COP21 - Shepard Fairey : Différence entre versions
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*''COP21 - Shepard Fairey'', texte repris de [http://www.telerama.fr/sortir/cop21-shepard-fairey-poser-un-obey-en-haut-de-la-tour-eiffel-c-est-un-sacre-symbole,134501.php ''Telerama''] | *''COP21 - Shepard Fairey'', texte repris de [http://www.telerama.fr/sortir/cop21-shepard-fairey-poser-un-obey-en-haut-de-la-tour-eiffel-c-est-un-sacre-symbole,134501.php ''Telerama''] | ||
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Version du 30 novembre 2015 à 10:42
Le célèbre street artist américain, dont les graffs “Obey Giant” ont fait le tour du monde, a inauguré une œuvre gigantesque en haut de la tour Eiffel, en préambule à la COP21. Rencontre au sommet, dans une triste ambiance de pétard mouillé.
Ce vendredi matin, la Tour Eiffel a la tête dans le brouillard. Au moins autant que les organisateurs de la COP21. Une semaine après les attentats parisiens, difficile de savoir ce qui sera maintenu dans le programme des manifestations culturelles prévues autour de la Conférence sur le climat. Tout le monde navigue à vue, et les festivités, qui n’en sont plus, s’annulent ou s’aménagent. Le coup d’envoi artistique de la COP21 était pourtant donné ce matin, avec le vernissage d’une œuvre monumentale de l’artiste américain Shepard Fairey sur la Tour Eiffel. Pétard mouillé. Douché par une pluie froide, on a appris en arrivant qu’Anne Hidalgo avait préféré annuler le cocktail d’inauguration, pour d’évidentes raisons de sécurité et de retenue par rapport aux victimes. Shepard Fairey est pourtant là, les yeux tournés vers son œuvre, baptisé Earth Crisis. Un énorme globe de plus de deux tonnes et huit mètres de diamètre, suspendu entre le premier et le deuxième étage de la Tour Eiffel. Il y restera une petite semaine, jusqu’au 26 novembre. C’est peu. Mais par les temps qui courent, Shepard Fairey, 45 ans, ne veut en retenir que le symbole.
Sommaire
Dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Je suis atterré par les attaques terroristes à Paris. La semaine a été d’une tristesse infinie, et c’était compliqué de rester concentré sur la fin de l’accrochage. Ça rappelle que la vie est fragile et combien l’homme, selon son propre choix, peut être constructif ou destructeur. Ce que je retiens de ces événements, ce n’est pas tant le chaos souhaité par une minorité, mais l’immense unité qui a suivi. En ce sens, la COP21 doit creuser le même sillon : pour le changement climatique, nous devons aussi afficher notre unité, penser à la vie, préserver notre humanité. Plus que jamais, nous devons réfléchir et agir collectivement pour trouver des solutions.
Comment décrire Earth Crisis ?
L’idée de travailler à grande échelle est venue assez spontanément : je souhaitais une œuvre qui attire l’attention des Parisiens et des touristes, même ceux qui ne connaissent pas mon travail, mais qui pourraient être touchés par le message. J’ai déjà réalisé quelques sculptures, mais c’est la première fois que je travaille sur une forme sphérique de grande taille. C’est un sacré challenge, car l’œuvre doit pouvoir être vue sous tous les angles, par les visiteurs qui sont à l’étage du dessus, ou les piétons tout en bas de la Tour. Le globe représente évidemment notre planète, sa beauté et son harmonie sont évoquées par des éléments décoratifs qui rappelle le mandala bouddhiste. J’y incorpore ensuite des éléments dissonants, qui expriment la menace et le danger sur l’environnement. C’est dans la droite lignée de ma philosophie créative : séduire et provoquer.
Malgré l’aspect très institutionnel de ce travail, vous n’avez pas dérogé au code de l’honneur street art : être vu par le plus grand nombre possible, avec une œuvre éphémère, posée à un endroit le plus improbable possible…
La force du street art, c’est de se placer au niveau des gens : lorsqu’il faut aller dans une galerie ou dans un musée, on réduit mathématiquement le nombre de personnes qui vont pouvoir être sensibilisés à une oeuvre. Un espace public tel que la Tour Eiffel offre de fait une exposition immense. Alors c’est vrai que signer Obey en haut d’un tel monument, c’est un joli coup : en temps normal, je devrais plutôt me faufiler dans les allées pour poser des autocollants un peu partout (il en sort un paquet de ses poches), mais je me retiens ! Non, sérieusement, la démarche ici concerne vraiment l’aspect démocratique d’un tel lieu. Je viens du punk et du skateboard, et j’ai grandi avec l’idée que le mainstream ne veut pas de vous, et que vous devez forcer le passage par vous-même si vous voulez être vu ou entendu. Désormais, j’ai la possibilité d’infiltrer le système et les institutions. C’est une chance de pouvoir m’exprimer pour le plus grand nombre, je la saisis volontiers.
Pensez-vous que la COP21 puisse déboucher sur des solutions concrètes ?
Les changements climatiques et la destruction de l’environnement sont des thématiques au cœur de mon travail depuis vingt ans. Lorsqu’il y a un an, j’ai eu l’opportunité de faire une grande installation autour de ce thème, je n’ai pas hésité. Je place pas mal d’espoir en cette conférence, pour qu’un consensus international soit défini afin de changer nos modèles de comportements, en terme de consommation et de pollution. Chaque avancée, même mineure, sera une victoire. Ma présence va dans ce sens : valoriser et renforcer l’attention autour de ce rendez-vous. Le promouvoir par cette œuvre, visible in situ mais aussi partout dans le monde. L’art a repris la philosophie du graffiti : il est devenu viral, porteur de message, notamment grâce aux réseaux sociaux. J’ai la chance d’avoir pas mal de gens qui me suivent. Même si je ne suis pas Katy Perry, j’en ai bien conscience ! C’est peu être optimiste, mais lorsque les hommes communiquent entre eux, il en ressort toujours quelque chose de bien…
Source
- COP21 - Shepard Fairey, texte repris de Telerama