CIDE (2007) Hufschmitt : Différence entre versions

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Adam et Tannery se sont penchés de près sur les variations que l’on peut autoriser dans la reproduction du Discours sans risquer de le dénaturer [{{CIDE lien citation|AT 1}}, {{CIDE lien citation|avertissement}}] ; Gilson pense préférable de rectifier un peu la typographie (afin d’éviter la confusion entre les « s » et les « f » et n’hésite pas non plus à rectifier l’orthographe selon les règles modernes [{{CIDE lien citation|DESC, p. xiv}}], en citant Descartes lui-même pour se justifier. De manière générale, les variations liées à l’usage ou au confort du lecteur sont nombreuses ; outre la typographie et l’orthographe, on rappellera : la mise en page, les coupures de mots, l’indication explicite des parties, le respect des paragraphes, le respect de la ponctuation, sans parler du titre lui-même « Discours de la méthode suivi de… » (Cf. l’édition de V. Cousin) etc.
 
Adam et Tannery se sont penchés de près sur les variations que l’on peut autoriser dans la reproduction du Discours sans risquer de le dénaturer [{{CIDE lien citation|AT 1}}, {{CIDE lien citation|avertissement}}] ; Gilson pense préférable de rectifier un peu la typographie (afin d’éviter la confusion entre les « s » et les « f » et n’hésite pas non plus à rectifier l’orthographe selon les règles modernes [{{CIDE lien citation|DESC, p. xiv}}], en citant Descartes lui-même pour se justifier. De manière générale, les variations liées à l’usage ou au confort du lecteur sont nombreuses ; outre la typographie et l’orthographe, on rappellera : la mise en page, les coupures de mots, l’indication explicite des parties, le respect des paragraphes, le respect de la ponctuation, sans parler du titre lui-même « Discours de la méthode suivi de… » (Cf. l’édition de V. Cousin) etc.
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===Proposer les diverses éditions, variantes et textes préparatoires===
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Un peu différente est la facilité d’accéder aux différentes éditions d’un texte ou encore aux formes préparatoires, manuscrites ou non [{{CIDE lien citation|LEBR}},{{CIDE lien citation|HUFS1}} ]. Il en est de même pour les différentes traductions le cas échéant. Certes, les éditions papier savantes fournissent un tel produit, mais toujours figé dans une perspective de lecture précise : les variantes sont mentionnées entre crochets ou autres signes du même genre, à moins que ce ne soit en notes en bas de page ou en fin d’ouvrage, ou bien les textes sont disposés grossièrement en parallèle sur des verso et des recto (page gauche pour le texte de référence, page droite pour une traduction ou une révision) à moins que ce ne soit entre haut et bas de page ; de plus, la prise en compte de plus d’une variante entraîne vite la confusion.
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Le multi-fenêtrage permet ici des variations claires à l’infini, qu’il faut laisser à la responsabilité de l’utilisateur, par la mise en page des présentations parallèles et par le choix d’options préalables de lecture, par exemple : notes activées en fenêtre temporaire par passage de souris, telle option activée par clic droit etc… Une appréhension parallèle des traductions semble particulièrement intéressante (un exemple est réalisé dans un cdrom qui présente diverses traductions et l’original latin de l’Ethique de Spinoza).
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Le Discours est exceptionnellement pauvre sur ce point<ref>Encore que des détails distinguent l’édition Cousin et l’édition A.T. De même, Alquié corrige l’édition A.T.</ref>, mais il est intéressant de pouvoir disposer, en parallèle, de l’édition latine postérieure, que Descartes n’a pas écrite lui-même, mais qu’il a contrôlée et approuvée<ref> Il s’agit de la traduction de E. de Courcelles qui a également traduit les deux premiers essais.</ref> (de nombreuses éditions modernes marquent en notes quelques points jugés cruciaux pour la compréhension<ref>On soutiendra peut-être qu’il s’agit d’une autre œuvre, mais c'est oublier que l’auteur a pris la décision de conserver le titre et de nommer le texte traduction. Il y a cependant une alternative : soit la traduction relève d’une édition remaniée et elle doit être considérée comme édition nouvelle, soit elle prétend respecter au mieux l’original, et son intérêt tient alors aux clarifications que permettent les variations de contraintes linguistiques.</ref>). De même, alors qu’un éditeur papier aurait du mal à faire accepter un jeu de notes exposant les choix des traductions anglaises pour un public francophone, la possibilité par libre choix du lecteur de les activer ne saurait être critiquée, surtout si le texte français et la traduction peuvent être prises également comme référence de travail : qui critiquera que l’on ajoute, sans moyens supplémentaires, à la possibilité pour l’anglophone de se référer à l’original, celle de consulter la traduction anglaise pour le francophone ? Ce multi-usage dilue la responsabilité éditoriale, voire traductrice, sans la supprimer, au profit de la responsabilité du lecteur lui-même.
  
