CIDE (2012) Ben Romdhane
L'offre des archives ouvertes dans le monde arabe : recensement et évaluation
|
Sommaire
- 1 Introduction
- 2 Les archives ouvertes : définition et rappel des faits
- 3 Recensement et évaluation des archives ouvertes dans le monde arabe
- 3.1 Les archives ouvertes et les chercheurs dans le monde arabe
- 3.2 Étude des archives ouvertes dans les pays arabes
- 3.3 Discussion
- 4 Conclusion et perspectives
- 5 Notes
- 6 Références bibliographiques
- 7 Voir aussi
- Résumé
- Cette étude dresse un état des archives ouvertes dans le monde arabe et leurs spécificités à partir d’une grille d’analyse inspirée des travaux similaires dans le monde occidental. Ce qui ressort de cette étude, c’est que l’offre des archives ouvertes arabes est très faible et l’implication des chercheurs arabes dans le dépôt dans ces archives reste limitée. D’autant plus, le fonds de certaines archives a plus une vocation de bibliothèque numérique que d’archive ouverte. De ce fait, il serait intéressant d'améliorer la qualité et la quantité de ces archives pour contribuer à l'évolution de la recherche scientifique dans le monde arabe et à une meilleure visibilité des chercheurs et des institutions de recherche arabes
- Abstract
- This study presents the state of open archives in the Arab world and their characteristics from an analytical framework inspired from similar works in the Western world. What emerges from this study is that the availability of open archives and the involvement of Arab researchers in submitting works in these repositories remains very limited. Moreover, the content of some archives has avocation of a digital library more than an open archive. Therefore, it would be interesting to improve the quality and quantity of the archives to contribute to the evolution of scientific research in the Arab world and a better visibility of Arab researchers and research institutions.
Introduction
Depuis les années 1990, le mouvement en faveur des Archives Ouvertes (AO)s’est imposé dans le monde de la communication scientifique comme une alternative d’accès à l’Information Scientifique et Technique (IST).
En effet, ce mouvement qui s’inscrit dans une politique plus large de diffusion libre et gratuite du savoir appelée «Open Access », est venu faire face au monopole des éditeurs commerciaux marqué par les coûts exorbitants de la littérature scientifique et les restrictions d’accès à l’information. En ce sens, Bakelli (2005) affirme que les initiatives des archives ouvertes et les revues en libre accès visent à remplacer les processus d’édition traditionnelle. Une façon de mettre un terme à l’hégémonie des éditeurs commerciaux.
Selon l'Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert (2002), le libre accès repose sur la mise à disposition gratuite sur Internet des travaux scientifiques, permettant à tout un chacun de lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte intégral de ces travaux , ou s’en servir à toute autre fin légale, sans barrière financière, légale ou technique autre que celles indissociables de l’accès et l’utilisation d’Internet. La seule contrainte sur la reproduction et la distribution, et le seul rôle du copyright dans ce domaine devrait être de garantir aux auteurs un contrôle sur l’intégrité de leurs travaux et le droit à être correctement reconnus et cités [1].
L’Initiative de Budapest recommande deux stratégies complémentaires pour l'accès libre à l’IST dont l’auto-archivage: les chercheurs déposent leurs articles (pré-publications et post-publications) dans des archives électroniques ouvertes. Pour la seconde, il s’agit des revues alternatives avec soit la création de nouvelles revues engagées dans le Libre Accès ou soit des revues existantes qui choisissent de s’orienter vers cette voie.
De plus en plus d’institutions, dans un souci d’une plus grande disponibilité, soutiennent l’accès libre et sans restriction aux résultats de la recherche via les deux stratégies recommandées par l'initiative de Budapest. Si les pays occidentaux sont bien impliqués dans ce mouvement, l’implication des pays arabes reste très limitée. En effet, les études des archives ouvertes, de leurs activités, de la fréquence de leur alimentation , de leurs usages, restent très limitées dans le monde arabe.
Les archives ouvertes : définition et rappel des faits
Une archive ouverte est un réservoir de documents scientifiques en libre accès (Open access). Les chercheurs et les institutions de recherche y déposent leurs documents en texte intégral, enrichis généralement par des métadonnées, dans le respect des droits d’auteur. On utilise aussi les termes de « réservoir », de « dépôts» ou d’« entrepôt de documents » pour ces archives ouvertes.
