Bull. mens. Soc. linn. Lyon (2018) d’Hondt
Embranchement versus Phylum
comment la conjoncture internationale peut influencer la nomenclature scientifique et la classification animale
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- Résumé
- Sous l’effet de la situation politique européenne du début du vingtième siècle, au terme d’Embranchement (unité systématique) a été substitué le mot fautif de Phylum (unité phylogénétique) qui a une signification toute différente, mais qui tend de plus en plus à s’imposer à la communauté scientifique par ignorance historique et inculture de certains naturalistes.
L'article
Introduction
Depuis déjà plusieurs dizaines d’années, une erreur nomenclaturale a été introduite dans la littérature scientifique comme dans la classification animale au niveau le plus élevé de celle-ci (d’Hondt, 1989a). L’emploi de ce terme fautif s’est propagé depuis lors, probablement souvent par ignorance : la substitution au terme «Embranchement » de celui «Phylum » (Haeckel, 1874, 1894). L’Embranchement est une catégorie hiérarchique créée par Cuvier (1812) pour désigner les plans d’organisation fondamentaux du Règne animal (il en reconnaissait 4 à son époque) et par suite les subdivisions majeures de celui-ci qui auront été créées ultérieurement. Le terme de Phylum établi par Haeckel, créateur par ailleurs du terme d’ «Ecologie » , permettait de distinguer dans le Règne animal une trentaine de subdivisions principales, certaines par démembrement de celles de Cuvier ; son évaluation était plus proche de la réalité que celle de Cuvier, puisque nous en dénombrons à présent 37, Protozoaires – que les auteurs récents excluent du Règne animal et transfèrent dans celui des Protistes – non compris. Pour lui, un Phylum correspond à un vaste ensemble d’organismes descendant en ligne directe d’un ancêtre commun. Cette catégorie repose sur un principe qu’il avait lui-même formulé, et selon lequel différents groupes zoologiques (indépendamment de leur rang hiérarchique dans la classification) descendraient les uns des autres par monophylie bien qu’ils correspondent chacun aux groupes d’animaux traités séparément par les auteurs des manuels de zoologie et