CIDE (2012) Ben Romdhane : Différence entre versions
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;Résumé:Cette étude dresse un état des archives ouvertes dans le monde arabe et leurs spécificités à partir d’une grille d’analyse inspirée des travaux similaires dans le monde occidental. Ce qui ressort de cette étude, c’est que l’offre des archives ouvertes arabes est très faible et l’implication des chercheurs arabes dans le dépôt dans ces archives reste limitée. D’autant plus, le fonds de certaines archives a plus une vocation de bibliothèque numérique que d’archive ouverte. De ce fait, il serait intéressant d'améliorer la qualité et la quantité de ces archives pour contribuer à l'évolution de la recherche scientifique dans le monde arabe et à une meilleure visibilité des chercheurs et des institutions de recherche arabes | ;Résumé:Cette étude dresse un état des archives ouvertes dans le monde arabe et leurs spécificités à partir d’une grille d’analyse inspirée des travaux similaires dans le monde occidental. Ce qui ressort de cette étude, c’est que l’offre des archives ouvertes arabes est très faible et l’implication des chercheurs arabes dans le dépôt dans ces archives reste limitée. D’autant plus, le fonds de certaines archives a plus une vocation de bibliothèque numérique que d’archive ouverte. De ce fait, il serait intéressant d'améliorer la qualité et la quantité de ces archives pour contribuer à l'évolution de la recherche scientifique dans le monde arabe et à une meilleure visibilité des chercheurs et des institutions de recherche arabes | ||
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+ | Depuis les années 1990, le mouvement en faveur des Archives Ouvertes (AO)s’est imposé dans le monde de la communication scientifique comme une alternative d’accès à l’Information Scientifique et Technique (IST). | ||
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+ | En effet, ce mouvement qui s’inscrit dans une politique plus large de diffusion libre et gratuite du savoir appelée «Open Access », est venu faire face au monopole des éditeurs commerciaux marqué par les coûts exorbitants de la littérature scientifique et les restrictions d’accès à l’information. En ce sens, Bakelli (2005) affirme que les initiatives des archives ouvertes et les revues en libre accès visent à remplacer les processus d’édition traditionnelle. Une façon de mettre un terme à l’hégémonie des éditeurs commerciaux. | ||
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+ | Selon l'Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert (2002), le libre accès repose sur la mise à disposition gratuite sur Internet des travaux scientifiques, permettant à tout un chacun de lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte | ||
+ | intégral de ces travaux , ou s’en servir à toute autre fin légale, sans barrière financière, légale ou technique autre que celles indissociables de l’accès et l’utilisation d’Internet. La seule contrainte sur la reproduction et la distribution, et le seul rôle du copyright dans ce domaine devrait être de garantir aux auteurs un contrôle sur l’intégrité de leurs travaux et le droit à être correctement reconnus et cités <ref>Libre accès à l’information scientifique et technique : Actualités, problématiques et perspectives/Institut National de l’Information Scientifique et Technique (INIST). Site Web (Dernière visite le 15/04/2012), URL : http://openaccess.inist.fr/</ref>. | ||
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+ | L’Initiative de Budapest recommande deux stratégies complémentaires pour l'accès libre à l’IST dont l’auto-archivage: les chercheurs déposent leurs articles (pré-publications et post-publications) dans des archives électroniques ouvertes. | ||
+ | Pour la seconde, il s’agit des revues alternatives avec soit la création de nouvelles revues engagées dans le Libre Accès ou soit des revues existantes qui choisissent de s’orienter vers cette voie. | ||
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+ | De plus en plus d’institutions, dans un souci d’une plus grande disponibilité, soutiennent l’accès libre et sans restriction aux résultats de la recherche via les deux stratégies recommandées par l'initiative de Budapest. Si les pays occidentaux sont bien impliqués dans ce mouvement, l’implication des pays arabes reste très limitée. En effet, les études des archives ouvertes, de leurs activités, de la fréquence de leur alimentation , de leurs usages, restent très limitées dans le monde arabe. | ||
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+ | ==Les archives ouvertes : définition et rappel des faits== | ||
