CIDE (2009) Slodzian : Différence entre versions

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(Le statut du texte)
imported>Jacques Ducloy
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Figure 1. Statut différentiel des textes des deux sous-corpus
 
Figure 1. Statut différentiel des textes des deux sous-corpus
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  
 
On observe que les sites institutionnels adoptent une perspective qui se présente comme objective. Ils mettent à distance l’objet. Ainsi, les différents actants des textes sont par exemple « les fumeurs »,  « le  fumeur », « le tabac », « la nicotine », des entités abstraites  correspondant éventuellement à des positions ontologiques. A l’inverse, les forums privilégient la subjectivité. On y relève de nombreux marqueurs identitaires et de coordonnées spatiotemporelles, tels que les pronoms personnels, des déictiques (« moi », « je »). Le tabac ou les substances sont peu actualisées, on leur préfère les objets « clope » ou « cigarette » qui correspondent à une pratique concrète (après le repas, on fume une cigarette, pas du tabac). La cigarette, enfin, est un objet personnel qui relève de l’identitaire ou, dans le cas du tabagisme socialisant, du proximal (la relation de soi à l’autre). Le tabac est à l’inverse vu comme une plante, une substance, sa conceptualisation est scientifique donc distale – elle ressortit à une mise à distance.
 
On observe que les sites institutionnels adoptent une perspective qui se présente comme objective. Ils mettent à distance l’objet. Ainsi, les différents actants des textes sont par exemple « les fumeurs »,  « le  fumeur », « le tabac », « la nicotine », des entités abstraites  correspondant éventuellement à des positions ontologiques. A l’inverse, les forums privilégient la subjectivité. On y relève de nombreux marqueurs identitaires et de coordonnées spatiotemporelles, tels que les pronoms personnels, des déictiques (« moi », « je »). Le tabac ou les substances sont peu actualisées, on leur préfère les objets « clope » ou « cigarette » qui correspondent à une pratique concrète (après le repas, on fume une cigarette, pas du tabac). La cigarette, enfin, est un objet personnel qui relève de l’identitaire ou, dans le cas du tabagisme socialisant, du proximal (la relation de soi à l’autre). Le tabac est à l’inverse vu comme une plante, une substance, sa conceptualisation est scientifique donc distale – elle ressortit à une mise à distance.
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====Le statut de l’information====
 
====Le statut de l’information====
  
Sites institutionnels
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Sanctionnée Haut niveau
 
Sanctionnée Haut niveau
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Débattue Bas niveau
 
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Figure 2. Statut différentiel de l’information dans les deux sous-corpus
  
[[Fichier:CIDE (2009) Slodzian fig 2.gif|center|400px|thumb|Figure 2. Statut différentiel de l’information dans les deux sous-corpus]]
 
  
 
L’information des sites institutionnels est sanctionnée par le corps médical, elle est dite de « haut niveau », les produits de substitution présentés sont par exemple ceux valider par la recherche médicale (ou pharmaceutique) : « substitut nicotinique », « patch » ; « aide médicale »,
 
L’information des sites institutionnels est sanctionnée par le corps médical, elle est dite de « haut niveau », les produits de substitution présentés sont par exemple ceux valider par la recherche médicale (ou pharmaceutique) : « substitut nicotinique », « patch » ; « aide médicale »,
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====Le statut des connaissances====
 
====Le statut des connaissances====
  
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Sites institutionnels
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Blogs et forums
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Exposées
 
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Produites
 
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Modèle
 
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Ontologique
 
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Praxéologique
 
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Représentation des connaissances
 
Représentation des connaissances
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Mots-clés, concepts
 
Mots-clés, concepts
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Passages-clés, formes sémantiques
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Figure 3. Statut différentiel des connaissances dans les deux sous-corpus
  
[[Fichier:CIDE (2009) Slodzian fig 3.gif|center|400px|thumb|Figure 3. Statut différentiel des connaissances dans les deux sous-corpus]]
 
  
 
Dans les textes institutionnels, les connaissances existent en amont de la production textuelles, elles relèvent de savoirs scientifiques, médicaux voire encyclopédiques construit dans d’autres situations énonciatives, d’autres pratiques sociales (par exemple, dans des articles scientifiques). Les connaissances sont des concepts déjà lexicalisés, des termes (qui correspondent à des mots-clés) et la textualité a pour fonction  l’exposition et la mise en relation de ces connaissances. Les textes institutionnels « déploient » des ontologies, ou des mondes conceptuels similaires aux connaissances ontologiques. Dans les textes informels, blogs et forums, les connaissances sont produites par le texte. Elles n’existent pas préalablement aux textes mais résultent de l’élaboration ou de la collaboration des auteurs qui construisent des connaissances partagées En rendant compte de pratiques tabagiques et de scénarii de sevrage par exemple, les textes relèvent d’une praxéologie. Les connaissances dès lors ne sont pas données comme préalables à la mise  en texte, elles sont élaborées par la textualité et n’accèdent pas à proprement parler au statut de concepts, mais de préconcepts ou de connaissances préconceptuelles suivant des modalités textuelles particulières que nous décrirons dans le paragraphe suivant.
 
