la foi catholique. Et comme il est certain qu’en langue castillane il n’y a pas de narration qui en fasse mention, excepté de la mort seule des Douze pairs à Roncevaux, il m’a semblé juste et utile que ladite histoire et des faits si remarquables fussent connus dans toutes les parties de l’Espagne, comme ils sont manifestés dans les autres royaumes. Par conséquent, moi, Nicolas de Piamonte, je me propose de traduire ladite composition de la langue française en romance castillane, sans changer, ni ajouter, ni enlever autre chose de la rédaction française. Et l’ouvrage est divisé en trois livres : le premier parle des commencements de la France, de qui lui resta le nom et du premier roi chrétien qu’il y eut en France, descend jusqu’à Charlemagne, qui fut ensuite empereur de Rome. Ce récit est traduit du latin en langue française. Le second parle de la rude bataille que le comte Oliviers livra à Fierabras, roi d’Alexandrie, fils du grand almirante Balan, et ce livre est en mètre français, bien versifié. Le troisième parle de quelques œuvres méritoires que fit Charlemagne ; et finalement de la trahison de Ganelon et de la mort des douze pairs, et ces livres furent extraits d’un livre bien approuvé, appelé Miroir historique (Espejo historial). »

On voit donc que cet ouvrage est une traduction directe du français. Aussi ne contient-il aucun détail sur la défaite de Roncevaux par Bernardo del Carpio, défaite qui, dans les vieilles chroniques et les anciennes romances espagnoles, flatte si agréablement la vanité nationale. Elle contient les histoires bien connues d’Olivier et de Fiérabras le Géant, d’Orlando et du traître Ganelon, et repose sur la chronique fabuleuse de Turpin, comme autorité principale. Elle n’en eut pas moins un grand succès et contribua plus que tout autre roman à conserver en Espagne, dans toute sa vigueur, le goût pour les romans de chevalerie, influence si grande et si pernicieuse, à laquelle la publication de Don Quichotte devait porter un coup mortel. Consultez, sur ce roman, Ticknor : Histoire de la littérature espagnole (t. I{{er]], trad. Magnabal), contenant les importantes annotations des commentateurs espagnols don Pascual de Gayangos et Enrique de Vedia.