+ | Une archive ouverte est un réservoir de documents scientifiques en libre accès (Open access). Les chercheurs et les institutions de recherche y déposent leurs documents en texte intégral, enrichis généralement par des métadonnées, dans le respect des droits d’auteur. On utilise aussi les termes de « réservoir », de « dépôts» ou d’« entrepôt de documents » pour ces archives ouvertes. | ||
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+ | Selon Anne-Marie Benoit “...les archives ouvertes sont des réservoirs d’informations qui reposent d’une part sur le principe d’interopérabilité et d’auto archivage et qui, d’autre part, proposent le stockage et la diffusion de multiples ressources primaires via Internet” ({{CIDE lien citation|Benoit, 2005}}) | ||
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+ | {{CIDE lien citation|G. Chartron (2003)}} conclut sur une certaine ambiguïté du terme "Archive ouverte", il n'a pas la même signification selon son contexte d'utilisation. En ce sens, {{CIDE lien citation|Schopfel et Prost (2010)}} affirment qu’il n'existe pas une définition acceptée des archives ouvertes mais plusieurs approches. Parmi ces approches on peut citer celle de bibliopédia : « Une Archive Ouverte est un serveur stockant des textes sous version informatique. Il s’agit d’entrepôt d’information, d’archives vivantes, constitué par des articles scientifiques produits par la communauté de chercheurs. Pour ce qui concerne les chercheurs, l'Archive Ouverte leur autorise l’accès libre à leurs publications, via le dépôt de leur production scientifique sur un serveur configuré pour stocker leurs articles, déjà publiés (post publications) ou non (pré-publications), mais également leurs autres travaux de recherche, ainsi que les thèses»<ref>Bibliopédia,http://www.bibliopedia.fr/index.php/Archives_Ouvertes</ref> | ||
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+ | Dans ce travail nous retenons la notion des archives ouvertes telle quelle est présentée dans le glossaire de l'INIST<ref>Idem site Web INIST, rubrique Glossaire</ref> comme « un réservoir où sont déposées des données issues de la recherche scientifique et de l’enseignement et dont l’accès se veut ouvert, c’est-à-dire sans barrière. Cette ouverture est rendue possible par l’utilisation de protocoles communs qui facilitent l’accessibilité de contenus provenant de plusieurs entrepôts maintenus par différents fournisseurs de données.» | ||
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+ | Selon {{CIDE lien citation|Schopfel et Prost (2010)}}, la première initiative des archives ouvertes est celle de Paul Ginsparg en 1991, qui a mis en place le serveur de pré-prints « ArXiv » pour la communauté des physiciens. Et depuis, les déclarations en faveurs de l’Open Access se multiplient tels que : l’Appel de Budapest (02/2002), la déclaration de Bethesda (04/2003), la déclaration de Berlin (10/2003). L’écho de ces appels est important car les réservoirs d’archives se prolifèrent dans le monde entier et les chercheurs sont plus conscients que jamais de l’apport certain des archives ouvertes. | ||
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+ | En 2001, l’Open Archives Initiative (OAI) a mis en œuvre l’ Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting (OAI-PMH). Ce protocole permet l’interopérabilité des bases d’archives, c’est-à-dire l’interrogation simultanée des archives, quelle que soit leur localisation dans le monde en une seule requête. Les bases d’archives qui présentent des « fournisseurs de données » sont interrogées par des moissonneurs appelés également « fournisseurs de services », formant ainsi un système organisé de diffusion d’information et optimisant | ||
+ | de cette manière la visibilité des contenus des archives. Ce protocole facilite aux moteurs de recherche spécialisés dans le moissonnage des serveurs d’archives ouvertes, d’interroger des archives hétérogènes. | ||
+ | ==Recensement et évaluation des archives ouvertes dans le monde arabe== | ||
+ | ===Les archives ouvertes et les chercheurs dans le monde arabe=== | ||
+ | Plusieurs auteurs {{CIDE lien citation|Gdoura(2009)}}, {{CIDE lien citation|Bakelli(2005)}}, {{CIDE lien citation|Ben Allal et al.(2008)}} se sont interrogés sur le niveau d'adhésion des chercheurs arabes, dans plusieurs pays, au nouveau modèle du libre accès et de définir leurs attitudes à l’égard des archives ouvertes. Les principaux résultats dégagés de ces études affirment que les universitaires arabes ne se sont pas intéressés à l’auto-archivage de leurs prépublications ou post-publications. Selon l’enquête réalisée entre 2005 et 2007 dans 4 pays arabes à savoir la Tunisie, le Maroc, Sultanat d’Oman et Emirats Arabes Unis {{CIDE lien citation|(Gdoura, Bouazza, et al. 2009)}}, qui a touché une population de 305 chercheurs, l’usage des archives ouvertes reste très limité puisque seulement le cinquième seulement de ces chercheurs a déjà déposé des articles dans des archives ouvertes, ou bien est prédisposé à le faire. En ce sens, Gdoura (2009) affirme que les universitaires sont particulièrement réticents à l’auto-archivage des prépublications et préfèrent valider leurs travaux par les pairs avant leur diffusion. | ||
