Introduction médecine expérimentale (1865) Bernard/Partie 3/Chapitre 1 : Différence entre versions

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(Une recherche expérimentale a pour point de départ une hypothèse ou une théorie.)
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(Premier exemple.)
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'''Premier exemple.''' - En 1843, dans un de mes premiers travaux, j’entrepris d’étudier ce que deviennent les différentes substances alimentaires dans la nutrition. Je commençai, ainsi que je l’ai déjà dit, par le sucre, qui est une substance définie et plus facile que toutes les autres à reconnaître et à poursuivre dans l’économie. J’injectai dans ce but des dissolutions de sucre de canne dans le sang des animaux et je constatai que ce sucre, même injecté dans le sang à faible dose, passait dans les urines. Je reconnus ensuite que le suc gastrique, en modifiant ou en transformant ce sucre de canne, le rendait assimilable, c’est-à-dire destructible dans le sang<sup>({{Gallica page|fonction=Appel de note|ref=1}})</sup>.
 
'''Premier exemple.''' - En 1843, dans un de mes premiers travaux, j’entrepris d’étudier ce que deviennent les différentes substances alimentaires dans la nutrition. Je commençai, ainsi que je l’ai déjà dit, par le sucre, qui est une substance définie et plus facile que toutes les autres à reconnaître et à poursuivre dans l’économie. J’injectai dans ce but des dissolutions de sucre de canne dans le sang des animaux et je constatai que ce sucre, même injecté dans le sang à faible dose, passait dans les urines. Je reconnus ensuite que le suc gastrique, en modifiant ou en transformant ce sucre de canne, le rendait assimilable, c’est-à-dire destructible dans le sang<sup>({{Gallica page|fonction=Appel de note|ref=1}})</sup>.
  
Alors je voulus savoir dans quel organe ce sucre alimentaire disparaissait, et j’admis par hypothèse que le sucre que l’alimentation introduit dans le sang pourrait être détruit dans le poumon ou dans les capillaires généraux. En effet, la théorie régnante à cette époque et qui devait être naturellement mon point de départ, admettait
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Alors je voulus savoir dans quel organe ce sucre alimentaire disparaissait, et j’admis par hypothèse que le sucre que l’alimentation introduit dans le sang pourrait être détruit dans le poumon ou dans les capillaires généraux. <span id="#TLF, exemple, respiratoire"></span>En effet, la théorie régnante à cette époque et qui devait être naturellement mon point de départ, admettait
 
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Portrait of Claude Bernard (1813-1878), French physiologist Wellcome V0026035.jpg      
Introduction à l’étude de la médecine expérimentale
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Auteur
Claude Bernard


     
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Exemples d’investigation expérimentale physiologique


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Les idées que nous avons développées dans les deux premières parties de cette introduction seront d’autant mieux comprises que nous pourrons en faire l’application aux recherches de physiologie et de médecine expérimentales et les montrer ainsi comme des préceptes faciles à retenir pour l’expérimentateur. C’est pourquoi j’ai réuni dans ce qui va suivre un certain nombre d’exemples qui m’ont paru les plus convenables pour atteindre mon but. Dans tous ces exemples, je me suis, autant que possible, cité moi-même, par cette seule raison qu’en fait de raisonnement et de procédés intellectuels, je serai bien plus sûr de ce que j’avancerai en racontant ce qui m’est arrivé qu’en interprétant ce qui a pu se passer dans l’esprit des autres. D’ailleurs je n’ai pas la prétention de donner ces exemples comme des modèles à suivre ; je ne les emploie que pour mieux exprimer mes idées et mieux faire saisir ma pensée.


- 266 (G) -

Des circonstances très diverses peuvent servir de point de départ aux recherches d’investigations scientifiques ; je ramènerai cependant toutes ces variétés à deux cas principaux :

  • 1º Une recherche expérimentale a pour point de départ une observation.
  • 2º Une recherche expérimentale a pour point de départ une hypothèse ou une théorie.

Une recherche expérimentale a pour point de départ une observation

Les idées expérimentales naissent très souvent par hasard et à l’occasion d’une observation fortuite. Rien n’est plus ordinaire, et c’est même le procédé le plus simple pour commencer un travail scientifique. On se promène, comme l’on dit, dans le domaine de la science, et l’on poursuit ce qui se présente par hasard devant les yeux. Bacon compare l’investigation scientifique à une chasse ; les observations qui se présentent sont le gibier. En continuant la même comparaison, on peut ajouter que si le gibier se présente quand on le cherche, il arrive aussi qu’il se présente quand on ne le cherche pas, ou bien quand on en cherche un d’une autre espèce. Je vais citer un exemple dans lequel ces deux cas se sont présentés successivement. J’aurai soin en même temps d’analyser chaque circonstance de cette investigation physiologique, afin de montrer l’application des principes que nous avons développés dans la première partie de cette Introduction et principalement dans les chapitres 1er et IIe.


