Histoire naturelle (Buffon)/Tome P1/Pétromyzon lamproie
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Le pétromyzon lamproie
C'EST une grande et belle considération que celle de toutes les formes sous lesquelles la nature s'est plu, pour ainsi dire, à faire paraître les êtres vivants et sensibles. C'est un immense et admirable tableau que cet ensemble de modifications successives par lesquelles l'animalité se dégrade en descendant de l'homme, et en parcourant toutes les espèces douées de sentiment et de vie jusqu'aux polypes, dont les organes se rapprochent le plus [4] de ceux des végétaux, et qui semblent être le terme où elle achève de s'affaiblir, se fond et disparaît pour reparaître ensuite dans la sorte de vitalité départie à toutes les plantes.
L'étude de ces décroissements gradués de formes et de facultés est le but le plus important des recherches du naturaliste, et le sujet le plus digne des méditations du philosophe. Mais c'est principalement sur les endroits où les intervalles ont paru les plus grands, les transitions les moins nuancées, les caractères les plus contrastés, que l'attention doit se porter avec le plus de constance; et, comme c'est au milieu de ces intervalles plus étendus que l'on a placé avec raison les limites des classes des êtres animés, c'est [5] nécessairement autour de ces limites que l'on doit considérer les objets avec le plus de soin. C'est là qu'il faut chercher de nouveaux anneaux pour lier les productions naturelles. C'est là que des conformations et des propriétés intermédiaires, non encore reconnues, pourront, en jetant une vive lumière sur les qualités et les formes qui les précéderont ou les suivront dans l'ordre des dégradations des êtres, indiquer leurs relations, déterminer leurs effets et montrer leur étendue.
Le genre des pétromyzons est donc de tous les genres de poissons, et surtout de poissons cartilagineux, l'un de ceux qui mé- ritent le plus que nous les observions avec soin et que nous les décrivions avec exactitude. Placé, en effet, à la tête de la grande classe des poissons, occupant l'extrémité par laquelle elle se rapproche de celle des serpents, il l'attache à ces animaux non seulement par sa forme extérieure et par plu- sieurs de ses habitudes, mais encore par sa con-
Notes de l'article
- Note associée au titre
- Lampetra et lampreda, en latin.
- Lampreda, en Italie.
- Lamprey, ou lamprey cel, en Angleterre.
- Lampretee, en Allemagne.
- Pibale, dans quelques départements méridionaux de France, et dans la première ou la seconde année de sa vie.
- Lamproie marbrée, Daubenton, Encyclopédie méthodique.
- Petromyzon marinus, Linné, édition de Gmelin.
- Petromyzon marinus, Fauna suecica, 292.
- Petromyzon maculosus, Artedi, Ichthyologia, gen. 64, syn. 90.
- Pétromyzon Lamproie, Bloch, Histoire naturelle des poissons, troisième partie, page 31, planche 77.
- Lamproie marbrée, Bonnaterre, planche d'histoire naturelle de l'Encyclopédie méthodique.
- Petromyzon, Klein, miss. pisc. 3, f. 30, n° 3.
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