Hist. sci. méd. (1982) Ammar
Auteur
|
Sommaire
Avant-propos
Le paragraphage par dates a été ajouté par la rédaction Wicri.
Iconographie introductive
Ibn Al Jassar | Couverture du premier numéro |
L'article
Avant le protectorat français[NDLR 1], il n'y avait pas à proprement parler de presse médicale en Tunisie, mais des ouvrages médicaux de qualité dont certains très célèbres, comme ceux d'Ibn Omrane, d'Isaac El Israïli et surtout d'Ibn Jazzar.
La communication en médecine se faisait alors par la circulation des manuscrits et aussi surtout sous forme d'échanges de lettres ou « Epîtres » (Rissalat) dont certaines bien connues ont défrayé la chronique de la médecine arabe des temps passés.
En fait, il faudra attendre le protectorat français pour voir apparaître une presse médicale dans le sens moderne du terme, étant entendu que cette même presse était d'apparition relativement récente en Europe même.
1898
C'est en 1898 que les premiers médecins de l'Hôpital Civil Français publiaient à Tunis un bulletin qui devait rassembler l'essentiel de leurs observations.
Ce bulletin devait par la suite réunir les communications faites à la Section Médicale de l'Institut de Carthage — Institut qui pour sa part dès 1902 devait constituer l'armature première de la Société des Sciences Médicales.
1903
Prenant de plus en plus d'importance, ce groupement décidait sous la présidence du Docteur Bracquehaye, professeur agrégé de Bordeaux et chirurgien en chef de l'Hôpital Sadiki, de publier un bulletin qui parut en mars 1903 sous le titre de Bulletin de la Société des Sciences Médicales de Tunis.
Consacré seulement à des travaux cliniques, il réservait le domaine de la recherche proprement scientifique — inaugurée brillamment par les travaux de l'Institut Pasteur — à une autre publication : les archives de l'Institut Pasteur de Tunis : fondés en 1906 par Charles Nicolle.
En 1911, à la veille de la venue à Tunis du célèbre Congrès des Aliénistes et Neurologistes de langue française qu'il devait si brillamment organiser, le Pro-fesseur Antoine Porot, fondait la revue la Tunisie Médicale qui devait vivre un premier temps jusqu'en 1914.
Cependant, le Tunis Médical créé par les soins des Docteurs Caillon et Jaubert de Beaujeu en 1920, devait fusionner en 1922 avec la Revue Tunisienne des Sciences Médicales, l'unité de la Presse médicale devant ainsi durer jusqu'à la guerre de 1939-1945.
Pendant toute cette période, des hommes de bonne volonté continuèrent à en assurer l'audience et la survie, notamment le Dr Cassuto qui en fut l'infatigable cheville ouvrière.
A côté de lui, le Dr Soria, dans le rôle plus ingrat d'administrateur réussit cependant à la libérer des vicissitudes matérielles et à en faire un organe des revues françaises les plus en vue.
1930
Toutefois, c'est en 1930 que le Professeur Antoine Porot voulut bien céder le titre de Tunisie Médicale, une revue née de la fusion de tout ce passé valeureux où l'on retrouve à la fois l'élan qui animait aussi bien la Revue Tunisienne des Sciences Médicales, que le Tunis Médical ou que la première Tunisie Médicale.
Après la disparition des deux grands pionniers, Cassuto et Soria, ce furent à la rédaction, L. Moatti, Belfort êt à l'administration A. Perez, qui devaient assurer à la revue, notamment sur le plan matériel des progrès substantiels.
Mais ce fut bientôt la guerre et les longs silences. La Tunisie Médicale se taisait en 1940, pour plusieurs années.
A cette époque et dès la création du Conseil de l'Ordre des Médecins, on se préoccupera alors de publier les communiqués, délibérations et actes du nouvel organisme. Un Bulletin du Conseil de l'Ordre des Médecins de Tunisie fut publié qui eut une existence éphémère en 1941-1942.
1947
A la fin de la guerre, des confrères voulurent avec le Dr Demirleau reprendre aussitôt leurs activités scientifiques et publièrent un Bulletin de l'Hôpital Sadiki dont la Dr Cuenant assura la rédaction.
Mais l'idée d'unité se faisait jour de nouveau avec les premières réunions d'après-guerre de la Société des Sciences Médicales et la Tunisie Médicale reparaissait dès 1947.
Organe de la Société des Sciences Médicales, la Tunisie Médicale devait alors fusionner avec le Bulletin de l'Hôpital Sadiki, et devenir ensuite et en même temps le Bulletin de l'Ordre des Médecins.
