Diaporama de visite - Exposition "Trésors Renaissance des facultés de Nancy" - Nancy - Septembre 2013 : Différence entre versions

De Histoire des sciences
m (1 révision importée)
 
(Une révision intermédiaire par le même utilisateur non affichée)
Ligne 2 : Ligne 2 :
  
  
''Les personnes ayant visité [https://lorexplor.istex.fr/Wicri/Europe/France/Lorraine/fr/index.php/Tr%C3%A9sors_Renaissance_des_facult%C3%A9s_de_Nancy_(Exposition_-_Nancy,_2013) '''l'exposition'''] peuvent retrouver sur cette page les diapositives projetées, en résolution réduite et accompagnées du texte conducteur.''
+
''Les personnes ayant visité [https://wicri-demo.istex.fr/Wicri/HistSciences/fr/index.php/Tr%C3%A9sors_Renaissance_des_facult%C3%A9s_de_Nancy_(Exposition_-_Nancy,_2013) '''l'exposition'''] peuvent retrouver sur cette page les diapositives projetées, en résolution réduite et accompagnées du texte conducteur.''
  
 
__NOTOC__
 
__NOTOC__
Tout comme en septembre 2010 à la Villa Bergeret, la Direction de la documentation et de l’édition de l’Université de Lorraine vous propose, pour l’édition <br> 2013 des Journées européennes du patrimoine, un échantillon des fonds patrimoniaux des bibliothèques des campus de Nancy – Santé, Droit, Sciences <br> économiques et Gestion, Lettres et Sciences humaines, Sciences et Technologies. Vingt-huit vitrines ont été disposées en vis-à-vis de l’exposition [https://lorexplor.istex.fr/Wicri/Europe/France/Lorraine/fr/index.php/L%27esprit_de_la_Renaissance_(Exposition_-_Villers-l%C3%A8s-Nancy,_2013_;_Vand%C5%93uvre-l%C3%A8s-Nancy,_Nancy_et_Onnaing,_2014) « '''L’esprit <br> de la Renaissance – Paysages et chemins d’un bouleversement scientifique''' »] présentée en avril 2013 à Villers-lès-Nancy, et qui resitue le contexte <br> de la publication des ouvrages. Nous allons cheminer ensemble autour des vitrines pour une visite d’une heure et demie, mais vous aurez ensuite tout loisir <br> de vous attarder sur les collections et sur les panneaux. Afin de permettre aux personnes les plus éloignées des vitrines d’en avoir un aperçu durant <br> le commentaire, un diaporama sera projeté en parallèle et proposera quelques compléments.
+
Tout comme en septembre 2010 à la maison Bergeret, la Direction de la documentation et de l’édition de l’Université de Lorraine vous propose, pour l’édition <br> 2013 des Journées européennes du patrimoine, un échantillon des fonds patrimoniaux des bibliothèques des campus de Nancy – Santé, Droit, Sciences <br> économiques et Gestion, Lettres et Sciences humaines, Sciences et Technologies. Vingt-huit vitrines ont été disposées en vis-à-vis de l’exposition [https://wicri-demo.istex.fr/Wicri/HistSciences/fr/index.php/L%27esprit_de_la_Renaissance_(Exposition_-_Villers-l%C3%A8s-Nancy,_2013_;_Vand%C5%93uvre-l%C3%A8s-Nancy,_Nancy_et_Onnaing,_2014) « '''L’esprit <br> de la Renaissance – Paysages et chemins d’un bouleversement scientifique''' »] présentée en avril 2013 à Villers-lès-Nancy, et qui resitue le contexte <br> de la publication des ouvrages. Nous allons cheminer ensemble autour des vitrines pour une visite d’une heure et demie, mais vous aurez ensuite tout loisir <br> de vous attarder sur les collections et sur les panneaux. Afin de permettre aux personnes les plus éloignées des vitrines d’en avoir un aperçu durant <br> le commentaire, un diaporama sera projeté en parallèle et proposera quelques compléments.
  
  

Version actuelle datée du 25 avril 2024 à 12:31

Selon la taille de votre écran, la disposition du texte et des images de cette page peut être altérée.
La fonction "Zoom" de l'onglet "Affichage" de votre navigateur permet de corriger le problème.


Les personnes ayant visité l'exposition peuvent retrouver sur cette page les diapositives projetées, en résolution réduite et accompagnées du texte conducteur.


Tout comme en septembre 2010 à la maison Bergeret, la Direction de la documentation et de l’édition de l’Université de Lorraine vous propose, pour l’édition
2013 des Journées européennes du patrimoine, un échantillon des fonds patrimoniaux des bibliothèques des campus de Nancy – Santé, Droit, Sciences
économiques et Gestion, Lettres et Sciences humaines, Sciences et Technologies. Vingt-huit vitrines ont été disposées en vis-à-vis de l’exposition « L’esprit
de la Renaissance – Paysages et chemins d’un bouleversement scientifique
 »
présentée en avril 2013 à Villers-lès-Nancy, et qui resitue le contexte
de la publication des ouvrages. Nous allons cheminer ensemble autour des vitrines pour une visite d’une heure et demie, mais vous aurez ensuite tout loisir
de vous attarder sur les collections et sur les panneaux. Afin de permettre aux personnes les plus éloignées des vitrines d’en avoir un aperçu durant
le commentaire, un diaporama sera projeté en parallèle et proposera quelques compléments.


Diaporama visite exposition Renaissance (1).jpg 1- 2 Diaporama visite exposition Renaissance (2).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (3).jpg 3- 4 Diaporama visite exposition Renaissance (4).jpg


[1] Pour ce parcours au cœur de la Renaissance à travers le livre, nous sommes accueillis par Barbaro, représenté ici par Véronèse. Ce diplomate vénitien
féru d’optique et de perspective s’est attelé à la traduction en italien des Dix livres d’architecture de Vitruve, seul Romain dont des écrits techniques nous soient
parvenus. Vitruve [2] a influencé Alberti, Raphaël ou Michel-Ange, mais aussi Léonard de Vinci, qui a repris sa théorie des proportions idéales du corps humain.
[3] L’édition dont dispose la bibliothèque de la faculté de Droit est une version commentée par Barbaro, mais en latin, destinée à un public humaniste européen.
Les planches originales de Vitruve ne nous étant pas parvenues, [4] celles que nous voyons ici sont dues à Palladio – comment, d’ailleurs, ne pas penser
au [5] Théâtre olympique de Vicence en feuilletant certaines planches de cet ouvrage, qui propose également cette étonnante [6] vue aérienne de Venise ?
Vitruve présente une architecture alliant géométrie, optique, acoustique, droit, religion, météorologie et hydraulique. [7] Il représente la vis d’Archimède et
rapporte l’anecdote de la couronne du roi Hiéron — dont Archimède aurait évalué la teneur en or grâce à la poussée découverte dans son bain. Visionnaire,
Vitruve met déjà en garde contre la toxicité du plomb. [8] Ses nombreux plans garantissent ce que sont pour lui les trois qualités d’un édifice et que Claude
Perrault reprendra : utilité, solidité et beauté.