Selon Anne-Marie Benoit “...les archives ouvertes sont des réservoirs d’informations qui reposent d’une part sur le principe d’interopérabilité et d’auto archivage et qui, d’autre part, proposent le stockage et la diffusion de multiples ressources primaires via Internet” (Benoit, 2005)
G. Chartron (2003) conclut sur une certaine ambiguïté du terme "Archive ouverte", il n'a pas la même signification selon son contexte d'utilisation. En ce sens, Schopfel et Prost (2010) affirment qu’il n'existe pas une définition acceptée des archives ouvertes mais plusieurs approches. Parmi ces approches on peut citer celle de bibliopédia : « Une Archive Ouverte est un serveur stockant des textes sous version informatique. Il s’agit d’entrepôt d’information, d’archives vivantes, constitué par des articles scientifiques produits par la communauté de chercheurs. Pour ce qui concerne les chercheurs, l'Archive Ouverte leur autorise l’accès libre à leurs publications, via le dépôt de leur production scientifique sur un serveur configuré pour stocker leurs articles, déjà publiés (post publications) ou non (pré-publications), mais également leurs autres travaux de recherche, ainsi que les thèses»[2]
Dans ce travail nous retenons la notion des archives ouvertes telle quelle est présentée dans le glossaire de l'INIST[3] comme « un réservoir où sont déposées des données issues de la recherche scientifique et de l’enseignement et dont l’accès se veut ouvert, c’est-à-dire sans barrière. Cette ouverture est rendue possible par l’utilisation de protocoles communs qui facilitent l’accessibilité de contenus provenant de plusieurs entrepôts maintenus par différents fournisseurs de données.»
Selon Schopfel et Prost (2010), la première initiative des archives ouvertes est celle de Paul Ginsparg en 1991, qui a mis en place le serveur de pré-prints « ArXiv » pour la communauté des physiciens. Et depuis, les déclarations en faveurs de l’Open Access se multiplient tels que : l’Appel de Budapest (02/2002), la déclaration de Bethesda (04/2003), la déclaration de Berlin (10/2003). L’écho de ces appels est important car les réservoirs d’archives se prolifèrent dans le monde entier et les chercheurs sont plus conscients que jamais de l’apport certain des archives ouvertes.
En 2001, l’Open Archives Initiative (OAI) a mis en œuvre l’ Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting (OAI-PMH). Ce protocole permet l’interopérabilité des bases d’archives, c’est-à-dire l’interrogation simultanée des archives, quelle que soit leur localisation dans le monde en une seule requête. Les bases d’archives qui présentent des « fournisseurs de données » sont interrogées par des moissonneurs appelés également « fournisseurs de services », formant ainsi un système organisé de diffusion d’information et optimisant de cette manière la visibilité des contenus des archives. Ce protocole facilite aux moteurs de recherche spécialisés dans le moissonnage des serveurs d’archives ouvertes, d’interroger des archives hétérogènes.
Recensement et évaluation des archives ouvertes dans le monde arabe
Les archives ouvertes et les chercheurs dans le monde arabe
Plusieurs auteurs Gdoura(2009), Bakelli(2005), Ben Allal et al.(2008) se sont interrogés sur le niveau d'adhésion des chercheurs arabes, dans plusieurs pays, au nouveau modèle du libre accès et de définir leurs attitudes à l’égard des archives ouvertes. Les principaux résultats dégagés de ces études affirment que les universitaires arabes ne se sont pas intéressés à l’auto-archivage de leurs prépublications ou post-publications. Selon l’enquête réalisée entre 2005 et 2007 dans 4 pays arabes à savoir la Tunisie, le Maroc, Sultanat d’Oman et Emirats Arabes Unis (Gdoura, Bouazza, et al. 2009), qui a touché une population de 305 chercheurs, l’usage des archives ouvertes reste très limité puisque seulement le cinquième seulement de ces chercheurs a déjà déposé des articles dans des archives ouvertes, ou bien est prédisposé à le faire. En ce sens, Gdoura (2009) affirme que les universitaires sont particulièrement réticents à l’auto-archivage des prépublications et préfèrent valider leurs travaux par les pairs avant leur diffusion.
