Voir la source de Diaporama de visite - Exposition "Trésors Renaissance des facultés de Nancy" - Nancy - Septembre 2013

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__NOTOC__
Tout comme en septembre 2010 à la Villa Bergeret, la Direction de la documentation et de l’édition de l’Université de Lorraine vous propose, pour l’édition <br> 2013 des Journées européennes du patrimoine, un échantillon des fonds patrimoniaux des bibliothèques des campus de Nancy – Santé, Droit, Sciences <br> économiques et Gestion, Lettres et Sciences humaines, Sciences et Technologies. Vingt-huit vitrines ont été disposées en vis-à-vis de l’exposition [https://lorexplor.istex.fr/Wicri/Europe/France/Lorraine/fr/index.php/L%27esprit_de_la_Renaissance_(Exposition_-_Villers-l%C3%A8s-Nancy,_2013_;_Vand%C5%93uvre-l%C3%A8s-Nancy,_Nancy_et_Onnaing,_2014) « '''L’esprit <br> de la Renaissance – Paysages et chemins d’un bouleversement scientifique''' »] présentée en avril 2013 à Villers-lès-Nancy, et qui resitue le contexte <br> de la publication des ouvrages. Nous allons cheminer ensemble autour des vitrines pour une visite d’une heure et demie, mais vous aurez ensuite tout loisir <br> de vous attarder sur les collections et sur les panneaux. Afin de permettre aux personnes les plus éloignées des vitrines d’en avoir un aperçu durant <br> le commentaire, un diaporama sera projeté en parallèle et proposera quelques compléments.


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[1] Pour ce parcours au cœur de la Renaissance à travers le livre, nous sommes accueillis par Barbaro, représenté ici par Véronèse. Ce diplomate vénitien <br> féru d’optique et de perspective s’est attelé à la traduction en italien des <u>Dix livres d’architecture</u> de Vitruve, seul Romain dont des écrits techniques nous soient <br> parvenus. Vitruve [2] a influencé Alberti, Raphaël ou Michel-Ange, mais aussi Léonard de Vinci, qui a repris sa théorie des proportions idéales du corps humain. <br> [3] L’édition dont dispose la bibliothèque de la faculté de Droit est une version commentée par Barbaro, mais en latin, destinée à un public humaniste européen. <br> Les planches originales de Vitruve ne nous étant pas parvenues, [4] celles que nous voyons ici sont dues à Palladio – comment, d’ailleurs, ne pas penser <br> au [5] Théâtre olympique de Vicence en feuilletant certaines planches de cet ouvrage, qui propose également cette étonnante [6] vue aérienne de Venise ? <br> Vitruve présente une architecture alliant géométrie, optique, acoustique, droit, religion, météorologie et hydraulique. [7] Il représente la vis d’Archimède et <br> rapporte l’anecdote de la couronne du roi Hiéron — dont Archimède aurait évalué la teneur en or grâce à la poussée découverte dans son bain. Visionnaire, <br> Vitruve met déjà en garde contre la toxicité du plomb. [8] Ses nombreux plans garantissent ce que sont pour lui les trois qualités d’un édifice et que Claude <br> Perrault reprendra : utilité, solidité et beauté.


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6 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(6).jpg|485px]] 


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8 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(8).jpg|485px]] 


Fascinée par la redécouverte de l’Antiquité, la Renaissance fouille la Maison dorée de Rome devant Raphaël et Michel-Ange. [9] Cet intérêt pour la Rome <br> antique se retrouve en France dans les écrits d’un conseiller d’Henri II. Le numismate Du Choul a résidé dans un quartier archéologique de Lyon, mais ce sont <br> surtout ses correspondants étrangers qui lui ont permis de rassembler un extraordinaire médaillier. La faculté de Droit conserve un ouvrage rassemblant <br> plusieurs de ses textes illustrés. [10] Le traité sur la discipline militaire des Romains présente les techniques de préparation et de combat que l’on connaît : <br> [11] bélier, [12] tortue... [13] Les casques sont mentionnés, à une époque où l’armurerie est en plein essor. Du Choul évoque également [14] la religion <br> des Romains, notamment à travers ses représentations de monuments et autres inscriptions. Quant à la partie de l’ouvrage [15] consacrée aux bains, <br> elle rappelle les travaux du Primatice, à qui François Ier avait confié la décoration du château de Fontainebleau.


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16 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(16).jpg|485px]] 


L’héritage romain est en vogue aux XVe et XVIe siècles. [16] En témoigne cette édition de 1529 d’un traité du médecin du premier siècle de notre ère Celse, <br> parfois qualifié d’« Hippocrate latin ». L’ouvrage est ouvert sur une double page fortement annotée à la main et coloriée en rouge. [17] Des notes manuscrites <br> datant de la Révolution française témoignent de l’oubli dans lequel Celse est alors déjà tombé. [18] Il a pourtant été le premier auteur médical dont l’œuvre ait <br> été imprimée. Son seul ouvrage qui nous soit parvenu évoque les notions d’hygiène, de diététique, de pharmacopée, de chirurgie. Celse insiste par ailleurs sur <br> la qualité du contact entre médecin et patient.


