Cinéma augmenté : Différence entre versions

De Wicri Incubateur
imported>Emilien Martin
(Difficultés à prévoir)
imported>Emilien Martin
 
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== L'idée ==
 
== L'idée ==
Le constat de départ est que 25 ans après les débuts de la [[wicri.fr:Text Encoding Initiative|Text Encoding Initiative]] (TEI), du point de vue de l'ordinateur, lire des films consiste encore simplement à afficher des masses de pixels mouvantes et à jouer un flux audio : la machine est incapable de différencier une scène d'une autre, un plan d'un autre, un personnage d'une imperfection de l'image, la musique d'un dialogue ou d'un bruitage. Qualifier les données par une description opérable par la machine lui permettrait pourtant de réaliser facilement certaines tâches laborieuses pour l'humain : retrouver toutes les scènes où apparaît un personnage, faire des recherches dans les dialogues<ref>Pour se convaincre de l'utilité de ces fonctions, il suffit de consulter quelques forums Web, dans lesquels les demandes de spectateurs recherchant des films vus jadis : forums du magazine [http://forum.fluctuat.net/cinema/films-dvd/liste_sujet-1.htm Première], de [http://cinema.linternaute.com/forum/ L'internaute] et un [http://cinema.linternaute.com/forum/ sujet spécifique] sur Jeuxvideo.com.</ref>, retrouver la référence d'une musique utilisée... Il semble toutefois peu pertinent d'appliquer le principe de la TEI en incluant cette description directement dans l'encodage des vidéos, c'est pourquoi on privilégiera la solution de l'annotation.
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Le constat de départ est que 25 ans après les débuts de la [[wicri.fr:Text Encoding Initiative|Text Encoding Initiative]] (TEI), du point de vue de l'ordinateur, lire des films consiste encore simplement à afficher des masses de pixels mouvantes et à jouer un flux audio : la machine est incapable de différencier une scène d'une autre, un plan d'un autre, un personnage d'une imperfection de l'image, la musique d'un dialogue ou d'un bruitage. Qualifier les données par une description opérable par la machine lui permettrait pourtant de réaliser facilement certaines tâches laborieuses pour l'humain : retrouver toutes les scènes où apparaît un personnage, faire des recherches dans les dialogues<ref>Pour se convaincre de l'utilité de ces fonctions, il suffit de consulter quelques forums Web, dans lesquels les demandes de spectateurs recherchant des films vus jadis : par exemple les forums du magazine [http://forum.fluctuat.net/cinema/films-dvd/liste_sujet-1.htm Première], de [http://cinema.linternaute.com/forum/ L'Internaute] et un [http://www.jeuxvideo.com/forums/1-26-7635973-1-0-1-0-0.htm sujet spécifique] sur Jeuxvideo.com.</ref>, retrouver la référence d'une musique utilisée... Il semble toutefois peu pertinent d'appliquer le principe de la TEI en incluant cette description directement dans l'encodage des vidéos, c'est pourquoi on privilégiera la solution de l'annotation.
  
 
Par ailleurs, Internet et les supports optiques de films (DVD et Blu-ray)<ref>Ainsi que les documents non-numériques tels qu'ouvrages et revues, mais ceux-ci sortent du champ de ce projet.</ref> regorgent de documents d'intérêt pour le spectateur de cinéma (affiches, bandes-annonces, fiches techniques, making-of, interviews, critiques, articles d'actualité, travaux scientifiques...)<ref>Voir les chiffres de téléchargement des applications [https://play.google.com/store/apps/details?id=com.allocine.androidapp Allociné] et [https://play.google.com/store/apps/details?id=com.imdb.mobile IMDb] pour Android, respectivement plus d'un million et plus de 10 millions.</ref>, mais leur accès reste relativement difficile, notamment pour les spectateurs les moins formés.  
 
Par ailleurs, Internet et les supports optiques de films (DVD et Blu-ray)<ref>Ainsi que les documents non-numériques tels qu'ouvrages et revues, mais ceux-ci sortent du champ de ce projet.</ref> regorgent de documents d'intérêt pour le spectateur de cinéma (affiches, bandes-annonces, fiches techniques, making-of, interviews, critiques, articles d'actualité, travaux scientifiques...)<ref>Voir les chiffres de téléchargement des applications [https://play.google.com/store/apps/details?id=com.allocine.androidapp Allociné] et [https://play.google.com/store/apps/details?id=com.imdb.mobile IMDb] pour Android, respectivement plus d'un million et plus de 10 millions.</ref>, mais leur accès reste relativement difficile, notamment pour les spectateurs les moins formés.  
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==== Les hyperspectateurs ====
 
