Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse XVIII/Gautier/262. Les douze pairs

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Les douze pairs

Li duze Per

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 080.jpg[73] Quelle est l’origine des douze Pairs ? Il y a à distinguer. L’idée de Compagnonnage (et les douze Pairs ne sont que les membres d’un compagnonnage militaire ; on les appelle même les douze Compagnons) est essentiellement une idée germanique qui s’est modifiée dans le droit féodal. Quant au chiffre douze, bien qu’il soit consacré chez les tribus germaines, il nous semble ici d’origine chrétienne. On a donné à Charles douze Pairs, parce que le Christ avait eu douze apôtres. C’est ce que l’on trouve exprimé dans la Karlamagnus Saga. (I, 59.) D’après Girart d’Amiens, c’est Naimes qui donna à Charles l’idée de cette institution. (Ms. 778, f° 113, v°.) Mais la Saga est mieux inspirée en en faisant honneur à l’Empereur lui-même. (I, 59.) M. G. Paris a dit quelque part (Hist. poét. de Charlemagne, 417) que la conception des douze Pairs « n’apparaît pas dans la poésie primitive ». Cette opinion nous semble hasardée, puisque nous trouvons les « Douze » dans la Chanson de Roland, dans le Voyage, dans la Karlamagnus Saga, et même dans Ogier, quoique avec moins de précision. Il est également inexact de dire qu’ils « doivent uniquement figurer dans la guerre d’Espagne », quand nous les trouvons dans Renaus, dans le Voyage, dans Fierabras, Simon de Pouille, etc. etc. Nous donnons ici une quinzaine de listes des « douze Pairs », d’après les sources les plus variées :

I. Chanson de Roland : 1. Roland. 2. Olivier. 3. Gerin. 4. Gerer. 5. Berenger. 6. Otton. 7. Samson. 8. Engelier. 9. Yvon. 10. Yvoire. 11. Anseïs. 12. Girart

II. Roncevaux. (Textes de Paris, de Venise VII, etc.) 1. Roland. 2. Olivier. 3. Turpin. 4. Estoult. 5. Haton. 6. Gerin. 7. Gelier. 8. Samson. 9. Girart. 10. Anseïs. 11. Berenger. 12. Hue.

III. L’Entrée en Espagne. 1. Roland. 2. Olivier. 3. Hestous. 4. Hostes. 5. Ogier. 6. Berenger. 7. Anseïs. 8. Turpin. 9. Girart. 10. Samson de Bourgogne Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 081.jpg[74] (remplacé à la fin de la Chanson par le jeune Samsonnet, fils du roi de Persie). 11. Naimes. 12. Salomon de Bretagne (ou Richard de Normandie ? ).

IV. Renaus de Montauban. 1. Roland. 2. Olivier. 3. Richard de Normandie. 4. Naimes. 5. Ullage l’Anglois. 6. Berenger le Gallois 7. Ydelon de Bavière. 8. Ogier. 9. Turpin. 10. Salomon de Bretagne. 11. Geoffroi d’Angers. 12. Estoult.

V. Gui de Bourgogne. 1. Roland. 2. Olivier. 3. Naimes. 4. Ogier. 5. Richard de Normandie. 6. Renier. 7. Yvon. 8. Yvoire. 9. Haton. 10. Tierri. 11. Oede. 12. Samson.

VI. Voyage à Jérusalem et à Constantinople. 1. Roland. 2. Olivier. 3. Guillaume d’Orange. 4. Naimes. 5. Ogier. 6. Gerin. 7. Beranger. 8. Hernaut. 9. Aïmer. 10. Turpin. 11. Bernard de Brebant. 12. Bertrand. (V. nos Épopées françaises, II, 272.) On voit que cette énumération et le poëme lui-même sont dus à un cyclique de la geste de Guillaume ; car il met au nombre des douze Pairs cinq membres de cette Geste : Guillaume, Hernaut, Aïmer, Bernard de Brebant et Bertrand.