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18 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(18).jpg|485px]] 


Si Celse a été non seulement médecin mais aussi naturaliste, le plus célèbre des descripteurs de la nature dans l’Antiquité reste Pline l’Ancien, [19] dont <br> la monumentale <u>Histoire naturelle</u> est conservée dans une édition de 1584 à la faculté de Lettres. La vitrine l’expose sur une description de l’Afrique, mais l’auteur <br> s’intéresse aussi à l’astronomie [20] et aborde des sujets aussi tabous que celui d’un hypothétique univers infini. Pline – qui mourra en 79 dans l’éruption <br> du Vésuve qui ensevelira Pompéi – [21] propose quelques conseils de construction pour limiter les dégâts causés par les tremblements de terre : il suffit <br> de prévoir des canalisations pour évacuer le supposé vent souterrain. [22] Il évoque aussi l’agriculture, l’alimentation, la botanique et surtout la zoologie. <br> [23] Nous apprenons ainsi que les éléphants comprennent le langage de leur région, mémorisent tout ce qu’on leur montre, sont curieux de l’amour <br> et de la gloire, et que certains se purifient même avant d’aller adorer la Lune !
 

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20 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(20).jpg|485px]] 


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22 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(22).jpg|485px]] 


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24 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(24).jpg|485px]] 


Si la Renaissance retrouve Rome, elle rend également hommage aux grands noms de la Grèce. [24] Dans ses <u>Vies des hommes illustres</u>, l’historien romain <br> d’origine grecque Plutarque livre quarante-six biographies de personnages, parmi lesquels Thésée, Romulus, Alexandre le Grand ou César, qui inspireront <br> Shakespeare et Corneille. [25] L’édition de 1580 conservée à la faculté de Lettres est une réimpression, comme en témoigne l’épître à Henri II, mort dès 1559.


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26 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(26).jpg|485px]] 


[26] Le XVIe siècle est une période faste pour la lexicographie. Dolet codifie la ponctuation et les accents ; le premier dictionnaire franco-latin paraît ; on entérine <br> grammaire et orthographe. Dans cet élan, Henri Estienne publie en 1572 le dictionnaire de la langue grecque, dont figure ici un volume somptueusement relié. <br> L’ouvrage sera réédité et amélioré jusqu’au XIXe siècle.


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28 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(28).jpg|485px]] 


[27] Bien plus que la linguistique, c’est la philosophie des Anciens qui bénéficie d’un regain d’intérêt. En témoignent ces <u> Œuvres complètes</u> de Platon dans une <br> édition de 1590 reprenant l’épître de Ficin – grand traducteur du philosophe – au mécène de Florence Laurent le Magnifique. [28] Parmi les écrits essentiels <br> de Platon, nous trouvons <u>La République</u> — qui décrit, pour la Cité, la recherche de la justice idéale susceptible de dompter les affects humains —, ou encore <br> [29] le <u>Timée</u> — que Raphaël représente au bras de son auteur dans sa célèbre [30] fresque <u>L’École d’Athènes</u>.


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30 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(30).jpg|485px]] 


Cette même fresque nous montre le dos d’un personnage portant un globe. Il s’agit de Ptolémée, l’astronome grec majeur du deuxième siècle qui, [31] outre <br> sa célèbre <u>Almageste</u> récapitulant la connaissance astronomique de l’époque, a rédigé le <u><i>Tetrabiblos</i></u>, ouvrage d’astrologie présenté ici dans une édition de 1535.<br>  C’est pour nous l’occasion de lire en grec le nom des signes du zodiaque, notamment « <i>karkinos</i> » – le crabe, pour le cancer – ou encore « <i>parthenos</i> » pour <br> la vierge. [32] Les astres connus à l’époque de Ptolémée sont également mentionnés en grec. On retrouve ainsi [33] Cronos (Saturne), Zeus (Jupiter), Arès <br> (Mars, armé de son bouclier et de sa lance), Hélios (le Soleil), Aphrodite (Vénus, représentée par son miroir), Hermès (Mercure) et Sélènè (la Lune), dont <br> Ptolémée évoque les effets selon leur position au moment de la naissance de l’individu.