==== Les hyperspectateurs ====
Une étude quantitative<ref>Martin, E. (2013). ''Les Hyperspectateurs : caractérisation des usagers de la documentation cinématographique''. (Mémoire de master 1 non publié). Université de Lorraine, Nancy.</ref> basée sur un échantillon de 631 personnes a permis de caractériser les spectateurs faisant usage d'une documentation périphérique au cinéma. La première des conclusions est que ces usagers existent ; ensuite, il s'agit en grande partie de collégiens, lycéens et étudiants de premier cycle. Si les usagers d'une telle documentation sont rares parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures, ils sont pourtant les plus prompts à contribuer aux contenus, par leurs commentaires, messages sur des forums, vidéos sur Youtube ou articles Wikipédia.
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Une étude quantitative<ref>Martin, E. (2013). ''Les Hyperspectateurs : caractérisation des usagers de la documentation cinématographique''. (Mémoire de master 1 non publié). Université de Lorraine, Metz.</ref> basée sur un échantillon de 631 personnes a permis de caractériser les spectateurs faisant usage d'une documentation périphérique au cinéma. La première des conclusions est que ces usagers existent ; ensuite, il s'agit en grande partie de collégiens, lycéens et étudiants de premier cycle. Si les usagers d'une telle documentation sont rares parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures, ils sont pourtant les plus prompts à contribuer aux contenus, par leurs commentaires, messages sur des forums, vidéos sur Youtube ou articles Wikipédia.
  
 
On remarque que ces usages de lecture et de contribution de documents portent en germe l'usage du cinéma augmenté : s'ils ne constituent pas à proprement parler une hyperlecture au sens de celle que pratique un internaute, ce n'est dû qu'à l'absence de l'outil adéquat. Par ailleurs, on peut se demander si les publics qui lisent et contribuent peu aux documents ne sont pas limités justement par la difficulté que cet usage représente pour eux (pour les immigrants du numérique notamment) ou par l'investissement de temps nécessaire (pour les actifs). Le cinéma augmenté permettrait donc de satisfaire des besoins soit déjà existants et formulés, soit susceptibles d'apparaître.
 
On remarque que ces usages de lecture et de contribution de documents portent en germe l'usage du cinéma augmenté : s'ils ne constituent pas à proprement parler une hyperlecture au sens de celle que pratique un internaute, ce n'est dû qu'à l'absence de l'outil adéquat. Par ailleurs, on peut se demander si les publics qui lisent et contribuent peu aux documents ne sont pas limités justement par la difficulté que cet usage représente pour eux (pour les immigrants du numérique notamment) ou par l'investissement de temps nécessaire (pour les actifs). Le cinéma augmenté permettrait donc de satisfaire des besoins soit déjà existants et formulés, soit susceptibles d'apparaître.

Version actuelle datée du 7 janvier 2014 à 00:50

Le cinéma augmenté est un dispositif technique à l'état de projet, qui permettrait l'affichage, la navigation hypermédia et l'annotation fine, sémantique et collaborative de films de cinéma et de leurs documents connexes. Ces documents comprennent notamment des affiches, des bandes-annonces, des fiches techniques, des making-of, des interviews, des critiques, des articles d'actualité, des travaux scientifiques... Ce dispositif permettrait au spectateur de cinéma d'accéder facilement à des documents pertinents, au moment où il en a besoin.

La plupart des briques techniques de ce projet existent déjà en 2013, il reste à définir des standards pour la création de contenus, les faire appliquer par les professionnels et amateurs, et à créer une application capable d'exploiter ces contenus. Si cette application se centre sur le cinéma, son principe est applicable à tous les types de produits culturels.

L'idée

Le constat de départ est que 25 ans après les débuts de la Text Encoding Initiative (TEI), du point de vue de l'ordinateur, lire des films consiste encore simplement à afficher des masses de pixels mouvantes et à jouer un flux audio : la machine est incapable de différencier une scène d'une autre, un plan d'un autre, un personnage d'une imperfection de l'image, la musique d'un dialogue ou d'un bruitage. Qualifier les données par une description opérable par la machine lui permettrait pourtant de réaliser facilement certaines tâches laborieuses pour l'humain : retrouver toutes les scènes où apparaît un personnage, faire des recherches dans les dialogues[1], retrouver la référence d'une musique utilisée... Il semble toutefois peu pertinent d'appliquer le principe de la TEI en incluant cette description directement dans l'encodage des vidéos, c'est pourquoi on privilégiera la solution de l'annotation.