 
==Références bibliographiques==
 
==Références bibliographiques==

Version du 23 mai 2012 à 15:14

Un projet d’édition numérique autour du Discours de la Méthode de Descartes


 
 


 
Titre
Un projet d’édition numérique autour du Discours de la Méthode de Descartes
Auteurs
Benoit Hufschmitt,Daniel Mercier, Jean-Marc Leblanc, Ioan Roxin et Clément Borel.
hufschmitt.benoit@wanadoo.fr
mercier.d@club-Internet.fr
leblanc.jeanmarc@gmail.com
ioan.roxin@univ-fcomte.fr
clement.borel@gmail.com
Affiliation
Université de Franche-Comté, LASELDI Montbéliard
Mots-clés
XML ; Hypertexte ; Descartes ; Discours de la Méthode ; Philosophie ; Lien ; Edition ; Métadonnée ; Indexation ; Corpus.
Résumé 
Nous apportons ici quelques réponses, empiriques, à la question de savoir ce que l’informatique (hypertexte, gestion des données et indexation) peut apporter à l’étude rationnelle et critique d’un texte classique de la philosophie. L’exemple du Discours de la Méthode de Descartes permet d’illustrer diverses approches : comparaison des éditions, lecture arborescente, gestion des notes dans diverses éditions, présentation des ouvrages qui ont pu inspirer l’auteur ou qui commentent le texte, extraction d’autres passages du corpus proches par le lexique, etc. Par ailleurs, l’informatique ouvre des possibilités inédites de gérer les conditions d’accès au texte : mises en page et autres modes de présentation rendant le lecteur maître de l’édition

Présentation

Au début de 2000, quelques membres du Centre de Documentation et Bibliographie Philosophiques (CDBP) et du laboratoire LASELDI de l'Université de Franche-Comté décident de mener en commun une réflexion sur l’édition numérique d’un texte de philosophie en usant au mieux des possibilités offertes par les outils disponibles pour le Web[1]. Le texte choisi est, après bien des discussions, Le Discours de la Méthode de Descartes pour diverses raisons dont avant tout : son caractère emblématique, sa taille réduite, l’existence d’un commentaire fouillé et très référencé par Etienne Gilson [DESC, GILS], et enfin la présomption que nombre de droits d’auteurs sur les ouvrages utilisés ont disparu ou disparaîtront rapidement[2].


Le projet est très vite organisé selon deux axes complémentaires[3] :

Une présentation hypertextuelle du Discours et des textes liés qui auraient pu inspirer l’auteur, avec optimisation des fonctionnalités : respect ou non de la présentation des ouvrages sur papier princeps, variation de la taille des caractères, ergonomie poussée de l'interface et simplification des usages. Dans cette configuration, l’application se contente de proposer, sur simple pointage d’un passage du Discours, les références d’ouvrages d’abord, puis les textes des ouvrages eux-mêmes, cités par les commentateurs (Gilson presque exclusivement) dans leurs notes concernant le passage[4]. Les objectifs sont :

  • Construction d’une base de références sur les sources certaines, probables ou possibles du Discours ;
  • Construction d’une banque contenant l'intégralité des ouvrages référencés ;
  • Construction des liens multi-référentiels distingués en grandes classes dont l’activation dépend des options de lecture de l’utilisateur ;
  • Exploitation des métadonnées afin d’assurer une présentation hypertextuelle optimisée fondée sur des liens multiples.