D'accord avec le Ministère de la Santé Publique de l'époque, elle devait recevoir les publications scientifiques et professionnelles de ses services.
Entre-temps vers janvier 1949, se constituait un groupe d'étude médico-sociales sous l'égide de « l'Université Nouvelle » animé par le Dr Valensi, lequel en juillet 1949, faisait paraître un bulletin sous le titre de la Tunisie Médico-Sociale.
Cependant dans les domaines strictement médical, scientifique et professionnel la Tunisie Médicale restait l'expression de la plus grande partie de la vie médicale tunisienne.
Ministère de la Santé Publique, Ordre, Syndicat de l'époque, Société des Sciences Médicales et ses filiales gynécologique, phtisiologique, gastro-entérologique, etc., tous y publiaient avec régularité le compte rendu de leurs activités.
Pendant longtemps, le large éventail des différents comités de lecture et dé rédaction attesteront de l'audience de la revue et de la régularité de sa parution.
1957
En 1957, lors de l'Indépendance, la revue est tunisifiée et garde son nom de Tunisie Médicale, organe de la Société Tunisienne des Sciences Médicales et du Conseil de l'Ordre des Médecins.
Un instant confiée aux Laboratoires Lemoine, l'administration de la Tunisie Médicale fut bientôt reprise en main par le Secrétariat dej la Société Tunisienne des Sciences Médicales.
En 1960, de mensuelle, la revue était devenue bimestrielle et ne paraîtra désormais que six fois par an.
Depuis 1964, le format de la revue devait néanmoins s'agrandir, la surface des pages doublant presque, et la présentation générale s'améliorant de façon considérable.
L'audience de la revue restera soulignée par les nombreuses demandes d'échanges et de tirés à part qui continuent à nous parvenir de tous les coins du monde.
201
Ainsi, avec l'Indépendance, la revue devait maintenir et développer un standing honorable qui continuait à la faire apprécier non seulement à l'intérieur de la Tunisie, mais aussi bien souvent encore, hors de nos frontières.
Les différents bureaux qui se succédèrent alors s'attachèrent à en préserver la tenue et à développer l'audience et la portée, objectifs qu'ils parvinrent à atteindre, malgré toutes les difficultés et les vicissitudes, grâce à des comités de lecture particulièrement étoffés et persévérants et en particulier à l'action des Drs Naceur Haddad, Amor Khalfat, Chadly Tabbane, Abdelkrim Bettaieb, et Néjib Mourali.
Depuis plusieurs années, malgré toutes les difficultés, la Revue la Tunisie Médicale est à jour. Les retards de son impression ont été totalement comblés. La matière après une relative période de faiblesse et de pénurie redevient abondante et la sélection des articles sévère.
1872
Au cours de la dernière décennie le niveau de la revue s'est donc encore réhaussé grâce à l'action des nouveaux comités de rédactions notamment de feu le Professeur Mahmoud Hafsia et de MM. les Pr R. Boukhris, Ch. Belkahia, H. Gharbi et surtout Aziz El Matri avec désormais un rédacteur ein chef pour la médecine le Professeur M. Ben Maiz et un pour la chirurgie le Pr M. Ayed.
L'introduction obligatoire de résumés français, anglais et arabes pour tous les articles désormais très sévèrement sélectionnés, l'uniformisation de leur présentation et de leur bibliographie selon les normes internationales, enfin le répertoire de la revue dans l'index médicus : autant d'acquis qui seront à mettre à l'actif de ses derniers comités de rédaction.
C'est ainsi que nous avons eu l'honneur de diriger les deux numéros spéciaux édités par la Revue, l'un sur la psychiatrie au Maghreb édité en 1975, l'autre en 1980 à l'occasion du millénaire d'Avicenne qui devait heureusement coïncider avec le cinquantenaire de la Revue.
La même décennie a vu en même temps l'éclosion de nombreuses revues.
Nous en citerons parmi les plus régulières les Cahiers Médicaux, revue visant à la fois l'enseignement post-universitaire et la mise au point de travaux originaux — dirigée par son fondateur le Professeur Zouhair Kallel, directeur de l'Institut de Nutrition et professeur de médecine expérimentale, et aussi la Revue Tunisienne de Pédiatrie animée par le Professeur Bechir Hamza.
Une mention spéciale pour le Maghreb Médical, revue de vulgarisation composée en France, éditée à Tunis à l'intention du médecin généraliste et enrichie par une fructueuse collaboration franco-maghrébine animée par un jeune et dynamique pédiatre le Professeur agrégé Hédi Mhenni, et une mention aussi pour la revue tunisienne du Planning Familial organe bilingue de l'Office du Planning Familial animé par feu le Dr Othman Sfar et actuellement par le Dr Slama.