Par ailleurs, Internet et les supports optiques de films (DVD et Blu-ray)[2] regorgent de documents d'intérêt pour le spectateur de cinéma (affiches, bandes-annonces, fiches techniques, making-of, interviews, critiques, articles d'actualité, travaux scientifiques...)[3], mais leur accès reste relativement difficile, notamment pour les spectateurs les moins formés.

Définitions

Film de cinéma

Un film de cinéma se définit, en France, par l'obtention d'un visa d'exploitation délivré par le Centre national de la cinématographie et de l'image animée (CNC).

S'ils disposent d'un visa, un court-métrage ou un film documentaire constituent bien des films de cinéma, par opposition aux téléfilms ou épisodes de séries. En revanche, on peut considérer les films classés X (auxquels le visa a été refusé) comme des films de cinéma, au même titre que les œuvres bannies comme celle produite par la propagande nazie.

Document

Depuis la fin du XIXe siècle (l'ère de la paperasse), des auteurs tels que Paul Otlet, Suzanne Briet, Robert Escarpit et Jean Meyriat, se sont attachés à définir la notion difficile de document. Mais l'avènement du numérique a amené les chercheurs contemporains à réviser tout ce à quoi ces auteurs étaient parvenus.

En 2006, un collectif de 175 chercheurs issus des disciplines les plus variées et réunis par Jean-Michel Salaün, publie sous le pseudonyme Roger T. Pédauque Le Document à la lumière du numérique. Le document (numérique ou non) y est décrit comme comme un objet informationnel à visée communicationnelle, qui articule simultanément trois aspects fondamentaux : sa forme tout d'abord, c'est-à-dire ce qu’on en voit, une inscription sur un support, ou bien des données structurées dans le cas d'un document numérique. Le document est ensuite un signe, c'est-à-dire ce qu’on interprète : un texte délivrant des informations à un observateur disposant des connaissances suffisantes pour le comprendre. Enfin, le document est un médium, représenté par ce qu’on apprend à sa lecture : il peut s'agir d'une inscription légitimée par une autorité extérieure, ou dans un contexte numérique, d'un texte agrémenté d'une procédure de traitement.

Document connexe à un film

Depuis les débuts du cinéma, les films ont traîné derrière eux une documentation périphérique : ce furent d'abord des affiches dans les foires, puis les critiques dans les journaux, puis les premières bande-annonces... Aujourd'hui, ce champ très large recouvre notamment :

  • affiches ou pochettes de supports optiques
  • bandes-annonces ou spots publicitaires
  • extraits photo
  • extraits vidéo
  • scènes coupées
  • musiques originales ou additionnelles
  • fiches techniques / fiches de renseignements
  • filmographies
  • publications promotionnelles des producteurs ou diffuseurs (magazines à l'entrée des salles...)
  • articles d'actualité
  • suppléments DVD
  • présentations avant-film (sur support optique, ou avant une diffusion télévisuelle)
  • making-of
  • interviews
  • commentaire audio de films
  • croquis, storyboards, travaux préparatoires
  • scénario ou extrait de
  • revues de cinéma
  • critiques
  • analyses
  • guide des programmes TV
  • articles encyclopédiques, anecdotes
  • biographies
  • œuvres adaptées
  • novellisations
  • œuvres appartenant à l'univers étendu : romans, bédés, jeux vidéo, sites Web viraux...
  • parodies, détournements, suédages
  • émissions vidéo sur Internet
  • messages de forums
  • fiches annotées et listes constituées par des outils mnémotechniques
  • travaux scientifiques informant le contexte diégétique de l'histoire
  • travaux scientifiques informant les contextes de production et de réception

Avec le numérique, la volumétrie de cette documentation a explosé : il suffit d'interroger un moteur de recherche avec le titre d'un film (qui plus est récent, et ayant connu le succès) pour se faire servir des millions de pages Web... parmi lesquelles le film lui-même (la reproduction de l'intégralité de ses bandes audio et vidéo) ne tient qu'une place minime. L'immense majorité de cette documentation est produite soit par les utilisateurs finaux, soit par des entreprises (qui n'investissent ni ne travaillent pas sans être sûres de rencontrer un public intéressé) : les documents connexes aux films intéressent donc de très nombreuses personnes... Mais qui ?

Les hyperspectateurs

Une étude quantitative[4] basée sur un échantillon de 631 personnes a permis de caractériser les spectateurs faisant usage d'une documentation périphérique au cinéma. La première des conclusions est que ces usagers existent ; ensuite, il s'agit en grande partie de collégiens, lycéens et étudiants de premier cycle. Si les usagers d'une telle documentation sont rares parmi les cadres et professions intellectuelles supérieures, ils sont pourtant les plus prompts à contribuer aux contenus, par leurs commentaires, messages sur des forums, vidéos sur Youtube ou articles Wikipédia.

