Solaris (1995) Polanco 0
Aux sources de la scientométrie
Cette page contient une réédition hypertexte d'un article de Xavier Polanco, « Aux sources de la scientométrie », publié dans la revue Solaris[1], en 1995.
Le contenu et le style initial ont été respectés. La seule adaptation dans le corps de l'article concerne l'insertion de liens hypertextes.
Xavier POLANCO
Ingénieur de recherche
Direction Groupe Infométrique de l'INIST-CNRS, Nancy
[Introduction] [Partie 1 : Un modèle statistique de la science] [Partie 2 : un modèle bibliométrique de la science]
Les termes "scientométrie" et "études quantitatives de la science et de la technologie" seraient des synonymes. D'autre part, il y a un aspect bibliométrique fort au coeur de ces études quantitatives ou scientométriques. Parfois, on utilise le terme de "technométrie" pour signifier l'étude quantitative de la technologie.
En 1962, Price observait que "la mécanique statistique de la main-d'oeuvre et de la littérature scientifique obéit à des lois générales", et que "la méthode empirique traitant le nombre brut de périodiques ou d'articles comme indice du volume de la science trouve une justification théorique dans l'existence de courbes stables et régulières" [1].
En 1969, Pritchard définissait la bibliométrie comme "l'application des mathématiques et des méthodes statistiques aux livres, articles et autres moyens de communication" [2].
La même année Price définissait la scientométrie comme "les recherches quantitatives de toutes les choses concernant la science et auxquelles on peut attacher des nombres" [3]. Ce sens très large de la scientométrie s'est restreint à un sens bibliométrique dans la pratique, si l'on juge par ce qui est publié dans la revue Scientometrics, c'est-à-dire au calcul des publications (périodiques, articles, brevets), d'auteurs et de citations [4]. Ce phénomène a été aidé du fait de l'existence des bases de données bibliographiques dans le domaine de l'information scientifique et technique (publications et brevets). L'hypothèse étant que les publications scientifiques et les brevets constituent une source d'informations et jouent le rôle d'indicateurs de production de connaissances certifiées dans les domaines des sciences et des techniques.
Au début des années quatre-vingt est née en France la méthode des mots associés (co-word analysis en anglais), elle représente une autre alternative dans le champ de la scientométrie [5], à l'égard du comptage bibliométrique traditionnel et de l'analyse des citations et des co-citations.
La scientométrie désigne, dans son acception large comme il a été déjà indiquée ci-dessus, l'application de méthodes statistiques à des données quantitatives (économiques, humaines, bibliographiques) caractéristiques de l'état de la science. Ce domaine s'est développé, d'une part, comme une réponse à une demande provoquée par la politique de la science et par la gestion (ou management) de la recherche et, d'autre part, comme le résultat des études de la science utilisant des techniques statistiques et informatiques de traitement de données [6].
On a proposé récemment cette définition compréhensive du domaine :
- "Les études quantitatives de la science et de la technologie représentent le champ de recherche où l'on utilise les méthodes et les techniques mathématiques, statistiques et de l'analyse des données en vue de rassembler, manipuler, interpréter et prévoir une variété de caractéristiques telles que la performance, le développement et la dynamique de la science et de la technologie" [7].
On a observé également que les études quantitatives de la science et de la technologie comportent un volet de recherche appliquée et un autre de recherche fondamentale. Le premier obéit principalement à la demande d'indicateurs quantitatifs de la science et de la technologie pour part de la politique scientifique [8]. Quant au second, on estime que les méthodes quantitatives et notamment l'analyse des données constituent un élément indispensable pour l'avancement de notre compréhension dans l'étude de la science en tant que système complexe de production et d'échange de connaissances [9].
En outre, le domaine scientométrique (ou des études quantitatives de la science et de la technologie) présenterait une division technique interne en trois sous-domaines partiellement recouvrants [[10] :
- celui des méthodes et des techniques relatives au développement des indicateurs visant à mesurer les performances de la recherche, et lié aux problèmes de la politique scientifique et du management de la recherche ;
[1]
- Price, Science et Suprascience. Traduction française de G. Lévy, Paris, Fayard, 1972, p. 83. Version original en anglais : Little Science, Big Science. New York, Columbia University Press, 1963, 118 p.
© "Les sciences de l'information : bibliométrie, scientométrie, infométrie". In Solaris, nº 2, Presses Universitaires de Rennes, 1995.
Voir aussi
- ↑ Cet article a pu être réédité à partir du site de Gabriel Gallezot : http://gabriel.gallezot.free.fr/Solaris/d02/2polanco1.html