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34 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(34).jpg|485px]] 


[34] En matière de connaissance des plantes médicinales, le grand nom de l’Antiquité est celui de Dioscoride. [35] La fragile couverture de cette édition de 1553 <br> est constituée de morceaux d’un papier déjà utilisé. La postérité de Dioscoride à la Renaissance est encore telle qu’elle inspire les <u>Commentaires</u> de Matthioli, <br> dont [36] vous pourrez admirer la page de titre. [37] Le texte recèle des descriptions fantaisistes d’animaux : caméléon, [38] hippocampe, [39] hippopotame, <br> [40] grenouilles – contrepoison supposé aux morsures de serpents ! –, [41] éléphants, [42] hérisson… La botanique se développe au XVIe siècle, mais c’est ici <br> pour leur intérêt médicinal que les plantes sont étudiées [43] : les qualités – chaud, froid, humide ou sec – des « simples » sont évoquées. De jolies gravures <br> – inexistantes à l’époque de Dioscoride – illustrent les paragraphes [44] concernant la laine ou [45] les champignons – nourrissants mais peu digestes !


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44 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(44).jpg|485px]] 


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46 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(46).jpg|485px]] 


[46] Une édition plus tardive du même ouvrage montre ici Matthioli en médaillon en vis-à-vis d’une table des « simples qui servent à embellir le corps ». Riches <br> de cinq cents gravures, les plus de soixante versions des <u>Commentaires</u> sur Dioscoride de Matthioli ont été publiées en trente deux mille exemplaires et ont connu <br> un succès retentissant. [47] À cette époque sont créés les premiers jardins botaniques, et Fuchs et Cordus – dont la faculté de Médecine conserve le <u>Dispensaire</u> <br> au format extrêmement réduit – asseyent la connaissance systématique des plantes, deux siècles avant Linné.


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48 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(48).jpg|485px]] 


[48] Aussi célèbre que l’ouvrage de Matthioli, l’herbier médicinal compilé par le botaniste flamand Dodoens – médecin du neveu de Charles Quint Maximilien II, <br> puis de son fils Rodolphe II – a été l’ouvrage le plus traduit de son temps après la Bible. Il est présenté ici dans une adaptation latine plus spécifiquement botaniste. <br> [49] En parcourant l’épais volume, nous avons eu la surprise de découvrir une feuille d’héliotrope dont la date d’insertion nous est malheureusement inconnue.


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[50] Nous retrouvons l’influence de l’Antiquité à la Renaissance via les <u>Œuvres complètes</u> du grand Hippocrate compilées au XVIe siècle par le médecin messin <br> Foës. Elles sont ici ouvertes sur les versions grecque et latine du serment, dont l’attribution au médecin grec du Ve siècle avant notre ère est douteuse. Y sont <br> évoqués Asclépios ou Esculape – dieu des médecins – et ses filles Hygie – dont le nom donnera le terme « hygiène » – et Panacée. Le texte est probablement <br> dû aux disciples d’Hippocrate – qui, selon la légende, aurait refusé de soigner le roi des Perses –, tout comme l’idée que quatre humeurs – sang, flegme, bile <br> et atrabile – régissent l’organisme.


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52 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(52).jpg|485px]] 

 
[51] Au deuxième siècle, Galien, autre grand médecin grec, a introduit les tempéraments résultant de l’excès (« pléthore ») ou de l’altération (« cacochymie ») <br> de ces humeurs, et a recommandé saignées et purgatifs. Deux volumes de ses <u>Œuvres complètes</u> nous sont proposés dans une édition de 1576. Une page <br> illustrée mentionne Hippocrate et nous livre une superbe gravure montrant des médecins à l’œuvre. [52-54] Il faudrait pouvoir s’attarder sur chaque lettrine ou <br> chaque bandeau pour goûter toute la richesse de cette édition.


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54 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(54).jpg|485px]] 


[55] Celui qui a été médecin des gladiateurs, mais également de Marc-Aurèle, a vu ses idées s’imposer en Occident pour quatorze siècles, [56] et ce en dépit <br> d’erreurs liées à l’extrapolation au corps humain de résultats obtenus sur des animaux – que Galien disséquait publiquement, ainsi qu’en témoigne la truie <br> représentée dans la partie inférieure du frontispice de l’ouvrage. [57] S’il a compris que les artères transportaient du sang et non de l’air, Galien a confondu <br> le rôle du foie et celui du cœur. [58-60] Contrairement à ce que pourraient suggérer les planches projetées, il a méprisé la chirurgie, qui a attendu Paré pour <br> être réhabilitée. [61] Ses idées erronées ont été rectifiées à la Renaissance, mais le terme « galénique » se rapporte aujourd’hui encore à la préparation <br> des médicaments. [62] Galien a vulgarisé la légendaire thériaque, préparée en un an et demi à partir de soixante-quatre ingrédients végétaux, minéraux <br> et animaux — dont des opiacés, de la chair séchée de vipère et des rognons de castor !


