L’Espérance, Courrier de Nancy/Inventaire musical/1841

De Musamat
logo travaux Page en construction

Remarques

Journaux non paginés et non numérotés


samedi, 20 février 1841.

fascicule n°26

Original [p. 1]
Lien

C’est dimanche dernier, 14 du courant, qu’a eu lieu le sacre de M. Rœss, évêque de Rhodiopolis, coadjuteur de Strasbourg. Dès la veille, tous les préparatifs avaient eu lieu dans la cathédrale, qui était ornée de guirlandes et de draperies du meilleur goût. Mgr. l’archevêque de Besançon remplissait les fonctions de prélat consécrateur, et MM. SS. les évêques de St. Dié et de Joppé, coadjuteur de Nancy, celles de prélats assistants.
A neuf heures du matin, les portes de la cathédrale ayant été ouvertes, une foule immense, tant de la ville que des environs, a bientôt rempli la vaste basilique qui, depuis plus de trois siècles, n’avait pas vu pareille solennité sous ses voûtes majestueuses. Un clergé nombreux accouru pour assister au sacre de son nouvel évêque, entourait les prélats, et suivait avec un vif intérêt tous les détails d’une des plus majestueuses cérémonies de notre sainte religion. Tout s’est passé dans le plus grand ordre, et l’on peut dire dans un recueillement difficile à attendre d’une aussi nombreuse assistance, dans laquelle se trouvaient bon nombre de dissidents. Nous avons surtout remarqué le majestueux silence qui a accompagné les paroles de la consécration prononcées à haute voix, suivant l’usage , par l’archevêque officiant ; on eût dit que ce moment solennel où la victime sans tache descend sur nos autels, avait pénétré tous les cœurs d’un saint respect (*). Immédiatement après la messe et pendant le chant du Te Deum, le nouvel évêque accompagné de ses assistants, a fait processionnellement le tour de sa cathédrale , répandant sa première bénédiction sur la foule qui se pressait pour le contempler, et que contenait à peine une haie formée par les troupes de la garnison.

(*) La messe chantée en musique a été parfaitement exécutée par un nombreux orchestre ; on a remarqué surtout l'O salutaris ainsi que le Te Deum dont l'exécution n'a rien laissé à désirer.


mardi, 23 février 1841.

fascicule n°27

Original [p. 3]
Lien

Malgré des études fortsuivies sur la musique, il paraît qu’on s’est encore occupé fort peu de la pose et de l’accord des cloches. Ce que de grands artistes n’ont pas fait, le jeune Chicot, de Caen, vient de l’exécuter. Simple perruquier, il a quitté la boutique de sa mère pour parcourir d’abord le midi de l’Europe. Il a trouvé généralement que les leviers étaient trop longs, les battants sans proportion, la charpente massive et mal construite, enfin la couronne et la colombette des bourdons défectueuses. M. Chicot n’a pas seulement remédié à ces mauvaises conformations, il est parvenu aussi à réduire du tiers et même de moitié le nombre des sonneurs. C’est ce qu’ont attesté des fonctionnaires municipaux et ecclésiastiques de Bourges, Riom, Limoges, Grenoble, Chambéry. Des masses du poids de cinq à douze mille kilogrammes sont à présent mises en grande volée par quatre, au plus six hommes. Les deux capitales de la Russie, qui ont des cloches monstrueuses, profilent maintenant de l'invention de L’artiste français. M. Chicot a été appelé aussi en Suède, d’où il va revenir par les principales villes de l’Allemagne et de la Belgique.



mardi, 06 avril 1841.

fascicule n°45

Original [p. 3]
Lien

Nous nous empressons d’annoncer aux amateurs de bonne musique, la présence parmi nous du célèbre pianiste et compositeur Mansuy; le souvenir qu’il nous a laissé de son talent doit être resté gravé dans la mémoire de tous.
Il donnera un concert le samedi, 10 de ce mois : Mlle Mansuy, cantatrice distinguée, et nous appartenant comme lorraine, se fera entendre pour la première fois en notre ville.
M. Mansuy comptant passer quelque temps à Nancy est dans l’intention d’offrir, comme à son dernier séjour, ses soins pour le professorat de piano. On pourra s’adresser chez lui, rue de l’Esplanade, n° 20, au rez-de-chaussée.



samedi, 8 mai 1841.

fascicule°59

Original [p. 1]


Original [p. 1]