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+ | D’autres auteurs {{CIDE lien citation|Boukacem et al.(2008)}}, {{CIDE lien citation|Ben Romdhane et Ouertani(2009)}} ont soulevé la question de la participation des chercheurs maghrébins de certaines disciplines dans le mouvement du libre accès. C’est ainsi que l’étude comparative sur le libre accès en Tunisie et en Algérie dans les domaines de la physique, de l’informatique et de la santé, montre le rôle peu incitatif des terrains et des contextes algérien et tunisien pour le développement et la propagation du libre accès par et | ||
+ | pour les chercheurs {{CIDE lien citation|(Boukacem et al., 2008)}}. Cette étude a montré que des domaines comme la physique ou l’informatique, ancrés dans le libre accès dans les pays du nord, ne connaissent pas le même état de fait en raison d’un terrain peu favorable. L’autre étude sur l’implication des chercheurs tunisiens en Sciences de l’Information et de la Communication dans les archives ouvertes {{CIDE lien citation|Ben Romdhane et Ouertani(2009)}}, montre que les chercheurs tunisiens de cette discipline sont relativement bien impliqués dans l’usage des archives ouvertes puisque près de 87% de la population enquêtée constituée de 30 enseignants-chercheurs de cette discipline consultent les archives ouvertes contre 31% seulement qui déposent dans ces archives ouvertes. | ||
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Version du 2 juin 2016 à 11:59
L'offre des archives ouvertes dans le monde arabe : recensement et évaluation
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- Résumé
- Cette étude dresse un état des archives ouvertes dans le monde arabe et leurs spécificités à partir d’une grille d’analyse inspirée des travaux similaires dans le monde occidental. Ce qui ressort de cette étude, c’est que l’offre des archives ouvertes arabes est très faible et l’implication des chercheurs arabes dans le dépôt dans ces archives reste limitée. D’autant plus, le fonds de certaines archives a plus une vocation de bibliothèque numérique que d’archive ouverte. De ce fait, il serait intéressant d'améliorer la qualité et la quantité de ces archives pour contribuer à l'évolution de la recherche scientifique dans le monde arabe et à une meilleure visibilité des chercheurs et des institutions de recherche arabes
- Abstract
- This study presents the state of open archives in the Arab world and their characteristics from an analytical framework inspired from similar works in the Western world. What emerges from this study is that the availability of open archives and the involvement of Arab researchers in submitting works in these repositories remains very limited. Moreover, the content of some archives has avocation of a digital library more than an open archive. Therefore, it would be interesting to improve the quality and quantity of the archives to contribute to the evolution of scientific research in the Arab world and a better visibility of Arab researchers and research institutions.
Introduction
Depuis les années 1990, le mouvement en faveur des Archives Ouvertes (AO)s’est imposé dans le monde de la communication scientifique comme une alternative d’accès à l’Information Scientifique et Technique (IST).
En effet, ce mouvement qui s’inscrit dans une politique plus large de diffusion libre et gratuite du savoir appelée «Open Access », est venu faire face au monopole des éditeurs commerciaux marqué par les coûts exorbitants de la littérature scientifique et les restrictions d’accès à l’information. En ce sens, Bakelli (2005) affirme que les initiatives des archives ouvertes et les revues en libre accès visent à remplacer les processus d’édition traditionnelle. Une façon de mettre un terme à l’hégémonie des éditeurs commerciaux.
Selon l'Initiative de Budapest pour l’Accès Ouvert (2002), le libre accès repose sur la mise à disposition gratuite sur Internet des travaux scientifiques, permettant à tout un chacun de lire, télécharger, copier, transmettre, imprimer, chercher ou faire un lien vers le texte intégral de ces travaux , ou s’en servir à toute autre fin légale, sans barrière financière, légale ou technique autre que celles indissociables de l’accès et l’utilisation d’Internet. La seule contrainte sur la reproduction et la distribution, et le seul rôle du copyright dans ce domaine devrait être de garantir aux auteurs un contrôle sur l’intégrité de leurs travaux et le droit à être correctement reconnus et cités [1].