D’autres auteurs Boukacem et al.(2008), Ben Romdhane et Ouertani(2009) ont soulevé la question de la participation des chercheurs maghrébins de certaines disciplines dans le mouvement du libre accès. C’est ainsi que l’étude comparative sur le libre accès en Tunisie et en Algérie dans les domaines de la physique, de l’informatique et de la santé, montre le rôle peu incitatif des terrains et des contextes algérien et tunisien pour le développement et la propagation du libre accès par et pour les chercheurs (Boukacem et al., 2008). Cette étude a montré que des domaines comme la physique ou l’informatique, ancrés dans le libre accès dans les pays du nord, ne connaissent pas le même état de fait en raison d’un terrain peu favorable. L’autre étude sur l’implication des chercheurs tunisiens en Sciences de l’Information et de la Communication dans les archives ouvertes Ben Romdhane et Ouertani(2009), montre que les chercheurs tunisiens de cette discipline sont relativement bien impliqués dans l’usage des archives ouvertes puisque près de 87% de la population enquêtée constituée de 30 enseignants-chercheurs de cette discipline consultent les archives ouvertes contre 31% seulement qui déposent dans ces archives ouvertes.
Étude des archives ouvertes dans les pays arabes
Recensement des archives ouvertes arabes :
Nous avons sélectionné les AO arabes à partir des deux répertoires ROAR[4] et OpenDOAR[5] les plus connus dans ce domaine. L’analyse porte donc uniquement sur des sites référencés et répertoriés, validés par d’autres comités professionnels ou scientifiques. Cette approche correspond à d'autres études, comme par exemple celle de Schopfel et Prost (2010) ou de Bueno-de-la-Fuente et al. (2009) .Dans les deux répertoires ROAR et Open DOAR, nous avons pu recenser 20 sites d'archives ouvertes dans le monde arabe durant le mois d'avril 2012. Ces sites sont répartis sur 7 pays arabes seulement :Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Qatar, Soudan, Syrie et Tunisie (voir annexe1.
Évaluation des archives ouvertes arabes
Grille d’évaluation
Chacune de ces archives ouvertes a été étudiée selon 18 critères d’une grille d’analyse regroupés en cinq catégories (voir annexe 2) comme suit :
- Information générale : 3 critères (nom, URL, pays),
- Information institutionnelle : 2 critères (nom de l'établissement, type de l'établissement),
- Identification de l'archive ouverte : 3 critères (type d’archive, date de création, nombre de documents.),
- Contenu et fonctionnalité : 5 critères (Type de documents, spécialité ou domaine couvert, langue des documents, formats des documents, mode d'accès),
- Politique éditoriale : 5 critères (métadonnées, langue de l'interface, politique de dépôt, accessibilité, logiciel utilisé).
Cette grille a été mise en place en s’inspirant de l’étude de Schopfel et Prost (2010)sur l’évaluation des AO en France et ensuite adaptée à notre corpus à partir d’un diagnostic préliminaire des archives ouvertes arabes.
Résultats et interprétation
Les différents critères de la grille d’évaluation des archives ouvertes ont été dégagés pour chaque AO arabe de notre corpus à partir des informations fournies par les réperstoires ROAR et Open DOAR et en analysant les différents sites de ces archives. Les principaux résultats sont interprétés dans ce qui suit :
Offre des archives ouvertes dans le monde arabe
Les résultats de l’analyse de l’offre des AO arabes montrent que le nombre de ces archives reste trés limité par rapport à d’autres pays. On n’a pu recenser que 20 archives ouvertes selon les deux répertoires OpenDoar et ROAR. Parmi ces archives 12 seulement sont accessibles (voir tableau1) dont le contenu en nombre de documents et la qualité de ces publications restent à vérifier. Il est à noter que les 8 autres AO sont soit inaccessibles ou l’adresse renvoie à un site qui n’est pas du tout une archive ouverte (un blog, site de centre de recherche sans aucune rubrique archive ouverte ou publications). Si on compare ce nombre avec d’autres pays développés ou même en voie de développement on remarque que l’implication du monde arabe dans les archives ouvertes est encore embryonnaire. Un pays comme le Brésil par exemple compte 103 archives ouvertes selon ROAR et 62 selon OpenDoar. Même si le nombre exact reste à vérifier, il est clair que le nombre des AO de ce pays est de 5 à 8 fois le nombre total des AO des 22 pays arabes.