On remarque que ces usages de lecture et de contribution de documents portent en germe l'usage du cinéma augmenté : s'ils ne constituent pas à proprement parler une hyperlecture au sens de celle que pratique un internaute, ce n'est dû qu'à l'absence de l'outil adéquat. Par ailleurs, on peut se demander si les publics qui lisent et contribuent peu aux documents ne sont pas limités justement par la difficulté que cet usage représente pour eux (pour les immigrants du numérique notamment) ou par l'investissement de temps nécessaire (pour les actifs). Le cinéma augmenté permettrait donc de satisfaire des besoins soit déjà existants et formulés, soit susceptibles d'apparaître.

Hypermédia

Un hypermédia est un ensemble de documents numériques de tous types, connectés par des hyperliens (soit un document source, un document cible et un pointeur qui les relie), que l'utilisateur est libre de lire et parcourir selon une trajectoire qui lui appartient.

Annotation

L'annotation constitue, à proprement parler, des métadonnées (soit des données à propos des données).

Annotation fine

Annotation sémantique

Collaboration

Désignation

Plusieurs désignation ont été envisagées, mais sont insatisfaisantes car limitées à certains aspects, ou trop complexes :

  • Expérience hypermédia du cinéma
  • Annotation du cinéma
  • Annotation sémantique et collaborative du cinéma pour une documentation périphérique navigable

Les expressions "Cinéma augmenté" et "Hyper-cinéma" semblent les meilleurs candidats, mais une recherche sur Internet fait apparaître des usages préexistants...

Emplois préexistants de "Cinéma augmenté"

Emplois préexistants de "Hyper-cinéma"

==> Quelle légitimité pour prétendre à l'étiquette ?

Usages permis

  • Accès aux films ou segments selon leur contenu
  • Prise de connaissance rapide du contenu par lecture des descriptions
  • Accès à des documents au moment le plus pertinent
    • Navigation hypermédia
  • Adaptation des sous-titres aux besoins du spectateur : langues parlées, lues, surdité, hypoacousie, cécité...

Mise en oeuvre

Éléments déjà existants

En 2013, l'annotation fine de documents audiovisuels est permise par la suite logicielle Studio Asa (développée par le laboratoire Equipe sémiotique cognitive et nouveaux médias (ESCoM) de la Fondation maison des sciences de l'homme (FMSH) de Paris), qui présente l'avantage de se connecter à des ontologies de domaine.

Modalités de mise en œuvre

  • Transposition vers le cinéma des ontologies de domaines SHS utilisées par Studio ASA (dès février 2014, dans le cadre d'un stage professionnel)
  • Définition de standards de création de contenu pour le Web de données
  • Exemplification par l'annotation d'un corpus défini
  • Création d'une interface de recherche, de navigation et de lecture
  • Diffusion de l'outil et des contenus
  • Promotion, formation, maintien...

Tentatives précédentes

Des projets proches de celui qui est présenté ici ont déjà été menés dans le cadre de programmes de recherche, menés notamment par l'Institut de recherche et d'innovation (IRI). Le dernier en date se nomme Cinecast, et doit s'achever en 2013, sur un relatif constat d'échec.

Difficultés à prévoir

L'expérience Cinecast est utile pour identifier les difficultés que rencontrera probablement ce projet. Elles sont de trois ordres :

  • Juridiques
    • les ayant-droit peuvent refuser de voir leur oeuvre annotée
  • Techniques
    • les supports optiques, ou la VOD telle qu'elle se pratique en 2013, ne facilitent pas l'annotation, encore moins collaborative
  • Economiques
    • les investisseurs ont du mal à se convaincre du potentiel de pénétration de l'usage de l'annotation chez les spectateurs

Voir aussi

Liens externes

Notes

  1. Pour se convaincre de l'utilité de ces fonctions, il suffit de consulter quelques forums Web, dans lesquels les demandes de spectateurs recherchant des films vus jadis : par exemple les forums du magazine Première, de L'Internaute et un sujet spécifique sur Jeuxvideo.com.
  2. Ainsi que les documents non-numériques tels qu'ouvrages et revues, mais ceux-ci sortent du champ de ce projet.
  3. Voir les chiffres de téléchargement des applications Allociné et IMDb pour Android, respectivement plus d'un million et plus de 10 millions.
  4. Martin, E. (2013). Les Hyperspectateurs : caractérisation des usagers de la documentation cinématographique. (Mémoire de master 1 non publié). Université de Lorraine, Metz.