Cahiers de civilisation médiévale (2013) Buschinger

De Wicri Chanson de Roland

La réception du Pseudo-Turpin en Allemagne au Moyen Âge


 
 

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Titre
La réception du Pseudo-Turpin en Allemagne au Moyen Âge
Auteur
Danielle Buschinger,
In
Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2013.
Source
OpenEdition,
https://journals.openedition.org/crmh/13130
Résumé
L’article étudie l’influence que le Pseudo-Turpin a pu avoir sur le Rolandslied de Konrad et sur le Karlmeinet. Contrairement à ce que l’on a parfois affirmé, le premier de ces deux poèmes présente seulement de rares similitudes avec le texte de la chronique latine. Au contraire, la troisième partie du Karlmeinet adapte assez fidèlement le texte de Turpin, en insistant moins sur l’idéologie de la guerre sainte, mais en utilisant l’image de Charlemagne au service des revendications allemandes contre les prétentions françaises sur l’Empire.

L'article

Le Pseudo-Turpin, œuvre écrite en latin par un clerc français entre 1130 et 1140, a été diffusé dans toute l’Europe par trois cents manuscrits en de nombreuses langues[1]. Il ne serait donc pas étonnant que ce texte ait été également répandu en pays de langue allemande. André Moisan souligne ainsi qu’il est vraisemblable de penser que le Curé Konrad, dans son Rolandslied, adaptation d’un manuscrit inconnu de la Chanson de Roland, avait de son propre chef cléricalisé la légende sans recourir obligatoirement au Pseudo-Turpin[2], alors que André de Mandach estime « la dépendance du Ruolantes Liet à l’égard du Pseudo-Turpin bien établie »[3]. De fait, on a pu relever dans ce texte un certain nombre de points repris par Konrad dans son Rolandslied[4]. Je vais reprendre tous les points recensés par mes prédécesseurs, en particulier Jean Graff dans sa traduction du Curé Konrad[5], Dieter Kartschoke dans son édition et traduction allemande du Rolandslied[6] et Hans-Wilhelm Klein, dans son édition et traduction allemande du Pseudo-Turpin[7], et les examiner sur nouveaux frais.

Il convient de noter aussi que, selon Robert Folz[8], c’est d’après le Pseudo-Turpin que le Karlmeinet, au XIVe siècle, relate dans sa troisième partie les guerres livrées par l’empereur en Espagne[9]. Je comparerai donc le texte moyen-bas-allemand au Pseudo-Turpin afin d’observer la technique d’adaptation de l’auteur du Karlmeinet, ce qui, à ma connaissance, n’a pas encore été fait.

Rolandslied et Pseudo-Turpin

Selon mon hypothèse, la source de Konrad est un texte de la Chanson de Roland appartenant à la famille Châteauroux, Venise IV et Venise VII[10]. Les versions A et D du Pseudo-Turpin et leurs dérivés font en effet de Naime un duc de Bavière : Naaman, dux Baioarie[11]. Konrad, qui l’appelle « Naimes uone Baieren »[12] a pu reprendre ce détail à la chronique pour rendre hommage à son mécène, Henri le Lion, duc de Saxe (1142-1180) sous le nom de Henri III, et duc de Bavière (1156-1180) sous celui de Henri XII[13].

Konrad donne, d’autre part, du nom de Durendart, dans les v. 3302 sq. de son poème, une explication étymologique qui pourrait faire remonter ce nom au latin durus :

Alle thie ie smithen begunden,
Thie ne wessen noh ne kunden,
Wie thaz swert gehertet was.
[14]
[Tous ceux qui jamais se mirent à forger ne savaient pas et ignoraient comment l’épée a été durcie.]

C’est aussi l’explication que propose le Pseudo-Turpin :

Habebat ipse adhuc quandam spatam suam secum […] nomine Durenda.
Durenda interpretatur durum ictum cum ea da, vel dure cum ea percute Sarracenum, quia frangi ullo modo nequit.
[15]

À propos de cette épée, J. Graff compare une remarque du texte de Konrad : « iane wart din geliche / nie gesmidet uf dirre erde »[16], [jamais ta pareille ne fut forgée sur terre], à un passage du même chapitre du Pseudo-Turpin : qui te fabricavit, nec ante nec post consimilem fecit[17].

D’après Konrad, Charles, en prière, reçoit du ciel l’ordre de partir pour l’Espagne[18],

K. => IV

ce qui se trouve dans le Pseudo-Turpin, à la fin du chapitre I. La différence est que dans le texte latin c’est l’apôtre Jacques lui-même qui donne cet ordre, alors que chez Konrad c’est un ange anonyme, « l’ange du ciel ». Cette absence, chez Konrad, du nom de saint Jacques, pourrait prouver que le Turpin est une œuvre postérieure, mais il n’en reste pas moins que cette coïncidence est intéressante. Il me semble toutefois que, pour introduire son œuvre, Konrad est parti de l’épilogue de la Chanson, où l’archange Gabriel ordonne à Charles de convoquer son armée et d’aller secourir un roi chrétien assiégé par les païens[19].

Certes l’allusion à la cupidité de certains chrétiens figure aussi bien dans le Rolandslied[20] que dans le Pseudo-Turpin[21], mais absolument pas dans le même contexte.

