Revue d'écologie, Terre vie (1991) Mills par Asmodée

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Kalahari Hyaenas : The Comparative Behavioural Ecology of Two Species. Par Mills, M.G.L.

Compte-rendu


 

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Titre
Kalahari Hyaenas : The Comparative Behavioural Ecology of Two Species. Par Mills, M.G.L
Auteur
Jean-François Asmodée
In
Revue d'écologie (La Terre et la Vie), n°253, 1959. p. 54.
Source
Persée,
https://www.persee.fr/doc/revec_0249-7395_1991_num_46_2_2449_t1_0185_0000_2

Cette page introduit un compte-rendu d'un ouvrage de Michael Gus Mills.

Référence biblio

Asmodé Jean-François. Mills, M.G.L. — Kalahari Hyaenas : The Comparative Behavioural Ecology of Two Species. Unwin Hyman, London, 1990. In: Revue d'Écologie (La Terre et La Vie), tome 46, n°2, 1991. pp. 185-186.


Texte brut


Mills, M.G.L. — Kalahari Hyaenas : The Comparative Behavioural Ecology of Two Species. Unwin Hyman, London, 1990, XVI et 304 pages, 136 figures dont 70 photos en noir et blanc. Prix (relié) : 40 livres sterling.

Dix-huit ans après le magistral travail de H. Kruuk sur la Hyène tachetée '(Crocuta crocuta) en Tanzanie, voici une nouvelle étude en profondeur de cette espèce menée en parallèle avec celle d’une autre espèce, la Hyène brune (Hyaena brunnea), qui coexiste avec elle en Afrique australe. Ce travail a été réalisé dans le Kalahari Gemsbok National Park (Afrique du Sud) et dans le Gemsbok National Park (Bostwana), ces deux parcs contigus formant un ensemble protégé de 36 190 km2, unique en zone semi-désertique. Toute la région est recouverte de dunes de sable rouge du Sud du Kalahari, traversées par le lit de deux très grands oueds. Ce livre représente douze années de travail de terrain, durant lesquelles l’auteur fut un des rangers du Kalahari Gemsbok NP.

Les buts de l’étude furent les suivants : (a) décrire les niches écologiques de la Hyène brune et de la Hyène tachetée dans l’écosystème du Kalahari ; (b) étudier les facteurs qui limitent leurs populations ; (c) déterminer le rôle des individus dans l’organisation sociale des hyènes ; (d) contribuer à la gestion et la conservation de ces deux espèces.

La Hyène brune est une opportuniste, mangeant des carcasses de mammifères, des fruits sauvages notamment les melons sauvages, ainsi que des reptiles, oiseaux, œufs d’autruches et insectes. Elle chasse très peu (seulement 6 % de la biomasse consommée). La consommation moyenne de nourriture est de 0,07 kg par hyène et par jour. Son principal compétiteur est le Chacal à chabraque (Canis mesomelas). Les principaux fournisseurs de charogne sont les lions et les morts naturelles. La densité de la Hyène brune est de 1,8 hyène/ 100 km2.

La Hyène tachetée est une véritable spécialiste, ne consommant principalement que les grands et moyens mammifères. Les proies sont tuées directement par les hyènes (70 % de la biomasse consommée) confirmant leur rôle de grands prédateurs découvert par Kruuk. Leurs proies préférées sont les jeunes des grandes antilopes, spécialement de Gemsbok (Oryx gazella), ainsi d’ailleurs que des adultes en mauvaise condition. La biomasse consommée est de 0,10 kg par hyène et par jour. Le principal compétiteur est le Lion.

Lorsqu’elles recherchent leur nourriture les hyènes brunes sont le plus souvent solitaires, alors que les hyènes tachetées chassent toujours en groupe (maximum 1 1 individus), les grands groupes se rencontrant lorsque les hyènes chassent des gemsbok, ou des gnous à queue noire. L’impact de la prédation conjuguée des hyènes tachetées et des lions sur les populations de gemsbocks est loin d’être négligeable, leur densité étant quatre fois moindre dans la zone d’étude avec prédateurs, que dans une zone adjacente où ceux-ci ont été éliminés.

Les clans formés par les hyènes brunes sont plus petits (3,7 individus), que ceux formés par les hyènes tachetées (8 individus). Le territoire moyen d’un clan est de 308 km2 pour la Hyène brune, contre 1 095 km2 pour la Hyène tachetée. Chez la Hyène brune 33 % des mâles adultes sont solitaires et nomades. La distance moyenne parcourue entre deux repas est de 9,2 km chez la Hyène brune contre

32,7 km chez l’autre espèce. Les jeunes commencent à parcourir le territoire du clan avec les adultes et participent aux chasses en groupe, alors que les jeunes hyènes brunes sont solitaires dès le moment où elles commencent à rechercher de la nourriture loin du terrier, bien que faisant toujours partie du clan.

Grâce à la durée de l’étude il a été permis de connaître le degré de parenté des divers membres des clans, ce qui a montré que les deux espèces forment des groupes comprenant des individus très apparentés, phénomène qui a déjà été observé chez d’autres Carnivores, notamment les renards, et les chacals. Les mâles reproducteurs sont pour la plupart nomades chez la Hyène brune, alors que les chez les hyènes tachetées ce sont les mâles immigrants dans le pack qui se reproduisent. Ce sont chez les deux espèces les femelles qui forment le «noyau » stable des clans.

Les hyènes tachetées dominent les brunes lorsqu’elles se nourrissent, et dans certaines parties de la zone d’étude peuvent même les empêcher de le faire. En dehors des zones de nourrissage, les hyènes tachetées pourchassent fréquemment les brunes, les tuant occasionnellement. En dépit de cela il y a très souvent une attraction mutuelle entre les deux espèces. La population de Hyène brune est viable dans le Sud Kalahari, alors que celle de la Hyène tachetée, moins bien adaptée aux conditions désertiques, est beaucoup plus faible et instable.

Pour la survie de ces deux espèces, ainsi que pour le maintien de l’écosystème du Kalahari, il est particulièrement important de continuer à gérer ces deux parcs conjointement, comme une seule et même entité. N’oublions pas l’effet dramatique sur les populations de grands mammifères des clôtures «sanitaires » établies par la C.E.E. à travers tout le Nord du Kalahari, dans le but de protéger l’élevage bovin de tout compétiteur !

Il faut recommander absolument cet ouvrage à tous les mammalogistes, mais aussi à tous les amoureux des grands espaces africains magnifiquement illustrés dans ce livre par 70 photos qui en rendent la lecture particulièrement vivante.

J. -F. AsmodÉ.


Notes de la rédaction

Depuis 1999, le Kalahari Gemsbok National Park en Afrique du Sud et le Gemsbok National Park au Botswana ont été regroupés dans le Parc transfrontalier de Kgalagadi.

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