Sans écarter les considérations esthétiques et ergonomiques, l’équipe de Montbéliard s’est orientée vers l’utilisation des langages de déclaration de la sémantique des contenus (XML et RDF). L’équipe travaille sur la double problématique de l'édition numérique et de la navigation dans de grands corpus textuels numériques. La mise en ligne (en mode image ou en mode texte) des ouvrages rassemblés dans les bibliothèques traditionnelles ne constitue que la première étape d'une véritable édition numérique. En effet, ce nouveau mode de publication offre des possibilités beaucoup plus riches que la seule mise à disposition des contenus textuels sur le Web, ce à quoi se limitent actuellement les opérations d'édition en ligne (la « google-isation » des bibliothèques numériques et de l’information sur Internet). Parmi ces possibilités, la création de liens hypertextuels permettant au lecteur d'accéder instantanément à des contenus sémantiquement liés au texte qu'il consulte constitue un enrichissement considérable.

La mise en œuvre d’un maximum de fonctionnalités permettant l’étude du Discours : d'abord la présentation précédente, évidemment ; puis son équivalent pour des textes de commentaires ; des présentations inversées allant des textes référencés vers le Discours ; une présentation parallèle de l’édition princeps, de l’édition latine, de diverses traductions ; des outils de recherche par lexique et par mots-clés ; sans oublier une base bibliographique et un minimum d’informations biographiques, contextuelles, etc. (Cf. les deux cdroms consacrés à Descartes et publiés dans les années 95, ainsi que les nombreuses réalisations de même type).

On a distingué principalement ici les objectifs suivants :

  • Construction d’une base de références sur les sources possibles du Discours et d’un corpus des ouvrages référencés ainsi que des liens (Cf. infra), avec mise en place des liens inversés ;
  • Idem pour les commentaires ;
  • Numérisation et mise en parallèle des éditions du Discours [5] ;
  • Construction de programmes de gestion du lexique ;
  • Construction d’une base et de programmes de gestion de mots clés.

Ajoutons que ces deux projets ont toujours été compris dans une perspective de généralisation, elle-même double :

  • Possibilité de construire le même type d’application sur n’importe quel autre ouvrage de philosophie, ce qui demande, à l’opposé des modes récentes de programmation, une séparation claire entre les données et les procédures de traitement.
  • Mise en place graphique d’un espace indiquant "cartographiquement" les corrélations de tous ces ouvrages ainsi saisis (sur le modèle des cartes du moteur Kartoo).

De nombreuses difficultés, pratiques plutôt que théoriques, se sont présentées et empêchent actuellement le projet de dépasser le niveau d’un prototype.

La base des références sur les sources possibles s’est révélée être un travail énorme de numérisation, avec des moyens plutôt dérisoires pour cette entreprise (matériels et logiciels personnels). La banque des textes eux-mêmes est loin d'être complète. Elle s’est limitée à la récupération sur le WEB de quelques ouvrages en libre accès (issus de Gallica, ABU, Bibliothèque des Sciences Sociales etc.), à la récupération de l’édition numérisée sur cdrom par Past-Master des Œuvres Complètes de Descartes dans l’édition Adam-Tannery[6], et à la numérisation personnelle de divers ouvrages. Les références issues des notes au Discours de la Méthode de Gilson (plus de 1200), de Alquié (environ 300), celles que l’on peut extrapoler de l’Index Scolastico-cartésien (environ 250) et les citations ponctuelles d’un certain Minos du début du XXème (environ 850) ont été introduites dans une base de données. Les liens vers les textes proposés ont été installés au mieux des numérisations disponibles ou réalisées.

Les réalisations informatiques n’ont été qu’ébauchées. Le premier axe relève encore de l’esquisse. Pour pallier l’absence d’application réelle concernant le second axe – généraliser au maximum les approches informatiques du texte – dont la logique est de s’inscrire dans la continuité des réalisations du premier axe, une application très empirique a finalement été produite par B. Hufschmitt, en utilisant des outils du WEB 1 : en EasyPHP sur des bases MY_SQL. Si l’ensemble fonctionne, l’ergonomie laisse à désirer. L’automatisation des procédures pourrait être bien meilleure et l’interfaçage de modifications des informations est tout à fait rudimentaire.

