AMETIST - Réseaux d’archives institutionnelles en Europe

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Muriel Foulonneau
Centre pour la communication scientifique directe, France
Anne-Marie Badolato
Institut de l'information scientifique et technique, France
Wolfram Horstmann
Université de Göttingen, Allemagne
Karen Van Godtsenhoven
Université de Gand, Belgique
Sophia Jones
Université de Nottingham, Royaume-Uni
Mary Robinson
Université de Nottingham, Royaume-Uni
Feijen Martin
Fondation SURF, Pays-Bas
Kasja Weenink
Fondation SURF, Pays-Bas


Résumé
Les archives institutionnelles en Europe se sont développées avec des logiques très différentes. Elles se sont structurées dans des réseaux nationaux pour partager les compétences mais aussi créer des outils et services communs. Le projet européen DRIVER (Digital Repositories Infrastructure Vision for European Research) rassemble 5 réseaux européens d’archives, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Belgique et en France pour établir les bases d’une infrastructure européenne fondée sur les archives scientifiques. L’Allemagne a mis l’accent sur la promotion du libre accès et la certification d’archives institutionnelles, les Pays-Bas ont structuré un réseau efficace de collecte des documents et ont créé de nombreux services à valeur ajoutée, pour tirer parti de cette masse de contenus. Le Royaume-Uni a créé un partenariat d’archives qui échange des compétences mais développe aussi de nombreux services dont bénéficient les archives britanniques ainsi que les archives mondiales. La France a inauguré une plate-forme pluridisciplinaire sur le modèle des archives disciplinaires telles que arXiv ou CogPrints et a intégré progressivement la problématique des archives institutionnelles avec la création d’un réseau. Enfin la Belgique tire parti du projet européen DRIVER (Digital Repositories Infrastructure Vision for European Research)[1] pour inciter les établissements de recherche à créer leur propre archive.

Les cultures développées dans chacun des réseaux nationaux font néanmoins apparaître des divergences sur la manière dont les archives ont été créées, mais aussi sur les acteurs qui doivent les alimenter, sur les types de documents à y intégrer, sur les stratégies à développer pour atteindre une masse critique de contenus, sur les missions qu’elles doivent remplir. Les actions visant à favoriser les dépôts par les chercheurs se sont ainsi focalisées sur des aspects différents : la création de services pour les chercheurs, les incitations auprès des établissements de recherche à créer leur propre archive, les actions dirigées vers les organismes de financement de la recherche, enfin les actions visant à mettre en valeur les bénéfices pour les chercheurs en terme de visibilité de leur production scientifique.

Alors que la logique institutionnelle a permis dans certains cas d’atteindre des taux de dépôts importants dans les archives, elle s’oppose à la logique des services disciplinaires basés sur la contribution par les chercheurs à un corpus collectif de type Web 2.0 qui favorise les échanges et la génération d’idées nouvelles. Cependant, les réseaux nationaux d’archives semblent converger vers des priorités et des axes de développement similaires pour l’avenir, en phase avec l’évolution des archives disciplinaires. L’intégration des archives dans un contexte plus global, européen aujourd’hui et mondial demain permettra d’articuler des services à valeurs ajoutée basés sur des types d’archives différents, répondant à des besoins variés mais créant des corpus ouverts, sources de nouvelles pratiques scientifiques.

Introduction

Les archives ouvertes visent à encourager les chercheurs à mettre leurs publications scientifiques en libre accès sur Internet. Les archives ouvertes s’intègrent au mouvement pour le libre accès qui soutient la mise à disposition ouverte et gratuite des publications scientifiques, soit dans des revues dont le modèle économique n’est pas fondé sur les abonnements (revues en libre accès), soit dans des archives, c’est-à-dire des bases de documents numériques ou digital repositories.

Inspiré du modèle d’arXiv développé pour la physique des hautes énergies, le mouvement des archives ouvertes a connu plusieurs phases. Des archives disciplinaires sont apparues. Elles constituent un corpus scientifique sur le modèle du Web 2.0, c’est-à-dire créé à partir de la contribution des membres de la communauté scientifique. La principale problématique de ces archives est rapidement apparue : comment atteindre une masse critique qui permette de créer un service de référence pour les chercheurs de chaque domaine et fasse évoluer leurs pratiques de travail pour les conduire à archiver d’eux-mêmes leurs publications. Le succès d’une archive se mesure alors au nombre de publications de qualité scientifique qui y sont déposées par les chercheurs dans une discipline donnée. Même si d’autres critères de qualité sont importants (ex. les statistiques de consultation), cette masse critique disciplinaire est un préalable à l’élaboration de services scientifiques.