Diaporama visite exposition Renaissance (5).jpg 5- 6 Diaporama visite exposition Renaissance (6).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (7).jpg 7- 8 Diaporama visite exposition Renaissance (8).jpg


Fascinée par la redécouverte de l’Antiquité, la Renaissance fouille la Maison dorée de Rome devant Raphaël et Michel-Ange. [9] Cet intérêt pour la Rome
antique se retrouve en France dans les écrits d’un conseiller d’Henri II. Le numismate Du Choul a résidé dans un quartier archéologique de Lyon, mais ce sont
surtout ses correspondants étrangers qui lui ont permis de rassembler un extraordinaire médaillier. La faculté de Droit conserve un ouvrage rassemblant
plusieurs de ses textes illustrés. [10] Le traité sur la discipline militaire des Romains présente les techniques de préparation et de combat que l’on connaît :
[11] bélier, [12] tortue... [13] Les casques sont mentionnés, à une époque où l’armurerie est en plein essor. Du Choul évoque également [14] la religion
des Romains, notamment à travers ses représentations de monuments et autres inscriptions. Quant à la partie de l’ouvrage [15] consacrée aux bains,
elle rappelle les travaux du Primatice, à qui François Ier avait confié la décoration du château de Fontainebleau.


Diaporama visite exposition Renaissance (9).jpg 9- 10 Diaporama visite exposition Renaissance (10).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (11).jpg 11- 12 Diaporama visite exposition Renaissance (12).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (13).jpg 13- 14 Diaporama visite exposition Renaissance (14).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (15).jpg 15- 16 Diaporama visite exposition Renaissance (16).jpg


L’héritage romain est en vogue aux XVe et XVIe siècles. [16] En témoigne cette édition de 1529 d’un traité du médecin du premier siècle de notre ère Celse,
parfois qualifié d’« Hippocrate latin ». L’ouvrage est ouvert sur une double page fortement annotée à la main et coloriée en rouge. [17] Des notes manuscrites
datant de la Révolution française témoignent de l’oubli dans lequel Celse est alors déjà tombé. [18] Il a pourtant été le premier auteur médical dont l’œuvre ait
été imprimée. Son seul ouvrage qui nous soit parvenu évoque les notions d’hygiène, de diététique, de pharmacopée, de chirurgie. Celse insiste par ailleurs sur
la qualité du contact entre médecin et patient.


Diaporama visite exposition Renaissance (17).jpg 17- 18 Diaporama visite exposition Renaissance (18).jpg


Si Celse a été non seulement médecin mais aussi naturaliste, le plus célèbre des descripteurs de la nature dans l’Antiquité reste Pline l’Ancien, [19] dont
la monumentale Histoire naturelle est conservée dans une édition de 1584 à la faculté de Lettres. La vitrine l’expose sur une description de l’Afrique, mais l’auteur
s’intéresse aussi à l’astronomie [20] et aborde des sujets aussi tabous que celui d’un hypothétique univers infini. Pline – qui mourra en 79 dans l’éruption
du Vésuve qui ensevelira Pompéi – [21] propose quelques conseils de construction pour limiter les dégâts causés par les tremblements de terre : il suffit
de prévoir des canalisations pour évacuer le supposé vent souterrain. [22] Il évoque aussi l’agriculture, l’alimentation, la botanique et surtout la zoologie.
[23] Nous apprenons ainsi que les éléphants comprennent le langage de leur région, mémorisent tout ce qu’on leur montre, sont curieux de l’amour
et de la gloire, et que certains se purifient même avant d’aller adorer la Lune !


Diaporama visite exposition Renaissance (19).jpg 19- 20 Diaporama visite exposition Renaissance (20).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (21).jpg 21- 22 Diaporama visite exposition Renaissance (22).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (23).jpg 23- 24 Diaporama visite exposition Renaissance (24).jpg


Si la Renaissance retrouve Rome, elle rend également hommage aux grands noms de la Grèce. [24] Dans ses Vies des hommes illustres, l’historien romain
d’origine grecque Plutarque livre quarante-six biographies de personnages, parmi lesquels Thésée, Romulus, Alexandre le Grand ou César, qui inspireront
Shakespeare et Corneille. [25] L’édition de 1580 conservée à la faculté de Lettres est une réimpression, comme en témoigne l’épître à Henri II, mort dès 1559.


Diaporama visite exposition Renaissance (25).jpg 25- 26 Diaporama visite exposition Renaissance (26).jpg


[26] Le XVIe siècle est une période faste pour la lexicographie. Dolet codifie la ponctuation et les accents ; le premier dictionnaire franco-latin paraît ; on entérine
grammaire et orthographe. Dans cet élan, Henri Estienne publie en 1572 le dictionnaire de la langue grecque, dont figure ici un volume somptueusement relié.
L’ouvrage sera réédité et amélioré jusqu’au XIXe siècle.


Diaporama visite exposition Renaissance (27).jpg 27- 28 Diaporama visite exposition Renaissance (28).jpg


[27] Bien plus que la linguistique, c’est la philosophie des Anciens qui bénéficie d’un regain d’intérêt. En témoignent ces Œuvres complètes de Platon dans une
édition de 1590 reprenant l’épître de Ficin – grand traducteur du philosophe – au mécène de Florence Laurent le Magnifique. [28] Parmi les écrits essentiels
de Platon, nous trouvons La République — qui décrit, pour la Cité, la recherche de la justice idéale susceptible de dompter les affects humains —, ou encore
[29] le Timée — que Raphaël représente au bras de son auteur dans sa célèbre [30] fresque L’École d’Athènes.


Diaporama visite exposition Renaissance (29).jpg 29- 30 Diaporama visite exposition Renaissance (30).jpg


Cette même fresque nous montre le dos d’un personnage portant un globe. Il s’agit de Ptolémée, l’astronome grec majeur du deuxième siècle qui, [31] outre
sa célèbre Almageste récapitulant la connaissance astronomique de l’époque, a rédigé le Tetrabiblos, ouvrage d’astrologie présenté ici dans une édition de 1535.
C’est pour nous l’occasion de lire en grec le nom des signes du zodiaque, notamment « karkinos » – le crabe, pour le cancer – ou encore « parthenos » pour
la vierge. [32] Les astres connus à l’époque de Ptolémée sont également mentionnés en grec. On retrouve ainsi [33] Cronos (Saturne), Zeus (Jupiter), Arès
(Mars, armé de son bouclier et de sa lance), Hélios (le Soleil), Aphrodite (Vénus, représentée par son miroir), Hermès (Mercure) et Sélènè (la Lune), dont
Ptolémée évoque les effets selon leur position au moment de la naissance de l’individu.


