Bulletin de la recherche scientifique (2018) Léger : Différence entre versions

De Histoire de l'IST
(Acte I – de 1982 à 1984 le projet de déménagement à Orsay)
(Acte II - de 1984 à 1989 la délocalisation en Lorraine)
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La rencontre d’une conjoncture      politique      et      économique      précipite    les    évènements    et    radicalise    l’évolution    du    CDST. Le 26 avril 1984, l’annonce au cours du journal télévisé de 20h par Laurent Fabius alors  ministre de la Recherche et de l’Industrie du transfert du CDST à Nancy est une surprise totale pour le personnel et la direction locale tombe des  nues.  Ce  n’est  pas  le  résultat  d’un  projet  élaboré  mais  la  conjonction  de  plusieurs  facteurs  politiques.
 
La rencontre d’une conjoncture      politique      et      économique      précipite    les    évènements    et    radicalise    l’évolution    du    CDST. Le 26 avril 1984, l’annonce au cours du journal télévisé de 20h par Laurent Fabius alors  ministre de la Recherche et de l’Industrie du transfert du CDST à Nancy est une surprise totale pour le personnel et la direction locale tombe des  nues.  Ce  n’est  pas  le  résultat  d’un  projet  élaboré  mais  la  conjonction  de  plusieurs  facteurs  politiques.
  
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*Le    gouvernement    de    Pierre    Mauroy  s’engage  dans  une  politique    de délocalisation    des    administrations  publiques  ;
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•Il  faut  stopper  la  lutte  des  sidérurgistes  lorrains  en  leur  pro-mettant  des  emplois  et  rassurer  la  population  qui  se  sent  me-nacée  par  le  démantèlement  de  la  sidérurgie.  La  délocalisation  d’un  établissement  public  de  la  taille  du  CDST  serait  susceptible  de  marquer  les  esprits  ;
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•Le  personnel  du  CDST  est  jugé  comme  turbulent  et  inapte  à  la  modernisation. L’échec de l’opé-ration Orsay et le camouflet infligé au directeur du CNRS (J.J. Payan)  en  1982  déclenche  chez  celui qui était devenu conseiller du ministre un désir de mise au pas ;
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•Le  CNRS  voudrait  bien  se  débarrasser  d’un  centre  de  documentation qui a pris une ampleur qui  le  dépasse,  qui  consomme  un  grand  nombre  de  postes  de  haut  niveau  et  qu’il  utilise  très  peu  pour  ses  besoins  propres.
 
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Du CDST à l'INIST, retour sur les années 80

Aux origines du Centre de Documentation Scientifique et Technique  : la période 1939 - 1981

En même temps que le CNRS en 1939 naissent le Service de Documentation et le Bulletin analytique sous l’impulsion de physiciens – Pierre Auger puis Jean Wyart. Les années de guerre et d’occupation, puis l’après-guerre confirment l’importance d’un organisme de documentation dépendant du CNRS. Avant la guerre les chercheurs se servaient des Zentralblatt allemands ou des Chemical Abstracts américains. Du fait de la guerre les périodiques allemands n’arrivaient plus en France et on peut dire que le projet de créer un organisme central de documentation s’inscrivait dans les nécessités de la défense nationale. De 1947 à la fin des années 1960, portée par l’explosion des références scientifiques l’expansion du Centre de Documentation du CNRS et du Bulletin Signalétique (à partir de 1955) est constante, favorisée par les technologies de la photocopie de masse et les débuts de l’automatisation. La décennie 1970 voit de profondes mutations affecter le Centre de Documentation du CNRS. La séparation en deux entités – CDST et CDSH -, l’informatisation avec les bases de données Pascal et Francis, et la montée en force de la commercialisation transforment les missions et l’horizon de la circulation de l’information scientifique. La question de l’IST concernait désormais la nation tout entière et plus particulièrement les secteurs de l’industrie considérés comme stratégiques  : chimie, nucléaire, aérospatiale...

Le départ définitif du CDST de J. Wyart en 1974, annonce la fin d'une politique stratégique ambitieuse et autonome de L'IST, dont la Direction du CNRS (et sa tutelle) n'ont jamais vraiment saisi l'importance. C'est au contraire une logique commerciale sans consistance (et qui a vite montré ses limites face à l'armada américaine), qui est mise en avant. Les utilisateurs du secteur privé apparaissent en force et le CDST exerce clairement une activité commerciale rémunérée. Dans un marché de plus en plus concurrentiel marqué par l’essor des bases de données américaines et des services de la British Library, le CDST propose de nouveaux services créatifs mais ni les structures ni l’encadrement ni les moyens ne parviennent à suivre l’accélération des mutations technologiques et économiques. Le dilemme provoqué par le nouveau profil des utilisateurs et le fait que les liens avec la recherche, notamment avec les chercheurs du CNRS se distendent de plus en plus, n’est pas résolu par les responsables du CDST. Le personnel est perçu comme un frein et la direction ronronnante du successeur de J. Wyart (J.H. d’Olier) n’arrange rien.