Jean Graff rapproche aussi deux autres passages du Rolandslied et du Pseudo-Turpin[22]. Il s’agit d’une part d’une remarque à propos des Sarrasins : « Les païens nous font grand dommage ; ils envahissent le pays »[23], qui lui rappelle l’ouverture, dans la chronique latine, de l’invasion d’Agolant :

Rex affricanus nomine Aigolandus cum suis exercitibus terram Yspanorum sibi adquisivit, eiectis etiam et interfectis […] custodibus christianis.[24]

Il s’agit d’autre part d’une brève indication du Rolandslied : « la din here leite/ allenthalben unz an daz mere »[25] [« Fais conduire ton armée partout jusqu’à la mer »], et d’un détail du chapitre I du Pseudo-Turpin : et post te omnes populi a mari usque ad mare peregrinantes…[26]. Cependant le rapport est bien lâche.

Que dans le v. 6103 du Rolandslied comme dans le chapitre XXIII du Pseudo-Turpin Ganelon soit comparé avec Judas n’est pas étonnant[27] : Judas est le traître par excellence ; et que Roland ait été le bras droit de Charles est un topos. Mais les concordances ne se trouvent pas dans le même contexte, et surtout le texte du Pseudo-Turpin est le calque exact de celui de la Chanson[28], alors que celui du Rolandslied est différent : « min neie Ruolant/ was min zesewe hant »[29] dit l’empereur, et il reprend plus loin : « du ware min zesewíu hant »[30]. Cet exemple n’est pas non plus probant.

Dans le Rolandslied, les païens ravagent le pays « unz an die Gerunde »[31], jusqu’à la Gironde, tandis que dans le Pseudo-Turpin le païen Aigoland et ses alliés traversent fluvium Garonam pour échapper à Charles[32] : une nouvelle fois le contexte est différent dans les deux œuvres.

Ainsi, seules quelques similitudes entre le Rolandslied et le Pseudo-Turpin pourraient être probantes. Très souvent cependant les concordances sont ténues, bien vagues et surtout extraites de leur contexte, si bien qu’il me semble dangereux de s’appuyer dessus pour prouver que Konrad a fait des emprunts au Pseudo-Turpin. Wolfgang Decker[33] qui met le pluriel « diu buoch » [les livres, v. 4851] en relation avec la Chanson de Roland et le Pseudo-Turpin, tant il est sûr que Konrad avait à sa disposition les deux textes, est bien hardi !

Karlmeinet et Pseudo-Turpin

En revanche, il semble à peu près certain que le compilateur du Karlmeinet a adapté le récit de Turpin dans la branche III de son œuvre gigantesque. Le Karlmeinet [Carolus Magnitus][34], une œuvre de caractère cyclique d’environ trente-six mille vers écrite en dialecte ripuaire et qui devrait plutôt avoir pour titre le Livre de Charles, comprend 6 parties :

  1. Charles et Galie ;
  2. Morant et Galie ;
  3. Les guerres de Charles ;
  4. Charles et Elegast ;
  5. Adaptation du Rolandslied avec l’intercalation de l’Ospinel ;
  6. Mort de Charles avec la fin hagiographique.

Les parties 1, 2, 4 et 5 remontent à des poèmes indépendants à l’origine, dont la source, non parvenue jusqu’à nous, était française. La partie 4, Charles et Elegast, est quant à elle la traduction presque littérale d’un poème néerlandais, Carle ende Elegast, qui adapte une œuvre française perdue. Les parties 3 et 6 n’ont pas, à l’opposé des autres parties, existé en tant que poèmes indépendants avant la rédaction de la compilation. Elles ont été composées par le compilateur sur la base de chroniques latines. En outre, celui-ci a utilisé comme sources complémentaires la partie consacrée à Charlemagne du Speculum Historiale de Vincent de Beauvais et empruntée au Pseudo-Turpin, la Vita Caroli Magni d’Eginhart, la Chronique universelle de Saxe (version B) de même que le Speghel Historiae du poète néerlandais Jacob von Maerlant. Robert Folz est d’avis que, dans la troisième partie, le compilateur « suit de près les grandes compilations historiques françaises, […] amalgamant tant bien que mal des renseignements français sur Charlemagne à des traditions allemandes, sans arriver toutefois à dégager une image précise de son héros »[35]. Quant à la partie 5, après que cesse la correspondance avec le texte du Curé Konrad[36], elle suit peut-être un poème de Roland en langue française de date plus récente, le Roland rimé de la Meuse, ou bien un texte de la Chanson de Roland française appartenant à une version représentée par les manuscrits de Châteauroux et Venise VII [37] ; et si cela est effectivement le cas, le compilateur aurait eu recours à la source même de Konrad. Il est possible que nous ayons affaire à un compilateur « intelligent » qui, comme l’auteur du Prosa-Lancelot[38] a recouru, non seulement à des textes allemands, mais aussi à des témoins français.

