CIDE (2009) Kanellos : Différence entre versions

De CIDE
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Malgré tant d’investissements, de fracas et de publicité, il s’avère que nous nous ennuyons fréquemment en visitant des musées virtuels. Ou, peut-être, sentons-nous quelque frustration, souvent inavouée mais pas moins réelle, de sinistre mémoire. On se demande, en réalité, si l’investissement qui vise à réaliser un musée virtuel apporte vraiment une valeur ajoutée à la problématique de l’héritage culturel ; notamment, s’il contribue véritablement sur le plan de l’accessibilité aux œuvres. L’ennui que nous ressentons est probablement l’indice de quelque désir de connaissance invalidé. On observe, d’ailleurs, une certaine parenté des critiques avec celles qui se sont adressées naguère à diverses réalisations de e-Learning.
 
Malgré tant d’investissements, de fracas et de publicité, il s’avère que nous nous ennuyons fréquemment en visitant des musées virtuels. Ou, peut-être, sentons-nous quelque frustration, souvent inavouée mais pas moins réelle, de sinistre mémoire. On se demande, en réalité, si l’investissement qui vise à réaliser un musée virtuel apporte vraiment une valeur ajoutée à la problématique de l’héritage culturel ; notamment, s’il contribue véritablement sur le plan de l’accessibilité aux œuvres. L’ennui que nous ressentons est probablement l’indice de quelque désir de connaissance invalidé. On observe, d’ailleurs, une certaine parenté des critiques avec celles qui se sont adressées naguère à diverses réalisations de e-Learning.
  
Les problématiques du « e-Museum » ne sont pas encore stabilisées ; vraisemblablement, ne le seront-elles jamais, tant elles dépendent des technologies d’où elles tirent leur raisons d’être. Cependant, elles s’affichent d’emblée des volontés éducatives (({{CIDE lien citation|Hooper-Greenhill, 2009}}), ({{CIDE lien citation|Hooper-Greenhill, 2007}})) qui les rendent sensibles aux mêmes réfutations. Tout comme le « cours virtuel », le terme « musée virtuel » désigne prioritairement un domaine de mutation de plus de nos pratiques culturelles par l’avènement des technologies de l’information et de la communication. Il ne doit cependant pas être compris en termes exclusivement techniques. L’idée de musée virtuel va plus loin que la simple opportunité et les effets de mode, bien plus loin
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Les problématiques du « e-Museum » ne sont pas encore stabilisées ; vraisemblablement, ne le seront-elles jamais, tant elles dépendent des technologies d’où elles tirent leur raisons d’être. Cependant, elles s’affichent d’emblée des volontés éducatives ({{CIDE lien citation|Hooper-Greenhill, 2009}} ; {{CIDE lien citation|Hooper-Greenhill, 2007}}) qui les rendent sensibles aux mêmes réfutations. Tout comme le « cours virtuel », le terme « musée virtuel » désigne prioritairement un domaine de mutation de plus de nos pratiques culturelles par l’avènement des technologies de l’information et de la communication. Il ne doit cependant pas être compris en termes exclusivement techniques. L’idée de musée virtuel va plus loin que la simple opportunité et les effets de mode, bien plus loin
 
que les préoccupations d’une ingénierie asservie à son temps. De façon minimaliste, le musée virtuel se veut, tout d’abord, un patrimoine numérique sur une collection d’œuvres ; il est souvent vitrine ou reproduction d’expositions réelles, transitoires ou permanentes ; il se transforme, parfois, en site éducatif ; il peut être un univers entièrement virtuel, même avec des œuvres virtuels ; il intègre des jeux pour petits et grands (les fameux « serious games »), etc. Ses multiples transfigurations recoupent nombre d’initiatives qui semblent centrales dans une société comme la nôtre, mieux comprise, désormais, comme une société de la Communication, de l’Information et de la Connaissance. Globalement, il désigne des enjeux complexes mais porteurs, relevant de l’héritage culturel, dans une économie numérique orientée par les services.
 
que les préoccupations d’une ingénierie asservie à son temps. De façon minimaliste, le musée virtuel se veut, tout d’abord, un patrimoine numérique sur une collection d’œuvres ; il est souvent vitrine ou reproduction d’expositions réelles, transitoires ou permanentes ; il se transforme, parfois, en site éducatif ; il peut être un univers entièrement virtuel, même avec des œuvres virtuels ; il intègre des jeux pour petits et grands (les fameux « serious games »), etc. Ses multiples transfigurations recoupent nombre d’initiatives qui semblent centrales dans une société comme la nôtre, mieux comprise, désormais, comme une société de la Communication, de l’Information et de la Connaissance. Globalement, il désigne des enjeux complexes mais porteurs, relevant de l’héritage culturel, dans une économie numérique orientée par les services.
  