Original [p. 1]
Lien

UNE MATINEE MUSICALE.
Il y a quelques jours, l’élite de la société de Nancy se réunissait dans la salle de l’Université pour y entendre un concert donné par une famille entière d’artistes. C’est une bonne idée que celle d’une matinée musicale pendant les chaleurs de l’été, et une intéressante famille que celle de M. Mansui. Quant a lui personnellement, sa décoration de la Légion-d’Honneur et ses cheveux blancs annoncent un homme blasé sur la gloire. Sa fille aînée, Mademoiselle Caliste, joint à un air de distinction et de modestie un talent véritable sur le piano. Néanmoins le piano a fait depuis Thalberg de si bruyants, de si effrayants progrès, qu’il deviendra bientôt impossible aux vrais amateurs de musique d’approcher de cet instrument, si ce n'est comme on le ferait d’un tambour, ou d’une machine curieuse, mais agréable, non pas.
A ceux et celles qui s’occupent de piano, et ne savent comment se frayer un passage à travers la foule de leurs concurrents, nous enseignons une voie nouvelle, aujourd’hui que la nouveauté même doit prouver sa noblesse par son ancienneté ; c'est la carrière de l’organiste. Carrière magnifique et sainte, dans laquelle trébuchent tous ceux qui n’y entrent que par spéculation et non par sentiment. Nous n’avons pas en France dix organistes dignes de ce nom. Ce sont tous jeunes gens qui font un métier au lieu de remplir une vocation. Ils mériteraient qu’on leur mît sur la porte de leur orgue : « Un tel, se disant organiste, ne joue que du piano, ne touche à la messe que des opéras, et va-t-en ville. » Nous connaissons encore quelques-uns de vieux, mais braves représentants de la sainteté l’orgue. Venez les voir à l’église, priant dans les intervalles leur musique, refusant toute conversation, et ne faisant parler à l'instrument divin qu’un langage digne de leur àme et du lieu où il repose comme un vase sacré de plus.
Que si la jeune femme à qui s'adresse ce petit traité sur l’orgue nous répond qu’un artiste, ayant une famille à soutenir, une position à se faire, ne peut trouver le pain quotidien dans les sept ou huit cents francs alloués par la fabrique des meilleures églises ; nous lui répliquerons à notre tour que le vrai talent est toujours accompagné d’une foi vraie, et que ni Dieu ni les hommes n’abandonnent un talent pareil. Sans doute on ne fait pas au service de Dieu une fortune scandaleuse : on ne s’appelle ni Essler, ni Malibran, ni meme Rachel, mais on vit et fait vivre honnêtement son entourage ; on est simple charitable et considéré, ne fut-ce que de sa propre conscience : on soutient la vieillesse de ses parents ; on les retire de fa vie nomade et inquiète qui les use ; on élève sa gentille petite sœur ; et si l’on veut encore se marier, il y aura toujours en France quelque galant homme à la disposition d’une femme honorable. La fille d’un de ces organistes véritables dont nous parlions tout à l’heure, a épousé l’un des meilleurs notaires de Dijon ; cependant elle n’était ni bien belle, ni bien riche, et son père n’avait pas ce qu’on appelle un talent de premier ordre ; mais il avait donné à sa fille mieux que le talent et la fortune (quoique la dot ne fût pas à dédaigner) ; il lui avait donné sou bon esprit et ses excellentes façons.
Mademoiselle Caliste Mansui a donc une sœur? Oui, une belle et bonne enfant de neuf à dix ans, dont la voix est déjà formée, flexible, passionnée ; les gestes expressifs, la physiomie noble et prononcée. Mais tout en admirant dans cette pauvre enfant ce que la nature (c’est-à-dire la Providence) a fait pour elle , on regrette profondément qu’un pareil trésor de grâces extérieures soit destiné, de l’aveu même de son père, au triste esclavage du théâtre. Tout le monde ne sait peut-être pas qu’avant de recevoir le moindre applaudissement, il faut à l’actrice ou à la chanteuse des efforts multipliés, toujours pénibles, très-souvent dangereux pour sa vie-même. La plupart de ces femmes meurent poitrinaires ; et les autres... nous ne nous occupons pas de leur avenir moral. On ne réfléchit pas à tout cela , et l’on encourage la jeune enfant à se lancer dans une voie d’infortune. Aussi, quand la foule applaudissait Mademoiselle Ida Mansui, avons-nous protesté par un religieux silence, sans pour cela nous abstenir d’exprimer à M. son père toute notre admiration pour cette entant, mais en faisant hautement nos réserves contre la destinée fatale de ce charmant petit ange dont les parents assument ainsi la première responsabilité. Et lorsque nous entendions cette voix de dix ans chanter avec une expression de terreur profonde le grand air de Robert-le-Diable : Grâce, grâce... etc. Oui, disions-nous tout bas au public, grâce Mesdames, grâce pour cette chère enfant qui aspire à être si malheureuse, et dont vos sourires allument la dévorante vanité.
Entre autres romances consacrées de nos jours à l’éducation musicale des jeunes personnes, Ida en chanlait encore une, commençant par ces mots : Je meurs d'amour, qu’elle répétait la main sur le cœur et les yeux levés vers le ciel : puis la romance disait en finissant : On n'en meurt pas ; on n'en meurt pas !... Nous prions les auditeurs de la jeune Ida de ne pas se scandaliser : elle parlait d’amour profane ; mais elle pensait à l’amour divin. Celui-là seul ne fait pas mourir de désespoir ou de langueur, d’orgueil ou de faiblesse. Celui-la seul est durable, payé de retour, digne enfin du cœur encore pur de notre gracieuse Ida. C’est de ces cœurs d’enfants que le Christ a dit : Laissez—les venir à moi, le royaume du ciel est a eux. Et ailleurs, Faites les entrer dans ce royaume.
C’est pourquoi nous avons écrit cet article ; nous le confions à la bonne foi de la famille Mansui, dont nous sommes tout disposés à applaudir de nouveaux concerts, mais non à encourager les vues dramatiques ; nous croirions commettre un infanticide.
Un mauvais conseil, une dangereuse flatterie peuvent seuls nous faire mal comprendre ; mais nous en appelons à l’intelligence de mademoiselle Caliste Mansui pour arriver plus tard à celle de sa jeune sœur, dont elle a le bonheur de faire l’éducation. J. R.



samedi, 15 mai 1841.