Le Karlmeinet passe pour être de la littérature de divertissement. De fait, l’action est passionnante et variée. Citons par exemple

la description mouvementée de la jeunesse de Charles avec l’histoire des amours réciproques, racontée sous l’influence du roman courtois, de Charles et de Galie ;
l’action bouleversante de l’épisode de Morant et Galie, où Morant, le porte-étendard de Charles, accusé de relations interdites avec Galie, prouve son innocence dans un combat singulier contre le chef des calomniateurs, combat que Charles s’est vu contraint d’organiser pour restaurer son propre honneur et l’honneur de la reine. La réconciliation de Charles avec son épouse est scellée par une grande fête et par l’union de Morant avec Florette, l’amie intime de Galie ;
les descriptions des combats et batailles (en partie dans la tradition de la littérature de croisade) ; les campagnes de Charles contre les Saxons, les Bavarois, les Lombards et les Huns, puis quelques épisodes de sa vie privée (la légende de son péché secret, son amour pour une femme morte, et celle de la fondation d’Aix-la-Chapelle, liée causalement au péché), la libération du pape, contre lequel avait été fomenté un complot, et le couronnement impérial, puis l’expédition en Terre Sainte avec le transfert de reliques à Aix-la-Chapelle, et les combats en Espagne contre les Sarrasins, ces deux derniers points préparant Charles à la situation dans laquelle il peut devenir un saint ;
les déguisements de Charles en pèlerin (Charles et Galie) ou en bandit (Charles et Elegast) ;
l’épisode burlesque dans lequel Charles, sous un nom d’emprunt, va en rapine avec Elegast et propose même de voler « le trésor de Charles », c’est-à-dire son propre trésor[39] (Charles et Elegast).

Citons en outre l’épisode grotesque où Roland, impressionné par la beauté de Magdelin, oublie son épée Durendart : « Ich han is verloren vmb eyn wiff », [« Je l’ai perdue à cause d’une femme »][40], retourne dans le camp de Charles, demande à son oncle de convoquer l’ost pour aller chercher l’épée, puis la retrouve dans l’herbe[41].

Attirons l’attention sur la variété et la richesse des visages que présente Charles : tout d’abord il est le fils de roi abaissé au rôle de cuisinier qui peut reconquérir son héritage et être couronné roi de France. Puis il apparaît en tant que personne privée, soupçonneuse, qui croit les calomnies d’intrigants. Dans la troisième partie il est de nouveau personnage officiel : il est même représenté comme rex justus et pacificus[42] : nous avons affaire ici, comme souvent dans la littérature du Moyen Âge tardif, à un « miroir de prince ». À l’inverse, dans Charles et Elegast nous avons un portrait d’empereur burlesque. Mais dans la cinquième partie comme dans le texte source, le Rolandslied, Charles apparaît en tant que « godes deenst man »[43], vassal de Dieu, et à la fin il devient un saint.

Arrêtons-nous maintenant à la branche III du Karlmeinet : comment le compilateur a-t-il adapté le Pseudo-Turpin ? Il se réfère explicitement à une source latine : « alsus ich in dem latine las », « als uns dat latin quyt »[44].

La comparaison que j’ai faite entre les deux textes prouve à l’évidence que l’auteur du Karlmeinet suit de près son modèle. L’action se déroule de la même façon et les éléments de récit se suivent pareillement (il n’y a pas de répétitions dans le texte moyen-bas-allemand, parfois un élément est translaté) ; le compilateur garde en général les noms propres en en modifiant ou en en germanisant la graphie. Il conserve même la plupart des nombres, en particulier le nombre de combattants. Un exemple de traduction presque littérale : il y avait tant de morts parmi les païens

dat de Cristen in dem blode
Ouer ere enckele woeden[45]
[que les chrétiens pataugeaient dans le sang jusqu’aux chevilles.]

Le Pseudo-Turpin ne disait pas autre chose : quod victores usque ad bases in sanguine natabant[46].

Je vais présenter un certain nombre de points où le compilateur a fait quelques modifications.

Le miracle des lances qui, plantées dans le sol, reverdissent et se couvrent de feuilles est selon le Pseudo-Turpin le signe que tous les guerriers auxquels elles appartiennent recevront la palme du martyre lors de la bataille contre Aygolant, ce que ne dit pas le Karlmeinet, moins religieux ici que le Pseudo-Turpin (soit dit en passant, le Karlmeinet ne répète pas dans l’épisode suivant le miracle des lances).

De même, lorsque Milon, le père de Roland, est tué, il est dit dans le Pseudo-Turpin qu’il conquiert la palme du martyre avec ses compagnons. Dans le Karlmeinet il est seulement dit qu’il meurt « als got geboit »[47], c’est-à-dire comme l’avait ordonné Dieu. Le Karlmeinet ne dit donc pas, dans la bataille contre Aygolant, que le salut est assuré pour les combattants chrétiens, et il ne fait pas non plus une exégèse religieuse, selon laquelle de même que les chevaliers de Charles succombent en combattant pour la foi en Dieu, de même nous devons mourir aux vices et vivre pour les vertus.