L’Initiative de Budapest recommande deux stratégies complémentaires pour l'accès libre à l’IST dont l’auto-archivage: les chercheurs déposent leurs articles (pré-publications et post-publications) dans des archives électroniques ouvertes. Pour la seconde, il s’agit des revues alternatives avec soit la création de nouvelles revues engagées dans le Libre Accès ou soit des revues existantes qui choisissent de s’orienter vers cette voie.
De plus en plus d’institutions, dans un souci d’une plus grande disponibilité, soutiennent l’accès libre et sans restriction aux résultats de la recherche via les deux stratégies recommandées par l'initiative de Budapest. Si les pays occidentaux sont bien impliqués dans ce mouvement, l’implication des pays arabes reste très limitée. En effet, les études des archives ouvertes, de leurs activités, de la fréquence de leur alimentation , de leurs usages, restent très limitées dans le monde arabe.
Les archives ouvertes : définition et rappel des faits
Une archive ouverte est un réservoir de documents scientifiques en libre accès (Open access). Les chercheurs et les institutions de recherche y déposent leurs documents en texte intégral, enrichis généralement par des métadonnées, dans le respect des droits d’auteur. On utilise aussi les termes de « réservoir », de « dépôts» ou d’« entrepôt de documents » pour ces archives ouvertes.
Selon Anne-Marie Benoit “...les archives ouvertes sont des réservoirs d’informations qui reposent d’une part sur le principe d’interopérabilité et d’auto archivage et qui, d’autre part, proposent le stockage et la diffusion de multiples ressources primaires via Internet” (Benoit, 2005)
G. Chartron (2003) conclut sur une certaine ambiguïté du terme "Archive ouverte", il n'a pas la même signification selon son contexte d'utilisation. En ce sens, Schopfel et Prost (2010) affirment qu’il n'existe pas une définition acceptée des archives ouvertes mais plusieurs approches. Parmi ces approches on peut citer celle de bibliopédia : « Une Archive Ouverte est un serveur stockant des textes sous version informatique. Il s’agit d’entrepôt d’information, d’archives vivantes, constitué par des articles scientifiques produits par la communauté de chercheurs. Pour ce qui concerne les chercheurs, l'Archive Ouverte leur autorise l’accès libre à leurs publications, via le dépôt de leur production scientifique sur un serveur configuré pour stocker leurs articles, déjà publiés (post publications) ou non (pré-publications), mais également leurs autres travaux de recherche, ainsi que les thèses»[2]
Dans ce travail nous retenons la notion des archives ouvertes telle quelle est présentée dans le glossaire de l'INIST[3] comme « un réservoir où sont déposées des données issues de la recherche scientifique et de l’enseignement et dont l’accès se veut ouvert, c’est-à-dire sans barrière. Cette ouverture est rendue possible par l’utilisation de protocoles communs qui facilitent l’accessibilité de contenus provenant de plusieurs entrepôts maintenus par différents fournisseurs de données.»
Selon Schopfel et Prost (2010), la première initiative des archives ouvertes est celle de Paul Ginsparg en 1991, qui a mis en place le serveur de pré-prints « ArXiv » pour la communauté des physiciens. Et depuis, les déclarations en faveurs de l’Open Access se multiplient tels que : l’Appel de Budapest (02/2002), la déclaration de Bethesda (04/2003), la déclaration de Berlin (10/2003). L’écho de ces appels est important car les réservoirs d’archives se prolifèrent dans le monde entier et les chercheurs sont plus conscients que jamais de l’apport certain des archives ouvertes.
En 2001, l’Open Archives Initiative (OAI) a mis en œuvre l’ Open Archives Initiative Protocol for Metadata Harvesting (OAI-PMH). Ce protocole permet l’interopérabilité des bases d’archives, c’est-à-dire l’interrogation simultanée des archives, quelle que soit leur localisation dans le monde en une seule requête. Les bases d’archives qui présentent des « fournisseurs de données » sont interrogées par des moissonneurs appelés également « fournisseurs de services », formant ainsi un système organisé de diffusion d’information et optimisant de cette manière la visibilité des contenus des archives. Ce protocole facilite aux moteurs de recherche spécialisés dans le moissonnage des serveurs d’archives ouvertes, d’interroger des archives hétérogènes.