Diaporama visite exposition Renaissance (31).jpg 31- 32 Diaporama visite exposition Renaissance (32).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (33).jpg 33- 34 Diaporama visite exposition Renaissance (34).jpg


[34] En matière de connaissance des plantes médicinales, le grand nom de l’Antiquité est celui de Dioscoride. [35] La fragile couverture de cette édition de 1553
est constituée de morceaux d’un papier déjà utilisé. La postérité de Dioscoride à la Renaissance est encore telle qu’elle inspire les Commentaires de Matthioli,
dont [36] vous pourrez admirer la page de titre. [37] Le texte recèle des descriptions fantaisistes d’animaux : caméléon, [38] hippocampe, [39] hippopotame,
[40] grenouilles – contrepoison supposé aux morsures de serpents ! –, [41] éléphants, [42] hérisson… La botanique se développe au XVIe siècle, mais c’est ici
pour leur intérêt médicinal que les plantes sont étudiées [43] : les qualités – chaud, froid, humide ou sec – des « simples » sont évoquées. De jolies gravures
– inexistantes à l’époque de Dioscoride – illustrent les paragraphes [44] concernant la laine ou [45] les champignons – nourrissants mais peu digestes !


Diaporama visite exposition Renaissance (35).jpg 35- 36 Diaporama visite exposition Renaissance (36).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (37).jpg 37- 38 Diaporama visite exposition Renaissance (38).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (39).jpg 39- 40 Diaporama visite exposition Renaissance (40).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (41).jpg 41- 42 Diaporama visite exposition Renaissance (42).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (43).jpg 43- 44 Diaporama visite exposition Renaissance (44).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (45).jpg 45- 46 Diaporama visite exposition Renaissance (46).jpg


[46] Une édition plus tardive du même ouvrage montre ici Matthioli en médaillon en vis-à-vis d’une table des « simples qui servent à embellir le corps ». Riches
de cinq cents gravures, les plus de soixante versions des Commentaires sur Dioscoride de Matthioli ont été publiées en trente deux mille exemplaires et ont connu
un succès retentissant. [47] À cette époque sont créés les premiers jardins botaniques, et Fuchs et Cordus – dont la faculté de Médecine conserve le Dispensaire
au format extrêmement réduit – asseyent la connaissance systématique des plantes, deux siècles avant Linné.


Diaporama visite exposition Renaissance (47).jpg 47- 48 Diaporama visite exposition Renaissance (48).jpg


[48] Aussi célèbre que l’ouvrage de Matthioli, l’herbier médicinal compilé par le botaniste flamand Dodoens – médecin du neveu de Charles Quint Maximilien II,
puis de son fils Rodolphe II – a été l’ouvrage le plus traduit de son temps après la Bible. Il est présenté ici dans une adaptation latine plus spécifiquement botaniste.
[49] En parcourant l’épais volume, nous avons eu la surprise de découvrir une feuille d’héliotrope dont la date d’insertion nous est malheureusement inconnue.


Diaporama visite exposition Renaissance (49).jpg 49- 50 Diaporama visite exposition Renaissance (50).jpg


[50] Nous retrouvons l’influence de l’Antiquité à la Renaissance via les Œuvres complètes du grand Hippocrate compilées au XVIe siècle par le médecin messin
Foës. Elles sont ici ouvertes sur les versions grecque et latine du serment, dont l’attribution au médecin grec du Ve siècle avant notre ère est douteuse. Y sont
évoqués Asclépios ou Esculape – dieu des médecins – et ses filles Hygie – dont le nom donnera le terme « hygiène » – et Panacée. Le texte est probablement
dû aux disciples d’Hippocrate – qui, selon la légende, aurait refusé de soigner le roi des Perses –, tout comme l’idée que quatre humeurs – sang, flegme, bile
et atrabile – régissent l’organisme.


Diaporama visite exposition Renaissance (51).jpg 51- 52 Diaporama visite exposition Renaissance (52).jpg


[51] Au deuxième siècle, Galien, autre grand médecin grec, a introduit les tempéraments résultant de l’excès (« pléthore ») ou de l’altération (« cacochymie »)
de ces humeurs, et a recommandé saignées et purgatifs. Deux volumes de ses Œuvres complètes nous sont proposés dans une édition de 1576. Une page
illustrée mentionne Hippocrate et nous livre une superbe gravure montrant des médecins à l’œuvre. [52-54] Il faudrait pouvoir s’attarder sur chaque lettrine ou
chaque bandeau pour goûter toute la richesse de cette édition.


Diaporama visite exposition Renaissance (53).jpg 53- 54 Diaporama visite exposition Renaissance (54).jpg


[55] Celui qui a été médecin des gladiateurs, mais également de Marc-Aurèle, a vu ses idées s’imposer en Occident pour quatorze siècles, [56] et ce en dépit
d’erreurs liées à l’extrapolation au corps humain de résultats obtenus sur des animaux – que Galien disséquait publiquement, ainsi qu’en témoigne la truie
représentée dans la partie inférieure du frontispice de l’ouvrage. [57] S’il a compris que les artères transportaient du sang et non de l’air, Galien a confondu
le rôle du foie et celui du cœur. [58-60] Contrairement à ce que pourraient suggérer les planches projetées, il a méprisé la chirurgie, qui a attendu Paré pour
être réhabilitée. [61] Ses idées erronées ont été rectifiées à la Renaissance, mais le terme « galénique » se rapporte aujourd’hui encore à la préparation
des médicaments. [62] Galien a vulgarisé la légendaire thériaque, préparée en un an et demi à partir de soixante-quatre ingrédients végétaux, minéraux
et animaux — dont des opiacés, de la chair séchée de vipère et des rognons de castor !