Après la première bataille contre Aygolant, Charles rentre en France afin de convoquer une grande armée. Dans les deux textes il affranchit les serfs et donne la liberté également à leurs familles. Il prend d’autres mesures « sociales », dirait-on maintenant, réconcilie ceux qui se font la guerre privée, pardonne à ceux qui l’avaient offensé… Ces mesures sont un peu différentes dans l’un et l’autre texte et plus nombreuses dans le Pseudo-Turpin. Charles rassemble de cette manière une grande armée, forte de 134000 (Pseudo-Turpin), 124000 (Karlmeinet) chevaliers pleins d’allant : « on ne pouvait pas compter les hommes d’armes ni les piétons, tant ils étaient nombreux », dit le compilateur. Parmi eux se trouvent, selon les deux textes, l’évêque Turpin et le vaillant comte Roland avec ses quatre mille hommes. Mais le Pseudo-Turpin présente ensuite la liste des autres chefs de guerre[48], tandis que dans le Karlmeinet, cette liste figurera dans la deuxième grande bataille[49]. Au reste, alors que la chronique latine fait de Naimes, comme on l’a vu, un duc de Bavière (Naaman, dux Baioarie), ce n’est pas le cas dans le Karlmeinet, où il est seulement question « des guden hertzogen Nayman »[50], du valeureux duc Naimes : cela veut-il dire que Konrad, pour son Rolandslied, aurait disposé d’un autre manuscrit du Pseudo-Turpin ?

Dans ce texte, lors de son entrevue avec Aygolant, l’empereur s’adresse à son adversaire en arabe [loquelam arabicam], et précise qu’il a appris la linguam sarracenicam à Tolède dans son enfance[51] ; il est intéressant de constater que le texte latin du Pseudo-Turpin connaît le vrai nom de la langue, alors que le Karlmeinet utilise la dénomination traditionnelle en langue vernaculaire de « langue païenne », « de heydesche sprach »[52]. Lors de cette entrevue entre Charles et Aygolant ce dernier, dans le Karlmeinet, ne fait pas à Charles le reproche de lui avoir enlevé ses terres, et l’aspect de « sermon de croisade » est considérablement atténué par le compilateur. C’est Aygolant qui, dans le Karlmeinet, prend les devants dans la discussion théologique : chacun, dit-il, pense que sa religion est la vraie religion. Si chacun devait combattre avec tout son peuple pour sa religion, ils en auraient tous deux du dommage. Il est donc préférable de faire combattre seulement une petite partie de chaque armée l’une contre l’autre. Dans le Karlmeinet Charles ne demande pas à Aygolant de se convertir et Aygolant ne promet pas de le faire s’il est battu ; il est seulement précisé que c’est Charles qui fixe la date du combat à trois jours plus tard. Mais dans les deux textes il y a de chaque côté vingt combattants, et aucun païen ne survit. Puis ce sont quarante combattants qui se battent pour chacun des camps et, à nouveau, tous les païens sont tués. Puis ce sont cent guerriers de chaque côté, et cette fois les chrétiens ont le dessous, mais ils prennent la fuite. Ce sont ensuite deux cents combattants de chaque côté : dans le Karlmeinet les chrétiens tuent la plupart de leurs adversaires et les survivants s’enfuient, alors que dans la chronique de Turpin tous les païens sont tués. Le troisième jour on envoie s’affronter mille guerriers de chaque camp, et tous les païens sont tués. Aygolant commence alors à douter de Mahomet et à penser que le Dieu des chrétiens est meilleur, et qu’il vaut mieux se faire baptiser plutôt que de mourir tous honteusement sur le champ de bataille : c’est là une addition du Karlmeinet. Le roi païen fait savoir à Charles que lui-même et ses hommes veulent devenir chrétiens. Mais il refuse finalement d’être baptisé car il voit à la cour de Charles que des pauvres ne sont pas bien traités. Dans le Pseudo-Turpin il est question de douze pauvres misérablement vêtus, en souvenir des douze apôtres, messagers de Dieu ; dans le Karlmeinet ils sont treize en souvenir de Jésus Christ et des douze apôtres. Mais dans ce texte, (et non point dans le Pseudo-Turpin), Charles répare son erreur : il fait vêtir les pauvres de son armée et leur fait donner à manger et à boire à satiété. Au lieu de cela, le Pseudo-Turpin développe un excursus moralisateur : la loi du Seigneur et la foi doivent s’accomplir dans les œuvres : « La foi sans les bonnes œuvres est une foi morte », – ce qui, soit dit en passant, est le contraire du sola fide de Martin Luther –. Et si un païen refuse le baptême parce qu’il ne trouve pas en Charlemagne les œuvres justes qu’implique le baptême, qu’en sera-t-il au Jugement dernier ? Alors que le narrateur de la chronique latine condamne sa conduite, l’auteur du Karlmeinet lui permet de s’amender : de fait, le Karlmeinet est un texte hagiographique qui vise à montrer la sainteté de l’empereur.

Pour la seconde grande bataille, le texte est le même, mais le Karlmeinet délaye un peu, et on y trouve certains poncifs des récits de bataille. Il n’y a plus grand chose de l’idéologie de la croisade, alors que dans le Pseudo-Turpin c’est Charles lui-même qui tue Aygolant « pour défendre la valeur de la foi chrétienne ». Il n’y a pas non plus d’allocution aux chrétiens, leur enjoignant de croire en Dieu. Charles se contente, dans le Karlmeinet, de remercier Dieu de lui avoir donné la victoire[53]. Toutefois, il se rend à Pampelune où il tue tous les païens, les envoyant en enfer où ils sont les compagnons des diables. Dans les deux textes, des chrétiens retournent sur le champ de bataille afin de dépouiller les morts, chrétiens et païens ; ils agissent « durch ire gyrheit »[54], [à cause de leur cupidité]. Des fuyards païens surgissent et tuent les voleurs, qui sont au nombre de mille. Mais le Karlmeinet omet de dire que ceux qui sont revenus pour prendre un butin défendu ont été tués pour expier leur faute : ils ont perdu leur vie terrestre et trouvé une mort ignominieuse ; en même temps, ils perdent la vie céleste et trouvent une mort éternelle[55]. Le côté religieux est ainsi de nouveau atténué par le compilateur.