Recensement et évaluation des archives ouvertes dans le monde arabe
Les archives ouvertes et les chercheurs dans le monde arabe
Plusieurs auteurs Gdoura(2009), Bakelli(2005), Ben Allal et al.(2008) se sont interrogés sur le niveau d'adhésion des chercheurs arabes, dans plusieurs pays, au nouveau modèle du libre accès et de définir leurs attitudes à l’égard des archives ouvertes. Les principaux résultats dégagés de ces études affirment que les universitaires arabes ne se sont pas intéressés à l’auto-archivage de leurs prépublications ou post-publications. Selon l’enquête réalisée entre 2005 et 2007 dans 4 pays arabes à savoir la Tunisie, le Maroc, Sultanat d’Oman et Emirats Arabes Unis (Gdoura, Bouazza, et al. 2009), qui a touché une population de 305 chercheurs, l’usage des archives ouvertes reste très limité puisque seulement le cinquième seulement de ces chercheurs a déjà déposé des articles dans des archives ouvertes, ou bien est prédisposé à le faire. En ce sens, Gdoura (2009) affirme que les universitaires sont particulièrement réticents à l’auto-archivage des prépublications et préfèrent valider leurs travaux par les pairs avant leur diffusion.
D’autres auteurs Boukacem et al.(2008), Ben Romdhane et Ouertani(2009) ont soulevé la question de la participation des chercheurs maghrébins de certaines disciplines dans le mouvement du libre accès. C’est ainsi que l’étude comparative sur le libre accès en Tunisie et en Algérie dans les domaines de la physique, de l’informatique et de la santé, montre le rôle peu incitatif des terrains et des contextes algérien et tunisien pour le développement et la propagation du libre accès par et pour les chercheurs (Boukacem et al., 2008). Cette étude a montré que des domaines comme la physique ou l’informatique, ancrés dans le libre accès dans les pays du nord, ne connaissent pas le même état de fait en raison d’un terrain peu favorable. L’autre étude sur l’implication des chercheurs tunisiens en Sciences de l’Information et de la Communication dans les archives ouvertes Ben Romdhane et Ouertani(2009), montre que les chercheurs tunisiens de cette discipline sont relativement bien impliqués dans l’usage des archives ouvertes puisque près de 87% de la population enquêtée constituée de 30 enseignants-chercheurs de cette discipline consultent les archives ouvertes contre 31% seulement qui déposent dans ces archives ouvertes.
Étude des archives ouvertes dans les pays arabes
Recensement des archives ouvertes arabes :
Nous avons sélectionné les AO arabes à partir des deux répertoires ROAR[4] et OpenDOAR[5] les plus connus dans ce domaine. L’analyse porte donc uniquement sur des sites référencés et répertoriés, validés par d’autres comités professionnels ou scientifiques. Cette approche correspond à d'autres études, comme par exemple celle de Schopfel et Prost (2010) ou de Bueno-de-la-Fuente et al. (2009) .Dans les deux répertoires ROAR et Open DOAR, nous avons pu recenser 20 sites d'archives ouvertes dans le monde arabe durant le mois d'avril 2012. Ces sites sont répartis sur 7 pays arabes seulement :Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Qatar, Soudan, Syrie et Tunisie (voir annexe1.
Évaluation des archives ouvertes arabes
Grille d’évaluation Chacune de ces archives ouvertes a été étudiée selon 18 critères d’une grille d’analyse regroupés en cinq catégories (voir annexe 2) comme suit :
- Information générale : 3 critères (nom, URL, pays),
Notes
- ↑ Libre accès à l’information scientifique et technique : Actualités, problématiques et perspectives/Institut National de l’Information Scientifique et Technique (INIST). Site Web (Dernière visite le 15/04/2012), URL : http://openaccess.inist.fr/
- ↑ Bibliopédia,http://www.bibliopedia.fr/index.php/Archives_Ouvertes
- ↑ Idem site Web INIST, rubrique Glossaire
- ↑ ROAR:Registry of Open Access Repositories.URL:http://roar.eprints.org/
- ↑ OpenDOAR:Directory of Open Access Repositories. URL:http://www.opendoar.org/
Références bibliographiques
[Benoit, 2005] ↑ Anne-marie Benoit,
[G. Chartron (2003)] ↑ G. Chartron, (2003).Les archives ouvertes dans la communication scientifique[en ligne].Urfist-Paris, janvier 2003 [consulté le 15 mars2012].Disponible à:http://urfist.enc.sorbonne.fr/anciensite/archives-ouvertes.htm
[Schopfel et Prost (2010)] ↑ Schöpfel, J et Prost, H, (2010).Développement et Usage des Archives Ouvertes en France. 1e partie : Développement. Rapport [En ligne]. Lille : Université Charles-De-Gaulle Lille 3,Laboratoire GERIICO, 49p. [Consulté le 25 Mars 2012]. Disponible à http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00497389