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des objets de n’importe quelle nature, fonction et vocation. </ref> . Or, aujourd’hui encore, le concept de collection reste majoritairement enfermé dans la logique de l’institution, probablement parce que le marché était déjà formaté et occupé par des musées classiques qui, naturellement, ont eu plus des moyens que d’autres pour développer des vitrines en ligne. Ces musées réels et plus ou moins fortunés, ont compris les TIC comme des moyens complémentaires pour promouvoir leurs actions culturelles ; incidemment, aussi, pour soutenir leur business et leur image à un moment où le monde muséal semblait subir des mutations profondes.
 
des objets de n’importe quelle nature, fonction et vocation. </ref> . Or, aujourd’hui encore, le concept de collection reste majoritairement enfermé dans la logique de l’institution, probablement parce que le marché était déjà formaté et occupé par des musées classiques qui, naturellement, ont eu plus des moyens que d’autres pour développer des vitrines en ligne. Ces musées réels et plus ou moins fortunés, ont compris les TIC comme des moyens complémentaires pour promouvoir leurs actions culturelles ; incidemment, aussi, pour soutenir leur business et leur image à un moment où le monde muséal semblait subir des mutations profondes.
  
Cela ne serait peut-être pas fâcheux, ni même nuisible en matière de développement du concept si, même avec une telle limitation, l’opportunité virtuelle ne s’avérait décidément castrée. Certes, on voit ci et là des innovations technologiques séduisantes investir peu à peu un métier nouveau, celui de muséologue (et de muséographe) numériques : des bases de données multimédia, des jeux éducatifs (({{CIDE lien citation|Brooklyn Museum}}), ({{CIDE lien citation|Tate Museum}}), ({{CIDE lien citation|Musée de Pompei}}), ({{CIDE lien citation|Métropolitan Museum}})),  des plateformes de type 2.0 pour la création de nouvelles sociétés muséales (({{CIDE lien citation|Brooklyn Museum}}), ({{CIDE lien citation|Powerhouse Museum}}), ({{CIDE lien citation|Tate Museum}}), ({{CIDE lien citation|Métropolitan Museum}})), de la réalité virtuelle (({{CIDE lien citation|British Museum}}), ({{CIDE lien citation|Rijksmuseum}}), ({{CIDE lien citation|Museo del Prado}}), ({{CIDE lien citation|Musée du Louvre}})), des interfaces plus attractives, esthétiques ({{CIDE lien citation|Musée de l’Hermitage}}) et plus ergonomiques, des techniques de traitement d’image attrayantes, de la synthèse de parole recevable (({{CIDE lien citation|Rijksmuseum}}), ({{CIDE lien citation|Eternal Egypt}})), des protocoles de recherche évolués, etc. Cependant,  l’ensemble reste globalement contenu dans des interrogations communes qui relèvent de la conception d’un site commercial plus ou moins  standard. Tristement, le thème de la visite, prioritaire pour un musée, qui deviendrait visite virtuelle dans le cas d’un musée virtuel, se voit dégradé, entièrement fondu qu’il apparaît dans une navigation usuelle. Même les standards émergents, plus ouverts à des réseaux sémantiques, ne lui réservent pas une place importante ({{CIDE lien citation|CIDOC, 2006}}). Par ailleurs, la conception de la structure des données ne permet pas une flexibilité suffisante pour opérer des changements significatifs. En fait, dans la quasi-totalité des musées virtuels calques, on rencontre, dirait-on, une pensée unique qui impose divers régimes de restriction :
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Cela ne serait peut-être pas fâcheux, ni même nuisible en matière de développement du concept si, même avec une telle limitation, l’opportunité virtuelle ne s’avérait décidément castrée. Certes, on voit ci et là des innovations technologiques séduisantes investir peu à peu un métier nouveau, celui de muséologue (et de muséographe) numériques : des bases de données multimédia, des jeux éducatifs ({{CIDE lien citation|Brooklyn Museum}} ; {{CIDE lien citation|Tate Museum}} ; {{CIDE lien citation|Musée de Pompei}} ; {{CIDE lien citation|Métropolitan Museum}}),  des plateformes de type 2.0 pour la création de nouvelles sociétés muséales ({{CIDE lien citation|Brooklyn Museum}} ; {{CIDE lien citation|Powerhouse Museum}} ; {{CIDE lien citation|Tate Museum}} ; {{CIDE lien citation|Métropolitan Museum}}), de la réalité virtuelle ({{CIDE lien citation|British Museum}} ; {{CIDE lien citation|Rijksmuseum}} ; {{CIDE lien citation|Museo del Prado}} ; {{CIDE lien citation|Musée du Louvre}}), des interfaces plus attractives, esthétiques ({{CIDE lien citation|Musée de l’Hermitage}}) et plus ergonomiques, des techniques de traitement d’image attrayantes, de la synthèse de parole recevable ({{CIDE lien citation|Rijksmuseum}} ; {{CIDE lien citation|Eternal Egypt}}), des protocoles de recherche évolués, etc. Cependant,  l’ensemble reste globalement contenu dans des interrogations communes qui relèvent de la conception d’un site commercial plus ou moins  standard. Tristement, le thème de la visite, prioritaire pour un musée, qui deviendrait visite virtuelle dans le cas d’un musée virtuel, se voit dégradé, entièrement fondu qu’il apparaît dans une navigation usuelle. Même les standards émergents, plus ouverts à des réseaux sémantiques, ne lui réservent pas une place importante ({{CIDE lien citation|CIDOC, 2006}}). Par ailleurs, la conception de la structure des données ne permet pas une flexibilité suffisante pour opérer des changements significatifs. En fait, dans la quasi-totalité des musées virtuels calques, on rencontre, dirait-on, une pensée unique qui impose divers régimes de restriction :
  