Citons encore le combat de Roland contre le géant Ferracutus (Pseudo-Turpin) / Farracuc (Karlmeinet) qui est venu combattre en Espagne à la tête de vingt mille Turcs. Dans les deux textes figure cet épisode où Roland, armé de son épée Durendart, fait montre d’une grande témérité. Après la mort de son père Myle, il devient, dans le Karlmeinet uniquement, maréchal de l’armée impériale : « ir syt marschalck van desem her »[56] ; en effet, le compilateur est soucieux de toujours suivre la ligne directrice de son œuvre, un poème à la gloire de Charles. Nous relevons dans cet épisode toute une série de traits inhabituels dans une œuvre de ce genre. Le premier détail est surprenant et relève plutôt du roman post-arthurien : en effet, le géant prend les guerriers de Charles simplement sous le bras et les emporte prisonniers dans la ville : ainsi Ogier de Danemark et d’autres compagnons de Roland, dont les noms diffèrent d’une œuvre à l’autre – ce motif comique voire burlesque se trouvait déjà dans le Daniel von dem Blühenden Tal du Stricker (dans la première moitié du XIIIe siècle). Roland, auquel Charles a, avec réticence, donné l’autorisation de combattre contre le géant, se met en route. Quand son adversaire l’aperçoit, il va à sa rencontre, l’empoigne et le met comme les autres sous son bras pour l’emmener captif dans la ville. Mais alors que Daniel vient à bout du géant grâce à la force de son intelligence, Roland, lui, prie Dieu de l’aider au nom de sa mère[57], ce qui lui permet de résister. Le combat est acharné, et on retrouve dans la description (surtout dans le Karlmeinet) tous les topoi du combat chevaleresque, mais aussi des traits inhabituels : par exemple, lors d’une trêve, le héros met une pierre, en guise d’oreiller, sous la tête du géant endormi, ce qui est une preuve de sollicitude. Dans la conversation qui suit, le géant révèle à Roland qu’il n’est vulnérable qu’au nombril. S’engage alors, dans le Pseudo-Turpin, une controverse sur la religion, une discussion théologique sur le Dieu unique, la Trinité, l’Incarnation, la Résurrection et l’Ascension[58] ; à ce point de la discussion, le géant refuse de se laisser convaincre et propose de trancher par le combat. Il sera finalement vaincu et mourra. Dans le Karlmeinet, c’est lui qui demande à Roland de lui enseigner les fondements de la religion chrétienne, de l’acte de foi : le héros s’acquitte de sa tâche en lui récitant le credo sous une forme simplifiée. Ferracuc répond qu’il ne croira que si, le jour même, Roland le bat en combat singulier[59]. De fait, avec l’aide de Dieu, qu’il implore en un moment difficile du combat, Roland vainc le géant, tandis que celui-ci implore Mahomet, lequel, cependant, ne l’écoute pas ni ne vient à son secours : « Machumet en halpe eme neit »[60]. L’on retrouve ici l’opposition traditionnelle du Dieu chrétien et du dieu païen. Roland, qui se souvient alors que le géant n’est vulnérable qu’au nombril, le frappe lâchement et le géant meurt. Sollicitude, bravoure, mais aussi lâcheté, essai d’évangélisation des païens, voilà ce qui caractérise, dans cet épisode, le personnage de Roland. On le voit, le récit est développé de façon très analogue dans les deux œuvres, et il n’y a entre elles que quelques variantes sans grande signification. Seule la discussion théologique est radicalement modifiée et bien moins complexe dans le poème allemand que dans le texte latin. En outre, le compilateur s’applique à ne pas perdre de vue l’ensemble de son œuvre.

Dès que Charles apprend la mort du géant, qui a été ramené en ville par les païens, il poursuit ses adversaires, les tue tous et s’empare de la citadelle. Pendant ce temps, les deux païens, « der konynck van Carduben/ Ind der konynck van Sibylien »[61], c’est-à-dire le roi de Cordoue et Almansour de Séville, qui s’étaient précédemment enfuis, ont levé une grande armée et font savoir à Charles qu’ils l’attendent près de leur ville pour se battre.

Cette bataille, qui se termine par la victoire des chrétiens et la mort des païens, est très abrégée dans le Karlmeinet, et surtout il n’y a pas d’identification du narrateur avec les combattants de Charles, comme c’est le cas dans la chronique latine qui multiplie l’évocation de nostrorum militum, nostrorum exercituum, ex nobis, exercitus nostri[62]… Alors que celle-ci dit brièvement que les chrétiens combattent avec vigueur, l’empereur seul apparaissant divina virtute obumbratus[63], le Karlmeinet personnalise les combats et souligne que Charles, Roland et Olivier combattent courageusement, sans évoquer la grâce divine. Charles a soumis la Galice et l’Espagne ; il se rend à Compostelle pour introniser les évêques et donner aux rois leur couronne, accorde à la ville d’autres privilèges et rentre à Ingelheim. Puis le récit passe à un autre épisode, celui de Charles et Elegast, avant de raconter la bataille de Roncevaux en s’appuyant sur le Rolandslied de Konrad avec l’intercalation de l’Ospinel. En revanche, dans le Pseudo-Turpin la bataille de Roncevaux intervient immédiatement, avec la mort de Roland et de ses compagnons.