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[63] Au Moyen Âge, c’est par les Arabes et via la péninsule ibérique et les premières universités que la science grecque est transmise à l’Occident. Le plus <br> ancien ouvrage de la bibliothèque de la faculté de Médecine est une édition somptueusement reliée de 1502 d’un recueil rassemblant le <u>Canon universel</u> de <br> Mésué et la <u>Chirurgie</u> d’Abulcasis. Le premier a été le médecin arabe chrétien le plus réputé de son temps à Bagdad ; le second est le grand nom de la chirurgie <br> hispano-arabe de Cordoue. Il a notamment pratiqué la première trachéotomie et reconnu l’hémophilie. [64] Nos collections comptent un second recueil analogue <br> publié treize ans plus tard. On y retrouve les caractères gothiques – ce n’est que progressivement que la Renaissance impose l’écriture romaine actuelle... <br> [65] La légende raconte que Mésué, représenté sur ce frontispice, jugeait la dissection essentielle et voulait disséquer son fils laid et stupide pour élucider <br> la raison de sa bêtise.


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[66] Autre ouvrage traduit de l’arabe au latin au XIIe siècle à Tolède par le spécialiste Gérard de Crémone, le <u>Canon de la médecine</u>, rédigé un siècle plus tôt <br> par le Persan Avicenne, a servi de pilier à la médecine occidentale jusqu’au XVIIe siècle. Cette édition date de 1556 [67] et se trouve ouverte sur l’une des deux <br> seules pages comportant des illustrations, l’autre étant au verso. [68] Une kinésithérapie étonnante est suggérée par l’auteur, personnage lui-même haut <br> en couleur, prodige dirigeant à seize ans les plus grands médecins, politicien habile aussi convoité que pourchassé. [69] Dans son <u>Canon</u>, Avicenne dresse <br> un panorama de l’anatomie, des pathologies – dont l’amour, assimilé à une maladie cérébrale ! –, des médicaments et des moyens de préserver la santé. <br> Son anatomie sera contestée par Vinci et sa vision du corps dépassée par la découverte de la circulation du sang.


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68 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(68).jpg|485px]] 


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[70] Invention essentielle à la diffusion du savoir, l’imprimerie est saluée dans le frontispice de cette édition de 1522 des œuvres d’Origène, philosophe chrétien <br> du IIIe siècle et père de l’exégèse biblique, dont [71] la précision du travail et le souci du texte original ont été salués par celui dont les <u>Paraphrases</u> vont à présent <br> nous occuper : Érasme. [72] C’est bien l’humaniste qui s’exprime dans l’épître au lecteur lorsqu’il prétend ne pas partager l’avis de ceux qui voudraient exclure <br> les illettrés de la lecture des livres religieux. [73-76] Toutefois, derrière la publication des <u>Paraphrases</u> se cache une motivation plus noble encore : en dédiant <br> chaque évangile à un souverain européen différent, Érasme entend faire triompher la République des lettres et éviter tout conflit issu de la montée des nationalismes.


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[77] Le premier livre à avoir connu les faveurs de l’imprimerie est naturellement la <u>Bible</u>, et la faculté de Lettres conserve quelques joyaux de l’histoire religieuse. <br> [78] Après Henri Estienne – éditeur du dictionnaire de la langue grecque – c’est Robert Estienne, son père, que nous rencontrons – la marque de l’olivier <br> est caractéristique de la famille – pour la publication de cette fantastique [79] <u>Bible en hébreu, syriaque, grec et latin</u> datant de 1540 et relevant autrefois <br> des collections de l’Université de Pont-à-Mousson. [80-82] La splendeur de l’<i>in-folio</i> n’a d’égale que la précision des gravures regorgeant de détails. Imprimeur <br> de François Ier pour les textes hébraïques, latins et grecs, Robert Estienne a publié de nombreuses éditions de [83] la <u>Bible</u> en se rapprochant de l’hébreu, <br> ce qui lui a valu les persécutions des théologiens de la Sorbonne et un exil à Genève, où Calvin l’a accueilli et lui a fait publier ses écrits.


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[84-85] Plus spectaculaires encore sont ces cinq volumes de la <u>Bible</u> polyglotte d’Anvers dite « de Philippe II » – le souverain, [86] dont le nom est mentionné en <br> page de titre, avait souhaité corriger l’épreuve de chaque feuille imprimée. [87] Les gravures présentent avec autant de minutie le songe de Jacob que les tables <br> de la loi remises à Moïse. [88] Quatre ans et soixante ouvriers ont permis la parution, en 1572, de l’ouvrage à plus de mille deux cents exemplaires. Vous aurez <br> tout loisir d’admirer, dans les illustrations, le passage de la Mer Rouge ou le baptême du Christ.


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[89] La rigueur dans l’exégèse biblique et dans la démarche des humanistes n’a pas manqué de développer l’esprit critique dans l’Europe du XVIe siècle, ouvrant <br> de fait la voie au protestantisme. Livre-phare de la Réforme, l’<u>Institution de la religion chrétienne</u> est présenté(e) ici dans une édition française de 1551. Pour <br> Calvin, Dieu étant parfait et l’Homme corrompu, la distance entre eux est infinie. Dieu a la bienveillance d’accorder la foi et sauvera exclusivement les prédestinés.