fascicule n°62

Original [p. 1]
Lien

Relativement aux subventions accordées aux théâtres royaux qui touchent annuellement une somme de 1,086,000 francs, M. Liadière a présenté un amendement tendant à réduire cette somme de moitié. L’Opéra qui touche une subvention annuelle de 620,000 francs, n’aurait plus eu, aux termes de l’amendement, aucune espèce de subvention. M. Liadière a blâmé le ministre de l’intérieur du 1er mars d’avoir, au mois de mai de l’année dernière, fait un traité avec l’Opéra, par lequel il s’oblige à augmenter sa subvention. Rien ne nécessitait une semblable mesure, prise en l’absence des chambres, au détriment des contribuables, en faveur d’une administration qui s’en montre peu digne. Toutes les fois, a dit l'orateur, que j’en trouve l’occasion, je dis à la gauche ses vérités. Je puis bien les dire à l’Opéra. Je lui dirai donc que la subvention qu’on lui accorde est une chose monstrueuse et qu’il vaudrait beaucoup mieux ne lui rien donner. Que veut-on protéger en effet en protégeant l’Opéra ? La musique française ? Mais la plupart des compositeurs de cette scène sont étrangers. La poésie ? Mais vous connaissez tous la valeur de la poésie qu’on fait à ce théâtre. Le chant ? Mais pourquoi ne pas subventionner le théâtre Italien dont les chanteurs sont si remarquables, le théâtre italien qui donne d’ailleurs à l’Opéra ses meilleurs chanteurs..... Veut-on favoriser l’art choréographique ? Mais j’aime à penser que les représentants de ce pays aiment moins la danse que les représentants du parlement américain. (On sait que récemment, une danseuse, Melle Fanny Essler, a été portée en triomphe aux Etats-Unis par les membres du parlement).
Malgré ces justes observations l’amendement de M. Liadière a été rejeté.


mardi, 18 mai 1841.

fascicule n°63

Original [p. 4]
Lien

COUCOURS.

Le 18 juin prochain, à 10 heures du matin, on procèdera dans la Cathédrale de Nancy, au choix d'un ORGANISTE, dont le TRAITEMENT FIXE ET ANNUEL est de 1200 fr., non compris un modique casuel ; cet emploi lui laisse entièrement libre la moitié des jours de l'année, et une partie des autres jours. Indépendamment du talent, les qualités morales et religieuses du concurrent seront prises en considération. Nous prions MM. les directeurs des feuilles périodiques correspondant avec la nôtre de vouloir bien répéter cet avis.



samedi, 22 mai 1841.

fascicule n°65

Original [p. 3]
Lien

Lundi, à midi, les compagnons boulangers se sont rendus processionnellement et musique en tête, à l’église Saint-Roch, pour y offrir le pain bénit, ainsi qu’il est d’usage le jour des Rogations. Les syndics du corps des boulangers, en voiture, ouvraient la marche, suivis d’une musique militaire, et d’nue autre recrutée parmi les boulangers ; venaient ensuite les maîtres boulangers et compagnons, portant à la boutonnière gauche un bouquet avec des rubans flottants et tenant à la main leurs grosses cannes à pommes d’ivoire. Le pain bénit, orné d’inombrables rubans et de drapeaux, était porté par quatre compagnons. Après la messe, le cortège a accompagné, dans le même ordre, les syndics à leur domicile.



samedi, 29 mai 1841.

fascicule n°68

Original [p. 3]
Lien

COUCOURS. Le 18 juin prochain, à dix heures du matin, on procèdera, dans la Cathédrale de Nancy, au choix d'un ORGANISTE, dont le traitement fixe et annuel est de 1,200 fr., non compris un modique casuel. Cet emploi lui laisse entièrement libre la moitié des jours de l'année, et une partie des autres jours. Indépendamment du talent, les qualités morales et religieuses seront prises en considération.



mardi, 01 juin 1841.

fascicule n°69

Original [p. 2]
Lien

En mettant au concours la place d'organiste à la cathédrale de Nancy, MM. les administrateurs de cette église rendent un vrai service aux arts et à la religion : c'est un bon exemple que nous désirons voir imiter partout. On annonce pour le dix-huit juin prochain, époque de ce concours, l'arrivée de quelques hommes aussi distingués par leur talent que par leurs autres qualités personnelles.


mardi, 08 juin 1841.

fascicule n°72

Original [p. 3]
Lien


Original [p. 3]
Lien

Le jour de la Pentecôte, Mrg l'évêque de Verdun a officié à la cathédrale. Beaucoup de militaires des trois régiments de la garnison assistaient à cette messe. Dans le choeur retentissaient les voix des chantres, la musique et les orgues, et tout cela produisait un ensemble harmonieux. Monseigneur est monté en chaire, revêtu des nouveaux ornements, provenant de sa nomination dernière par le St-Père. (Revue de l'Est.)


samedi, 12 juin 1841.

fascicule n°74

Original [p. 2]
Lien

AVIS. Le concours pour la place d'organiste de la cathédrale de Nancy, qui avait été annoncé le 18, est remis au mardi suivant, 22 juin, à cause des cérémonies de l'Octave.


mardi, 29 juin 1841.

fascicule n°68

Original [p. 1]
Lien
Original [p. 1]
Lien
Original [p. 1]
Lien
Original [p. 2]
Lien
Original [p. 2]
Lien
Original [p. 2]
Lien
Original [p. 3]
Lien
Original [p. 3]
Lien