Au contraire de ce qui se passe pour la Saga de Charlemagne[64], la Chronique de Turpin n’est pas une pièce rapportée dans le Karlmeinet. Au contraire, elle s’insère parfaitement dans le contexte de l’œuvre – je reviendrai sur ce point. Si l’idéologie de la guerre sainte est très atténuée par rapport à la chronique latine, composée entre 1130 et 1140, c’est que le temps des croisades est passé depuis longtemps, à l’époque où a été écrit le poème. Et d’autre part, l’auteur du Pseudo-Turpin avait davantage de connaissances en théologie que notre compilateur.

À la fin du passage, emprunté au Pseudo-Turpin, dans lequel l’empereur reste en Espagne, le compilateur allemand fait rentrer Charles à Ingelheim[65], ville située sur la rive gauche du Rhin dans le district de Mayence-Bingen, où, d’après le Karlmeinet, il s’est établi une fois couronné empereur. Dans la réalité historique, Charlemagne y fit édifier une résidence d’été, la Kaiserpfalz. Son premier séjour attesté eut lieu en 774 et, depuis cette date, il séjourna trois ou quatre fois dans cette ville. Son fils et successeur Louis le Pieux y naquit, y résida plus souvent que son père et y mourut. Ce retour de Charles à Ingelheim après la campagne d’Espagne, racontée d’après le Pseudo-Turpin, est d’une importance considérable pour l’idéologie du Karlmeinet.

En effet, ce poème n’est pas seulement littérature de divertissement, il est aussi et surtout une œuvre politique. L’élément décisif est à notre sens le personnage même de Charles qui est d’abord couronné roi de France et réside à Paris ou à Saint-Denis, puis devient empereur d’Allemagne, s’établit à Ingelheim et tient sa cour à Aix-la-Chapelle : il est désormais le souverain incontesté en Allemagne et, dans la partie empruntée au Rolandslied, le chef temporel et spirituel de son empire. Et il est révélateur que, dans son testament politique, il réserve le trône impérial aux princes allemands. Finalement le pape se rend de Rome à Aix-la-Chapelle à l’occasion des fêtes célébrées pour l’embaumement de Charles.

Th. Frings et E. Linke n’ont pas hésité, dès 1965, à intégrer le Charles et Galie et Morant et Galie au culte rhénan de Charles. Nous serions tentée, quant à nous, de voir dans tout le Karlmeinet, ouvrage à la gloire de Charlemagne, un essai de revendiquer pour l’Allemagne la succession de Charlemagne. Cela correspond tout à fait à une aspiration conforme à la réalité historique, à une époque où les Français revendiquaient aussi cet héritage pour eux-mêmes. L’on sait que, entre 1280 et 1300, Girart d’Amiens compose pour Charles de Valois, le frère du roi, la première biographie poétique de Charlemagne, où il combine d’anciennes chansons de geste avec des éléments pris dans des chroniques et avec différentes légendes latines. De plus Charles d’Anjou a, en 1272, tenté le premier de gagner la couronne allemande et l’empire pour les Capétiens. Et, en 1308 et 1314, Philippe le Bel essaye avec l’aide du pape de gagner les princes électeurs à sa cause pour qu’ils élisent un Capétien empereur d’Allemagne ; cependant ils essuient un refus de la part des princes électeurs. Ainsi on comprend très bien que, dans le Karlmeinet, le testament politique de Charles ait le caractère d’une réaction contre ces prétentions françaises De fait, on observe dans le premier tiers du XIVe siècle le vœu clairement exprimé dans l’empire de gagner le célèbre empereur pour l’Allemagne et la politique allemande[66], à une époque contemporaine des derniers soubresauts du conflit entre la Papauté et l’Empire. C’est surtout à partir de 1324 que le souvenir de Charlemagne est évoqué au profit de Louis de Bavière, comme si la tradition de Charlemagne permettait de le légitimer. En 1338-1339, le parti impérial se réfère à Charlemagne, lors de la plus acerbe guerre de propagande qu’il mène contre le pape Benoît XII. Or, dans le Karlmeinet le pape est présenté comme le subordonné de l’empereur, ce qui est le rêve même de Louis de Bavière. Peu après 1325, l’évocation de Charlemagne est mise en relation avec le problème de l’élection impériale, et ce dans une glose que Johannes von Buch fait sur le Landrecht du Sachsenspiegel : Charlemagne devient l’auteur du privilège électoral des princes allemands[67]. Ce n’est donc pas un hasard si, dans le Karlmeinet, il est dit que Charlemagne aurait spécifié dans son testament que la dignité impériale était réservée à des princes, seigneurs et ducs, allemands : Bavarois, Souabes, Franconiens, Thuringiens, Westphaliens, Saxons, Flamands, Lorrains et Alsaciens[68]. Dans son De jure regni et imperii Romani Lupold von Bebenburg, en 1340, fait naître Charles à Ingelheim, ville située en territoire allemand, et dont on sait l’importance que lui accorde le compilateur du Karlmeinet. Le souvenir de Charlemagne reste vivant pendant le règne de Charles IV, qui propage même le culte du légendaire empereur[69]. En 1346, dès sa première année de règne, il confirme les privilèges de la ville d’Aix-la-Chapelle, ce qui est précisément évoqué dans le Karlmeinet, où Charlemagne donne à la ville d’Aix les libertés bourgeoises[70], et à cette époque Ingelheim devient le haut-lieu de la tradition de Charlemagne. Cela montre d’une part quelle actualité le choix d’un tel thème a dans la première moitié du XIVe siècle, de l’autre comment, au contraire de la geste des révoltés dans laquelle, à la même époque que notre poème mais surtout au XVe siècle, on développe une image négative de Charlemagne, le compilateur du Karlmeinet exprime les problèmes de son temps et propage lui-même, défendant les intérêts du pouvoir central, peut-être à son service, le culte de Charlemagne.

