Histoire naturelle (Buffon)/Tome 8/Le coati

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Cette page reprend les articles relatifs au coati dans le tome VIII de l'Histoire Universelle.

Le début en facsimilé

Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f466.jpg

Avant-propos

D'un point de vue historique, la partie rédigée par Buffon est la plus intéressante, celle de Daubenton étant nettement plus technique (et donc plutôt réservée aux spécialistes).

La partie de Buffon sera donc corrigée et indexée en détail.

La partie de Daubenton contient un exemple de traitement de tableau avec transcription. les autres tableaux sont laissés en l'état.

Le Coati (par Monsieur de Buffon)

Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f466.jpg[358] Le coati [1]

Plusieurs auteurs ont appelé coati-mondi l'animal dont il est ici question : nous l'avons eu vivant, et après l'avoir comparé au coati indiqué par Thevet, et décrit par Marcgrave, nous avons reconnu que c'était le même animal qu'ils ont appelé coati tout court, et il y a toute apparence que le coati-mondi n'est pas un animal d'une autre espèce, mais une simple variété de celle-ci; car Marcgrave, après avoir donné la description du coati;, dit précisément qu'il y a d'autres coati; qui font d'un brun noirâtre, que l'on appelle au Brésil coati-mondi pour les distinguer des autres: il n'admet donc d'autre différence entre le coati & le coati-mondi, que celle de la couleur du poil, et dès-lors on ne doit pas les considérer comme deux espèces distinctes, mais les regarder comme des variétés dans la même espèce.

Le coati est très-différent du raton que nous avons décrit dans l’article précédent ; il est de plus petite taille, il a le corps et le cou beaucoup plus allongés, la tête Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f467.jpg[359] aussi plus longue, ainsi que le museau, dont la mâchoire supérieure est terminée par une espèce de groin mobile, qui déborde d’un pouce ou d’un pouce et demi au delà de l’extrémité de la mâchoire inférieure, ce groin retroussé en haut, joint au grand alongement des mâchoires, fait paroître le museau courbé et relevé en haut. Le coati a aussi les yeux beaucoup plus petits que le raton, les oreilles encore plus courtes, le poil moins long, plus rude et moins peigné, les jambes plus courtes, les pieds plus longs et plus appuyés sur le talon ; il avoit, comme le raton, la queue annelée.[2], et cinq doigts à tous les pieds. Quelques personnes pensent que le blaireau-cochon pourroit bien être le coati, et l’on a rapporté[3] à cet animal le taxus suillus, dont Aldrovande donne la figure ; mais si l’on fait attention que le blaireau-cochon dont parlent les chasseurs est supposé se trouver en France, et même dans des climats plus froids de notre Europe, qu’au contraire le coati ne se trouve que dans les climats méridionaux de l’autre continent, on rejettera aisément cette idée, qui d’ailleurs n’est nullement fondée[4] ; car la figure donnée par Aldrovande n’est autre Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f468.jpg[360] chose qu’un blaireau, auquel on a fait un groin de cochon. L’auteur ne dit pas qu’on ait dessiné cet animal d’après nature, et il n’en donne aucune description. Le museau très-alongé et le groin mobile en tous sens, suffisent pour faire distinguer le coati de tous les autres animaux ; il a, comme l’ours, une grande facilité à se tenir debout sur les pieds de derrière, qui portent en grande partie sur le talon, lequel même est terminé par de grosses callosités qui semblent le prolonger au dehors, et augmenter l’étendue de l’assiette du pied. Le coati est sujet à manger sa queue, qui, lorsqu’elle n’a pas été tronquée, est plus longue que son corps ; il la tient ordinairement élevée, la fléchit en tous sens, et la promène avec facilité. Ce goût singulier, et qui paroît contre nature, n’est cependant pas particulier au coati ; les singes, les makis, et quelques autres animaux à queue longue, rongent le bout de leur queue, en mangent la chair et les vertèbres, et la raccourcissent peu à peu d’un quart ou d’un tiers. On peut tirer de là une induction générale, c’est que dans des parties très-alongées, et dont les extrémités sont par conséquent très-éloignées des sens et du centre du sentiment, ce même sentiment est foible, et d’autant plus foible que la distance est plus grande et la partie plus menue : car si l’extrémité de la queue de ces animaux étoit une partie fort sensible, la sensation de la douleur seroit plus forte que celle de cet appétit, et ils conserveroient leur queue avec autant de soin que les autres parties de Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f469.jpg[361] leur corps. Au reste le coati est un animal de proie qui se nourrit de chair et de sang, qui, comme le renard ou la fouine, égorge les petits animaux, les volailles[5], mange les œufs, cherche les nids des oiseaux[6] ; et c’est probablement par cette conformité de naturel, plustôt que par la ressemblance de la fouine, qu’on a regardé le coati comme une espèce de petit renard[7].