UN CONCOURS D'ORGANISTES
A LA CATHÉDRALE DE NANCY
Dijon, 26 juin 1841.
A MM. les fondateurs de l'Espérance.
Peut-être n'eussions-nous pas accepté la mission de publier dans votre journal les détails de cette épreuve solennelle des 22 et 23 juin, s'il ne s'agissait ici que d'une question d'art ; nous aurions craint en effet de ne pas intéresser ceux de vos associés qui ne sont pas artistes ; mais il y va aujourd'hui de l'avantage de la liturgie, et par conséquent de notre culte saint et bien-aimé.
Nous vous faisons grâce, Messieurs, de la volumineuse correspondance engagée à propos de ce concours.
Il y avait cependant pour vous matière à d'assez bons moments de gaieté ; ne fût-ce que la lecture des titres honorifiques que de braves compétiteurs prodiguaient aux personnages capables de les admettre au concours ou de les en rejeter. Il vous suffira sans doute d'apprendre que l'on n'en donne pas de plus beaux à N. S.-P. le Pape... Quant aux qualités et vertus par lesquelles certains pétitionnaires se croyaient obligés de s'annoncer, elles ne sont pas moins nombreuses que les noms d'un Grand d'Espagne... Cependant une ou deux de ces pétitions étaient remarquablement modestes et simplement confiantes : et je souhaite que vous entendiez bientôt à votre divin instrument le plus intéressant de ces écrivains de circonstance : des engagements sacrés l’ont empêché de se mesurer avec ses concurrents : tant mieux pour eux et tant pis pour vous.
Adonc le 22, à 10 heures du matin , le prêtre montait à l’autel et l’orgue accompagnait le chant du Veni Creator. En plaçant ainsi les candidats sous l’inspiration du Saint-Esprit, les commissaires du concours pensaient avec raison que si l’on invoque solennellement ses rayons sacrés pour la bénédiction d’une cloche, on peut bien le faire pour des âmes rachetées du sang d’un Dieu. Et puis le musicien en dehors de l’église peut n’être qu’un instrument plus ou moins sonore, une cymbale plus ou moins retentissante, comme dit St.-Paul ; mais l’organiste est, ou doit être, une voix intelligente, détachée des chœurs des séraphins. Nous engageons les directeurs à venir d’épreuves semblables, à les rendre vraiment solennelles et religieuses par l’invocation du St.-Esprit.
Après la messe, dont l’offertoire fut touché d’une manière brillante par M. Wackentaler de Dieuze, les dix juges du concours et les dix candidats furent réunis dans une salle attenant à l’église, où leur fut lu le programme tenu secret jusque là. Ainsi que l’avaient annoncé les journaux français et allemands de Lorraine, d’Alsace et de Belgique, les conditions de la place d’organiste à la cathédrale de Nancy, étaient doubles, morales et scientifiques. Les juges actuellement assemblés, ne devaient prononcer que sur les qualités musicales ; et pourtant aussitôt après la lecture de ces conditions, toutes nos jeunes têtes d’artistes concurrens prirent un caractère grave, je dirais presque liturgique, de tant soit peu profanes qu’avaient paru quelques-unes tout d’abord. Ecoutez bien ceci Messieurs les candidats à venir, et venez ensuite si vous l'osez : c’est l’exorde du programme :
« Le Lut de ce concours, n’est pas de remplir au plus vite et à tout prix une place vacante à l’orgue. Le but véritable est d’assurer à l'Eglise un artiste religieux, capable par son savoir de régénérer dans le pays la vraie musique religieuse. Trop longtemps on a fait descendre le slyle de la musique sacrée au-dessous des plus faibles opéras. Voilà pourquoi elle est devenue fade pour les masses. Mais que Messieurs les concurrents se rappellent les auteurs qui ont lutté avec courage pour conserver les traces-véritables de la musique religieuse ; qu’ils étudient Allegri. Palæstrina, Hœndel, Bach et Rink, et les écrits tout récents de Messieurs Danjou et d’Orligues..!! »
A partir de ces mots redoutables, la séance devint de plus en plus sérieuse ; et pour ne pas trop intimider les candidats, on se borna à demander à chacun d’eux pour ce jour-là un quart-d'heure d’improvisation en style d’église.
Arrivés à la tribune de l'orgue, ils tirèrent au sort, dans l'urne fatale, (en français, dans un chapeau,) le n° de l’ordre où ils devaient s’asseoir alternativement sur la sellette. Afin que le second ne put imiter le premier, et qu’aucun d’eux ne pût faire passer une pièce apprise d’avance pour une idée improvisée, le billet qui portait leur numéro indiquait en même temps de quelle manière, ou en quel ton , le candidat devait commencer, et en quel autre finir. Chaque numéro portait des indications différentes.
La tribune est voilée pour dérober les candidats aux regards de leurs juges, qui placés au fond du chœur, ne les connaissent plus que par leur numéro d’ordre, affiché à chaque tour de rôle sur le devant de la tribune en lettres hautes d’un pied, et prennent leurs notes sur Monsieur un, comme sur Monsieur deux etc. Ici la justice change d’attributs, car il ne faut pas qu’elle soit aveugle ni sourde.
L épreuve commence. Un roulement de clochette annonce le n°1, qui prend place au clavier, et montre son billet à un commissaire chargé de vérifier si le candidat commence et finit dans les tons indiqués ; le même commissaire est encore là pour aider le candidat par tous les encouragements et les explications compatibles avec sa conscience. Au bout de dix à douze minutes, un second coup de clochette avertit le candidat de préparer sa péroraison. Un troisième roulement impose silence à l’improvisatcur. Après avoir subi tous la même épreuve les candidats revinrent à leur salle, entendre la proclamation de leurs places d improvisation : voici les trois premiers d’après les numéros d'ordre : 8, 3, 7. Les Nancéiens ont pu reconnaître avec plaisir dans le numéro 8, vainqueur à cette première affaire M. Morize, organiste de Saint-Pierre et Bonsecours.
Le numéro 5 représente M. Meyers , jeune strasbourgeois, plein d’espérance. Le numéro 7 est M. Binet, maître de chapelle à Ruelle, près Paris : nous aurons encore occasion d’apprécier son mérite.
Après avoir salué les vainqueurs, nous devons un mot de consolation aux vaincus. Et d’abord il n’y a pas à vrai dire de vaincus, puisqu'une retraite n’est pas une défaite ; au contraire une retraite habile vaut une victoire ; et ce qu’on a dit en grand du général Moreau, peut s’appliquer en petit à nos harmonieux champions. Qu’ils se consolent donc : nous sommes persuadés que s’ils eussent été libres de choisir leur genre d’improvisation, plusieurs derniers eussent disputé la palme aux premiers.