Répartition des archives ouvertes par pays
Pays | Nombre d’AO | Nombre d’AO accessibles |
---|---|---|
Algérie | 1 | 1 |
Arabie Saoudite | 5 | 3 |
Egypte | 8 | 3 |
Non connu | 1 | 1 |
Qatar | 1 | 1 |
Soudan | 2 | 2 |
Syrie | 1 | 0 |
Tunisie | 1 | 1 |
Total | 20 | 12 |
Le tableau de la répartition des AO par pays montre que l’Egypte vient en première position avec huit archives ouvertes suivie de l’Arabie Saoudite avec cinq archives ouvertes. L’implication de ces deux pays, même si elle est insuffisante, reste importante dans le monde arabe. C’est en Arabie Saoudite que fut lancé l’appel de Ryadh (Nida ar-Ryadh) en 2006 incitant les chercheurs arabes à déposer leurs travaux de recherche dans les archives numériques ouvertes en plus de la recommandation de mise en place des revues scientifiques alternatives en libre accès. En dépit du fait que cet appel émanait des pays arabes du golfe ainsi que ceux du maghreb, on remarque que ces derniers restent à l’écart de cet aspect du mouvement du libre accès puisque seulement 2 AO sont recensées par les pays du maghreb, une en Algérie et une autre en Tunisie. Il est à noter que cet engagement est différent dans l’aspect revues en libre accès puisque l’Algérie est parmi les pays les plus actifs dans le monde arabe (avec 30 revues) devançant ainsi l’Arabie Saoudite, avec seulement 17 revues (Gdoura, 2009).
Il est à signaler que les AO dans le monde arabe ont été créées toutes après l’appel de Ryadh à l’exception de celle de l’Université Américaire au Caire qui a été créée en 2005. Ce qui explique l’influence qu’a eu cet appel sur le mouvement dans le monde arabe.
Types des archives ouvertes et institutions d’appartenance
Pour classer les AO, nous avons adopté trois catégories à savoir : les archives institutionnelles, les archives thématiques et les bibliothèques numériques. Sur l’ensemble des archives ouvertes recensées, une seule est une archive thématique dans le domaine des études arabes en bibliothéconomie et science de l’information. Si l’objectif de cette archive est de recenser et diffuser gratuitement les publications arabes dans ce domaine, on remarque que les documents déposés, dont le nombre est restreint, sont des documents de chercheurs égyptiens uniquement et que les chercheurs arabes des autres pays ne déposent pas dans ces archives.
Parmi les archives AO, trois sont considérées comme bibliothèque numérique. Il s’agit de DAR (Digital Assets Repository) de la bibliothèque d’Alexandrie renfermant des documents numérisés du domaine public, du dépôt numérique de l’université d’Alger composé de documents anciens numérisés et de Makhtota de l’Université du Roi Saoud contenant des manuscrits arabes principalement numérisés. Toutes les autres archives ouvertes, près des deux tiers, sont des archives institutionnelles.
Concernant les types d’institutions d’appartenance de ces archives, on remar que qu’une seule AO appartient à une association, celle de l’Association Soudanaise des bibliothèques et d’information, qui contient 4 documents seulement. Dans la liste des archives étudiées on trouve une seule archive appartenant à une institution de re cherche. De surcroît, la seule bibliothèque dans le monde arabe qui dispose d’une archive ouverte est la bibliothèque d’Alexandrie qui renferme plusieurs milliers de documents numérisés. Toutes les autres archives appartiennent à des institutions universit aires. La faible implication des centres de recherche dans le monde arabe au mouvement du libre accès en général et dans les archives ouvertes en particulier pourrait s’expliquer par le nombre limité de ces types d’organismes. En effet selon le rapport du PNUD de 2003 « le nombre d’organismes de recherche – développement arabes est limité. Il ya près de 126 centres de recherche spécialisés affiliés à des universités arabes et 278 centres financés par l’Etat » 6 6 Rapport arabe de développement humain, PNUD, 2003. Cité par Gdoura 2009 7 Politique de dépôt Sur les 20 archives étudi ées, nous avons pu identifier la politique de dépôt de 12 archives seulement. Une seule archive permet un dépôt par l’auteur seulement à savoir l’archive ARLIS de l’Université de Halwan en Egypte. Le dépôt institutionnel est utilisée par 6 archives ouvert es et la politique de dépôt mixte entre l’auteur et l’institution est déclarée par 5 archives ouvertes.