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[90] Ami d’Érasme, l’Anglais More est à l’origine du genre littéraire qu’est l’utopie – nom repris au titre de son <u>Utopia</u> exposée dans une édition anglaise tardive <br> de 1685. Juriste, historien, théologien et homme politique, More n’est pas un économiste, mais dénonce les conséquences sur l’Angleterre rurale du mouvement <br> des enclosures, qui a remplacé une agriculture collective harmonieuse par une privatisation excessive. Étymologiquement, l’île d’Utopia est « sans lieu » <br> (en grec « <i>ou/topos</i> »). More y situe une société d’élite isolée du monde, collectiviste et foncièrement égalitaire. Ce modèle inspirera au XIXe siècle les systèmes <br> de Saint Simon, Fourier, Proudhon ou Godin.


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[91] Nous tournons la page de l’humanisme avec la dernière de ses grandes figures, davantage teintée de scepticisme : après avoir achevé les deux premiers <br> volumes de ses <u>Essais</u>, Montaigne entreprend, durant dix-sept mois, un voyage d’agrément, mais aussi de santé, à travers la Suisse, l’Allemagne et l’Italie, auquel <br> mettra fin son élection à la Mairie de Bordeaux. Deux tomes de son <u>Journal de voyage</u> paru en 1774 sont présentés ici, et rassemblent ce qui n’étaient initialement <br> que de simples notes prises par son secrétaire ou [92] par l’écrivain lorsqu’il s’essayait à l’italien. Montaigne voyage pour son plaisir, goûtant les rencontres, mais <br> se révèle peu sensible à l’art ou à la nature. Les routes étant peu sûres, il part avec toute une escorte et dépense une véritable fortune…


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94 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(94).jpg|485px]] 


[93] Le siècle des Lumières, qui voit tardivement paraître le <u>Journal de voyage</u> de Montaigne, connaît un engouement sans précédent pour l’opéra italien. <br> Les librettistes de Vivaldi et de Haendel ont alors à leur disposition une véritable mine pour leurs intrigues, et la seule table des personnages de l’ouvrage que <br> nous allons à présent contempler résonnera aux oreilles des amateurs de musique baroque : Alcina, Angelica, Ariodante, Ginevra, [94] Orlando, Rinaldo… <br> Autant de noms issus du <u>Roland furieux</u> de l’Arioste, dont la bibliothèque de la faculté de Droit conserve [95] une saisissante édition illustrée datant de 1580. <br> Mêlant des intrigues amoureuses à une approximative vérité historique impliquant le neveu hypothétique de Charlemagne, [96] le poème comporte <br> quarante-six chants, qui sont prétextes à autant de superbes têtes de chapitres agrémentées de gravures.


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96 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(96).jpg|485px]] 


À mi-chemin entre histoire et littérature, nous rencontrons l’Italien Machiavel, souvent caricaturé sous les traits d’un individu dénué de morale – d’où l’adjectif <br> « machiavélique ». Il n’en était pas moins soucieux du bien public, quoique convaincu que l’Homme était mauvais par nature. [97] Dans une époque fascinée par <br> l’Antiquité, comme en témoigne la table des chapitres de cette édition de 1743, Machiavel critique la situation politique de l’époque en exhumant l’historien romain <br> Tite-Live. [98] Son intérêt pour l’art de la guerre s’inscrit dans la redécouverte des techniques romaines de combat tandis que se développent les armes à feu. <br> [99] Le quatrième tome de la série est ouvert sur la lettre à Clément VII, commanditaire de l’<u>Histoire de Florence</u>. Le dernier tome, enfin, propose l’examen critique, <br> par Frédéric II de Prusse, du plus célèbre des écrits de Machiavel : <u>Le Prince</u>.


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98 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(98).jpg|485px]] 


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100 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(100).jpg|485px]] 


[100] Ici présenté sur son frontispice dans une édition de 1643, <u>Le Prince</u> est un traité politique exposant les idées de Machiavel relatives à la manière de devenir <br> prince et de le rester. Inspiré par les agissements de César Borgia et par les conflits entre les Sforza et les Visconti, l’ouvrage, paru en 1532, a été mis à l’Index dès <br> 1559. Rousseau en a fait le livre des républicains : « en feignant de donner des leçons aux rois, il en a donné de grandes aux peuples ». L’histoire de Florence, <br> que Machiavel nous rapporte partiellement, est agitée à la Renaissance : après la prospérité sous l’égide de Laurent le Magnifique, la ville, avec Savonarole, <br> a sombré dans une dictature théocratique avant de connaître la République, puis le retour en 1512 des Médicis, auprès desquels Machiavel tente de rentrer <br> en grâce en rédigeant <u>Le Prince</u>, après un emprisonnement pour complot.
 