A cinq heures les cinq candidats qui consentent à subir les épreuves ultérieures beaucoup plus sérieuses, reviennent recevoir le sujet de composition écrite. C’était un répons du processionnal romain. (Lamentabatur Jacob , etc. 3e dimanche du car.) Les candidats doivent faire voir que ce plain-chant, si monotone en apparence, est une mine féconde d’harmonie, et pour cela ils lui donneront la figure d’un chœur a quatre voix ; et ce chœur sera traité de deux façons, la première consiste à mettre le chant dans les dessus, et la seconde à donner le chant aux voix moyennes que l’on nomme ténors. Pour empêcher les candidats de s’entourer de conseils étrangers, le sacristain les tiendra sous clé trois heures durant. Malheur a qui d’entre eux sortirait sans laisser entre les mains de son geolier son passeport, sa composition écrite : pour lui plus d’espoir de rentrer : la sciate ogni speranza. Cette composition écrite est encore relevée par plusieurs difficultés que la majorité des lecteurs pourrait ne pas comprendre , mais qui se traduiraient assez bien par ces mots : « Messieurs les candidats sont priés de faire chacun un entrechat, avec un poids de trente livres à chaque pied. ».. Inutile de dire que ces Messieurs n’ont pu faire un pareil essai sans s'égratigner singulièrement. Celui de tous qui ait montré le plus de constance et de savoir est précisément le numéro 7, M. Binet, déjà nommé.
Le lendemain en présence de Monseigneur et de M. le curé de la cathédrale, les concurrents, au nombre de six, enfermés de nouveau dans une chambre particulière, sont amenés l’un après l’autre à l’orgue, comme des témoins d’assises qui ne doivent rien entendre d’avance de leurs mutuels récits. Ils exécutent chacun à livre ouvert le plain-chant d’un graduel ; le même pour tous et de deux manières ; mettant d’abord le chant à la main droite, selon le bon usage allemand, puis à la gauche selon la routine française. Puis encore à livre ouvert, ils doivent déchiffrer une pièce de Schneider, avec obligation de se servir des pédales, ces noies gigantesques que l'on ne fait parier qu’à coups de pied. Enfin il s’agit pour chacun de couronner la série des épreuves par cinq minutes d’improvisation sur une phrase donnée, une toute petite phrase, mais plus maligne qu’elle n’est grosse ; car elle ne veut pas se laisser exécuter capricieusement et avec coquetterie, comme une phrase de contredanse ou de chansonnette ; elle veut qu’on l'arrange avec art et simplicité, en maniére de fugue. Qu'est-ce qu’une fugue, direz-vous ? Le voici ou à peu près : c'est tout ce qu’il y a de plus enchevêtré, de plus entortillé, emmêlé, compliqué, une myriade de petits nœuds gordiens qu'il s'agit de dénouer en s’y mettant des pieds et des mains.
Cette quadruple et dernière épreuve fit sertir hors hors de ligne l'humble numéro 9, M. Oftner, organiste à St.-Jean de Strasbourg. Et c’eût été l’élu du jury, s’il se fût élevé à une hauteur telle qu’on a droit de l’exiger de l'homme que nous cherchions.
Cet homme, ce virum tenacem propositi, doit être complet sous le rapport de l’exécution à l’orgue, et de l’harmonie liturgique. Il faut qu’il en ait le goût, la passion ; et qu'il puisse former des élèves à son image. En deça de toutes ces conditions réunies le jury saura ne pas se presser de choisir, de votre orgue si bon, et qu’on dit avoir été meilleur, attendre plusieurs mois entre les mains d’un artiste d'emprunt ou de quelque amateur de bonne volonté. Laissez votre concours ouvert à tous les hommes distingués, et il en viendra bientôt de tous les points de cette belle et mélancolique Alsace, où se conservent si bien les traditions religieuses et musicales. Fiez-vous, messieurs les Lorrains, aux décisions de vos jurés, quoiqu’il y ait eu parmi eux un bourguignon... Il a fait cent cinquante lieues exprès pour assister à ce concours, et il doit proclamer que malgré le peu d'effusion de la science musicale dans cos contrées, il n'a entendu exprimer nulle part, en faveur d'une rénovation totale de la musique religieuse, une opinion plus ferme et plus compacte que celle de votre jury musical. Et pourtant la formation de ce jury est assez bizarre : un prêtre catholique le préside : un luthérien en assigne les épreuves ; viennent ensuite trois organistes différents d'âge et de résidence ; un commandant d'armée et sa fille aussi savante que modeste ; un architecte ; un premier violoncelle ; et un avocat (1).....
Nous conjurons ces honorables collègues de se souvenir de leurs bonnes résolutions dans l'inspection préliminaire des sujets nouveaux qui viendraient solliciter leur suffrage avant d'aller (suivant nos conventions écrites) se faire examiner à fond à Strasbourg. Surtout qu'ils ne se laissent pas éblouir par un talent de pianiste, entièrement opposé au style de l'orgue. Si les modèles vivants de ce style grave et suave, sont et furent toujours sis rares, Dieu n'en a point laissé éteindre la race ; témoin ce jeune et charmant hérétique, dont je parlais tout à l'heure, et que l'unité de son talent et de sa piété rapproche à son insu de la grande Unité de l'Eglise sa mère. Nous n'affaiblirons point de nos éloges l'impression produite par M. Stern, sur les personnages vénérables qui assistaient à la fin des épreuves, au moment où l'organiste de St-Thomas venait de se mettre au clavier de l'orgue, et y reprenait avec tant d'art la phrase imposée à nos pauvres candidats. Quelle harmonie limpide, quel style [????] et néanmoins lié constamment ! Ensemble et variété, science et grâce ! Mais cette grâce, où croyez-vous qu'on la prenne ? Dans les conservatoires ou les théâtres ? Non, c’est le prix des vierges chrétiennes, c’est la parure de l'âme pieuse et chaste. M. Stern vous dira lui-mème, qu'il n’a commencé à se sentir fort que du jour où il a mis son talent au service de son amour pour Dieu.
O notre frère séparé, pourquoi faut-il que cette riche harmonie , toujours égale et pure comme votre âme , ne serve qu’à marquer l’entrée et la sortie d’hommes venus pour écouter parler un autre homme sans mission divine ! Combien votre style mêlé à notre liturgie vraiment primitive , soutenu et développé par elle, grandirait et s’enrichirait encore de nouvelles formes ! Combien la vérité, en arrivant à vous par la ligne droite de l’église invariable, vous ferait découvrir de nouveaux cieux et de nouvelles terres dans l’espace immense de l’art religieux !.... Mais nous ne sommes pas encore dignes de vous gagner à nous ; et puisque vous savez si bien aimer et prier, que cela nous suffise jusqu’au jour où nos vœux confondus dans le cœur de notre Dieu, vous mériteront sans doute une égale part de lumière.
Pour nous catholiques, que ce soit là un enseignement salutaire qui nous excite à former parmi nous de ces hommes d’autant plus remarquables qu’ils seront purs et désintéressés (*) ; vrais chrétiens à qui la religion révélera les secrets de son culte extérieur. Le culte est en effet, jusqu en scs moindres détails, l’expression de la doctrine. Et, si des artistes sans autorité essaient d’en changer les formes musicales pour y substituer celle de l'art mondain , la doctrine de l’église, quoique inaltérable, est comme avilie par un tel rapprochement. Agréez, Messieurs, etc.
S. M., avt. membre du jury musical.
J. R. avt. commre. du concours.