Diaporama visite exposition Renaissance (55).jpg 55- 56 Diaporama visite exposition Renaissance (56).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (57).jpg 57- 58 Diaporama visite exposition Renaissance (58).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (59).jpg 59- 60 Diaporama visite exposition Renaissance (60).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (61).jpg 61- 62 Diaporama visite exposition Renaissance (62).jpg


[63] Au Moyen Âge, c’est par les Arabes et via la péninsule ibérique et les premières universités que la science grecque est transmise à l’Occident. Le plus
ancien ouvrage de la bibliothèque de la faculté de Médecine est une édition somptueusement reliée de 1502 d’un recueil rassemblant le Canon universel de
Mésué et la Chirurgie d’Abulcasis. Le premier a été le médecin arabe chrétien le plus réputé de son temps à Bagdad ; le second est le grand nom de la chirurgie
hispano-arabe de Cordoue. Il a notamment pratiqué la première trachéotomie et reconnu l’hémophilie. [64] Nos collections comptent un second recueil analogue
publié treize ans plus tard. On y retrouve les caractères gothiques – ce n’est que progressivement que la Renaissance impose l’écriture romaine actuelle...
[65] La légende raconte que Mésué, représenté sur ce frontispice, jugeait la dissection essentielle et voulait disséquer son fils laid et stupide pour élucider
la raison de sa bêtise.


Diaporama visite exposition Renaissance (63).jpg 63- 64 Diaporama visite exposition Renaissance (64).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (65).jpg 65- 66 Diaporama visite exposition Renaissance (66).jpg


[66] Autre ouvrage traduit de l’arabe au latin au XIIe siècle à Tolède par le spécialiste Gérard de Crémone, le Canon de la médecine, rédigé un siècle plus tôt
par le Persan Avicenne, a servi de pilier à la médecine occidentale jusqu’au XVIIe siècle. Cette édition date de 1556 [67] et se trouve ouverte sur l’une des deux
seules pages comportant des illustrations, l’autre étant au verso. [68] Une kinésithérapie étonnante est suggérée par l’auteur, personnage lui-même haut
en couleur, prodige dirigeant à seize ans les plus grands médecins, politicien habile aussi convoité que pourchassé. [69] Dans son Canon, Avicenne dresse
un panorama de l’anatomie, des pathologies – dont l’amour, assimilé à une maladie cérébrale ! –, des médicaments et des moyens de préserver la santé.
Son anatomie sera contestée par Vinci et sa vision du corps dépassée par la découverte de la circulation du sang.


Diaporama visite exposition Renaissance (67).jpg 67- 68 Diaporama visite exposition Renaissance (68).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (69).jpg 69- 70 Diaporama visite exposition Renaissance (70).jpg


[70] Invention essentielle à la diffusion du savoir, l’imprimerie est saluée dans le frontispice de cette édition de 1522 des œuvres d’Origène, philosophe chrétien
du IIIe siècle et père de l’exégèse biblique, dont [71] la précision du travail et le souci du texte original ont été salués par celui dont les Paraphrases vont à présent
nous occuper : Érasme. [72] C’est bien l’humaniste qui s’exprime dans l’épître au lecteur lorsqu’il prétend ne pas partager l’avis de ceux qui voudraient exclure
les illettrés de la lecture des livres religieux. [73-76] Toutefois, derrière la publication des Paraphrases se cache une motivation plus noble encore : en dédiant
chaque évangile à un souverain européen différent, Érasme entend faire triompher la République des lettres et éviter tout conflit issu de la montée des nationalismes.


Diaporama visite exposition Renaissance (71).jpg 71- 72 Diaporama visite exposition Renaissance (72).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (73).jpg 73- 74 Diaporama visite exposition Renaissance (74).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (75).jpg 75- 76 Diaporama visite exposition Renaissance (76).jpg


[77] Le premier livre à avoir connu les faveurs de l’imprimerie est naturellement la Bible, et la faculté de Lettres conserve quelques joyaux de l’histoire religieuse.
[78] Après Henri Estienne – éditeur du dictionnaire de la langue grecque – c’est Robert Estienne, son père, que nous rencontrons – la marque de l’olivier
est caractéristique de la famille – pour la publication de cette fantastique [79] Bible en hébreu, syriaque, grec et latin datant de 1540 et relevant autrefois
des collections de l’Université de Pont-à-Mousson. [80-82] La splendeur de l’in-folio n’a d’égale que la précision des gravures regorgeant de détails. Imprimeur
de François Ier pour les textes hébraïques, latins et grecs, Robert Estienne a publié de nombreuses éditions de [83] la Bible en se rapprochant de l’hébreu,
ce qui lui a valu les persécutions des théologiens de la Sorbonne et un exil à Genève, où Calvin l’a accueilli et lui a fait publier ses écrits.


Diaporama visite exposition Renaissance (77).jpg 77- 78 Diaporama visite exposition Renaissance (78).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (79).jpg 79- 80 Diaporama visite exposition Renaissance (80).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (81).jpg 81- 82 Diaporama visite exposition Renaissance (82).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (83).jpg 83- 84 Diaporama visite exposition Renaissance (84).jpg


[84-85] Plus spectaculaires encore sont ces cinq volumes de la Bible polyglotte d’Anvers dite « de Philippe II » – le souverain, [86] dont le nom est mentionné en
page de titre, avait souhaité corriger l’épreuve de chaque feuille imprimée. [87] Les gravures présentent avec autant de minutie le songe de Jacob que les tables
de la loi remises à Moïse. [88] Quatre ans et soixante ouvriers ont permis la parution, en 1572, de l’ouvrage à plus de mille deux cents exemplaires. Vous aurez
tout loisir d’admirer, dans les illustrations, le passage de la Mer Rouge ou le baptême du Christ.


Diaporama visite exposition Renaissance (85).jpg 85- 86 Diaporama visite exposition Renaissance (86).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (87).jpg 87- 88 Diaporama visite exposition Renaissance (88).jpg


[89] La rigueur dans l’exégèse biblique et dans la démarche des humanistes n’a pas manqué de développer l’esprit critique dans l’Europe du XVIe siècle, ouvrant
de fait la voie au protestantisme. Livre-phare de la Réforme, l’Institution de la religion chrétienne est présenté(e) ici dans une édition française de 1551. Pour
Calvin, Dieu étant parfait et l’Homme corrompu, la distance entre eux est infinie. Dieu a la bienveillance d’accorder la foi et sauvera exclusivement les prédestinés.


Diaporama visite exposition Renaissance (89).jpg 89- 90 Diaporama visite exposition Renaissance (90).jpg


[90] Ami d’Érasme, l’Anglais More est à l’origine du genre littéraire qu’est l’utopie – nom repris au titre de son Utopia exposée dans une édition anglaise tardive
de 1685. Juriste, historien, théologien et homme politique, More n’est pas un économiste, mais dénonce les conséquences sur l’Angleterre rurale du mouvement
des enclosures, qui a remplacé une agriculture collective harmonieuse par une privatisation excessive. Étymologiquement, l’île d’Utopia est « sans lieu »
(en grec « ou/topos »). More y situe une société d’élite isolée du monde, collectiviste et foncièrement égalitaire. Ce modèle inspirera au XIXe siècle les systèmes
de Saint Simon, Fourier, Proudhon ou Godin.