 
# Le visiteur du musée virtuel de ce genre n’a pas la possibilité de voir toutes les collections qui existent dans le musée réel mais seulement une sélection, plus ou moins étendue, plus ou moins en correspondance avec son désir de visite, une sélection décidée par avance par le concepteur du site.
 
# Le visiteur du musée virtuel de ce genre n’a pas la possibilité de voir toutes les collections qui existent dans le musée réel mais seulement une sélection, plus ou moins étendue, plus ou moins en correspondance avec son désir de visite, une sélection décidée par avance par le concepteur du site.
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le Art Diagnosis Centre de cette Fondation et à TELECOM Bretagne.</ref>. Il s’agit d’un musée qui présente une collection d’œuvres représentant le thème de l’Annonciation dans la tradition iconographique byzantine.
 
le Art Diagnosis Centre de cette Fondation et à TELECOM Bretagne.</ref>. Il s’agit d’un musée qui présente une collection d’œuvres représentant le thème de l’Annonciation dans la tradition iconographique byzantine.
  
Pour sa conception, notre départ était la notion, certes vague mais fondatrice, de pratique de visite ({{CIDE lien citation|Doering, 1999}}). Plus précisément, il s’agissait pour nous d’interroger, d’entrée en scène, le thème de la visite et de chercher à le revitaliser au sein d’une théorie de l’interprétation (({{CIDE lien citation|Rastier, 2009}}), ({{CIDE lien citation|Pearce, 1994}})). Cet engagement vient du fait que nous avons toujours reconnu en la notion de visite d’un musée (réel certes, mais, à plus forte raison, virtuel) une déclinaison de plus de la notion de lecture ({{CIDE lien citation|Laneyrei-Dagen, 2002}}). Nous défendons une approche pleinement interprétative des affaires sémiotiques qui finit par rehausser le rôle de la réception dans toute écologie communicative. Par conséquent, nous avons essayé d’implémenter dans cette première  version du musée sur l’Annonciation des exigences de représentation et de présentation des connaissances commandées par le concept de  stratégie de lecture.
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Pour sa conception, notre départ était la notion, certes vague mais fondatrice, de pratique de visite ({{CIDE lien citation|Doering, 1999}}). Plus précisément, il s’agissait pour nous d’interroger, d’entrée en scène, le thème de la visite et de chercher à le revitaliser au sein d’une théorie de l’interprétation ({{CIDE lien citation|Rastier, 2009}} ; {{CIDE lien citation|Pearce, 1994}}). Cet engagement vient du fait que nous avons toujours reconnu en la notion de visite d’un musée (réel certes, mais, à plus forte raison, virtuel) une déclinaison de plus de la notion de lecture ({{CIDE lien citation|Laneyrei-Dagen, 2002}}). Nous défendons une approche pleinement interprétative des affaires sémiotiques qui finit par rehausser le rôle de la réception dans toute écologie communicative. Par conséquent, nous avons essayé d’implémenter dans cette première  version du musée sur l’Annonciation des exigences de représentation et de présentation des connaissances commandées par le concept de  stratégie de lecture.
  