Pour que le lecteur puisse juger de la pertinence de la poursuite du travail, cet article rappellera d'abord, en reprenant partiellement un article antérieur [HUFS2], ce que l'on peut espérer de la numérisation d'un texte de philosophie en général ; puis il présentera rapidement l'état de réalisation du projet.

Généralités sur ce que peut apporter la numérisation d'un texte de philosophie

Présenter un ouvrage de philosophie, classique de plus, en format numérique et comme hypertexte appelle de nombreuses objections et critiques de principe, surtout lorsqu’il s’agit de l’ouvrage par excellence : le Discours de la Méthode de Descartes. Nous ne discuterons pas de la pertinence de ces critiques, si ce n'est pour dire qu'elles occultent systématiquement les possibilités nouvelles d'approche d'un texte (philosophique). Ce sont ces usages, que l'informatique seule permet, ou du moins améliore, que nous voulons dégager ici.

Le principe général de ce projet est assez simple : optimiser les aides à la lecture du texte par les moyens de l’informatique et surtout ceux de la présentation hypertextuelle. On peut penser que l’hypertexte promet des bouleversements de même nature que ceux que le codex, puis l’imprimerie, ont provoqués : un élargissement des manières de parcourir cette suite linéaire de signes graphiques que représente un texte, au détriment, sans les annuler cependant, des fonctionnalités anciennement établies. De plus, à l’instar d’une encyclopédie, mais pour d’autres raisons, le texte de type argumentatif trouve dans l’hypertexte un moyen d’approcher l’idéal des conditions pour sa lecture, à savoir une mise à disposition optimisée des moyens pour l’évaluer de manière rationnellement critique[7]. Voici les fonctionnalités que nous avons dégagées :

Modifier les styles et conditions de présentation

En regard de la fixité d’un texte écrit sur support papier, où les conditions de variations de lectures sont externes et posées comme accessoires (intensité lumineuse, usage de loupes et lunettes), on peut proposer sur un support informatique une multitude d’affichages par bascules d’options de présentation du texte ou par action directe sur ce qui est présenté à l’écran : changement de police, grossissement, modification de taille des lignes, choix des marqueurs différentiels tels gras ou guillemets, coupure ou non des mots en fin de ligne, présentation et type de présentation des images et dessins, accès aux seuls titres et sous-titres etc.[7]. Ces variations sont accessibles par simple usage d’un traitement de texte, pour autant que le document puisse y être soumis, mais elles peuvent être également intégrées dans le cadre d’un logiciel spécifique de présentation. Fort spectaculaire est l’utilisation de pages de texte en approche graphique vectorielle permettant au lecteur de choisir sans aucune difficulté le format des pages sans modifications autres de présentation.

Ces fonctionnalités qui relèvent du traitement de texte n’ont guère été travaillées, sinon que, dans le projet de Montbéliard, le texte est proposé dans un environnement Flash, afin de permettre de modifier sans efforts ni désagréments la taille des caractères et des fenêtres de lecture.

Reproduire les éditions “ marquantes ” dans leur matérialité

Le format image, voire un patient travail de mise en forme du texte ASCII peut permettre au lecteur d’approcher l’ouvrage dans l’essentiel des particularités de la réception primitive. Certes une approche informatique semble inutile pour cela : la mise en page, le respect des graphies ou la pagination ont été reproduits au mieux dès l’édition Adam-Tannery de notre texte, et les reproductions offset, telles celles de l’éditeur Olms dans les années 70, semblent meilleures, ne serait-ce que par la conservation d’un support papier[8].