Notes de l'article

  1. Cf. A. de Mandach, Naissance et développement de la chanson de geste en Europe, II, Chronique de Turpin. Texte anglo-normand inédit de Willem de Briane (Arundel 220), Genève, Droz, 1963, p. 11
  2. A. Moisan, « L’exploitation de la Chronique du Pseudo-Turpin », Marche Romane, Cahiers de l’A.R.V.Lg, Mediaevalia 81, 31, 1981, p. 16.
  3. A. de Mandach, Naissance et développement de la chanson de geste en Europe, I, La geste de Charlemagne et de Roland, Genève-Paris, Droz-Minard, 1961, p. 200-01.
  4. Id., ibid.
  5. Les Textes de la Chanson de Roland, éd. R. Mortier, t. 10, Le Texte de Conrad, trad. J. Graff, Paris, Éd. de la Geste Francor, 1944
  6. Das Rolandslied des Pfaffen Konrad : Mittelhochdeutsch-Neuhochdeutsch, éd. et trad. D. Kartschoke, Stuttgart, Reclam, 2004
  7. Die Chronik von Karl dem Großen und Roland. Der lateinische Pseudo-Turpin in den Handschriften aus Aachen und Andernach, éd., comm. et trad. H.-W. Klein, Munich, Fink, 1986.
  8. R. Folz, Le souvenir et la légende de Charlemagne dans l’Empire germanique médiéval, Paris, Les Belles Lettres, 1950-1951, Reprint Genève, 1973, p. 332.
  9. Karl Meinet, éd. A. von Keller, Stuttgart, 1858, (Bibl. des lit. Vereins in Stuttgart 45), Reprint Amsterdam, Rodopi, 1971, 337, 10-373, 61.
  10. Cf. D. Buschinger, « Le Curé Konrad, adaptateur de la Chanson de Roland », Cahiers de civilisation médiévale, 26, 1983, p. 95-116. Repris dans D. Buschinger et W. Spiewok, Das « Rolandslied » des Konrad. Gesammelte Aufsätze, Greifswald 1996, p. 41-64.
  11. Historia Turpini. Liber Sancti Jacobi, Codex Calixtinus, éd. K. Herbers et M. Santos Noia, Saint-Jacques de Compostelle, Xunta de Galicia, 1997-1998, cap. XI et XXIX, p. 207 et 223. Cf. An Anonymous Old French Translation of the Pseudo-Turpin « Chronicle ». A Critical Edition of the Text Contained in Bibliothèque Nationale MSS fr. 2137 and Incorporated by Philippe Mouskès in His « Chronique rimée », éd. R.N. Walpole, Cambridge, Mass., Medieval Academy of America, 1979, XXIV, 9-10, p. 145, et LXVIII, 11-12, p. 175.
  12. Das Rolandslied des Pfaffen Konrad, éd. C. Wesle, 3e éd. rev. par P. Wapnewski, Tübingen, Niemeyer, 1985, v. 1011, par exemple.
  13. D. Kartschoke est d’avis que Konrad n’a pas emprunté cette dénomination au Pseudo-Turpin (op. cit., p. 664-65), et pense que la leçon de ce dernier texte est une corruption de dux Baione > Baiorie > Baioarie. Konrad a pu tout simplement avoir pour source une leçon corrompue et s’en serait servi pour glorifier son mécène.
  14. Das Rolandslied des Pfaffen Konrad, éd. C. Wesle et P. Wapnewski, v. 3307-09.
  15. Historia Turpini, éd. cit., cap. XXII, p. 218.
  16. Das Rolandslied…, éd. C. Wesle…, v. 6858-59.
  17. Historia Turpini, loc. cit. ; cf. J. Graff, op. cit., p. 66, n. 10. Cf. aussi D. Kartschoke, op. cit., p. 698, après C. Minis. Mais C. Minis et D. Kartschoke ne disent rien d’autre que Graff, qu’ils ne citent pas.
  18. Das Rolandslied…, éd. C. Wesle …, v. 47-63.
  19. La Chanson de Roland, éd. G. Moignet, Paris, Bordas, 1969, v. 3993 sq. Cf. D. Buschinger, « Le Curé Konrad, adaptateur de la Chanson de Roland », Das « Rolandslied » des Konrad, op. cit., p. 59, n. 30.
  20. Das Rolandslied…, éd. C. Wesle…, v. 4192-216.
  21. Historia Turpini, éd. cit., cap. XV, p. 210.
  22. J. Graff, op. cit., p. 5, n. 1 et p. 19, n. 1.
  23. « die heiden tuont uns grozin scadin ;/ si ritent in diu lant », Das Rolandslied…, éd. C. Wesle…, v. 200-01.
  24. Historia Turpini, éd. cit., cap. VI, p. 203.