(*) MM. Schmitt, curé de Plappeville ; Stern, organiste au temple St-Thomas de Strasbourg ; Wakenthaler, organiste à Dieuze ; Bour, id. à Metz ; Mangin ; id. à Pont-a-Mousson ; Ct. Dupin, chevalier des ordres royaux et militaires, Belle Léonie Dupin ; Chatelain, architecte du dépt. de la Meurthe ; Arnould, professeur de musique ; Stéphen Morelot, avocat à la cour royale de Dijon.

(*) M. Sterne, n'a, comme organiste, que quatre cents francs d'appointements.


mardi, 13 juillet 1841.

fascicule n°87

Original [p. 4]
Lien

UNE JEUNE DAME VEUVE, originaire de Saxe, professeur de chant et de musique, dont le mari était maître de chapelle en Allemagne, est arrivée à Nancy, pour y donner des leçons de musique vocale. Elle se charge également d'enseigner la langue allemande, qu'elle parle dans toute sa pureté. Une connaissance suffisante de la langue française lui permet de se faire comprendre facilement de ses élèves.
S'adresser rue des Dominicains, n°53, chez M. Wiener, marchand de papier, au premier, de 9 heures à 5.


jeudi, 15 juillet 1841.

fascicule n°88

Original [p. 2]
Lien

La réception de l’orgue de la cathédrale de Toul s’est faite mardi dernier, 13 juillet, avec toute la pompe d’une solennité religieuse et musicale. A neuf heures, le son des cloches annonçait l’arrivée de Mgr l’évêque coadjuteur[NDLR 1], qui, mettant pied à terre, eut aussitôt à bénir un foule nombreuse empressée à saluer sa bienvenue. Après avoir reçu les hommages de son clergé et de M. le commandant de la place, S. G. se rendit à l’église par l’ancien cloître, dont on admire les élégantes ogives.
Toutes les autorités, et l’on pourrait dire toute la population de la ville de Toul, étaient réunies dans la vaste et belle cathédrale, et la tribune de l’orgue était encombrée de notabilités musicales, convoquées pour rendre justice aux talents et à la probité du facteur nancéien M. Cuvilier. Le Veni Creator, entonné par Monseigneur fut alterné par le chœur, et chacun des organistes prenait à son tour le clavier, préparé au gré de chacun par l’organiste titulaire, M. Abarca fils, qui avait ouvert lui-même ce concert religieux. Après la messe épiscopale, et l’allocution chaleureuse de M. le curé Delalle, les autorités ecclésiatiques et séculières montèrent à l’orgue pour en admirer le travail, tandis que l’idée mère de la cérémonie, l’idée religieuse, continuait à se formuler par le chant d’un psaume auquel l’orgue répondait par des accords variés. Après le salut donné par Monseigneur, et la quête faite par Mme la baronne de Vincent, toutes les notabilités civiles et religieuses furent conviées à un banquet offert par M. le curé Delalle. – Monseigneur ne voulut pas quitter la ville sans aller en personne féliciter les honorables chefs des diverses administrations. Et nous aussi, nous félicitons les Toulois de l’heureuse harmonie qui règne entre leurs sommités intelligentes ; c’est par un tel échange de bonne volonté et de charité d’une part, de zèle et de persévérance de l’autre, que la ville de Toul est appelée à reprendre son ancien rang de centre intellectuel.



samedi, 28 aout 1841.

fascicule n°107

Original [p. 2]
Lien
Original [p. 2]
Lien

COLLÉGE ROYAL DE NANCY.
La distribution solennelle des prix a eu lieu avant-hier, dans la salle de l'Université. M. Theil, professeur de troisième, a prononcé le discours d'usage. Le conseil académique, réuni le 22 août 1841, sous la présidence de M. le Recteur, après avoir vérifié le travail des commissions chargées d'examiner et de juger les compositions des élèves, a décerné les prix dans l'ordre suivant :
[...]
MUSIQUE VOCALE. — Première division. p. p., Vienot, 4 fois nommé , s. p., Bresson, de Darney. — Deuxième division. p. p., Jaillet, d'Epinal ; s. p., Michel, de Nancy.
CLASSE D'ÉCRITURE. — Première division. p. p., Thomas de Colligny, de Nancy ; s. p., Vetault, de Poitiers (Vienne). — Deuxième division. p. p., Cerf, de Saverne (Bas-Rhin) ; s. p., Penet, de Marines (Seine-et-Oise). — Troisième division. p. p., Lapierre, de Nancy ; s. p., Reinhartz, de Nancy.