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102 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(102).jpg|485px]] 


[101] Après la religion et la littérature, abordons à présent le domaine du droit à la Renaissance. Au droit canon de l’Église répondent le droit coutumier reposant <br> sur les usages oralement consacrés par le temps sur un territoire donné, et le droit romain, premier système juridique de l’histoire dégagé de la coutume et de <br> la religion. Jurisconsulte, avocat et conseiller du roi, Bugnyon inventorie les lois caduques du royaume. L’ouvrage, ouvert sur un portrait, est doté d’une reliure <br> en parchemin souple. [102] Le recueil compilé par De Thou est, lui, particulièrement représentatif de la production juridique du XVIe siècle et des collections <br> de la bibliothèque de la faculté de Droit, qui dispose de l’ensemble des coutumes des provinces françaises. Il s’agit ici de celles de la prévôté et vicomté de Paris. <br> [103] L’ouvrage comporte une épître à Henri III et [104] des notes manuscrites en marge de paragraphes relatifs aux successions. Conseiller d’Henri II, Charles IX <br> et Henri III,  président du Parlement de Paris, De Thou – père d’un célèbre historien et, pour l’anecdote, premier Parisien à posséder un carrosse – incarne la haute <br> magistrature alors en pleine ascension.


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104 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(104).jpg|485px]] 


[105] Le droit français évolue parfois à la faveur de situations politiques complexes, comme en témoigne cet ouvrage d’Hotman datant de 1585. Dans le cadre <br> de la Guerre de Cent Ans et des luttes entre Armagnacs et Bourguignons, Henri V d’Angleterre a épousé la fille de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. Le Dauphin <br> – futur Charles VII – se voyant accusé d’être un fils illégitime, c’est à l’Angleterre que la couronne française doit alors revenir. Jean de Terre Vermeille, à qui Hotman <br> reprend la théorie, précise alors que la couronne est « indisponible », c’est-à-dire qu’elle se transmet par la simple force de la coutume. [106] Le roi n’a pas <br> le pouvoir de la céder ou de l’engager à une puissance étrangère, ni même d’abdiquer. L’ouvrage est ici ouvert sur une page montrant la généalogie partielle <br> des rois de France : Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII et Louis XII.


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106 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(106).jpg|485px]] 


[107] Les <u>Observations sur l’édit d’Henri II relatif aux petites dates</u> réservent au lecteur la surprise de plusieurs pages manuscrites. Leur auteur était pour le moins <br> sûr de lui si l’on en croit sa devise : « moi qui ne cède à personne et à qui personne ne peut rien apprendre » ! [108] Avocat à Paris retiré en cabinet suite à son <br> bégaiement, Du Moulin a été un grand jurisconsulte. [109-110] Ses écrits soutiennent que le roi a le droit de réprimer les abus et les fraudes commises à Rome <br> dans la distribution des bénéfices, ce qui a valu à son auteur les bonnes grâces d’Henri II mais aussi les foudres de la Sorbonne, qui ont provisoirement conduit <br> Du Moulin au protestantisme.


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108 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(108).jpg|485px]] 


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110 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(110).jpg|485px]] 


[111] En 1566, le jeune roi Charles IX est à Moulins dans le cadre du grand tour de France que sa mère, la régente Catherine de Médicis, a organisé pour lui faire <br> voir le pays et pacifier le royaume. Le chancelier Michel de L’Hospital y rédige des ordonnances dont Du Prat se fait l’écho dans cet ouvrage. Ces ordonnances <br> réduisent les pouvoirs du Parlement, suppriment le droit de grâce et de levée d’impôts des gouverneurs de provinces, imposent des conditions d’âge et de capacité <br> aux candidats aux hautes fonctions, suppriment les « épices » offertes aux juges par les plaideurs et imposent l’enregistrement devant notaire – une mesure dont <br> se souviendra le Code civil.


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112 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(112).jpg|485px]] 


[112] Le <u>Sommaire abrégé des ordonnances des rois de France</u>, que nous propose Raymond de Saléon, est à lui seul un voyage dans le droit français. Nous <br> n’avons pas résisté au plaisir de l’ouvrir sur cette page, qui nous montre l’une des conséquences de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts – en 1539, François Ier <br> impose le français au détriment du latin et des patois locaux dans les actes juridiques et administratifs –, mais aussi la réforme de Charles IX, qui conduit l’année <br> 1564 à commencer pour la première fois au 1er janvier. 