Diaporama visite exposition Renaissance (91).jpg 91- 92 Diaporama visite exposition Renaissance (92).jpg


[91] Nous tournons la page de l’humanisme avec la dernière de ses grandes figures, davantage teintée de scepticisme : après avoir achevé les deux premiers
volumes de ses Essais, Montaigne entreprend, durant dix-sept mois, un voyage d’agrément, mais aussi de santé, à travers la Suisse, l’Allemagne et l’Italie, auquel
mettra fin son élection à la Mairie de Bordeaux. Deux tomes de son Journal de voyage paru en 1774 sont présentés ici, et rassemblent ce qui n’étaient initialement
que de simples notes prises par son secrétaire ou [92] par l’écrivain lorsqu’il s’essayait à l’italien. Montaigne voyage pour son plaisir, goûtant les rencontres, mais
se révèle peu sensible à l’art ou à la nature. Les routes étant peu sûres, il part avec toute une escorte et dépense une véritable fortune…


Diaporama visite exposition Renaissance (93).jpg 93- 94 Diaporama visite exposition Renaissance (94).jpg


[93] Le siècle des Lumières, qui voit tardivement paraître le Journal de voyage de Montaigne, connaît un engouement sans précédent pour l’opéra italien.
Les librettistes de Vivaldi et de Haendel ont alors à leur disposition une véritable mine pour leurs intrigues, et la seule table des personnages de l’ouvrage que
nous allons à présent contempler résonnera aux oreilles des amateurs de musique baroque : Alcina, Angelica, Ariodante, Ginevra, [94] Orlando, Rinaldo…
Autant de noms issus du Roland furieux de l’Arioste, dont la bibliothèque de la faculté de Droit conserve [95] une saisissante édition illustrée datant de 1580.
Mêlant des intrigues amoureuses à une approximative vérité historique impliquant le neveu hypothétique de Charlemagne, [96] le poème comporte
quarante-six chants, qui sont prétextes à autant de superbes têtes de chapitres agrémentées de gravures.


Diaporama visite exposition Renaissance (95).jpg 95- 96 Diaporama visite exposition Renaissance (96).jpg


À mi-chemin entre histoire et littérature, nous rencontrons l’Italien Machiavel, souvent caricaturé sous les traits d’un individu dénué de morale – d’où l’adjectif
« machiavélique ». Il n’en était pas moins soucieux du bien public, quoique convaincu que l’Homme était mauvais par nature. [97] Dans une époque fascinée par
l’Antiquité, comme en témoigne la table des chapitres de cette édition de 1743, Machiavel critique la situation politique de l’époque en exhumant l’historien romain
Tite-Live. [98] Son intérêt pour l’art de la guerre s’inscrit dans la redécouverte des techniques romaines de combat tandis que se développent les armes à feu.
[99] Le quatrième tome de la série est ouvert sur la lettre à Clément VII, commanditaire de l’Histoire de Florence. Le dernier tome, enfin, propose l’examen critique,
par Frédéric II de Prusse, du plus célèbre des écrits de Machiavel : Le Prince.


Diaporama visite exposition Renaissance (97).jpg 97- 98 Diaporama visite exposition Renaissance (98).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (99).jpg 99- 100 Diaporama visite exposition Renaissance (100).jpg


[100] Ici présenté sur son frontispice dans une édition de 1643, Le Prince est un traité politique exposant les idées de Machiavel relatives à la manière de devenir
prince et de le rester. Inspiré par les agissements de César Borgia et par les conflits entre les Sforza et les Visconti, l’ouvrage, paru en 1532, a été mis à l’Index dès
1559. Rousseau en a fait le livre des républicains : « en feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples ». L’histoire de Florence,
que Machiavel nous rapporte partiellement, est agitée à la Renaissance : après la prospérité sous l’égide de Laurent le Magnifique, la ville, avec Savonarole,
a sombré dans une dictature théocratique avant de connaître la République, puis le retour en 1512 des Médicis, auprès desquels Machiavel tente de rentrer
en grâce en rédigeant Le Prince, après un emprisonnement pour complot.


Diaporama visite exposition Renaissance (101).jpg 101- 102 Diaporama visite exposition Renaissance (102).jpg


[101] Après la religion et la littérature, abordons à présent le domaine du droit à la Renaissance. Au droit canon de l’Église répondent le droit coutumier reposant
sur les usages oralement consacrés par le temps sur un territoire donné, et le droit romain, premier système juridique de l’histoire dégagé de la coutume et de
la religion. Jurisconsulte, avocat et conseiller du roi, Bugnyon inventorie les lois caduques du royaume. L’ouvrage, ouvert sur un portrait, est doté d’une reliure
en parchemin souple. [102] Le recueil compilé par De Thou est, lui, particulièrement représentatif de la production juridique du XVIe siècle et des collections
de la bibliothèque de la faculté de Droit, qui dispose de l’ensemble des coutumes des provinces françaises. Il s’agit ici de celles de la prévôté et vicomté de Paris.
[103] L’ouvrage comporte une épître à Henri III et [104] des notes manuscrites en marge de paragraphes relatifs aux successions. Conseiller d’Henri II, Charles IX
et Henri III, président du Parlement de Paris, De Thou – père d’un célèbre historien et, pour l’anecdote, premier Parisien à posséder un carrosse – incarne la haute
magistrature alors en pleine ascension.


Diaporama visite exposition Renaissance (103).jpg 103- 104 Diaporama visite exposition Renaissance (104).jpg


[105] Le droit français évolue parfois à la faveur de situations politiques complexes, comme en témoigne cet ouvrage d’Hotman datant de 1585. Dans le cadre
de la Guerre de Cent Ans et des luttes entre Armagnacs et Bourguignons, Henri V d’Angleterre a épousé la fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. Le Dauphin
– futur Charles VII – se voyant accusé d’être un fils illégitime, c’est à l’Angleterre que la couronne française doit alors revenir. Jean de Terre Vermeille, à qui Hotman
reprend la théorie, précise alors que la couronne est « indisponible », c’est-à-dire qu’elle se transmet par la simple force de la coutume. [106] Le roi n’a pas
le pouvoir de la céder ou de l’engager à une puissance étrangère, ni même d’abdiquer. L’ouvrage est ici ouvert sur une page montrant la généalogie partielle
des rois de France : Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII et Louis XII.