mardi, 31 aout 1841.

fascicule n°108

Original [p. 2]
Lien
Original [p. 3]
Lien

Lunéville, le 26 août 1841.
Monsieur le Rédacteur,
Depuis quelques semaines Lunéville semblait avoir perdu, avec ses beaux régiments de hussards, tout ce qui lui donnait de l'éclat et de la vie. Mais aujourd'hui dans la matinée, on remarquait un mouvement extraordinaire dans la population à laquelle s'était mêlée une foule d'étrangers. On devinait qu'il se préparait quelque fête intéressante : c'était en effet une fête de famille, une distribution de prix.
A onze heures, le collège, avec ses 112 pensionnaires, avec une bonne partie de ses 150 externes, avec le nombreux personnel de ses professeurs, avec les autorités locales en grand costume, se dirigeait vers le Château, au son des tambours et des joyeuses fanfares d'une excellente musique formée dans le sein du pensionnat.
C'est seulement à la salle des trophées qu'on a pu juger du grand nombre d'étrangers accourus à cette solennité. La cérémonie était présidée par M. le sous-préfet. Le public regrettait que sa santé ne lui permit pas, d'adresser aux élèves comme d'habitude, quelques-uns de ces sages conseils qu'il sait si bien approprier à leur âge.
Le discours d'usage a été prononcé par M. Persil, professeur de sixième, qui a fait comprendre aux élèves, avec élégance et simplicité, tout le prix du temps, et le bon emploi qu'ils en doivent faire. Puis M. Aymé, adjoint, et remplaçant le maire, actuellement au conseil général, a retracé rapidement l'état florissant du collège de Lunéville, les encouragements de l'administration, les efforts des maîtres dont il a loué le zèle éclairé, etc. Enfin M. Titercher, professeur de rhétorique, a prononcé les noms des vainqueurs, au bruit des applaudissements de toute l'assemblée. Après la séance, j'ai eu à peine le temps d'admirer, dans un salon voisin, les portails, les plans, les cartes géographiques et autres ouvrages des élèves de M. Cobus, maître de de dessin. Car je voulais suivre encore une fois la musique qui a reconduit, dans un ordre parfait, professeurs, élèves, vainqueurs et vaincus, jusqu'à la cour du collège.
C'est alors seulement que je suis rentré chez moi, tout plein des douces émotions de cette délicieuse cérémonie, me répétant à moi-même, ce que tout le monde répète ici ; que le Principal actuel a donné à notre collège un brevet de longue vie, par les bons principes qu'il y fait régner, et par sa ferme et sage administration, autant que par l'habileté et le talent des professeurs dont il a su s'entourer.
Recevez, etc.......
L'un de vos abonnés : G. B.



mardi, 21 septembre 1841.

fascicule n°117

Original [p. 4]
Lien

Une jeune dame de Dresde offre des leçons de musique et de langue allemande.
S'adresser rue Ste.-Catherine, 28.


samedi, 02 octobre 1841.

fascicule n°122

Original [p. 4]
Lien

Une jeune dame de Dresde offre de donner des leçons de musique et de langue allemande.
S'adresser rue Sainte-Catherine, 28.



mardi, 05 octobre 1841.

fascicule n°123

Original [p. 4]
Lien

Une jeune dame de Dresde offre de donner des leçons de musique et de langue allemande.
S'adresser rue Sainte-Catherine, 28.



mardi, 12 octobre 1841.

fascicule n°126

Original [p. 4]
Lien
Original [p. 4]
Lien
Original [p. 4]
Lien
Original [p. 4]
Lien