Alors que l’initiative en faveur des archives ouvertes est initiée par des chercheurs, l’appui des établissements et des organismes de financement de la recherche s’est révélé comme un élément déterminant dans leur développement. Ce sont les établissements et les organismes de financement de la recherche qui soutiennent l’archive, y compris financièrement et qui évaluent les activités des chercheurs et leurs contributions aux communautés disciplinaires. Ils ont même le pouvoir dans certains cas de rendre obligatoire le dépôt, dans une archive ouverte, des publications concernant les recherches qu’ils ont financées.

Les établissements de recherche se reconnaissent peu à peu la mission de soutenir le libre accès aux résultats de la recherche comme une manière de réappropriation de la communication scientifique. Cela est illustré par la déclaration de Berlin de 2003[2], signée initialement par 19 établissements près de 250 à ce jour. La conférence de Berlin qui s’est déroulée depuis, chaque année, a été l’occasion pour les représentants de chaque pays de faire état des progrès réalisés au niveau national pour mobiliser les acteurs nationaux de la recherche, soulignant ainsi l’importance de relais nationaux pour structurer l’action en faveur du mouvement pour le Libre Accès. Les différents pays ont adopté différents modèles, mobilisé des organismes de nature variée et éveillé les consciences à des rythmes distincts.

Cette organisation des archives suit la logique de dépôt : si un chercheur est motivé par une injonction institutionnelle ou financière, il déposera dans une archive institutionnelle, s’il est motivé par une reconnaissance de ses travaux par ses pairs, il déposera dans une archive disciplinaire. Cette logique, en particulier institutionnelle, n’est pas nécessairement celle qui prévaut pour l’accès aux contenus. L’importance des dépôts dans une archive institutionnelle n’est pas en corrélation avec les statistiques de consultation. Il se peut en effet que les utilisateurs passent par d’autres services pour l’accès aux contenus. Cela conduit à organiser des réseaux d’archives pour développer des services qui donnent accès à une masse critique de contenus dans un certain domaine et constituer des corpus cohérents.

Cela suggère deux types majeurs d’activités : la promotion des dépôts et l’amélioration de l’interopérabilité des archives. La promotion des dépôts permet de constituer des masses critiques de contenus de qualité dans les archives ouvertes. L’amélioration de l’interopérabilité des archives permet de bâtir des services avancés à partir d’archives constituées sur des logiques différentes, en particulier avec le protocole [1] OAI-PMH[3]

Le présent article s’intéresse aux archives institutionnelles, à leurs relations avec les archives disciplinaires et à la constitution de réseaux nationaux pour d’une part améliorer l’interopérabilité des archives, d’autre part promouvoir les dépôts par les chercheurs. Cet article présente la diversité des situations mais aussi les différents modèles de développement de réseaux d’archives dans 5 pays européens. Ces 5 pays se sont réunis dans le projet européen, DRIVER, pour construire une infrastructure de recherche basée sur des repositories de type archives institutionnelles, à partir de 5 modèles organisationnels particuliers.

Qu’est-ce qu’une archive institutionnelle ?

En 2003, Clifford Lynch, directeur du Coalition for Networked Information (CNI)[4] décrivait les archives institutionnelles comme suit : « Selon moi, une archive institutionnelle est un ensemble de services qu’une université offre aux membres de sa communauté pour gérer et diffuser les ressources numériques créées soit par l’établissement ou soit par les membres de sa communauté. Elle constitue avant tout un engagement à prendre en charge ces ressources, en termes de conservation à long terme lorsque cela est nécessaire, mais aussi en termes d’organisation et d’accès ou de diffusion. »[5][5] . La création d’archives institutionnelles a fait évoluer les enjeux des archives ouvertes de la perspective d’un outil scientifique conçu par des chercheurs, pour des chercheurs à celle de la responsabilité des établissements de gérer, conserver et communiquer sur leur patrimoine intellectuel. Des universités et des établissements de recherche ont leur propre archive, incluant toutes les disciplines. Cela a été facilité par la création de logiciels simples à installer (en particulier ePrints[6], DSpace[7], Arno[8], Opus[9]). En réalité, la conception des missions d’une archive institutionnelle diverge considérablement d’une archive à l’autre et des acteurs responsables de sa mise en place [9]. Certains gestionnaires d’archives mettent l’accent sur la communication des résultats de la recherche, d’autres sur la conservation du patrimoine intellectuel de l’établissement. Les réseaux européens n’échappent pas à ce phénomène et le projet DRIVER témoigne de la diversité des approches des établissements de recherche.

La constitution des archives institutionnelles est clairement liée au mouvement pour le libre accès mais rien n’empêche un établissement de ne mettre à la disposition du public qu’une infime partie du patrimoine de l’archive. Les typologies de documents sont également très diverses. De ce fait, les stratégies mises en œuvre pour alimenter les archives sont aussi diversifiées que les motivations qui ont présidé à leur création. Des politiques très différentes sont mises en place pour susciter les dépôts des chercheurs [6] la carotte (une incitation financière à l’Université de Minho), le bâton (une obligation de dépôt décrétée par l’établissement ou l’organisme de financement de la recherche, sous peine de …. rien ou ne pas être financé ou d’être mal évalué …).