Diaporama visite exposition Renaissance (105).jpg 105- 106 Diaporama visite exposition Renaissance (106).jpg


[107] Les Observations sur l’édit d’Henri II relatif aux petites dates réservent au lecteur la surprise de plusieurs pages manuscrites. Leur auteur était pour le moins
sûr de lui si l’on en croit sa devise : « moi qui ne cède à personne et à qui personne ne peut rien apprendre » ! [108] Avocat à Paris retiré en cabinet suite à son
bégaiement, Du Moulin a été un grand jurisconsulte. [109-110] Ses écrits soutiennent que le roi a le droit de réprimer les abus et les fraudes commises à Rome
dans la distribution des bénéfices, ce qui a valu à son auteur les bonnes grâces d’Henri II mais aussi les foudres de la Sorbonne, qui ont provisoirement conduit
Du Moulin au protestantisme.


Diaporama visite exposition Renaissance (107).jpg 107- 108 Diaporama visite exposition Renaissance (108).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (109).jpg 109- 110 Diaporama visite exposition Renaissance (110).jpg


[111] En 1566, le jeune roi Charles IX est à Moulins dans le cadre du grand tour de France que sa mère, la régente Catherine de Médicis, a organisé pour lui faire
voir le pays et pacifier le royaume. Le chancelier Michel de L’Hospital y rédige des ordonnances dont Du Prat se fait l’écho dans cet ouvrage. Ces ordonnances
réduisent les pouvoirs du Parlement, suppriment le droit de grâce et de levée d’impôts des gouverneurs de provinces, imposent des conditions d’âge et de capacité
aux candidats aux hautes fonctions, suppriment les « épices » offertes aux juges par les plaideurs et imposent l’enregistrement devant notaire – une mesure dont
se souviendra le Code civil.


Diaporama visite exposition Renaissance (111).jpg 111- 112 Diaporama visite exposition Renaissance (112).jpg


[112] Le Sommaire abrégé des ordonnances des rois de France, que nous propose Raymond de Saléon, est à lui seul un voyage dans le droit français. Nous
n’avons pas résisté au plaisir de l’ouvrir sur cette page, qui nous montre l’une des conséquences de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts – en 1539, François Ier
impose le français au détriment du latin et des patois locaux dans les actes juridiques et administratifs –, mais aussi la réforme de Charles IX, qui conduit l’année
1564 à commencer pour la première fois au 1er janvier.


Diaporama visite exposition Renaissance (113).jpg 113- 114 Diaporama visite exposition Renaissance (114).jpg


En parcourant les pages de l’ouvrage, on peut lire l’obligation d’enregistrer les baptêmes, à la demande de François Ier, [113] ou encore la mention de l’étymologie
du terme « dauphin » : les comtes de Viennois ont souvent porté le second prénom Dauphin – équivalent masculin de Delphine –, origine du nom du Dauphiné,
et, lorsqu’en 1349, la région est rattachée à la France, le roi s’engage à ce que l’héritier du trône porte le titre de dauphin. En dépit de la loi salique, la régence
peut-être assurée par une femme – ainsi, Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI devenu fou. [114] Dans cet ouvrage regorgeant d’articles concernant les juges
– la Renaissance passe avec peine de la typographie du I à celle du J –, [115] des alinéas étonnants se rencontrent parfois, tel celui qui précise que « bon sang
ne peut mentir ». Enfin, les peines prononcées sont largement évoquées et, parmi elles, le récent supplice de la roue, [116] mais aussi tout l’arsenal répressif
d’une époque qui, deux cents ans avant Guillotin, ne connaît pas encore d’harmonisation des exécutions.


Diaporama visite exposition Renaissance (115).jpg 115- 116 Diaporama visite exposition Renaissance (116).jpg


[117] Le calendrier, que nous évoquions avec Charles IX, fait l’objet d’une profonde refonte en 1582. Depuis Jules César, trop d’années bissextiles l’ont décalé.
Le pape Grégoire XIII supprime donc dix jours et limite le nombre des années bissextiles. Le calendrier « grégorien » déplaît au mathématicien français Viète, dont
la faculté des Sciences conserve une édition de 1646 des Œuvres complètes. [118] Outre la mention de la réforme grégorienne, nous apercevons ici l’alternance
de rouge et de noir ainsi que le terme « rubrique » – du latin « ruber » signifiant « rouge » – en écho à l’emploi, en Égypte, d’encre rouge pour signaler le début
d’une nouvelle idée. [119] Si Viète propose une version modifiée du calendrier, il est surtout connu, à une époque où les mathématiques se dotent des symboles
« + », « – », « = » et « racine carrée », pour avoir simplifié les équations en utilisant des lettres pour les inconnues. L’idée était appréciable [120] dans le cas
d’une équation de degré 45, analogue à celle que le flamand Adrien Romain avait mis Viète au défi de résoudre.


Diaporama visite exposition Renaissance (117).jpg 117- 118 Diaporama visite exposition Renaissance (118).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (119).jpg 119- 120 Diaporama visite exposition Renaissance (120).jpg


Viète a également décrypté des missives pour Henri III et Henri IV. [121-122] Ces étonnants diagrammes dissimulant des messages montrent la vogue de
la cryptographie à la Renaissance. La bibliothèque de la faculté des Sciences conserve une édition de 1586 du Traité des chiffres du spécialiste des alphabets et
des traductions Vigenère [123]. Diplomate, alchimiste et astrologue, secrétaire de la chambre d’Henri III, Vigenère a mis au point un chiffre plus complexe que celui
de César, [124] qui remplaçait une lettre par une autre. Une clé dont la longueur renforce l’inviolabilité du code fait [125] qu’une lettre, selon sa position, n’est pas
toujours remplacée par le même caractère.


Diaporama visite exposition Renaissance (121).jpg 121- 122 Diaporama visite exposition Renaissance (122).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (123).jpg 123- 124 Diaporama visite exposition Renaissance (124).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (125).jpg 125- 126 Diaporama visite exposition Renaissance (126).jpg


La Renaissance redécouvre l’Antiquité mais la remet en question : Vigenère prend l’avantage sur César ; l’héliocentrisme de Copernic détrône le géocentrisme
de Ptolémée... En 1543, un anatomiste qui dissèque publiquement les cadavres de condamnés récuse les théories médicales grecques. [126] Après une enfance
passée avec un gibet sous sa fenêtre, Vésale parcourt l’Europe de Louvain à Padoue via Paris, collecte les corps au gibet de Montfaucon, et examine les os
du Cimetière des Innocents. [127] La bibliothèque de la faculté de Médecine conserve une volumineuse édition en deux tomes datant de 1725 de ses Œuvres
complètes
. [128] Sans doute connaissez-vous déjà le frontispice de la célèbre Fabrique du corps humain, corpus de sept cents pages dédié à Charles Quint et
dont les gravures ont été réalisées par Calcar, élève du Titien – certaines sont visibles sur le panneau de cette salle consacré à l’anatomie. [129] Dans son ouvrage
révolutionnaire, Vésale décrit le corps comme un ensemble de systèmes (squelette, muscles, vaisseaux, nerfs…) et contredit les extrapolations tirées d’animaux par
Galien. L’ouvrage revêt un aspect pédagogique : des planches peuvent être découpées pour repositionner les organes au bon endroit…


