Histoire naturelle (Buffon)/Tome 23/Le pélican

De Wicri Animaux

Le pélican


 

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Georges-Louis Leclerc de Buffon
Histoire Naturelle (1749)
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Buffon Hist Nat E.O. Tome 23 f11.jpg

Le pélican

Buffon Hist Nat E.O. Tome 23 f350.jpg[282]  

(*) Le pélican  (a)

Buffon Lanessan Tome 8 page f167.jpg[l 147]

Le pélican (L *) est plus remarquable, plus intéressant pour un naturaliste Par la hauteur de sa taille et par le grand sac qu'il porte sous le bec, que par a célébrité fabuleuse de son nom, consacré dans les emblèmes religieux des peuples ignorants; Buffon Lanessan Tome 8 page f168.jpg[l 148] on a représenté sous sa figure la tendresse paternelle se déchirant le sein pour nourrir de son sang sa famille languissante ; mais cette Buffon Hist Nat E.O. Tome 23 f351.jpg[283] fable, que les Égyptiens racontaient déjà du vautour (a1), ne devait pas s'appliquer au pélican qui vit dans l'abondance (b), et auquel la nature a donné de plus qu'aux autres oiseaux pêcheurs une grande poche dans laquelle il porte et met en réserve l'ample provision du produit de sa pêche.

Le pélican égale ou même surpasse en grandeur le cygne (c), et ce serait Buffon Hist Nat E.O. Tome 23 f352.jpg[284] le plus grand des oiseaux d'eau (d), si l'albatros n'était pas plus épais et si le flammant n'avait pas les jambes beaucoup plus hautes; le pélican les a au contraire très basses, tandis que ses ailes sont si largement étendues, que l'envergure en est de onze ou douze pieds (e). Il se soutient donc très aisément et très longtemps dans l'air; il s'y balance avec légèreté et ne change de place que pour tomber à-plomb sur sa proie, qui ne peut échapper, car la violence du choc et la grande étendue des ailes, qui frappent et couvrent la surface de l'eau, la font bouillonner, tournoyer (f), et étourdissent en même temps le poisson, qui dès lors ne peut fuir. C'est de cette manière que les pélicans pè- chent lorsqu'ils sont seuls (g); mais en troupes ils savent varier leurs ma- nœuvres et agir de concert : on les voit se disposer en ligne et nager de com- pagnie en formant un grand cercle qu'ils resserrent peu à peu pour y renfer- mer le poisson (h), et se partager la capture à leur aise.

Ces oiseaux prennent, pour pêcher, les heures du matin et du soir où le poisson est le plus en mouvement, et choisissent les lieux où il est le plus abondant; c'est un spectacle de les voir raser l'eau, s'élever de quelque piques au-dessus, et tomber le cou raide et leur sac à demi plein, puis se relevant avec effort, retomber de nouveau (i), et continuer ce manège jusqu'à ce que cette large besace soit entièrement remplie; ils vont alors manger et digérer à l'aise sur quelques pointes de rochers, où ils restent en repos et comme assoupis jusqu'au soir (j).

Il me paraît qu'il serait possible de tirer parti de cet instinct du pélican, qui n'avale pas sa proie d'abord, mais l'accumule en provision, et qu'on


Notes de la partie rédigée par Buffon

(°) Page 282, note *

Voyez les planches enluminées, n° 87.

(a) Page 282, note a
  • En grec : Πελεκάνος
    • Dans Oppien : Πελεxινος
  • En latin : onocrotalus; et en ancien Latin, truo ; suivant Verrius Flaccus et Festus ;
  • En ancien François, livane, selon Cotgrave et Belon ;
  • en Hébreu, hakik ; en Chaldéen, catha ;
  • en Arabe, kuk et alliausal, c’est-à-dire, gosier ;
  • en Persan, kik (Aldrovande), tacab, c’est-à-dire, porteur d’eau ; et miso, mouton, à cause de sa grosseur (Chardin) ;
  • en Égyptien, begas ou gemel-el bahr (chameau de la rivière. Vansleb) ;
  • en Turc, sackagusch ; dans l’ancienne Langue vandale, bukriez (Wolfang. Lazius) ;
  • en Espagnol, groto ;
  • en Italien, agrotto ; à Rome, truo ; et vers Sienne et Mantoue, agrotti ; dans les Alpes de Savoie, goettreuse, à cause de sa poche, semblable au goëtre, auquel les habitants de ces cantons sont sujets ;
  • en Anglois, pelecane ;
  • en Allemand, meergans, schnée-gans ; et en Autriche, ohn-vogel,
  • en Polonois, bak, bak cudzoziemski ;
  • en Russe, baba ;
  • en Grec moderne, toubano (Spon. Voy. en Dalmat.)
  • aux îles d’Amérique, et dans les relations, grand gosier ; en Mexicain, atototl ;
  • et par les Espagnols des Indes, alcatraz ; aux Philippines, pagala ;
  • par les nègres de Guinée, pokko ; en Siamois, noktho.