Notons encore le Bulletin des Handicapés, revue à visée socio-éducative et philantrophique dirigée par les médecins et des kinésithérapeutes et surtout la très dense revue Essaydali (le pharmacien) de Tunisie organe de la Société des Sciences Pharmaceutiques de Tunisie dirigée par MM. Moncef Zmerli, Radhi Jazi et Kamel Boukef et qui apparaît d'ores et déjà tant sur le plan de la forme que de son contenu scientifique comme « le pendant » de la « Tunisie Médicale » — ainsi que la toute récente revue le Pharmacien du Maghreb éditée aussi à Tunis et animée par un comité de rédaction représentant la Tunisie, l'Algérie et le Maroc sous la direction de la très dynamique Mme Ouahchi Ben Cherifa, prési-dente du comité exécutif de la Fédération des Pharmaciens du Maghreb. Ces deux revues se distinguent par leur densité, leur excellente présentation et leur ouverture progressive sur la langue arabe.
202
Et tandis que par ailleurs les Archives de l'Institut Pasteur continuent depuis Charles Nicolle à paraître régulièrement grâce à l'impulsion rigoureuse et persévérante du Professeur Amor Chadly, directeur de l'Institut Pasteur de Tunis, nous enregistrons la parution toute récente du Bulletin d'Informations Médicales et Pharmaceutiques organe du Conseil de l'Ordre des Médecins de Tunisie.
Enfin Majallat Al Tabib version arabe de la célèbre Revue du Praticien dirigée de Paris par MM. Roux-Dessarps, Morel d'Arleux et Claude Legrand est tirée à 15 000 exemplaires à partir de Tunis, grâce au concours de traducteurs essentiel-lement syriens dont les Prs Adnane Takriti (Damas) et Salmane Ketaya (Paris).
Soutenue par les ministres arabes de la Santé et par de nombreuses person-nalités médicales arabes, elle en est actuellement à son 20° numéro. Reproduisant au départ les articles de praticiens et professeurs français traduits en arabe, elle ouvre de plus en plus ses colonnes à des travaux directement rédigés par des médecins des pays arabes eux-mêmes. Et c'est ainsi que nous avons l'honneur d'en diriger le prochain numéro spécial de psychiatrie actuellement sous presse et rassemblant à parts égales des articles d'éminqnts médecins psychiatres français et arabes.
Conclusion
En conclusion, nous voyons de ce bref aperçu que l'évolution de la Presse Médicale en Tunisie marque depuis le Protectorat français une valeureuse tradition qui avec l'Indépendance du pays n'a fait que s'étendre et se diversifier en accordant progressivement une part notable au langage médical arabe tout en maintenant jalousement la langue française comme langue véhiculaire scientifique de base.
Bibliographie
- CAHIERS MEDICAUX DE TUNISIE. — Directeur fondateur Prof. Zouhair KALLEL, 114, avenue de la Liberté, Tunis.
- ESSAYDALI DE TUNISIE. — Organe de la Société des Sciences pharmaceutiques de Tunisie. Imp. Maghreb Editions. 5, rue Borj-Bourguiba, Tunis.
- JUBILE DU CINQUANTENAIRE de la Société des Sciences Médicales de Tunisie, Tunis, 1952.
- LA TUNISIE MEDICALE. — Revue bimestrielle, organe de la Société Tunisienne des Sciences Médicales et du Conseil de l'Ordre des Médecins. La Maison du Médecin, 18, rue de Russie, Tunis.
- LE BULLETIN D'INFORMATIONS MEDICALES ET PHARMACEUTIQUES. — Organe du Conseil de l'Ordre des Médecins de Tunisie. 18, rue de Russie, Tunis.
- LES ARCHIVES DE L'INSTITUT PAPSTEUR. — Directeur Prof. Amor CHADLY, Institut Pasteur, Tunis.
- MAGHREB MEDICAL. — Bimestriel Maghrébin de formation et d'information à l'usage des professions de santé. Ed. Maghreb Médical, 34, avenue Farhat-Hached, Salambo, Tunis. Associé-fondateur, le généraliste, 11, boulevard de Sébastopol, 75001 Paris, Directeur Claude Bermont.
- MAJALLAT AL TABIB. — « La revue du Praticien » (version arabe). Ed. J.-B. Baillère et Fils, 10, rue Thénard. 75005 Paris. Les imprimeries réunies P.O.. Box 94. Belvédère, Tunis.
Voir aussi
- Notes de la rédaction
- ↑ 1881