Diaporama visite exposition Renaissance (127).jpg 127- 128 Diaporama visite exposition Renaissance (128).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (129).jpg 129- 130 Diaporama visite exposition Renaissance (130).jpg


[130] Contemporaines de Vésale mais parues seulement au siècle des Lumières – leur auteur a redouté l’excommunication –, les Tables anatomiques d’Eustache
– découvreur de la trompe qui porte son nom – reflètent l’essor du dessin anatomique. [131] La page exposée nous montre le cerveau et la moelle épinière ;
[132] d’autres pages évoquent la reproduction, [133] les muscles et les vaisseaux. L’ouvrage est un [134] festival de lettrines, mais elles datent de 1728.
[135] Le superbe frontispice du traité de Fabrice d’Acquapendente concernant la vision, la voix et l’audition date, lui, de 1600.


Diaporama visite exposition Renaissance (131).jpg 131- 132 Diaporama visite exposition Renaissance (132).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (133).jpg 133- 134 Diaporama visite exposition Renaissance (134).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (135).jpg 135- 136 Diaporama visite exposition Renaissance (136).jpg


Une édition de 1737 nous livre les Œuvres complètes anatomiques et physiologiques du même Fabrice, médecin italien [136] découvreur des valvules des veines
et professeur de Harvey, démonstrateur de la circulation du sang. [137] La postérité en a fait un personnage attachant, humble, désintéressé, probablement mort
empoisonné par des héritiers impatients. [138] À Fabrice est également due la première description détaillée du placenta – « galette » en latin. [139] Ses études
sur le poulet l’ont en revanche conduit à des contresens : Fabrice n’associait au sperme qu’un rôle immatériel d’imprégnation, et pensait que le mystère
de la reproduction résidait dans l’œuf. [140] Ses Œuvres chirurgicales évoquent son intérêt pour l’orthopédie. À ses frais, en 1594, Fabrice a fait aménager
l’amphithéâtre anatomique de Padoue [141], plus important auditorium médical au monde. Le nombre de corps humains dont disposaient les anatomistes étant
alors réglementé, une trappe escamotable permettait de dissimuler des cadavres non autorisés.


Diaporama visite exposition Renaissance (137).jpg 137- 138 Diaporama visite exposition Renaissance (138).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (139).jpg 139- 140 Diaporama visite exposition Renaissance (140).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (141).jpg 141- 142 Diaporama visite exposition Renaissance (142).jpg


[142] Les imposants recueils de l’époque contrastent avec la petitesse de cette édition remontant à 1571 du très populaire Guidon en français pour les barbiers
et les chirurgiens
, dont le titre renvoie au prénom de son auteur Guy de Chauliac, médecin des papes d’Avignon et chirurgien autorisé par Clément VI à participer
aux autopsies publiques destinées à déterminer les causes de la peste en 1348. Féru d’anatomie, partisan d’une attitude sage, bienveillante et désintéressée
des médecins, Guy de Chauliac préfigure celui à qui trois vitrines sont à présent consacrées : Ambroise Paré.


Diaporama visite exposition Renaissance (143).jpg 143- 144 Diaporama visite exposition Renaissance (144).jpg


[143] De tous les chirurgiens de la Renaissance, Paré est sans doute le plus célèbre. Il pratique la désarticulation du coude, la réduction des luxations et met fin
à la redoutable cautérisation au fer rouge ou à l’huile bouillante après avoir découvert que la poudre des arquebuses n’empoisonne pas les plaies. En 1552,
il réalise, au siège de Damvillers, la première ligature des vaisseaux. [144] Diverses éditions posthumes du XVIIe siècle – dont certaines dotées de splendides
pages de titre typiques de l’époque – vous proposent ici quelques-unes des gravures les plus connues de la production de Paré. [145] Alors moins instruits
que les médecins, les chirurgiens sont pourtant plus habiles. Cette maîtrise s’illustre dans les réalisations de Paré en matière de prothèses, [146] dont la main
de fer à pignons.


Diaporama visite exposition Renaissance (145).jpg 145- 146 Diaporama visite exposition Renaissance (146).jpg


[147] Lorsqu’il se fait naturaliste, Paré perd un peu de la rigueur dont il fait traditionnellement preuve. [148] Reprenant les rumeurs colportées à l’époque, il décrit
parfois des animaux douteux. Il en va de même pour de prétendus monstres qui le passionnent : [149] « monstre femelle sans tête », [150] « enfant noir et fille
velue nés de la vertu imaginative », « monstre fort hideux ayant les mains et pieds de bœuf et autres choses fort monstrueuses », [151] « enfant ayant la face
d’une grenouille », [152] « homme du ventre duquel sortait un autre homme »... [153] Quel crédit, enfin, accorder au dessin de cette femme enceinte
de trente-six enfants simultanément ?


Diaporama visite exposition Renaissance (147).jpg 147- 148 Diaporama visite exposition Renaissance (148).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (149).jpg 149- 150 Diaporama visite exposition Renaissance (150).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (151).jpg 151- 152 Diaporama visite exposition Renaissance (152).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (153).jpg 153- 154 Diaporama visite exposition Renaissance (154).jpg


[154] Thème cher aux naturalistes, la place de l’Homme dans la nature n’échappe pas à Paré, qui admire ce qu’il pense être la plus parfaite des créatures divines.
Le chirurgien conserve toutefois son humilité légendaire – on lui attribue la formule « je le pansai ; Dieu le guérit » – en précisant que la connaissance de l’anatomie
livre l’Homme en tant que la « plus frêle chose de la Terre ». [155] Nous retrouvons dans différentes éditions des œuvres de Paré un sonnet écrit par Ronsard
pour son ami chirurgien, ainsi qu’un amusant quatrain au texte pertinent : « Un lit ce livre pour apprendre, L’autre le lit comme ennuyeux : Il est aisé de le reprendre,
Mais mal aisé de faire mieux ».


