Rouille (Trésor de la langue française)
De Wicri Bois
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Trésor de la Langue Française |
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Cette page reprend l'article « Rouille » du Trésor de la langue française[1].
Sommaire
Dans le TLF, substantif masculin
Sens premier
- Définition
- Produit de corrosion (hydroxyde de fer) de couleur brun orangé qui se forme sur un métal ferreux exposé à l'air humide.
- Syntagmes
- Couche, piqûre, tache de rouille; couvert, piqué, piqueté, taché de rouille; chenêts roux de rouille
- Exemples
- La rouille empêchait de tourner les girouettes (Gautier, Fracasse, 1863, p. 2).
- À côté d'une grande jarre vide, hors d'usage (...) une roue de bicyclette, rongée de rouille (Bernanos, Nuit, 1928, p. 23).
- Par analogie
- (pour d'autres métaux[2])
- Rouille de/du cuivre, rouille verte, vieilli. Vert de gris.
- Rouille de/du plomb. Carbonate de plomb.
- On donne quelquefois par extension le nom de rouille à diverses altérations qui se produisent à la surface des métaux autres que le fer, lorsqu'ils sont exposés à l'air humide. Ainsi on nomme rouille de cuivre le vert-de-gris, rouille de plomb le carbonate de plomb ou céruse, etc. (Lar. 19e).
Par analogie
- Définition
- Ensemble de taches roussâtres dues à l'humidité, qui apparaissent avec le temps sur certains matériaux.
- On voyait les vieilles arches du Pont-Neuf, bruni de la rouille des pierres (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 232).
- Je fouillais la bibliothèque; j'y découvrais (...) quelque « Magasin pittoresque » aux feuillets piqués de rouille (...) (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 81).
- En particulier
- Altération du tain d'un miroir; rousseurs qui apparaissent sur un miroir dont le tain est altéré.
Par analogie, avec spécialisation
Art culinaire
- Définition
- Sauce provençale froide à base de gousses d'ail et de piments rouges pilés avec de la mie de pain et de l'huile d'olive, qui accompagne la soupe de poisson et la bouillabaisse;
- Une bouillabaisse classique, rehaussée de la « rouille » traditionnelle, qui met la soupe de soleil à la puissance 2 (L. Daudet, Maurras, 1928, p. 9).
- On peut servir le poisson avec la rouille, sauce spéciale assez relevée qui conserve en Provence beaucoup d'amateurs (J.-N. Escudier, La Véritable cuis. prov. et niçoise, 1974, p. 73).
Minéralogie
- Définition
- Tache naturelle que l'on peut observer à la surface de certains granits et qui est due à la présence de biotite ou d'hématite dans la pierre. (Ds Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., Lexis 1975).
Phytopathologie
- Définition
- Maladie cryptogamique des végétaux et en particulier des céréales caractérisée par l'apparition de taches orangées sur la tige et les feuilles des plantes atteintes.
- Syntagmes
- Rouille de l'avoine, des céréales, du maïs, du seigle; rouille de la vigne.
- Biffen a incorporé la résistance à la rouille dans les races de blé anglais (Cuénot, Introd. génét., 1936, p. 86).
Textile
- Définition
- Mordant composé avec un sel ferrique, qui est utilisé dans la teinture en noir de la soie. (Dict. XIXe et XXes.).
- Remarque
- Au masculin, dans Littré, Larousse. 19e-20e.
- Bain de rouille. Nitrosulfate de fer qu'on emploie pour restituer à la soie le poids qu'elle a perdu dans le décreusage (Dict. XIXe et XXes.).
Au figuré
a)[Généralement suivi d'un complément introduit par de indiquant un espace de temps]
- Action destructrice du temps écoulé. Rouille des âges.
- La rouille des temps a rongé ta doctrine (Lamart., Harm., 1830, p. 408).
- Un missel datant du roi François Premier, Dont la rouille des ans a jauni le papier (Sully Prudh., Solitudes, 1869, p. 88).
b) Engourdissement intellectuel ou moral.
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Étymologie et histoire
- A.
- 1.
- Ca 1170 « produit de la corrosion du fer » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques,
- 2640: Molt estoit riches li haubers..., N'onques n'i pot coillir reoïlle);
- 1538 p. ext. rouille du cuyvre ou de l'arain (Est., s.v. aerugo);
- 2. a) 1269-78 p. anal. de couleur « tache de couleur rousse (sur le visage) » (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 10138: Joes de roïlle entechees);
- b) 1591 « maladie des arbres » (Ch. Estienne et J. Liébault, Agric. et maison rustique, Lyon, Jaques Guichard, III, fol. 229 r o); [3]
- c) 1803 « altération du tain dans une glace » (Boiste);
- d) 1870 masc. terme de teinturier (Littré); e) 1926 cuis. (J. B. Reboul, La cuis. prov., 11eéd., Marseille, Tacussel, p. 82).
- B.
- 1372 fig. « ce qui altère la réalité, l'efficacité d'une chose » (D. Foulechat, Trad. du Policrat. de J. de Salisb., Bibl. nat. fr. 24287, fol. 79a ds Gdf. Compl.).
- Du lat. vulg. *robicula, dimin. du class. robigo, -inis « rouille; dépôt sur la pierre; rouille du blé, nielle », fig. « inaction; mauvaises habitudes » (le dimin. désignait peut-être, à l'orig., une petite tache de rouille).
- De la forme masc. (en -ι ̄culu), le subst. a. fr. roïl (1remoit. xiies. ruïl [aerugo] « rouille des céréales » Psautier d'Oxford, 77, 51 ds T.-L.; xiiies. espee [...] de roïl teinte, Renart, éd. E. Martin, XII, 1217 ms. de base A; au fig. fin xiies. nate de rüil de pechiet, Homélies St Grégoire sur Ezechiel, 37, 22 ds T.-L.), évincé par le fém.
- Du subst. de base rōbι ̄gĭne, le subst. masc. a. lorr. ruÿn « rouille » (fin xiies., Sermons de St Bernard, 81, 24, ibid.) et, dans le domaine occit., le béarnais rounhe, arrounhe, fém. « id. » (Lespy-Raym.), FEW t. 10, p. 430b.
Propositions complémentaires
Voir aussi
- Notes
- ↑ Définitions lexicographiques et étymologiques de Rouille du CNRTL.
- ↑ Cette précision n'est pas dans le TLF
- ↑ Sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52721c/f478.item
- Dans le réseau Wicri :
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