Carillon (Trésor de la langue française)

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Trésor de la langue française
CNRS (entre 1971 et 1994)

Carillon
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Le Gamma 60 sur lequel tournaient les programmes informatiques du TLF

Cette page reprend l'article « Carillon » du Trésor de la langue française[1]. Elle complète la page encyclopédique « Carillon ».

Elle reprend l'information donnée dans le TLFi, avec une mise en page un peu différente, la résolution des abréviations et un ajout de liens directs ou sémantiques.'

Dans les tours et clochers

Dispositif (dans les clochers d'églises ou dans les tours d'hôtels de ville) qui permet de faire résonner alternativement plusieurs cloches formant harmonie entre elles :
  • Il n'y a pas de grande ville belge où un carillon, juché dans le beffroi, ne vienne tous les quarts d'heure amuser l'artisan à son établi, ... par les étranges harmonies de ses sonorités métalliques. Taine, Philos. de l'art,t. 1, 1865, p. 261.

Par métonymie

a) Battement de cloches à coups précipités, avec une sorte de mesure et d'accord.
Sonner le carillon.
Sonner à double carillon (Ac. 1835-1932).
  • *Les cloches de la paroisse de * sonnèrent en carillon (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 1, 1811, p. 249).
b) Sonnerie de cloches de carillon (vive et gaie); air exécuté sur ces cloches :
  • un ravissant carillon est venu à mon secours, un carillon fin, léger, cristallin, fantastique, aérien, qui a éclaté brusquement dans cette nuit noire, nous annonçant la Belgique, cette terre des étincelantes sonneries, et prodiguant sans fin son babillage moqueur, ironique et spirituel. Hugo, Le Rhin,1842, p. 47.
- Par comparaison
  • Le gai carillon des campanelles des harnais des chevaux (T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 9).
- Par métaphore
  • J'ai entendu en moi-même un grand carillon joyeux (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 451):
c) Œuvre musicale tirant son caractère d'une imitation plus ou moins stylisée d'un carillon véritable.
Écrire des carillons (E. Guiraud, H. Busser, Traité pratique d'instrumentation,1933, p. 96).

Par métaphore (ou au figuré)

a) Bruit, son qui se répète ou qui s'égrène à la façon d'un carillon.
  • La première voiture de laitier secoua au dehors un carillon de verrerie Colette, Chéri,1920, p. 223).
b) Familier : Tapage, vacarme.
Faire du carillon
  • Entends-tu le carillon qu'ils font? Paf, les portes! Clip-clap, les assiettes, les plats, les fourchettes, les bouteilles! Il me semble que j'entends chanter. (Musset, Le Chandelier,1840, II, 2, p. 51.
  • Faire du carillon et du scandale (Pourrat, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, p. 217).
c) Ce qui sert à annoncer quelque chose à grand bruit.
  • On mit en branle le carillon de la publicité (Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 57).
d) Jaillissement :
  • il [M. Tadéma] a aussi une note singulière, (...) jetant dans la pâle et tendre assonance de ses teintes des carillons de magnifique rouge, ... (Huysmans, L'Art mod.,1883, p. 210).

Par analogie

En horlogerie

Ensemble de cloches ou de timbres d'horloge ou de pendule, accordés, sur lesquels frappent des marteaux pour jouer un air musical;
horloge ainsi conçue :
  • j'(...) ai vu fonctionner le carillon, qui a trente-six cloches et cinquante-deux marteaux. Figurez-vous un énorme rouleau d'orgue de Barbarie, mis en jeu par le mécanisme de l'horloge, et dont les pointes, heurtant les touches d'un clavier de fer, soulèvent et font retomber le marteau qui doit frapper les cloches. Du Camp, En Hollande,1859, p. 177.

Par métonymie

Air sonné par une horloge ou une pendule à certains intervalles.

Horloge, pendule, montre à carillon (Ac. 1835-1932).
  • Le carillon de la Samaritaine (cf. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 5, 1814, p. 133).
  • L'horloge du château sonnait sept heures avec carillon de musique à la mode des Flandres (G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré,t. 1, 1858, p. 70).

En musique

Instrument de musique composé de lames d'acier ou d'une série de tubes que l'on frappe avec un marteau ou avec la main
(cf. (Lavignac, Mus. et musiciens,1895, p. 180).

Autre sens courant

Sonnette d'appel à la porte de quelqu'un (modulant un petit air de musique); sonnerie.
  • Il ébranla, d'un coup furieux, le lourd gland de soie rouge. Un carillon retentit, s'apaisa par degrés (Flaubert, L'Éducation sentimentale,1869, p. 81).

Étymologie et histoire

1. 1190 quaregnon « parchemin plié en quatre » (Roman d'Alexandre, 416, 29 ds T.-L.);
ca 1218-1240 en quarrillon « en carré » (Gaydon, éd. F. Guessard et S. Luce, 287, ibid.);
ne subsiste que dans le syntagme fer de carillon attesté dep. Félibien Dict. 1676;
2. 1178 soner a carenon « sonner en carillon [de quatre cloches] » (Renart, 3341 ds T.-L.);
1345 quarrellon « sonnerie de quatre cloches » (Arch. hospit. de Paris, II, 154 ds Gdf. Compl.);
1657 p. ext. « tintement » (Cyrano de Bergerac, L'autre monde, p. 138 ds IGLF Litt.);
1718 faire carillon « faire du tapage » (Le Roux, p. 93).

Du lat. vulg. *quadrinionem, altération, d'apr. les mots commençant par quadri-, du b. lat. quaternio attesté dans la Vulgate pour désigner un groupe de quatre soldats puis au Ves. un cahier de quatre feuillets (cf. Blaise); de là un ensemble en forme de carré ou formé de quatre objets.


Divers

Remarques

Les dictionnaires (Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Littré, DG, Guérin 1892, Quillet 1965) attestent le syntagme (fer de) carillon « tige de fer carrée » (cf. F. Fillon, Le Serrurier, 1942, p. 29 et Barb.-Cad. 1971), où se conserve le sens ancien du mot (cf. étymol.).

Prononciation et Orthographe

[kaʀijɔ ̃]. Ds Ac. 1694-1762 sous la forme carrillon; ds Ac. 1798-1932 sous la forme moderne.


Voir aussi

Notes
  1. Définitions lexicographiques et étymologiques de Carillon du CNRTL.
Notes de gestion
  • signalement 16 septembre 2018