  25. Das Rolandslied…, éd. C. Wesle…, v. 946-47 : « Fais conduire ton armée partout jusqu’à la mer ».
  26. Historia Turpini, éd. cit., cap. VI, p. 201.
  27. Cf. J. Graff, op. cit., p. 123, n. 2.
  28. La Chanson de Roland, éd. cit., v. 597 : « le destre braz del cors », et Historia Turpini, éd. cit., cap. XXV, p. 220 : brachium dextrum corporis mei.
  29. Das Rolandslied…, éd. C. Wesle…, v. 2974 : « Mon neveu Roland, c’était ma main droite ».
  30. Ibid., v. 7517 :« Tu étais ma main droite ».
  31. Ibid., v. 280-81.
  32. Historia Turpini, éd. cit., cap. IX, p. 206.
  33. W. Decker, « Über Rolandslied und Pseudo-Turpin », Euphorion, 72, 1978, p 133-42.
  34. Karl Meinet, éd. cit. ; Morant und Galie, éd. Th. Frings et E. Linke, Berlin, Akademie Verlag, 1976, (DTM 69) ; Karl und Galie. Karlmeinet, Teil I, éd. D. Helm, Berlin, Akademie Verlag, 1986, (DTM 74) ; J. Akkerman, Studien zum Karlmeinet. Der dritte Abschnitt der Kompilation und sein Verhältnis zum ersten, Amsterdam, 1937 ; Th. Frings et E. Linke, « Rätselraten um den Karlmeinet », Medieval German Studies Presented to Frederick Norman, Londres, Institute of Germanic Studies, 1965, p. 219-30 ; H. Beckers, « Karlmeinet Kompilation », Die deutsche Literatur des Mittelalters. Verfasserlexikon, 4, Berlin-New York, 1983, col. 1012-28.
  35. R. Folz, op. cit., p 332.
  36. Rolandslied, v. 8659 sq., correspondant à Karlmeinet, 488, 69 sq.
  37. Cf. U. von der Burg, « Konrads Rolandslied und das Rolandslied des Karlmeinet ; Untersuchungen und Überlegungen zu einem überhundertjährigen Problem », Rheinische Vierteljahresblätter, 39, 1975, p. 321-41.
  38. Cf. D. Buschinger , « Zum Verhältnis des deutschen Prosa-Lancelot zur altfranzösischen Vorlage », Schweinfurter « Lancelot » Kolloquium, Wolfram-Studien, 9, Berlin, Schmidt, 1984, p. 46-89.
  39. Karl Meinet, éd. cit., 382, 23 sq.
  40. Ibid., 422, 4.
  41. Ibid., 419, 39 sq.
  42. Ibid., 293, 47 sq.
  43. Ibid., 395, 10 et 537, 31 sq.
  44. Ibid., 340, 9 : « comme je l’ai lu en latin », 341, 6 : « comme nous le dit le latin ».
  45. Ibid., 360, 9-11.
  46. Historia Turpini, éd. cit., cap. XIV, p. 210.
  47. Karl Meinet, éd. cit., 346, 12.
  48. Historia Turpini, éd. cit., cap. XI, p. 207.
  49. Karl Meinet, éd. cit., 357, 16-358, 17.
  50. Ibid., 358, 14.
  51. Historia Turpini, éd. cit., cap. XII, p. 208.
  52. Karl Meinet, éd. cit., 352, 49.
  53. Ibid., 359, 4-5.
  54. Ibid., 359, 23.
  55. Historia Turpini, éd. cit., cap. XV, p. 210.
  56. Karl Meinet, éd. cit., 364, 5.
  57. Ce détail se trouve seulement dans le Karlmeinet (364, 59 sq.), mais non dans le Pseudo-Turpin.
  58. Cf. J. Subrenat, « Laudatio Turpini. Simples réflexions sur la Chronique du pseudo-Turpin », Le Livre de saint Jacques et la tradition du Pseudo-Turpin, dir. J.‑C. Vallecalle, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2011, p. 79.
  59. Karl Meinet, éd. cit., 368, 14 sq.
  60. Ibid., 368, 23.
  61. Ibid., 358, 64-65.
  62. Historia Turpini, éd. cit., cap. XVIII, p. 213-214.
  63. Ibid., p. 214.
  64. Cf. D. Lacroix, « La Chronique de Turpin pièce rapportée dans la Saga de Charlemagne », Le Livre de saint Jacques et la tradition du Pseudo-Turpin, op. cit., p. 139-51.
  65. Karl Meinet, éd. cit., 373, 59-60.
  66. Cf. R. Folz, op. cit., p. 402 sq.
  67. Id., ibid., p. 405.
  68. Karl Meinet, éd. cit., 535, 21-33
  69. Cf. R. Folz, op. cit., p. 443.
  70. Karl Meinet, éd. cit., 336, 63 sq.

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https://journals.openedition.org/crm/13130

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