VII. Karlamagnus Saga. (Les mêmes que dans la Chanson de Roland, « sauf que Turpin et Gautier remplacent Anseïs et Girard. » G. Paris, l. I, 507.)

VIII. Otinel. 1. Roland. 2. Olivier. 3. Turpin. 4. Gerin. 5. Naime. 6. Otton. 7. Ogier. 8. Engelier. 9. Estoult. 10. Bertoloi. 11. Anseïs. 12. Girart.

IX. Fierabras. 1. Roland. 2. Olivier. 3. Thierry. 4. Geoffroi. 5. Naimes. 6. Ogier. 7. Richard. 8. Berard. 9. Gillimer. 10. Aubri. 11. Basin. 12. Gui de Bourgogne.

X. « La Chronique de Weihenstephan (Hist. poét. de Charlemagne, p. 501) supprime de la liste de la Chanson de Roland Gerin et Gerer, Otton, Ivoire et Girart, qu’elle remplace par Turpin, Thierri, Guillaume, Geoffroi et Hatton. »

XI. Dans Simon de Pouille, les douze « Compagnons » (mais sont-ce bien les douze Pairs ?) sont : 1. Bernard de Brebant, fils d’Aimeri de Narbonne. 2. Thierry d’Ardenne. 3. Geoffroi de Danemark. 4. Bernard de Clermont. 5. Hue de Maante. 6. Geoffroi Marteau, d’Angers. 7. Drues de Poitiers. 8. Raimbaut le Frison. 9. Simon de Pouille. 10. Richard de Normandie. 11. Gautier de Lombardie. 12. Hugues de Dijon.

XII. Ogier nous offre : 1. Naimes. 2. Gilimer. 3. Salomon. 4. Le roi Othon. 5. Thierry d’Ardane. 6. Geoffroi. 7. Doon de Nanteuil. 8. Aimes de Dordone. 9. Girart de Roussillon... (?)

XIII-XVI. Dans Galien (Ms. 226 de l’ArsenaI), Garin de Montglane figure au nombre des douze Pairs. Dans Huon de Bordeaux, le héros du poëme entre dans ce corps sacré. Jacques d’Acqui y place le géant païen Ottonnel, après sa conversion. Malceris n’y est pas admis. (Prise de Pampelune, v. 465-561.)

Nous donnons ici, à titre de curiosité, la liste des douze Pairs, telle qu’elle se trouve dans les Conquestes du grant Charlemagne, de la Bibliothèque bleue. C’est cette liste qui circule aujourd’hui dans nos campagnes : « Chacun des principaux de l’empereur Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 082.jpg[75] Charles, appelés communément les douze ou treize Pairs de France, qui étaient capitaines de l’Exercice, étaient forts et vaillants. La conqueste du grand Charlemagne (1677) Oudot MDZ page 35.jpg Il y en avait plus de treize, selon ce que je trouve. Premièrement étoient Roland, comte de Cenonta, fils de Milan (sic) et de dame Berthe, sœur du roi Charlemagne ; Olivier, fils de Regnier, comte de Gênes, qui étoit au lit à l’exercice de Charlemagne (sic) ; Richard, duc de Normandie ; Guérin, duc de Lorraine ; Geoffroy, seigneur bourdelois ; Hoël, comte de Nantes ; Oger le Danois, d’Asie ; Lambert, prince de Bruxelles ; Thierry d’Ardenne ; Basin le Gènevois ; Gui de Bourgogne ; Geoffroi de Frise ; le traître Ganelon, qui fit la trahison de Roncevaux ; Solomon, duc de Bourgogne ; Riol du Mans ; Alory et Guillaume d’Estoc (sic) ; Naimes de Bavière, et plusieurs autres qui étaient sujets à Charlemagne. » (V., sur les douze Pairs, les Épopées françaises, II, 123-176.)


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