Langue des documents et de l’interface
Les principales langues des documents recensés dans les AO sont l’arabe et l’anglais. Selon le tableau 2 on trou ve 11 archives qui contiennent des documents soit totalement en Arabe (2) ou avec d’autres langues (Anglais, Français) et 12 archives contiennent des documents soit totalement en Anglais (3) ou avec d’autres langues (Arabe, Français). Les documents en français sont recensés dans 4 archives ouvertes seulement. L’archive DAR de la bibliothèque d’Alexandrie est le seul dépôt qui contienne des documents en Italien et en Espagnol en plus des 3 autres langues. Langue Lanfue des documents Langue de l’interface Monolingue (arabe) 2 2 Monolingue (anglais) 3 6 Monolingue (français) 1 1 Bilingue (anglais/arabe) 6 2 Trilingue (arabe/anglais/français) 2 1 Plus de 3 langues 1 0 Total 15 12 Tableau 2
- langue des documents et de l'interfa
ce des archives ouvertes des pays arabes Sur les 12 archives ouvertes arabes, la moitié ont une interface en Anglais, deux archives ouvertes ont une interface en langue Arabe et deux aussi ont une interface bilingue (Anglais, Arabe), une seule interface est en Français, celle de l’archive ouverte E - Doc de l’université virtuelle de tunis (voir tableau 2). D’un autre côté, l’interface de l’archive ouverte de la bibliothèque d’Alexandrie permet un accès en trois langues (Anglais, Arabe et Français). La langu e anglaise est présente dans les ¾ des interfaces soit 9 parmi les 12 archives ouvertes arabes alors que la langue arabe n’est présente que sur ⅓ des interfaces de ces archives. Ceci explique l’orientation du monde arabe vers la langue anglaise comme langue de communication scientifique contribuant à plus de visibilité sur le Web. Ces résultats confirment ce qui a été déjà déclaré par Gdoura (2009 ) à propos des interfaces des revues scientifiques des pays arabes “D’une manière générale les langues étrangères sont très présentes sur les sites de revues, c’est un signe d’ouverture sur le monde. Il traduit la volonté, aussi bien des éditeurs que des chercheurs, de communiquer avec la communauté scientifique internationale, d’échanger les résultats de recherche et d’être visibles sur le web” (Gdoura, 2009). 8
Logiciel utilisé
Sur les 20 sites étudiés, nous avons pu identifier les logiciels utilisés par 11 archives seulement. Plus de la moitié de ces archives (6) utilisent le logiciel Dspace. Le logiciel Eprints est utilisé par 3 archives. L’archive ouverte de l’université de Menofia en Egypte et celle de l’association soudanaise des bibliothèques et d’in formation utilisent le logiciel Greenstone. Nombre de documents Les volumes des fonds dans les archives ouvertes peuvent être répartis en 4 classes : • Plus de 200000 documents : dans cette classe on trouve le fonds de l’archive DAR de la bibliothèque d’Al exandrie avec 220230 documents. • Entre 11000 et 14000 documents : Cela correspond aux fonds de l’archive Makhtota avec 11000 documents et de l’université du Roi Saoud en Arabie Saoudite. • Entre 2000 et 5000 documents : dans cette classe on trouve l’archive de l’université du Roi Fahd du pétrole et des minéraux en Arabie saoudite avec 4640 documents. Ensuite, l’archive Qspace de l’université de Qatar recense 3045 documents. Enfin l’archive AUC DAR de l’université americaine dispose d’un fonds de 2317document s. • Moins de 1000 documents : cela correspond aux archives : Makhatotate de l’université de Caire (707 documents) ; E - doc de l’université virtuelle de Tunis ( 598 documents) ; Dspace Science de l’université de Khourtoum (198 documents) ; le dépôt numériqu e de l’université d’Alger (73 documents) ; ARLIS (51 documents) ; IDR - MDLS de l’université de Menofia (49 documents) ; BUE e - prints de l’université britannique en Egypte (46) ; SALI Library de l’association soudanaise des bibliothèques et d’information (4) .