  • Pélican. Belon, Nat. des Oiseaux, page 153, avec une mauvaise figure, page 154. —
  • Pélican, livane. Le même, Portraits d’oiseaux, page 30, b, même figure.
  • Onocrotalus. Gesner, Avi. pag. 630, avec une figure peu exacte, répétée, Icon. avi. pag. 94.
  • Onocrotalus seu pelecanus. Aldrovande, Avi. tom. III, pag. 42, avec de mauvaises figures, pages 48 et 49.
  • Willughby, Ornithol. pag. 246.
  • Ray, Synops. avi. pag. 121, n° 1.
  • Jonston, Avi. pag. 91. — Marsigl. Danub. tom. V, pag. 74 ; tab. 35.
  • Onocrotalus avis. Bontius, Ind. orient. pag, 67.
  • Onocrotalus truo. Schwenckfeld, Avi. Siles. pag. 311.
  • Plancus gulo, onocrotalus albus. Klein, Avi. pag. 124, n.º 1.
  • Onocrotalus. Charleton, Exercit. pag. 100, n.º 1. Onomazt. pag. 94, n.º 1.
  • Moehring, Avi. Gen. 65.
  • Onocrotalus Plinio, pelicanus Bellonio, Aldrovando ; truo festo. Rzaczynski, Hist. nat. Polon. pag. 288. Idem, Auctuar. pag. 399.
  • Pelecanus gulâ saccatâ. Onocrotalus. Linnæus, Syst. nat. ed. X, Gen. 66, Sp. 1.
  • Alcatraz. Nieremberg, pag. 223.
  • Atototl. Hernandez, pag. 673.
  • Pélican. Anciens Mémoires de l’Académie des Sciences, tom. III, part. III, pag. 189, avec une figure exacte.
  • Edwards, tome II, page 92, avec une belle figure. —
  • Onocrotalus albus, ad carneum colorem non nihil inclinans ; remigibus majoribus nigris ; rectricibus candidis… Onocrotalus. Brisson, Ornithol. tome VI, page 519.


(a1) Page 283, note a

Voyez Orus Apollo.

(b) Page 283, note b

Saint Augustin et saint Jérôme paraissent être les auteurs de l'application de cette fable, originairement égyptienne, au pélican. Vid. Excerpt. ex Hieronim., apud Lupurn de Olivet. in Ps. 101.

(c) M. Edwards estime celui qu'il décrit du double plus grand et plus gros que le cygne.

Celui dont parle Ellis, était, dit-il, deux fois plus fort qu'un gros cygne. Voyage à la baie d'Hudson, t. Ier, p. 52.

(d) « Je partis - le 2 octobre pour me rendre à l'île de Griel, par ce canal qui est parallèle » au bras principal du Niger. Il était tout couvert de pélicans ou grands gosiers, qui sC » promenaient gravement comme des cygnes sur les eaux; ce sont sans contredit, après l'au- » truche, les plus grands oiseaux du pays. » Adanson, Voyage au Sénégal, p. 136.

(e) Les pélicans décrits par MM. de l'Académie des Sciences avaient onze pieds d'enver- gure, ce qui est, suivant leur remarque, le double des cignes et des aigles.

(f) Petr. Martyr, Nov. Orb., decad. I, lib. VI.

(g) Voyez Labat, Dutertre.

(h) Adanson, Voyage au Sénégal, p. 136.

(i) Nieremberg, Hist. nat., lib. x, p. 223.

(j) Voyez Labat, Dutertre.


Variétés du pélican

Buffon Hist Nat E.O. Tome 23 f375.jpg

Planches de l'article

Buffon Hist Nat Oiseaux 2 Tome 9 f327.jpg
Buffon Hist Nat E.O. Tome 23 f373.jpg

Dans la réédition de Lanessan

Notes

(L *) Page 282, note *

Les Pélicans (Pelecanus) sont des Palmipèdes de la famille des Stéganopodes ; ils se distinguent par un corps allongé, et surtout par le bec long, plat, large, recourbé au sommet et pourvu d'une vaste dilatation membraneuse entre les branches de la mâchoire inférieure

L'espèce décrite ici est le Pelecanus Onocrotalus L.


Iconographie

Buffon Lanessan Tome 8 page f165.jpg

Iconographie complémentaire

Dans l'ouvrage de Belon
Pélican Belon 1555.jpg
Chez Aldrovande
De avibus historiae (Aldrovandi) tome 3 page 65.jpg
De avibus historiae (Aldrovandi) tome 3 page 66.jpg
De avibus historiae (Aldrovandi) tome 3 page 67.jpg

Voir aussi