Chanson de Roland (1922) Bédier/page 56

De Wicri Chanson de Roland
logo lien interne Cette page est en phase de création pour des raisons de cohérence des liens dans ce wiki (ou au sein du réseau Wicri).
Pour en savoir plus, consulter l'onglet pages liées de la boîte à outils de navigation ou la rubrique « Voir aussi ».

Laisse LV

Carles li magnes ad Espaigne guastede,
Les castels pris, les citez violees.
705Ço dit li reis que sa guere out finee.
Vers dulce France chevalchet l’emperere…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Li quens Rollant ad l’enseigne fermee,
En sum un tertre contre le ciel levee.
Franc se herbergent par tute la cuntree.
710Paien chevalchent par cez greignurs valees,
Halbercs vestuz e trés bien. . . . . . .
Healmes lacez e ceintes lur espees,
Escuz as cols e lances adubees.
En un bruill par sum les puis remestrent.
715.IIII. C. milie atendent l’ajurnee.
Deus ! quel dulur que li Franceis nel sevent ! AOI.

 

Charlemagne a ravagé l’Espagne, pris les châteaux, violé les cités. Sa guerre, dit-il, est achevée. Vers douce France l’empereur chevauche, [Au soir…] le comte Roland attache à sa lance le gonfanon ; du haut d’un tertre, il l’élève vers le ciel : à ce signe, les Francs dressent leurs campements par toute la contrée. Or, par les larges vallées, les païens chevauchent, le haubert endossé, […] le heaume lacé, l’épée ceinte, l’écu au col, la lance appareillée. Dans une forêt, au sommet des monts, ils ont fait halte. Ils sont quatre cent mille, qui attendent l’aube. Dieu ! quelle douleur que les Français ne le sachent pas !

Laisse LVI

Tresvait le jur, la noit est aserie.
Carles se dort, li empereres riches.
Sunjat qu’il eret as greignurs porz de Sizer,
720Entre ses poinz teneit sa hanste fraisnine.
Guenes li quens l’ad sur lui saisie.
Par tel aïr l’at estrussee e brandie
Qu’envers le cel en volent les escicles.
Carles se dort, qu’il ne s’esveillet mie.

 

Le jour s’en va, la nuit s’est faite noire. Charles dort, l’empereur puissant. Il eut un songe : il était aux plus grands ports de Cize ; entre ses poings il tenait sa lance de frêne. Ganelon le comte l’a saisie ; si rudement il la secoue que vers le ciel en volent des éclisses. Charles dort ; il ne s’éveille pas.

Laisse LVII

725Après iceste altre avisiun sunjat :
Qu’il ert en France, a sa capele, ad Ais.

 

Après cette vision, une autre lui vint. Il songea qu’il était en France, en sa chapelle,

Voir aussi