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114 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(114).jpg|485px]] 


En parcourant les pages de l’ouvrage, on peut lire l’obligation d’enregistrer les baptêmes, à la demande de François Ier, [113] ou encore la mention de l’étymologie <br> du terme « dauphin » : les comtes de Viennois ont souvent porté le second prénom Dauphin – équivalent masculin de Delphine –, origine du nom du Dauphiné,<br> et, lorsqu’en 1349, la région est rattachée à la France, le roi s’engage à ce que l’héritier du trône porte le titre de dauphin. En dépit de la loi salique, la régence <br> peut-être assurée par une femme – ainsi, Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI devenu fou. [114] Dans cet ouvrage regorgeant d’articles concernant les juges <br> – la Renaissance passe avec peine de la typographie du I à celle du J –, [115] des alinéas étonnants se rencontrent parfois, tel celui qui précise que « bon sang <br> ne peut mentir ». Enfin, les peines prononcées sont largement évoquées et, parmi elles, le récent supplice de la roue, [116] mais aussi tout l’arsenal répressif <br> d’une époque qui, deux cents ans avant Guillotin, ne connaît pas encore d’harmonisation des exécutions.
 

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116 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(116).jpg|485px]] 


[117] Le calendrier, que nous évoquions avec Charles IX, fait l’objet d’une profonde refonte en 1582. Depuis Jules César, trop d’années bissextiles l’ont décalé. <br> Le pape Grégoire XIII supprime donc dix jours et limite le nombre des années bissextiles. Le calendrier « grégorien » déplaît au mathématicien français Viète, dont <br>la faculté des Sciences conserve une édition de 1646 des <u>Œuvres complètes</u>. [118] Outre la mention de la réforme grégorienne, nous apercevons ici l’alternance <br> de rouge et de noir ainsi que le terme « rubrique » – du latin « <i>ruber</i> » signifiant « rouge » – en écho à l’emploi, en Égypte, d’encre rouge pour signaler le début <br> d’une nouvelle idée. [119] Si Viète propose une version modifiée du calendrier, il est surtout connu, à une époque où les mathématiques se dotent des symboles <br> « + », « – », « = » et « racine carrée », pour avoir simplifié les équations en utilisant des lettres pour les inconnues. L’idée était appréciable [120] dans le cas <br> d’une équation de degré 45, analogue à celle que le flamand Adrien Romain avait mis Viète au défi de résoudre.


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118 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(118).jpg|485px]] 


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120 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(120).jpg|485px]] 


Viète a également décrypté des missives pour Henri III et Henri IV. [121-122] Ces étonnants diagrammes dissimulant des messages montrent la vogue de <br> la cryptographie à la Renaissance. La bibliothèque de la faculté des Sciences conserve une édition de 1586 du <u>Traité des chiffres</u> du spécialiste des alphabets et <br> des traductions Vigenère [123]. Diplomate, alchimiste et astrologue, secrétaire de la chambre d’Henri III, Vigenère a mis au point un chiffre plus complexe que celui <br> de César, [124] qui remplaçait une lettre par une autre. Une clé dont la longueur renforce l’inviolabilité du code fait [125] qu’une lettre, selon sa position, n’est pas <br> toujours remplacée par le même caractère.


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126 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(126).jpg|485px]] 


La Renaissance redécouvre l’Antiquité mais la remet en question : Vigenère prend l’avantage sur César ; l’héliocentrisme de Copernic détrône le géocentrisme <br> de Ptolémée... En 1543, un anatomiste qui dissèque publiquement les cadavres de condamnés récuse les théories médicales grecques. [126] Après une enfance <br> passée avec un gibet sous sa fenêtre, Vésale parcourt l’Europe de Louvain à Padoue via Paris, collecte les corps au gibet de Montfaucon, et examine les os <br> du Cimetière des Innocents. [127] La bibliothèque de la faculté de Médecine conserve une volumineuse édition en deux tomes datant de 1725 de ses <u>Œuvres <br> complètes</u>. [128] Sans doute connaissez-vous déjà le frontispice de la célèbre <u>Fabrique du corps humain</u>, corpus de sept cents pages dédié à Charles Quint et <br> dont les gravures ont été réalisées par Calcar, élève du Titien – certaines sont visibles sur le panneau de cette salle consacré à l’anatomie. [129] Dans son ouvrage <br> révolutionnaire, Vésale décrit le corps comme un ensemble de systèmes (squelette, muscles, vaisseaux, nerfs…) et contredit les extrapolations tirées d’animaux par <br> Galien. L’ouvrage revêt un aspect pédagogique : des planches peuvent être découpées pour repositionner les organes au bon endroit…


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128 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(128).jpg|485px]] 


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[130] Contemporaines de Vésale mais parues seulement au siècle des Lumières – leur auteur a redouté l’excommunication –, les <u>Tables anatomiques</u> d’Eustache <br> – découvreur de la trompe qui porte son nom – reflètent l’essor du dessin anatomique. [131] La page exposée nous montre le cerveau et la moelle épinière ; <br> [132] d’autres pages évoquent la reproduction, [133] les muscles et les vaisseaux. L’ouvrage est un [134] festival de lettrines, mais elles datent de 1728. <br> [135] Le superbe frontispice du traité de Fabrice d’Acquapendente concernant la vision, la voix et l’audition date, lui, de 1600.