Nota

On trouve dans le septième volume de l’Académie royale des Sciences de Suède, un Mémoire de M. Linnæus sur le Coati-mondi. Nous croyons devoir rapporter ici l’extrait que l’auteur de la Bibliothèque raisonnée a fait de ce Mémoire, sans prétendre garantir les faits qui y sont rapportés. « M. Linnæus donne dans un Mémoire l’histoire naturelle du Coati-mondi. Cet animal se trouve également dans l’Amérique méridionale et dans la septentrionale. Il approche de l’ours par la longueur de ses jambes de derrière, sa tête penchée, son poil épais, et par ses pattes ; mais il est petit et familier, et sa queue est fort longue, et rayée de différentes couleurs. M. le Prince successeur de Suède avoit fait présent d’un de ces animaux à M. Linnæus, qui l’a entretenu assez long-temps dans sa maison aux dépens des douceurs qu’il pouvoit attraper, et quelquefois de ceux de sa basse-cour, où le Coati-mondi, malgré le droit de l’hospitalité, emportoit des têtes à coup de dent, et humoit le sang. Il est remarquable par son extrême opiniâtreté à ne rien faire contre son gré. Malgré sa petitesse, il se défendoit avec une force extraordinaire lorsqu’on le faisoit marcher malgré lui, et se cramponnoit contre les jambes des personnes dont il alloit familièrement ravager les poches et confisquer ce qu’il y trouvoit à sa bienséance. Cette Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f470.jpg[362] opiniâtreté a son remède ; le Coati craint extrêmement les soies de cochon, la moindre brosse lui faisoit quitter prise. Un mâtin l’étrangla un jour qu’il s’étoit sauvé dans un jardin du voisinage, et M. Linnæus en donne l’anatomie. Son genre de vie étoit assez extraordinaire ; il dormait depuis minuit jusqu’à midi, veilloir le reste du jour, et se promenoit régulièrement depuis six heures du soir jusqu’à minuit, quelque temps qu’il fît. C’est apparemment le temps que la Nature a assigné à cette espèce d’animaux dans leur partie, pour pourvoir à leurs besoins, et pour aller à la chasse des oiseaux et à la découverte de leurs œufs, qui font leur principale nourriture. » Bibliothèque raisonnée, tome XLI, partie Ire, page 25.

Notes de la partie rédigée par Buffon

  1. [ page 358, note * ] Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f466.jpg[358]
    • Le Coati;, Cuati. Singularités de la France antarctique, par André Thevet. Paris, 1558, pages 95 & 96. Coati;.
    • Marcgrav. Hift. Nat. Brafil. pag. 228. Coati;-mondi.
    • Hift. de l'Acad. tome 111, partie 11, page 17. Vulpes minor, roftro fuperiori longiufculo, caudâ annulatim ex nigro & rufo variegatâ. Barrère, Hift. de la Fr. Éq. pag. 16; 7. Urfus nafo producto & mobili, caudâ annulatim variegatâ. Le Coati;- queue annelée. Briffon, Regn. animal. pag. 263. mondi à...
  2. [ page 359, ref a] Il y a aussi des Coati dont la queue est d’une seule couleur ; mais comme ils ne diffèrent des autres que par ce seul caractère, cette différence ne nous paroît pas suffire pour en faire deux espèces, et nous estimons que ce n’est qu’une variété dans la même espèce.
  3. [page 359, note b] Vid. Brisson. Regn. animal. pag. 263.
  4. [page 359, note c] Voyez ce que nous avons dit du blaireau-cochon, Vol. VII de cet Ouvrage, à l’article du Blaireau.
  5. [ page 361, note a] Vid. Marcgrav. Hist. Brasil. pag. 228.
  6. [page 361, note b] Voyez les Singularités de la France antarctique, par Thevet, page 96.
  7. [page , note c] Vulpes minor, etc. Barrère, Hist. Nat. de la France équinoctiale.

Description du Coati (par Monsieur Daubenton)

Planches de l'article

planche XLVII
Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f483.jpg Collection Quadrupèdes Buffon 1749 tome 1 f172.jpg
planche XLVIII
Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f485.jpg Collection Quadrupèdes Buffon 1749 tome 1 f173.jpg
planche XLIX
Buffon Hist Nat E.O. Tome 8 f487.jpg

Voir aussi