Histoire naturelle (Buffon)/Tome 7/La loutre/Description

Georges-Louis Leclerc de Buffon
Histoire Naturelle (1749)
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Cette page reprend l'article relatif à la loutre et rédigé par Daubenton dans le tome VIIII de l'Histoire Universelle.

Sommaire

1 Le début en facsimilé
2 Description de la loutre (par Monsieur Daubenton)
3 Planches de l'article
4 Voir aussi

Le début en facsimilé

Description de la loutre (par Monsieur Daubenton)

[139] Le corps de la Loutre (pl. XI, fig. 1) est à peu près aussi long et aussi gros que celui du blaireau ; mais les jambes de la loutre sont de beaucoup plus courtes. Cet animal a la tête plate, le museau fort large (fig. 2, où la loutre est vûe en face) et la mâchoire du dessous plus étroite et moins longue que celle du dessus ; le cou est court, et si gros qu’il semble faire partie de la tête ; le corps est fort allongé, les jambes sont très courtes, et la queue est grosse à l’origine, et pointue à l’extrémité. Il y a de chaque côté du museau des moustaches composées de gros crins blancs et bruns ; il y en a d’autres au dessous de la mâchoire inférieure, au delà des coins de la bouche et près de l’angle postérieur des yeux ; les plus longs de ces crins ont près de trois pouces.

La loutre a deux sortes de poils, les uns plus longs et plus fermes que les autres, qui sont une sorte de duvet soyeux de couleur grise blancheâtre sur la plus grande partie de sa longueur, et brune à la pointe. Les poils les plus longs sont gris-blancheâtres sur la moitié de leur longueur depuis la racine, et de couleur brune très-luisante dans le reste de leur étendue jusqu’à la pointe : le brillant de ces poils efface le brun, lorsqu’ils sont opposés au jour ; mais le brun paraît seul sous les autres aspects sur toute la partie supérieure de cet animal, depuis le bout du museau jusqu’à la queue, sur la face extérieure des jambes et sur la face supérieure de la queue. Les côtés de la tête, la mâchoire inférieure, la gorge, le dessous et les côtés du cou, la poitrine, le ventre, les aisselles, les aînes, la face intérieure des jambes, sont [140] de couleur blancheâtre et luisante, parce que les longs poils ont cette couleur depuis la racine jusqu’à la pointe : le poil des pieds est fort court et de couleur brune, mêlée d’une légère teinte rousseâtre ; le dessus de la tête et le bout de la queue sont de couleur brune foncée, et même noirâtre ; les plus longs poils du corps ont quatorze lignes. Les doigts tiennent les uns aux autres par une forte membrane, qui est plus longue dans les pieds de derrière (A, pl. XII) que dans ceux de devant (B), parce que les doigts des pieds de derrière sont les plus longs ; il y en a cinq dans chaque pied : les doigts des pieds de devant et le pouce des pieds de derrière ont de petits ongles crochus ; ceux des quatre autres doigts des pieds de derrière sont les plus larges.

	pieds	pouces	lignes	cm
Longueur du corps entier, mesuré en ligne droite depuis le bout du museau jusqu'à l'anus.	2	1	0	67.66
Longueur de la tête depuis le bout du museau jusqu'à l'occiput.	0	4	9	12.78
Circonférence du bout du museau	0	5	8	15.26
Circonférence du museau , prise au dessus des yeux.	0	6	9	18.18
Contour de l'ouverture de la bouche	0	4	4	11.68
Distance entre les deux naseaux	0	0	5	1.1
Distance entre le bout du museau et l'angle antérieur de l’œil	0	1	6	0
Distance entre Longueur de l’œil d'un angle à l'autre Ouverture de l’œil	0	1	6	4.02
Distance entre les angles antérieurs des yeux , mesurée en suivant la courbure du chanfrein.	0	1	6	4.02
La même distance mesurée en ligne droite	0	1	6	4.02
Circonférence de la tête, prise entre les oreilles	0	9	0	24.3

[141]

La loutre qui a servi de sujet pour la description des parties [142] molles intérieures, avait un pied dix pouces de longueur depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue ; elle pesait huit livres trois onces.

Cet animal avait, comme la fouine, le putois, la belette, etc. la poitrine fort allongée et l’abdomen (C D, pl. XII) très-court. L’épiploon s’étendoit jusqu’au bassin ; ses principaux vaisseaux étoient enveloppés de graisse et formoient des mailles, dont l’aire n’étoit remplie que par une membrane si mince, qu’on la voyoit à peine sur les intestins ; mais après l’avoir enlevée, j’y ai aperçu un réseau que l’on peut comparer à une dentelle, dont les vuides seraient remplis par une toile d’araignée très-fine.

L’estomac (E) étoit en entier dans le côté gauche ; le duodenum s’étendoit en arrière jusqu’au rein, et se replioit en dedans ; la suite du canal intestinal (F G) faisoit ses circonvolutions dans la région ombilicale, dans le côté droit, dans la région iliaque du même côté, dans la région hypogastrique, dans la région iliaque gauche, dans le côté gauche, et dans la région ombilicale. Le canal intestinal se replioit derrière l’estomac de droite à gauche et de devant en arrière, et formoit ensuite le rectum. Il n’y avoit point de cœcum, et les intestins étoient très-mobiles ; ainsi il doit se trouver beaucoup de variétés dans leur situation respective.

L’estomac étoit petit et n’avoit presque point de grand culde-sac ; le canal intestinal étoit à peu près de grosseur égale dans la plus grande partie de son étendue ; la portion qui formoit le rectum étoit la plus grosse, sur-tout près de l’anus.

Il y avoit de chaque côté de l’anus (A, fig. 1, pl. XIII) une vésicule (B B) qui a été dessinée de grandeur naturelle, avec une portion (C) du rectum. Après avoir ouvert ces 50px[143]