Ce que permet ici le support informatique est autre : d’une part la facilité d’accès à ces formes par la modestie de leur coût de réalisation (et de leur appréhension), la possibilité de les multiplier rapidement et de mettre un grand nombre de reproductions intéressantes à disposition de tout public (les différentes éditions initiales, les éditions princeps, et encore des exemplaires annotés par tel ou tel grand nom de la philosophie) ; d’autre part, et surtout, l’accès comparé immédiat de ces formes. Alors que le document papier est pris ici dans une alternative lourde à manipuler, la numérisation permet un basculement immédiat, à volonté, des formes graphiques utilisées, et peut en proposer la multiplication. Par exemple, pour le Discours de la Méthode, le lecteur pourrait choisir une police similaire à l’édition originale (Adam-Tannery), une police approximativement similaire (Gilson) ou une police moderne.

Il n’empêche cependant que l’avantage reste modeste et qu’une copie sur support papier mérite d’être privilégiée pour de telles opérations, sans oublier cependant que ce dernier lui-même ne peut récupérer la moindre miette de la magie de tenir entre ses mains un original, nécessaire à une approche, philosophico-artistique, de l’œuvre.

En résumé, la numérisation du texte peut permettre d’installer le lecteur comme responsable de ses conditions d’édition, de ce qu’il juge ou non important pour la réception de l’ouvrage.

Adam et Tannery se sont penchés de près sur les variations que l’on peut autoriser dans la reproduction du Discours sans risquer de le dénaturer [AT 1, avertissement] ; Gilson pense préférable de rectifier un peu la typographie (afin d’éviter la confusion entre les « s » et les « f » et n’hésite pas non plus à rectifier l’orthographe selon les règles modernes [DESC, p. xiv], en citant Descartes lui-même pour se justifier. De manière générale, les variations liées à l’usage ou au confort du lecteur sont nombreuses ; outre la typographie et l’orthographe, on rappellera : la mise en page, les coupures de mots, l’indication explicite des parties, le respect des paragraphes, le respect de la ponctuation, sans parler du titre lui-même « Discours de la méthode suivi de… » (Cf. l’édition de V. Cousin) etc.

Proposer les diverses éditions, variantes et textes préparatoires

Un peu différente est la facilité d’accéder aux différentes éditions d’un texte ou encore aux formes préparatoires, manuscrites ou non [LEBR,HUFS1 ]. Il en est de même pour les différentes traductions le cas échéant. Certes, les éditions papier savantes fournissent un tel produit, mais toujours figé dans une perspective de lecture précise : les variantes sont mentionnées entre crochets ou autres signes du même genre, à moins que ce ne soit en notes en bas de page ou en fin d’ouvrage, ou bien les textes sont disposés grossièrement en parallèle sur des verso et des recto (page gauche pour le texte de référence, page droite pour une traduction ou une révision) à moins que ce ne soit entre haut et bas de page ; de plus, la prise en compte de plus d’une variante entraîne vite la confusion.

Le multi-fenêtrage permet ici des variations claires à l’infini, qu’il faut laisser à la responsabilité de l’utilisateur, par la mise en page des présentations parallèles et par le choix d’options préalables de lecture, par exemple : notes activées en fenêtre temporaire par passage de souris, telle option activée par clic droit etc… Une appréhension parallèle des traductions semble particulièrement intéressante (un exemple est réalisé dans un cdrom qui présente diverses traductions et l’original latin de l’Ethique de Spinoza).

Le Discours est exceptionnellement pauvre sur ce point[9], mais il est intéressant de pouvoir disposer, en parallèle, de l’édition latine postérieure, que Descartes n’a pas écrite lui-même, mais qu’il a contrôlée et approuvée[10] (de nombreuses éditions modernes marquent en notes quelques points jugés cruciaux pour la compréhension[11]). De même, alors qu’un éditeur papier aurait du mal à faire accepter un jeu de notes exposant les choix des traductions anglaises pour un public francophone, la possibilité par libre choix du lecteur de les activer ne saurait être critiquée, surtout si le texte français et la traduction peuvent être prises également comme référence de travail : qui critiquera que l’on ajoute, sans moyens supplémentaires, à la possibilité pour l’anglophone de se référer à l’original, celle de consulter la traduction anglaise pour le francophone ? Ce multi-usage dilue la responsabilité éditoriale, voire traductrice, sans la supprimer, au profit de la responsabilité du lecteur lui-même.