 
La représentation numérique assure, on le sait, la transmutation de l’objet à  exposer  en  une  constellation  de  fragments  d’information.    L’objet matériel présenté, qui était hier encore contraint, et de façon non négociable, dans l’unité du lieu, du temps et de la visite, s’efface, dans un musée virtuel, devant ce qui le remplace et le « dit » dans un discours nouveau, généralement multimédia et, heureusement, partiellement à la portée de la machine. On a certes perdu l’objet mais son spectre, sa structure informationnelle, permet de définir plusieurs régimes de transition et d’intégration supplétifs. La dissociation entre substance et information, on le sait aussi, libère la structure des connaissances qui décrit un objet et ouvre, plus avant, à des possibilités d’évolution inédites, dans des espaces qualitatifs, indépendants et combinables à désir.
 
La représentation numérique assure, on le sait, la transmutation de l’objet à  exposer  en  une  constellation  de  fragments  d’information.    L’objet matériel présenté, qui était hier encore contraint, et de façon non négociable, dans l’unité du lieu, du temps et de la visite, s’efface, dans un musée virtuel, devant ce qui le remplace et le « dit » dans un discours nouveau, généralement multimédia et, heureusement, partiellement à la portée de la machine. On a certes perdu l’objet mais son spectre, sa structure informationnelle, permet de définir plusieurs régimes de transition et d’intégration supplétifs. La dissociation entre substance et information, on le sait aussi, libère la structure des connaissances qui décrit un objet et ouvre, plus avant, à des possibilités d’évolution inédites, dans des espaces qualitatifs, indépendants et combinables à désir.
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=='''Ontologies locales et genres de lecture'''==
 
=='''Ontologies locales et genres de lecture'''==
Les ontologies locales (points de vue et sous-ontologies des points de  vue) deviennent dans la suite la matière pour définir, précisément sur elles, les genres (i.e. les formes) de lecture. La notion de genre est capitale dans la mesure où elle assure le pont entre la structure des données et la scénarisation de la visite (({{CIDE lien citation|Kanellos et al., 2004}}), ({{CIDE lien citation|Kanellos et al., 2005}}), ({{CIDE lien citation|Le Bras et al., 2007}})). Elle renvoie à un niveau de codification des normes. Ici, il s’agit de normes de lecture.
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Les ontologies locales (points de vue et sous-ontologies des points de  vue) deviennent dans la suite la matière pour définir, précisément sur elles, les genres (i.e. les formes) de lecture. La notion de genre est capitale dans la mesure où elle assure le pont entre la structure des données et la scénarisation de la visite ({{CIDE lien citation|Kanellos et al., 2004}} ; {{CIDE lien citation|Kanellos et al., 2005}} ; {{CIDE lien citation|Le Bras et al., 2007}}). Elle renvoie à un niveau de codification des normes. Ici, il s’agit de normes de lecture.
  