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Premier exemple

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Deuxième exemple (suite du précédent)


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Troisième exemple

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Quatrième exemple

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Cinquième exemple

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- 281 (G) -

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...

Une recherche expérimentale a pour point de départ une hypothèse ou une théorie.

Nous avons déjà dit (p. 56) et nous verrons plus loin que dans la constatation d’une observation, il ne faut jamais aller au-delà du fait. Mais il n’en est pas de même dans l’institution d’une expérience ; je veux montrer qu’à ce moment les hypothèses sont indispensables et que leur utilité est précisément alors de nous entraîner hors du fait et de porter la science en avant. Les hypothèses ont pour objet non seulement de nous faire faire des expériences nouvelles, mais elles nous font découvrir souvent des faits nouveaux que nous n’aurions pas aperçus sans elles. Dans les exemples qui précèdent nous avons vu que l’on peut partir d’un fait particulier pour s’élever successivement à des idées plus générales, c’est-à-dire à une théorie. Mais il arrive aussi, comme nous venons de le voir, qu’on peut partir d’une hypothèse qui se déduit d’une théorie. Dans ce cas, bien qu’il s’agisse d’un raisonnement déduit logiquement d’une théorie, c’est néanmoins encore une hypothèse qu’il faut vérifier


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par l’expérience. Ici en effet les théories ne nous représentent qu’un assemblage de faits antérieurs sur lesquels s’appuie l’hypothèse, mais qui ne sauraient lui servir de démonstration expérimentale. Nous avons dit que dans ce cas il fallait ne pas subir le joug des théories, et que garder l’indépendance de son esprit était la meilleure condition pour trouver la vérité et pour faire faire des progrès à la science. C’est ce que prouveront les exemples suivants.

Premier exemple.

Premier exemple. - En 1843, dans un de mes premiers travaux, j’entrepris d’étudier ce que deviennent les différentes substances alimentaires dans la nutrition. Je commençai, ainsi que je l’ai déjà dit, par le sucre, qui est une substance définie et plus facile que toutes les autres à reconnaître et à poursuivre dans l’économie. J’injectai dans ce but des dissolutions de sucre de canne dans le sang des animaux et je constatai que ce sucre, même injecté dans le sang à faible dose, passait dans les urines. Je reconnus ensuite que le suc gastrique, en modifiant ou en transformant ce sucre de canne, le rendait assimilable, c’est-à-dire destructible dans le sang(1).

Alors je voulus savoir dans quel organe ce sucre alimentaire disparaissait, et j’admis par hypothèse que le sucre que l’alimentation introduit dans le sang pourrait être détruit dans le poumon ou dans les capillaires généraux. En effet, la théorie régnante à cette époque et qui devait être naturellement mon point de départ, admettait


(1) Claude Bernard, thèse pour le doctorat en médecine. Paris


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que le sucre qui existe chez les animaux provient exclusivement des aliments et que ce sucre se détruit dans l’organisme animal par des phénomènes de combustion, c’est-à-dire de respiration.

C’est ce qui avait fait donner au sucre le nom d’aliment respiratoire. Mais je fus immédiatement conduit à voir que la théorie sur l’origine du sucre chez les animaux, qui me servait de point de départ, était fausse. En effet, par suite d’expériences que j’indiquerai plus loin, je fus amené non à trouver l’organe destructeur du sucre, mais au contraire je découvris un organe formateur de cette substance, et je trouvai que le sang de tous les animaux contient du sucre, même quand ils n’en mangent pas. Je constatai donc là un fait nouveau, imprévu par la théorie et que l’on n’avait pas remarqué, sans doute, parce que l’on était sous l’empire d’idées théoriques opposées auxquelles on avait accordé trop de confiance. Alors, j’abandonnai tout aussitôt toutes mes hypothèses sur la destruction du sucre, pour suivre ce résultat inattendu qui a été depuis l’origine féconde d’une voie nouvelle d’investigation et une mine de découvertes qui est loin d’être épuisée.

...

Deuxième exemple, suite du précédent.

...

Troisième exemple.


Voir aussi