Discussion
• La majorité des ressources dans les AO des pays arabes sont en langue arabe ce qui ne permettrait pas de faire connaître les travaux dans ces archives auprès des chercheurs dans d’autres langues et cela ne conduirait pas à une grande visibilit é des chercheurs arabes. • Le dépôt dans certaines archives est très faible, par exemple 51 dépôts dans l’archive ARLIS depuis sa création en 2009 en raison de 17 dépôts par an. Aussi, l’archive de l’université britannique en Egypte BUE e - print ne contient q ue 46 dépôt depuis 2007 ce qui correspond à moins de 10 dépôts par an. D’autant plus que certaines archives n’ont pas été mises à jour depuis plus d’un an. L’observation de ces faits amène à constater l’implication faible des chercheurs arabes dans le mou vement du libre accès et de l’auto - archivage. Cela confirme ce qui a été déjà dit par Gdoura (2009) sur la réticence des chercheurs arabes au dépôt dans les archives ouvertes. • Certaines archives contiennent des manuscrits et des livres numérisés ce qui c orrespond plus à des bibliothèques numériques et pourtant sont répertoriées en tant qu’archives ouvertes dans les répertoires OPEN DOAR et ROAR. Ces répertoires induisent donc une certaine hétérogénéité des 9 archives ouvertes. Ce qui confirme l’hypothèse qu ’il n’existe pas de définition objective et généralement acceptée d’une archive ouverte. En effet, chaque répertoire applique ses propres critères. Le résultat est que l’on rencontre aussi bien dans ce corpus étudié de « vraies » archives ouvertes, des bibliothèques numériques ou des sites mettant en ligne un certain nombre de ressources de tout genre. De ce fait, notre propre étude nous laisse penser que les deux répertoires sont loin d'être exhaustifs et qu'il faut aller plus loin si on veut avoir une im age plus réaliste sur le développement des archives ouvertes dans le monde arabe. Dans ce sens, des AO comme celles intégrés dans le portail arabe des sciences d e l’information et de la communication 7 ne sont répertoriés par aucun de ces répertoires. Est ce parce qu’elles ne se basent pas dur le protocole OAI - PMH ou pour d’autres raisons? D’un autre côté, on sait qu’un projet d’AO en Algérie a été initié il y a quelques années. Il s’agit du projet “ArchivAlg” 8 . Mais on ne trouve aucune trace de ce projet ni sur les deux répertoires ni sur les moteurs de recherche classiques. S’agit - il d’un projet né - mort? Ou qu’il existe mais sans être référencé? 4
Conclusion et perspectives
L'offre des archives ouvertes dans le monde arabe reste très faible, ce qui ne perme t pas une grande visibilité des chercheurs arabes. De ce fait , il serait intéressant d'améliorer la qualité et la quantité de ces archives pour contribuer à l'évolution de la recherche scientifique dans le monde arabe. On peut d’Ores et déjà lancer deux hypothèses possibles. Soit que les chercheurs et les institutions universitaires arabes ne produisent pas assez pour pouvoir constituer des AO respectables et pouvoir déposer leurs publications dans ces entrepôts ou que les chercheurs arabes se refugient a ux AO occidentales, ayant une certaine “notoriété” pour déposer leurs travaux et par conséquent avoir plus de visibilité. Après cette étude exploratoire de l'offre des archives ouvertes dans le monde arabe, il serait judicieux de voir le degré d'usage de ces archives par les chercheurs. Ainsi, une enquête complémentaire auprès des chercheurs arabes des différents pays et des administrateurs des sites de ces archives s'impose pour avoir de plus amples informations sur le sujet . E t par la suite on pourra pro poser des solutions pour remédier aux lacunes actuelles des archives ouver tes dans le monde arabe .