Pourquoi lit-on ? Comment lit-on ? Peu de travaux se sont attachés à ces questions qui passent ordinairement pour évidentes ou triviales. En tout cas, elles ne font pas l’objet d’études systématiques. Il est pourtant facile de constater que l’on ne fait pas la même chose lorsqu’on lit pour découvrir, pour s’inspirer, pour s’informer, pour vérifier quelque chose, pour approfondir ou affiner, pour se rafraîchir la mémoire, pour étudier, pour copier ou apprendre par cœur un morceau, pour acquérir des connaissances, pour comparer… Chaque genre de lecture mobilise des facultés cognitives différentes dans la mesure où il fait appel à des procédures de sélection, d’organisation et d’évaluation différentes. Mais  il n’y a pas que la finalité de la lecture qui importe : il y a aussi ses temporalités, i.e. ses contraintes de réalisation dans un référentiel  temporel qui s’offre pour cadre à une pratique. On n’applique pas la même stratégie de lecture lorsqu’on « scanne » un document, lorsqu’on l’examine rapidement en le feuilletant, lorsqu’on a le temps pour le lire avec intention et attention ou, enfin, lorsqu’on lui consacre son temps, sa vie même, pour l’étudier et l’approfondir (({{CIDE lien citation|Le Bras, 2008}}), ({{CIDE lien citation|Miras, 2008}})). La lecture n’est pas une donnée unique : elle dépend d’un grand nombre de paramètres, et elle se configure différemment suivant la temporalité qui lui est assignée pour se réaliser ; c’est cette dernière qui spécifie la stratégie en œuvre.
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Pourquoi lit-on ? Comment lit-on ? Peu de travaux se sont attachés à ces questions qui passent ordinairement pour évidentes ou triviales. En tout cas, elles ne font pas l’objet d’études systématiques. Il est pourtant facile de constater que l’on ne fait pas la même chose lorsqu’on lit pour découvrir, pour s’inspirer, pour s’informer, pour vérifier quelque chose, pour approfondir ou affiner, pour se rafraîchir la mémoire, pour étudier, pour copier ou apprendre par cœur un morceau, pour acquérir des connaissances, pour comparer… Chaque genre de lecture mobilise des facultés cognitives différentes dans la mesure où il fait appel à des procédures de sélection, d’organisation et d’évaluation différentes. Mais  il n’y a pas que la finalité de la lecture qui importe : il y a aussi ses temporalités, i.e. ses contraintes de réalisation dans un référentiel  temporel qui s’offre pour cadre à une pratique. On n’applique pas la même stratégie de lecture lorsqu’on « scanne » un document, lorsqu’on l’examine rapidement en le feuilletant, lorsqu’on a le temps pour le lire avec intention et attention ou, enfin, lorsqu’on lui consacre son temps, sa vie même, pour l’étudier et l’approfondir ({{CIDE lien citation|Le Bras, 2008}} ; {{CIDE lien citation|Miras, 2008}}). La lecture n’est pas une donnée unique : elle dépend d’un grand nombre de paramètres, et elle se configure différemment suivant la temporalité qui lui est assignée pour se réaliser ; c’est cette dernière qui spécifie la stratégie en œuvre.
  
 
Quoi qu’il en soit, il apparaît important de réserver, dans la conception même de l’architecture des connaissances, une place importante aux genres de lecture en tant que traces de pratiques attestées. Autrement, la lecture est asservie à une raison qui avance sur un mode associatif et qui édifie, sur la logique des bases de données, un paradigme de lecture presque indéplaçable. Dans notre cas, ces genres de lecture sont des constructions qui se réalisent au-dessus du niveau des points de vue.  Nous nous expliquons.
 
Quoi qu’il en soit, il apparaît important de réserver, dans la conception même de l’architecture des connaissances, une place importante aux genres de lecture en tant que traces de pratiques attestées. Autrement, la lecture est asservie à une raison qui avance sur un mode associatif et qui édifie, sur la logique des bases de données, un paradigme de lecture presque indéplaçable. Dans notre cas, ces genres de lecture sont des constructions qui se réalisent au-dessus du niveau des points de vue.  Nous nous expliquons.

Version du 9 décembre 2016 à 14:26

Le concept de musée virtuel thématique : la collection comme visite, la visite comme lecture, la lecture comme stratégie.


 
 

 
Titre
Le concept de musée virtuel thématique : la collection comme visite, la visite comme lecture, la lecture comme stratégie.
Auteurs
Ioannis Kanellos (1), Sister Daniilia (2).
Affiliations
(1):Telecom Bretagne, Département Informatique, CS 83818 29238 Brest cedex 3, France
(2) :Ormylia Foundation, Art Diagnosis Centre, 63071 Ormylia, Greece
In
CIDE.12 (Montréal), 2009
En PDF 
CIDE (2009) Kanellos.pdf
Mots-clés 
Musée virtuel thématique, ontologies locales, points de vue, représentation des connaissances à profondeur variable, stratégies de lecture, scénarios de visite, détail et interpicturalité.
Keywords
Thematic virtual museum, local ontologies, points of view, variable depth knowledge representation, reading strategies, visiting scenarios, detail and interpicturality.
Résumé
L’article discute les idées directives d’un musée virtuel thématique, en matière de représentation des connaissances (RC) et d’implémentation. Le cas d’étude est le musée sur l’Annonciation (Annunciation virtual museum). Nous abordons le problème de la RC suivant plusieurs points de vue et à profondeur variable ainsi que le besoin d’une modélisation des ressources faisant la part tant au détail qu’à l’interpicturalité. Nous expliquons l’importance de reprendre la notion de visite d’un musée virtuel dans celle de lecture. Nous exposons enfin une structure des données susceptible de servir les stratégies qui sous-tendent trois genres de visite (découverte, étude et approfondissement). Nous concluons par une discussion sur quelques enjeux concernant le développement de musées virtuels aujourd’hui.