Diaporama visite exposition Renaissance (155).jpg 155- 156 Diaporama visite exposition Renaissance (156).jpg


[156-157] Chirurgien sur le champ de bataille, Paré opère également à la cour. C’est lui qui, en 1559, tente, avec Vésale, de sauver Henri II, blessé à l’œil au cours
d’une joute. Paré fait en vain reproduire la blessure chez quatre suppliciés de la Bastille pour observer leur plaie : le roi meurt. À Charles IX, qui lui demande
de le soigner mieux que les pauvres, Paré répond qu’il soigne les pauvres comme des rois. [158] La bibliothèque de la faculté de Médecine conserve une édition
de 1594 de ses Œuvres complètes. On y retrouve les monstres, mais l’ouvrage impressionne surtout par sa superbe tranche bleue agrémentée d’étoiles dorées.
[159] Le colophon est également remarquable...


Diaporama visite exposition Renaissance (157).jpg 157- 158 Diaporama visite exposition Renaissance (158).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (159).jpg 159- 160 Diaporama visite exposition Renaissance (160).jpg


[160] Le Suisse Gessner, connu en tant que naturaliste, a compilé divers ouvrages de chirurgie d’auteurs anciens et modernes. Il reprend ici Oribase – médecin
grec du IVe siècle –, Galien et bien d’autres. [161] Le second exemplaire du même recueil vous montre une page évoquant les blessures par armes à feu,
récentes à la Renaissance. Paré, déjà, proposait de rétablir la position du blessé au moment de l’impact afin de pouvoir extraire plus facilement le projectile.
[162-166] Des planches analogues se trouvent dans un très bel ouvrage illustré de Della Croce, dont l’état, malheureusement, n’a pas permis la présentation
en vitrine. Vous verrez donc, grâce au diaporama exclusivement, quelques-unes des superbes gravures de ce recueil.


Diaporama visite exposition Renaissance (161).jpg 161- 162 Diaporama visite exposition Renaissance (162).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (163).jpg 163- 164 Diaporama visite exposition Renaissance (164).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (165).jpg 165- 166 Diaporama visite exposition Renaissance (166).jpg


[167] L’avant-dernière vitrine rassemble des pièces à l’esthétique hors du commun : le Nouveau livre de médecine du Bavarois Wirsung révèle une superbe page
de titre gothique en noir et rouge montrant notamment une scène de distillation à l’alambic – l’Europe est alors en pleine alchimie... Wirsung ne livre pas moins
de quinze mille recettes pour permettre aux non initiés de diagnostiquer eux-mêmes leurs maladies et de les soigner avec les remèdes adéquats, à moindre coût.


Diaporama visite exposition Renaissance (167).jpg 167- 168 Diaporama visite exposition Renaissance (168).jpg


Afin de rendre à nouveau hommage à l’art de la reliure, deux ouvrages sont présentés fermés. [168] L’édition des Œuvres médicales du grec Paul d’Égine date
de 1567. Vous apprécierez l’originalité des rubans de cuir destinés à être noués – l’un d’entre eux n’a pas résisté à l’épreuve du temps... L’illustration du cartel
semble indiquer que ce système de fermeture était répandu. [169] Remarquable également est la reliure du traité de Jean de Vigo, chirurgien du pape Jules II.
[170] La bibliothèque de la faculté de Médecine dispose d’une autre édition du même ouvrage, ouverte ici sur sa superbe page de titre gothique. La mention
« Lesdits livres se vendent à Lyon sur le Rhône en la rue des imprimeurs par Benoît Bounyn auprès de Notre Dame de Confort » témoigne des contraintes,
pour désigner un lieu, d’une époque qui ne connaissait encore ni les plaques de rues, ni leur numérotation.


Diaporama visite exposition Renaissance (169).jpg 169- 170 Diaporama visite exposition Renaissance (170).jpg


[171] C’est à nouveau l’écriture gothique qui est à l’honneur, avec un ouvrage sans doute coloré a posteriori : le Petit livre de consolation de Rueff, qui date
de 1554. Le chirurgien de Zurich propose [172] l’un des premiers recueils d’obstétrique destiné à la formation – notamment en anatomie – des sages-femmes.
[173] Le titre n’est pas sans rappeler la philosophie de Boèce. La page de titre l’explique en précisant que ce manuel a été écrit pour la consolation de toutes
les femmes – manifestement lors de leur accouchement. [174] Outre des planches classiques, nous retrouvons [175] des représentations de monstres analogues
à celles que Paré avait dessinées.


Diaporama visite exposition Renaissance (171).jpg 171- 172 Diaporama visite exposition Renaissance (172).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (173).jpg 173- 174 Diaporama visite exposition Renaissance (174).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (175).jpg 175- 176 Diaporama visite exposition Renaissance (176).jpg


[176] Au début de notre parcours, nous avions, avec Du Choul, évoqué la discipline militaire des Romains. Nous nous en rapprochons avec le traité de Mercurialis
dédié à la gymnastique – du grec « gumnos » signifiant « nu », [177] les athlètes s’entraînant nus dans l’Antiquité. Mercurialis édulcore les exercices antiques de
leur dimension purement athlétique et de leur aspect essentiellement militaire. [178-179] Il privilégie en revanche l’activité physique susceptible d’entretenir la santé.


Diaporama visite exposition Renaissance (177).jpg 177- 178 Diaporama visite exposition Renaissance (178).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (179).jpg 179- 180 Diaporama visite exposition Renaissance (180).jpg


D’Hippocrate à Pasteur, les médecins ont cru la maladie due à un déséquilibre des humeurs. Un astronome italien ami de Copernic, médecin de différents papes
et de Charles Quint, a toutefois été plus perspicace. [180] En 1546, Fracastor publie un traité inséré ici dans une édition de 1574 de ses Œuvres complètes.
Il y décrit la contamination par des particules invisibles à l’œil nu. Les maladies se transmettraient par contact direct, par l’air ou par les vêtements, ou encore
à distance. L’eau chaude, susceptible d’ouvrir les pores de la peau, devient suspecte. [181] C’est surtout pour avoir baptisé la syphilis que Fracastor est connu
aujourd’hui. Son poème intitulé Syphilis ou le mal vénérien, présenté ici dans une édition de 1753, décrit en vers la mésaventure [182] d’un berger outrageant
Apollon, qui se venge en le défigurant via une maladie mystérieuse présentée comme une nouvelle peste et guérissable grâce au bois de gaïac importé
du Nouveau Monde, et auquel François Ier lui-même a recours. Par la suite, le redoutable mercure sera largement utilisé. [183] Contrairement à ce qu’indique
le commentaire du texte de Fracastor, la syphilis était probablement connue dès l’Antiquité en Europe et n’a pas été importée d’Amérique. En revanche,
les guerres d’Italie menées depuis Charles VIII à grand renfort de mercenaires de toutes les nationalités ont probablement favorisé la pandémie.


Diaporama visite exposition Renaissance (181).jpg 181- 182 Diaporama visite exposition Renaissance (182).jpg


Diaporama visite exposition Renaissance (183).jpg 183