Notes
- ↑ Libre accès à l’information scientifique et technique : Actualités, problématiques et perspectives/Institut National de l’Information Scientifique et Technique (INIST). Site Web (Dernière visite le 15/04/2012), URL : http://openaccess.inist.fr/
- ↑ Bibliopédia,http://www.bibliopedia.fr/index.php/Archives_Ouvertes
- ↑ Idem site Web INIST, rubrique Glossaire
- ↑ ROAR:Registry of Open Access Repositories.URL:http://roar.eprints.org/
- ↑ OpenDOAR:Directory of Open Access Repositories. URL:http://www.opendoar.org/
Références bibliographiques
Bakelli, Y(2005). La problématique des archives ouvertes dans les pays du sud : éléments pour un discours endogène. [En ligne], 2005, [Consulté le 27 mars 2012]. Disponible à http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00001418
Ben Allal, K., Dahmane, M., Slimani, R. (2008). Les chercheurs algériens et la publication dans les archives ouvertes : cas d’ARCHIVALG. [En ligne]. In 1er Workshop International sur : «La Numérisation (BNB), la Normalisation et le E - learning. CNPLE T/ Tipaza, 28 au 30 Mai 2008. [Consulté le 25 Mars 2012]. Disponible à http:// archivesic . ccsd . cnrs . fr / sic _00284311/ fr /
10 Ben Romdhane, M. Ouertani, L. (2009 ). Le libre accès à l’information scientifique et technique à travers l’implication du chercheur tunisien en sciences de l’information et de la communication dans les a rchives ouvertes.[En ligne] . I n actes du colloque international « nouveaux médias : nou velles technologies pour un nouveau monde » , Université de Bahrein , 7 - 9 avril 2009. pp. 69 - 96.[Consulté le 27 mars 2012]. Disponible à http
- //
archivesic . ccsd . cnrs . fr / sic _00380567/ fr / Boukacem - Zeghmouri, C . , Ben Romdhane, M ., Abdi, A. (2008). Le libre accès à l’information scientifique dans les pays en voie de développement : étude comparative de ses potentialités et réalités en Algérie et en Tunisie [En lig ne]. I n Actes du colloque international franco - tunisien : Interagir et transmettre, informer et communiquer
- quelles valeurs, quelle valorisation ?
, Larbi, C, Meyer, V., Gdoura, W. (Eds). ISBN : 9973 - 913 - 06 - 07, pp. 775 - 801. Colloque organisé par la SFSIC (France), l'ISD et l'IPSI (Tunisie), le 17 - 19 avril 2008. [ Consulté le 20 Mars 2012]. Disponible sur http://archivesic . ccsd . cnrs . fr / sic _00276953/ en /
[Benoit, 2005] ↑ Anne-marie Benoit,
[G. Chartron (2003)] ↑ G. Chartron, (2003).Les archives ouvertes dans la communication scientifique[en ligne].Urfist-Paris, janvier 2003 [consulté le 15 mars2012].Disponible à:http://urfist.enc.sorbonne.fr/anciensite/archives-ouvertes.htm
Chartron, G. (2007). Évolutions de l’édition scientifique, 15 ans après. In Colloque international EUTIC 2007, 7 - 10 novembre 2007, Univer sité d’Athènes [en ligne]. [consulté le 10 avril 2012]. Disponible à
http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/18/66/75/PDF/eutic - chartron - Athenes2007.pdf Gdoura, W. (2009). Le libre accès dans les universités arabes: Opinions et pratiques des chercheurs et des éditeurs. [En lign e]. In World Library and Information Congress: 75Th IFLA General conference and Council 23 - 27 August 2009 , Milan, Italy. [Consulté le 27 mars 2012] Disponible à http
- //
www . ifla . org / files / hq / papers / ifla 75/142 - gdoura - fr . pdf Gdoura, W. , Bouazza, A. , Ibn Al - Khayat, N. (2009). Attitudes des universitaires arabes à l’égard des revues en ligne et des archives ouvertes :cas du Maroc, d’Oman et de la Tunisie. Revue tunisienne de communication , n°51 - 52, 9 - 44. Gdoura, W. (2008). Usages des archives ouvertes et des revues en libre accès: attitudes des chercheurs tunisiens . Revue arabe des archives, documentation et d'information , n°23 - 24 , 103 - 135. Gdoura, W (2006). La communication scientifique et l’accès libre à l’information scientifique : les chercheurs et bibliothèques universitaires arabes . Tunis : Ed. ALECSO. (Livre en arabe). I bn Lkhayat, N. (2007). Les universitaires marocains et le libre accès à l'information scientifi que et technique: Où en est - on ? Revue Maghrébine de documentation et d’Information , n°17 , 65 - 100.
[Schopfel et Prost (2010)] ↑ Schöpfel, J et Prost, H, (2010).Développement et Usage des Archives Ouvertes en France. 1e partie : Développement. Rapport [En ligne]. Lille : Université Charles-De-Gaulle Lille 3,Laboratoire GERIICO, 49p. [Consulté le 25 Mars 2012]. Disponible à http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00497389
Global Open Access Portal (UNESCO) http://www . unesco . org / new / en / communication - and - information / portals - and - platforms / goap / access - by - region / arab - states
Voir aussi