Histoire naturelle (Buffon)/Tome 5/La brebis
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Cette page introduit l'article sur la brebis) dans le tome V de son histoire naturelle[NDLR 1].
La brebis
L'on ne peut guère douter que les animaux actuellement domestiques
n'aient été sauvages auparavant : ceux dont nous avons donné l'histoire en
ont fourni la preuve, et l'on trouve encore aujourd'hui des chevaux, des
ânes et des taureaux sauvages. Mais l'homme, qui s'est soumis tant de miliers d'individus, peut-il se glorifier d'avoir conquis une seule espèce
entière? Comme toutes ont été créées sans sa participation, ne peut-on pas
croire que toutes ont eu ordre de croître et de multiplier sans son secours ?
Cependant, si l'on fait attention à la faiblesse et à la stupidité de la brebis (*), si l'on considère en même temps que cet animal sans défense ne peut même trouver son salut dans la fuite, qu'il a pour ennemis tous les animaux car- nassiers, qui semblent le chercher de préférence et le dévorer par goût; que d'ailleurs cette espèce produit peu, que chaque individu ne vit que peu de temps, etc., on serait tenté d'imaginer que, dès les commencements, la brebis a été confiée à la garde de l'homme, qu'elle a eu besoin de sa protection pour subsister et de ses soins pour se multiplier, puisqu'en effet on ne trouve point de brebis sauvages dans les déserts; que, dans tous les lieux où l'homme ne commande pas, le lion, le tigre, le loup, règnent par la force et par la cruauté; que ces animaux de sang et de carnage vivent plus longtemps et multiplient tous beaucoup plus que la brebis; et qu'enfin, si l'on abandonnait encore aujourd'hui dans nos campagnes les troupeaux nombreux de cette espèce que nous avons tant multipliée, ils seraient bientôt détruits sous nos yeux, et l'espèce entière anéantie par le nombre et la voracité des espèces ennemies.
Notes de la rédaction
- ↑ Cette transcription s'appuie sur la version originale de Buffon en utilisant la modernisation du texte par Lanessan.
Voir aussi
- Sources
- Édition originale :
- réédition Lanessan