Cependant, la création d’une archive institutionnelle dans la réalité intègre une dimension d’ouverture, ne serait-ce que technique. Dès les origines de l’initiative des archives ouvertes (initialement disciplinaires), l’interopérabilité technique des archives a été prise en considération avec la création du protocole de moissonnage de métadonnées issu de l’initiative des archives ouvertes (OAI-PMH). Le protocole OAI-PMH est basé sur les standards HTTP et XML et utilise le standard de métadonnées Dublin Core (DC)[10]. Le protocole doit rendre possible, par exemple, la création d’un moteur de recherche tel que celui sur les ressources marines et aquatiques, Avano[11]) qui moissonne différentes archives institutionnelles et disciplinaires en utilisant le protocole OAI-PMH. Les logiciels d’archives institutionnelles sont tous compatibles avec le protocole OAI-PMH. C’est la raison pour laquelle les enquêtes sur les archives institutionnelles retiennent comme l’un des critères de définition d’une archive, la compatibilité OAI-PMH [9].

L’interopérabilité - basée sur le protocole OAI-PMH et les métadonnées du Dublin Core - et la volonté de collecter les résultats de la recherche constituent certainement un dénominateur commun de toutes ces archives.

Le réseau DAREnet à l’origine des archives institutionnelles aux Pays-Bas

Toutes les universités néerlandaises, l’Académie royale néerlandaise des arts et des sciences (KNAW), l’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique (NWO) et la Koninklijke Bibliotheek ont créé un réseau d’archives institutionnelles grâce au programme DARE (Digital Academic Digital Repositories) (2003-2006) coordonné par la fondation SURF12. Les Pays-Bas sont le premier pays dans lequel toutes les universités et instituts de recherche ont participé de manière coordonnée à la mise en œuvre d’un réseau d’archives ouvertes interconnectées. L’objectif premier était d’optimiser la visibilité de la production scientifique néerlandaise non seulement vis-à-vis des pairs dans un même domaine d’expertise mais aussi vis-à-vis de tous les chercheurs intéressés, les étudiants et le grand public. Il n’y a pas de limitation à la typologie des documents qui peuvent être versés dans les archives : outre des articles et des rapports de recherche, les bases contiennent également des données de recherche et des contenus multimédias. Cependant, l’accent n’est pas mis sur les pré-publications car les archives sont essentiellement alimentées par des bibliothécaires et documentalistes qui collectent les publications.

Voir aussi

Notes

  1. [Note de l'adaptateur] : l'article original contenait une note de lien vers DRIVER. Sur ce wiki, la note est maintenue pour maintenir l'alignement avec l'article original.
  2. « Déclaration de Berlin sur le Libre Accès à la Connaissance en Sciences exactes, Sciences de la vie, Sciences humaines et sociales » http://openaccess.inist.fr/article.php3?id_article=38
  3. http://www.openarchives.org/
  4. http://www.cni.org
  5. « In my view, a university-based institutional repository is a set of services that a university offers to the members of its community for the management and dissemination of digital materials created by the institution and its community members. It is most essentially an organizational commitment to the stewardship of these digital materials, including long-term preservation where appropriate, as well as organization and access or distribution. »
  6. http://www.eprints.org/
  7. http://www.dspace.org/
  8. http://arno.uvt.nl/~arno/site/
  9. http://opusdev.bsz.de/trac/timeline
  10. http://dublincore.org/
  11. http://www.ifremer.fr/avano/

Bibliographie

  • [3] FOULONNEAU Muriel, ANDRE Francis. Investigative Study of Standards for Digital Repositories and Related Services. Amsterdam : Amsterdam University Press. (Sous presse)
  • [5] LYNCH Clifford A. Institutional Repositories Essential Infrastructure for Scholarship in the Digital Age. ARL Bimonthly Report 226, February 2003. pp 1-7.
    Disponible sur http://www.arl.org/newsltr/226/ir.html
  • [6] WEENINK Kasja, WAAIJERS Leo, VAN GODTSENHOVEN Karen. (eds). A Driver’s Guide to Repositories. Amsterdam: Amsterdam University Press. (Sous presse).
  • [7] VAN EIJNDHOVEN Kwame, VAN DE GRAAF Maurits. The European Repository Landscape. Amsterdam : Amsterdam University Press, sous presse
  • [8] WAAIJERS Leo. The Dutch DARE programme, 2003-06. Article soumis à Ariadne
  • [9] WARE Mark. Pathfinder Research on Web-based Repositories. Rapport final pour le Publisher and Library / Learning Solutions (PALS). Janvier 2004