L'Univers et L’Ami de la Religion se sont empressés de citer les lignes suivantes, comme un témoignage des arts en faveur du mouvement religieux. C’est une lettre de M. Gauthier, professeur d’orgue et de composition a l’Institut royal des Jeunes-Aveugles.
« Mon cher ami, vous m’avez demandé que je vous fisse connaître mon sentiment sur la profession d’organiste et sur la musique d’orgue. Pour vous satisfaire, je vais essayer de résumer dans cette lettre les observations que je vous ai déjà faites de vive voix sur ce sujet.
« De tous les instruments de musique, l’orgue est, à mon avis, le plus parfait et le plus majestueux ; c’est, par conséquent, l’instrument qui convient le mieux à la musique de nos solennités religieuses.
« Beaucoup de gens touchent l’orgue ; plusieurs exécutent ou improvisent de beaux morceaux d’orgue, mais peu sont de vrais et bons organistes. Cela provient de ce qu’il ne suffit pas, pour être bon organiste, d’être bon musicien, il faut encore être religieux.
» Lisidas touche l’orgue d’une manière brillante et chaleureuse : c’est un excellent pianiste. Polidor amuse et surprend par son jeu pittoresque et fantasmagorique ; Lisis enchante et ravit d’admiration les connaisseurs par la science de son harmonie et par la beauté des fugues qu’il fait entendre ; Cléostène nous transporte au théâtre par la légèreté et le caractère lascif de sa mélodie, et par de fréquentes réminiscences des airs profanes ; mais écoutons Théotime. Cet artiste chrétien , animé d’une foi vive, et profondément pénétré de la sainteté de nos mystères , Théotime, inspiré par ce même Esprit-Saint qui présidait aux accords du prophète-roi, fait entendre une harmonie toute céleste qui porte l’âme au recueillement et à la piété. Il réveille quelquefois dans l’âme du vrai fidèle quelques-uns de ces pieux et anciens souvenirs dont la réminiscence fait souvent couler des larmes de componction : Théotime est assurément du nombre des bons et vrais organistes.
» Qu’elles sont douces les émotions que fait éprouver Théotime , lorsqu’à certaines époques solennelles de communion générale il traite de mille et mille manières et qu’il fait entendre sous mille formes duerses ce beau chant : Mon bien-aimé ne parait pas encore, et d’autres airs de première communion.
» Le vrai organiste, c’est-à-dire l’organiste chrétien, doit entrer dans l’esprit des solennités qu’on célèbre, et y faire entrer , autant que possible , les fidèles qui l’entendent, soit en traitant le chant de la prose, de l’hymne ou de quelqu’autre partie de l’office de ces fêtes, soit en exécutant des morceaux d’un caractère analogue à ces mêmes fêles. » Je ne prétends pas dire cependant que les organistes qui ne sont que musiciens ne touchent pas l’orgue de manière à faire plaisir ; je ne dis point non plus que les organistes religieux sont tous de bons organistes, mais je crois que l’organiste, comme tout homme exerçant une profession quelconque, doit avoir l’esprit de sa profession. Ainsi l’organiste doit donc naturellement joindre l’esprit religieux au talent musical.
» Si je devais un jour fonder une école d’orgue, je voudrais réunir de jeunes enfants dans une maîtrise dans laquelle je donnerais à mes élèves, avec l’instruction musicale, une bonne éducation religieuse et une parfaite connaissance de l’Écriture sainte. J’ai toujours conçu une haute idée des fonctions d'un organiste ; je vois en lui un homme de talent, un homme de génie. En effet, il faut assurément du génie à celui dont les inspirations aussi agréables que variées, viennent me charmer par une ravissante harmonie. Selon moi, l’organiste forme le premier anneau de la chaîne artistique.
» La musique d’orgue doit être naturellement composée pour le but qu’on se propose, et toujours parfaitement appropriée à la sainteté et à la gravité de nos fêtes et de nos temples.
» Le caractère de cette musique consiste en général dans une grande simplicité de mélodie et dans une harmonie liée et soutenue. Ainsi les organistes pianistes, ceux qui mettent tout leur talent à faire de la fantasmagorie en sautant continuellement d’un clavier à l’autre sans raison et sans mesure ; ceux qui endorment les fidèles par la science et l’aridité de l’harmonie ; ceux qui se plaisent à exécuter les chants de théâtre, ou les airs de certaines chansons peu convenables aux lieux saints et proscrites d’ailleurs par la police ; ceux qui passent une partie de la nuit, ou la nuit entière, à jouer dans les bals on dans d’autres endroits plus anti—religieux encore que les bals, tous ces organistes-là ne sauraient être de mon goût.
» Mais, me dira-t-on, il n’y a pas d’organiste comme vous le désirez ? Je répondrai qu'à la vérité, les organistes, comme je les demande , sont en très-petit nombre ; cependant, Dieu merci, il en existe encore plusieurs.
» Quoique la musique d’orgue doive être généralement d’un style grave et majestueux, le genre religieux n’exclut nullement les compositions gaies, vives, légères et brillantes.
» Les anciens organistes connaissaient mieux que nous les vrais genres de la musique et de l’orgue. Les organistes modernes qui semblent ne voir uniquement dans l’orgue qu’un bel instrument offrant d’immenses ressources, ont souvent changé le caractère de cet instrument, et en ont même partagé la jouissance avec les auteurs dramatiques.
» Je ne suis pas du sentiment des admirateurs exclusifs de l’ancienne école, ni de ces organistes qui croient avilir la nouvelle harmonie en la faisant entendre sur un instrument d’église et à côté du plain-chant. Je maintiens que la musique d’orgue doit progresser comme la musique faite pour les autres instruments ; qu'elle doit profiter des nombreux et beaux effets dont s’est progressivement enrichi le domaine musical.
» D’ailleurs tous ces perfectionnements, comme l’art musical lui-même, nous viennent de Dieu. Quel meilleur usage devons-nous en faire, si ce n’est de les restituer en quelque sorte à celui de qui nous les tenons, et de lui en faire hommage en les employant à la solennisation de son culte divin ?
» Tel est, mon cher ami, mon sentiment sur la profession que vous exercez en ce moment. J’aime à croire que si vous m’avez demandé tous ces détails, c’est pour vous en servir et pour en profiter inutilement. » Je suis pour la vie, etc. GAUTHIER.’


samedi, 6 novembre 1841.

Original [p. 4]
Lien

LEÇONS DE CHANT.
A. GIORDANI professeur de chant italien (ténor), membre de l'Académie de Bologne , chante dans les concerts et dans les soirées particulières, et donne des leçons en ville.
S'adresser rue de la Pépinière, n°35, au cabinet de lecture.



mardi, 23 novembre 1841.

Original [p. 4]
Lien

MUSIQUE.
M. LOUIS STEZLE, successeur de Mme JOURDAN, rue Stanislas, 7, à l'honneur de prévenir le public, qu'il arrive de Paris, avec un grand assortiment de Musique nouvelle, Classique et Élémentaire en tous genres.
On trouve aussi chez lui des Partitions françaises et italiennes, des opéras de Rossini, Bellini, Donizetti, Meyerbeer, Halévy, Boieldieu, Weber, Dalayrac, Mercadante, Cimarosa, Méhul, Berton, Mozard et Bethowen.


Voir aussi

Liens externes :
Notes de la rédaction
  1. Alexis Basile Alexandre Menjaud a été nommé évêque coadjuteur de Nancy le 18 février 1839,