Critique Gone Girl : Différence entre versions
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Version du 10 novembre 2014 à 09:00
"Gone Girl" de David Fincher : le rêve américain disséqué avec une ironie jubilatoire
"Gone Girl", c'est l'histoire d'un coupable idéal. Adapté du roman "Les Apparences" de Gillian Flynn, le nouveau film de David Fincher raconte l'histoire d'un homme (Ben Affleck), accusé d'avoir tué sa femme disparue (Rosamund Pike). Pour notre contributeur Thomas Périllon, c'est un long métrage dans la droite lignée de la production du réalisateur de "Se7en". À l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l'affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?
Une adaptation aux petits oignons
C’est avec éloquence et cynisme que David Fincher présente son dernier long-métrage : "Après avoir vu ce film, quinze millions d’Américains vont divorcer." Le réalisateur de "Zodiac" et "Se7en" s’empare d’un best-seller ("Les apparences", de Gillian Flynn) traitant de la vie conjugale et narrant l’histoire de Nick et Amy – leur rencontre, leur mariage et puis les années suivantes où le couple commence à péricliter, la séduction laissant place à l’amertume, jusqu’à l’énigmatique disparition de la jeune femme. Comme il avait su si bien le faire avec "Millenium", Fincher livre une nouvelle adaptation aux petits oignons, s’appuyant sur une mise en scène et un montage chirurgicaux. Pendant près d’une heure, le réalisateur s’amuse à gratter derrière le vernis, faisant craqueler progressivement la belle image de ce couple apparemment parfait, avant de faire exploser toute sa perversité misanthrope dans des second et troisième segments des plus réjouissants. Avec la virtuosité qu’on lui connaît, le cinéaste construit et déconstruit le puzzle de cette disparition ; meurtre, kidnapping, cambriolage, mise en scène… L’épais mystère autour d’Amy sera le fil conducteur de la première heure.
Un duo d'acteurs parfait
Par le biais de ce déroutant labyrinthe conjugal, "Gone Girl" propose aussi une critique acerbe de la machine médiatique (manipulation de l’opinion publique, poids écrasant des talk-shows, omniprésence envahissante des paparazzis…) et policière. Si le marketing autour du film peut donner l’impression de survendre ce dernier – le film n’est en effet pas le "chef-d’œuvre" annoncé – "Gone Girl" n’en est pas moins une réjouissante démonstration de toute la maestria d’un cinéaste maniant avec un plaisir jubilatoire l’art délicat de la satire. Dans ce polar des suburbs sublimé par une direction artistique presque "hopperienne" et la nouvelle pépite sonore de Trent Reznor & Atticus Ross, on verra Ben Affleck devenir la cible principale d’une société assoiffée de vérités et de sang, restant étonnamment calme malgré l’acharnement médiatique. Face à lui, Rosamund Pike surprend et incarne parfaitement l’épouse disparue sans laisser de traces. Les seconds rôles sont moins mémorables, à l’exception d’un Neil Patrick Harris savamment employé malgré sa faible présence à l’écran.
Fincher, fidèle à lui-même
On retrouve très souvent dans la filmographie de Fincher des personnages souffrant de troubles psychologiques plus ou moins sévères. Psychopathie ("Se7en"), schizophrénie ("Fight club"), simili-Asperger ("Millenium"), tendances asociales ("The Social Network")… Il se pourrait désormais que "Gone Girl" vienne ajouter la sociopathie à cette (déjà) longue liste des esprits dérangés. En révéler davantage sur l’intrigue serait un sacrilège et il faudra vous rendre en salle pour connaître le fin mot de l’histoire. Avec "Gone Girl", David Fincher ne réalise pas "son film ultime" mais reste diaboliquement fidèle à ses thèmes de prédilection. Il dissèque le rêve américain et expose l’envers du décor avec une causticité ironique et jubilatoire. S’emparant du matériau idéal pour sonder ses vices naturels, il signe un nouveau thriller soigné et élégant, bien plus féroce qu’il n’y parait.
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Par Thomas Perillon, chroniqueur cinéma
Source : Le Nouvel Observateur