Dans les textes institutionnels, les connaissances existent en amont de la production textuelles, elles relèvent de savoirs scientifiques, médicaux voire encyclopédiques construit dans d’autres situations énonciatives, d’autres pratiques sociales (par exemple, dans des articles scientifiques). Les connaissances sont des concepts déjà lexicalisés, des termes (qui correspondent à des mots-clés) et la textualité a pour fonction  l’exposition et la mise en relation de ces connaissances. Les textes institutionnels « déploient » des ontologies, ou des mondes conceptuels similaires aux connaissances ontologiques. Dans les textes informels, blogs et forums, les connaissances sont produites par le texte. Elles n’existent pas préalablement aux textes mais résultent de l’élaboration ou de la collaboration des auteurs qui construisent des connaissances partagées En rendant compte de pratiques tabagiques et de scénarii de sevrage par exemple, les textes relèvent d’une praxéologie. Les connaissances dès lors ne sont pas données comme préalables à la mise  en texte, elles sont élaborées par la textualité et n’accèdent pas à proprement parler au statut de concepts, mais de préconcepts ou de connaissances préconceptuelles suivant des modalités textuelles particulières que nous décrirons dans le paragraphe suivant.
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===Entre le texte et le concept, la forme sémantique===
 
===Entre le texte et le concept, la forme sémantique===
 
La tradition linguistique et terminologique privilégie le lexique, et plus particulièrement les groupes nominaux, dans la détermination des concepts. Or, la linguistique, depuis Saussure, pose que le versant psychique d’un signe, le signifié, ne se confond pas avec le concept. Un concept, au sens linguistique proposé ici, n’est donc pas systématiquement lié à un signe particulier, il peut s’actualiser dans une forme sémantique, c’est-à-dire un ensemble de valeurs sémantiques systématiquement cooccurrentes et groupées dans différents textes, relativement stabilisées, mais non nécessairement lexicalisé.
 
La tradition linguistique et terminologique privilégie le lexique, et plus particulièrement les groupes nominaux, dans la détermination des concepts. Or, la linguistique, depuis Saussure, pose que le versant psychique d’un signe, le signifié, ne se confond pas avec le concept. Un concept, au sens linguistique proposé ici, n’est donc pas systématiquement lié à un signe particulier, il peut s’actualiser dans une forme sémantique, c’est-à-dire un ensemble de valeurs sémantiques systématiquement cooccurrentes et groupées dans différents textes, relativement stabilisées, mais non nécessairement lexicalisé.
Par exemple, si les mots « tabac » et « choix » sont en cooccurrence dans un texte et « fumer » et « liberté » dans un autre, on peut avoir deux fois la    même    forme   sémantique    composée    minimalement    des traits
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Par exemple, si les mots « tabac » et « choix » sont en cooccurrence dans un texte et « fumer » et « liberté » dans un autre, on peut avoir deux fois la    même    forme sémantique    composée    minimalement    des traits
  
 
sémantiques /fumer/ et /liberté/ (à considérer que ces traits sémantiques sont contenus dans les signifiés de ces différentes unités lexicales). Ainsi dans les deux extraits ci-dessous, la forme sémantique /fumer/+/liberté/ est actualisée de façon différentes :
 
sémantiques /fumer/ et /liberté/ (à considérer que ces traits sémantiques sont contenus dans les signifiés de ces différentes unités lexicales). Ainsi dans les deux extraits ci-dessous, la forme sémantique /fumer/+/liberté/ est actualisée de façon différentes :
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Version actuelle datée du 7 octobre 2016 à 10:12

Connaissances prescrites ou connaissances décrites ? L’apport de la sémantique des textes


 
 

 
titre
Connaissances prescrites ou connaissances décrites ? L’apport de la sémantique des textes
auteurs
Monique Slodzian (1), Mathieu Valette (2).
Affiliations 
(1) CRIM-ERTIM (EA 2520) INaLCO, Paris
(2) ATILF (UMR 7118) CNRS, Art Diagnosis Centre, 63071 Ormylia, Grèce
In
CIDE.12 (Montréal), 2009
En PDF 
CIDE (2009) Slodzian.pdf
Mots-clés 
Connaissances prescrites, Vérité forte/vérité faible, Systèmes d’organisation des connaissances, Sémantique des textes, Parcours interprétatif, Planification de l’information, Forme sémantique, Thématisation, Lexicalisation.
Keywords
Prescriptive knowledge, Strong/weak truth, Knowledge Organisation Systems, Text Semantics, Interpretative path, Information planification, Semantic form, thematisation, lexicalisation.
Résumé
L’article vise à montrer que le modèle collaboratif de communication des connaissances revendiqué par le Web 2.0 ne rompt pas de manière significative avec le modèle épistémologique antérieur, issu du positivisme logique, notamment par son primat référentialiste prescriptif. En postulant in fine l’existence de concepts primitifs partagés, il est conduit à reproduire les mêmes limites que le Web sémantique fondé sur un socle de métadonnées réputées universelles. Par ailleurs, une acceptabilité indiscutée des connaissances de vérité faible pose des problèmes de fiabilité et de garantie susceptibles de compromettre le succès du modèle. L’article entend démontrer dans une deuxième partie en quoi la sémantique des textes peut contribuer à objectiver les connaissances par la description de parcours interprétatifs. Considérant que les textes relèvent d’une planification de l’information, l’article explicite la notion de forme sémantique, entre le texte et le concept, et envisage la possibilité de faire émerger des préconnaissances non encore lexicalisées. Cette proposition théorique est illustrée à partir de discours de prévention contre le tabagisme issus du Web.