Références bibliographiques

[1] R. Monti et F. Roubelat,  "La boîte à outils de prospective stratégique et la prospective de défense : rétrospective et perspectives, Actes des Entretiens Science & Défense, Paris 1998".

Notes

  1. Les remarques générales sur ce sujet sont fréquentes [VAND], [CHAR, 19 sq.]. Les illustrations sur le Web ou sur cdrom de certaines approches sont légion (arborescence, aide lexicale, éditions comparées). Notre originalité se réduit à la mise à disposition simultanée de toutes les approches repérées (dans le contexte d’un ouvrage philosophique) et à la gestion des références explicatives et commentatives. Aucun site, à notre connaissance, ne dépasse les quelques pages de présentation de l’auteur (celui de l’Agora Philosophique par exemple [AGOR]). Un site, cependant, nous a été signalé récemment, HyperNietzsche [HYPE], qui semble proche de notre projet. Une étude un peu attentive indique que ce n’est pas le cas, relevant avant tout d’un projet éditorial ambitieux autant que salutaire et de la volonté de restituer au plus près la réalité de l’écriture chaotique de Nieszche, alors que notre texte est clairement fixé depuis ses origines. Il relève de même d’une conception très différente du texte philosophique (fournir le texte même et le contexte précis de production de l’auteur) , alors que nous proposons des auxiliaires à l’analyse raisonnée et critique d’un texte qui prétend à la rigueur argumentative. Il n’empêche que ce site propose à sa marge certaines des fonctionnalités que nous avons placées au centre de notre projet (accès aux notes de commentaires et aux textes référés), et réciproquement (présentation en mode image de l’édition originale du Discours). Pour une présentation un peu plus théorique de notre projet cf. [HUFS1], de celui de l’Hypernietzsche cf. [IORI] et les divers documents fournis en ligne sur le site.
  2. Edition Adam-Tannery des Œuvres de Descartes [AT] : 1897-1913, Index Scolastico-cartésien de Gilson [GILS] : 1912, édition du Discours par Gilson [DESC] : 1926, Correspondance de Descartes par Adam et Milhaud : 1936-1941. Outre le cdrom Past master [PAST] qui fournit la plus grande partie de l’œuvre cartésienne (avec des possibilités de recherche lexicale par formules booléennes), deux cdrom hypertextuels concernant Descartes ont été produits au milieu des années 90 [GUEH, CHRE], dans une approche habituelle des hypertextes.
  3. Cette complémentarité est notée dans l’introduction de [GHIT, p. 21] et compose la plus grande partie de sa conclusion [GHIT, p. 217 sq.].
  4. Par exemple, Gilson indiquant à propos des mots « Le bon sens est la chose au monde… » que Montaigne (Essais, livre II, chap. XVII, tome II, p. 443 de l’édition Strowski) est sans doute une source d’inspiration pour Descartes, une action de la souris sur ce passage doit fournir la référence, une autre action afficher le texte lui-même, correctement positionné dans l’ouvrage.
  5. Cf. le cdrom : Lire l’Ethique de Spinoza [SPIN].
  6. Se pose ici le problème du droit à user de ces numérisations. Pour tempérer, nous avons dégradé volontairement les fichiers de Past-Master en éliminant tous les dessins et images.
  7. Christian VANDENDORPE indique que les responsabilités d’édition sont transférées vers le lecteur [VAND,p 90.
  8. Gallica propose un large éventail de numérisation image de textes originaux, mais pas le Discours de la Méthode lui-même.
  9. Encore que des détails distinguent l’édition Cousin et l’édition A.T. De même, Alquié corrige l’édition A.T.
  10. Il s’agit de la traduction de E. de Courcelles qui a également traduit les deux premiers essais.
  11. On soutiendra peut-être qu’il s’agit d’une autre œuvre, mais c'est oublier que l’auteur a pris la décision de conserver le titre et de nommer le texte traduction. Il y a cependant une alternative : soit la traduction relève d’une édition remaniée et elle doit être considérée comme édition nouvelle, soit elle prétend respecter au mieux l’original, et son intérêt tient alors aux clarifications que permettent les variations de contraintes linguistiques.