Moderniser le CDST ?

En janvier 1981 un nouveau directeur – Jacques Michel – est nommé à la tête du CDST. Il est là pour « rendre compétitif » le CDST, améliorer son taux de couverture finan-cière, adapter son statut et celui des personnels à la logique industrielle et commerciale en rendant possibles à la fois l’autonomie de gestion, et le recrutement sur ressources propres.

En mai 1981, François Mitterrand remporte l’élection présidentielle. En décembre 1981, le rapport Février (intitulé Pour une politique de l’information scientifique et technique) prône très clairement l’information comme enjeu stratégique et insiste sur la nécessité de diffuser l’IST nationale perçue comme un enjeu poli-tique majeur et un facteur essentiel de l’indépendance nationale. Ce rapport est présenté très peu de temps après les Assises de la Recherche organisées par J.P. Chevènement (secrétaire d’État à la Recherche) ; aucun compte n'est tenu de ce rapport, dont nous dé-fendions les orientations essentielles. Dans la foulée de la loi d’orientation et de programmation de la Recherche (1982), deux nouvelles directions sont créées par le directeur du CNRS, J.J. Payan, une pour la Valorisation et une de l’Information scientifique et technique dirigée par G. Delacôte. Le rapport Février préconisait la modernisation du CDST sauf à le voir disparaître. Tout le monde était d’accord mais en 1982 le conflit éclatait à propos de la nature de la modernisation voulue par les autorités de tutelle.


La résistance du personnel de 1982 à 1989

Acte I – de 1982 à 1984 le projet de déménagement à Orsay

Prenant prétexte du soi-disant obstacle de la localisation rue Boyer dans le 20ème arrondissement de Paris et de l’inadaptation de ses locaux, il est proposé de déménager le CDST sur le plateau de Saclay dans les locaux vacants de l’École de Police ainsi que deux modifications de taille : la réorganisation de la base de don-nées Pascal et le remplacement des Bulletins signalétiques par 4 publications bibliographiques. Le personnel rejette massivement ce projet qui apparaît comme un abandon du service public et l’enclenchement d’un processus de démantèlement.

Au cours de la réforme de 1983-1984 la vocation nationale du CDST est fortement réaffirmée mais sa vocation commerciale aussi. Le rapport d’activité de 1983 du CNRS précise que  : «  tout en gardant une mission de service public, le CDST devra intégrer une logique industrielle et commerciale afin d’être toujours plus compétitif en qualité et prix avec ses concurrents étrangers  ».

J. Michel et G. Delacôte œuvrent conjointement pour le redéploie-ment du Centre. Ce n’est plus l’inadaptation des locaux qui est mise en avant mais le statut de laboratoire propre qui l’empêche de recycler ses recettes. L’absence d’investissement des années précédentes se poursuit et la résistance du personnel est toujours assimilée à la sclérose et à l’impossibilité de modernisation. L’impasse est patente  !

Acte II - de 1984 à 1989 la délocalisation en Lorraine

La rencontre d’une conjoncture politique et économique précipite les évènements et radicalise l’évolution du CDST. Le 26 avril 1984, l’annonce au cours du journal télévisé de 20h par Laurent Fabius alors ministre de la Recherche et de l’Industrie du transfert du CDST à Nancy est une surprise totale pour le personnel et la direction locale tombe des nues. Ce n’est pas le résultat d’un projet élaboré mais la conjonction de plusieurs facteurs politiques.

  • Le gouvernement de Pierre Mauroy s’engage dans une politique de délocalisation des administrations publiques  ;

•Il faut stopper la lutte des sidérurgistes lorrains en leur pro-mettant des emplois et rassurer la population qui se sent me-nacée par le démantèlement de la sidérurgie. La délocalisation d’un établissement public de la taille du CDST serait susceptible de marquer les esprits  ; •Le personnel du CDST est jugé comme turbulent et inapte à la modernisation. L’échec de l’opé-ration Orsay et le camouflet infligé au directeur du CNRS (J.J. Payan) en 1982 déclenche chez celui qui était devenu conseiller du ministre un désir de mise au pas ; •Le CNRS voudrait bien se débarrasser d’un centre de documentation qui a pris une ampleur qui le dépasse, qui consomme un grand nombre de postes de haut niveau et qu’il utilise très peu pour ses besoins propres.



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