Histoire naturelle (Buffon)/Tome 4/Les animaux domestiques
Histoire Naturelle (1749) I - II - III / / Tome IV - V - VI - VII - VIII - IX - X - XI - XII - XIII - XIV - XV XVI - XVII - XVIII - XIX - XX - XXI - XXII - XXIII - XXIV / / XXV - XXVI - XXVII - XXVIII - XXIX XXX - XXXI - XXXII - XXXIII - XXXIV - XXXV - XXXVI / / XXXVII - XXXVIII / / P I - P II - P III - P IV - P V / / C |
Les animaux domestiques
[169] L’homme change l’état naturel des animaux en les forçant à lui obéir, et les faisant servir à son usage : un animal domestique est un esclave dont on s’amuse, dont on se sert, dont on abuse, qu’on altère, qu’on dépayse et que l’on dénature, tandis que l’animal sauvage, n’obéissant qu’à la Nature, ne connoît d’autres loix que celles du besoin et de la liberté. L’histoire d’un animal sauvage est donc bornée à un petit nombre de faits émanés de la simple Nature, au lieu que l’histoire d’un animal domestique est compliquée de tout ce qui a rapport à l’art que l’on emploie pour l’apprivoiser ou pour le subjuguer ; et comme on ne sait pas assez combien l’exemple, la contrainte, la force de l’habitude peuvent influer sur les animaux et changer leurs mouvements, leurs déterminations, leurs penchants, le but d’un Naturaliste doit être de les observer assez pour pouvoir distinguer les faits qui dépendent de l’instinct, de ceux qui ne viennent que de l’éducation ; reconnoître ce qui leur appartient et ce qu’ils ont emprunté, séparer ce qu’ils font de ce qu’on leur fait faire, et ne jamais confondre l’animal avec l’esclave, la bête de somme avec la créature de Dieu. [170]