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Une édition de 1737 nous livre les <u>Œuvres complètes anatomiques et physiologiques</u> du même Fabrice, médecin italien [136] découvreur des valvules des veines <br> et professeur de Harvey, démonstrateur de la circulation du sang. [137] La postérité en a fait un personnage attachant, humble, désintéressé, probablement mort <br> empoisonné par des héritiers impatients. [138] À Fabrice est également due la première description détaillée du placenta – « galette » en latin. [139] Ses études <br> sur le poulet l’ont en revanche conduit à des contresens : Fabrice n’associait au sperme qu’un rôle immatériel d’imprégnation, et pensait que le mystère <br> de la reproduction résidait dans l’œuf. [140] Ses <u>Œuvres chirurgicales</u> évoquent son intérêt pour l’orthopédie. À ses frais, en 1594, Fabrice a fait aménager <br> l’amphithéâtre anatomique de Padoue [141], plus important auditorium médical au monde. Le nombre de corps humains dont disposaient les anatomistes étant <br> alors réglementé, une trappe escamotable permettait de dissimuler des cadavres non autorisés.


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138 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(138).jpg|485px]] 


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[142] Les imposants recueils de l’époque contrastent avec la petitesse de cette édition remontant à 1571 du très populaire <u>Guidon en français pour les barbiers <br> et les chirurgiens</u>, dont le titre renvoie au prénom de son auteur Guy de Chauliac, médecin des papes d’Avignon et chirurgien autorisé par Clément VI à participer <br> aux autopsies publiques destinées à déterminer les causes de la peste en 1348. Féru d’anatomie, partisan d’une attitude sage, bienveillante et désintéressée <br> des médecins, Guy de Chauliac préfigure celui à qui trois vitrines sont à présent consacrées : Ambroise Paré.
 

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144 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(144).jpg|485px]] 


[143] De tous les chirurgiens de la Renaissance, Paré est sans doute le plus célèbre. Il pratique la désarticulation du coude, la réduction des luxations et met fin <br> à la redoutable cautérisation au fer rouge ou à l’huile bouillante après avoir découvert que la poudre des arquebuses n’empoisonne pas les plaies. En 1552,<br> il réalise, au siège de Damvillers, la première ligature des vaisseaux. [144] Diverses éditions posthumes du XVIIe siècle – dont certaines dotées de splendides <br> pages de titre typiques de l’époque – vous proposent ici quelques-unes des gravures les plus connues de la production de Paré. [145] Alors moins instruits <br> que les médecins, les chirurgiens sont pourtant plus habiles. Cette maîtrise s’illustre dans les réalisations de Paré en matière de prothèses, [146] dont la main <br> de fer à pignons.


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146 [[File:Diaporama_visite_exposition_Renaissance_(146).jpg|485px]] 


[147] Lorsqu’il se fait naturaliste, Paré perd un peu de la rigueur dont il fait traditionnellement preuve. [148] Reprenant les rumeurs colportées à l’époque, il décrit <br> parfois des animaux douteux. Il en va de même pour de prétendus monstres qui le passionnent : [149] « monstre femelle sans tête », [150] « enfant noir et fille <br> velue nés de la vertu imaginative », « monstre fort hideux ayant les mains et pieds de bœuf et autres choses fort monstrueuses », [151] « enfant ayant la face <br> d’une grenouille », [152] « homme du ventre duquel sortait un autre homme »... [153] Quel crédit, enfin, accorder au dessin de cette femme enceinte <br> de trente-six enfants simultanément ?


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[154] Thème cher aux naturalistes, la place de l’Homme dans la nature n’échappe pas à Paré, qui admire ce qu’il pense être la plus parfaite des créatures divines. <br> Le chirurgien conserve toutefois son humilité légendaire – on lui attribue la formule « je le pansai ; Dieu le guérit » – en précisant que la connaissance de l’anatomie <br> livre l’Homme en tant que la « plus frêle chose de la Terre ». [155] Nous retrouvons dans différentes éditions des œuvres de Paré un sonnet écrit par Ronsard <br> pour son ami chirurgien, ainsi qu’un amusant quatrain au texte pertinent : « Un lit ce livre pour apprendre, L’autre le lit comme ennuyeux : Il est aisé de le reprendre, <br> Mais mal aisé de faire mieux ».


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[156-157] Chirurgien sur le champ de bataille, Paré opère également à la cour. C’est lui qui, en 1559, tente, avec Vésale, de sauver Henri II, blessé à l’œil au cours <br> d’une joute. Paré fait en vain reproduire la blessure chez quatre suppliciés de la Bastille pour observer leur plaie : le roi meurt. À Charles IX, qui lui demande <br> de le soigner mieux que les pauvres, Paré répond qu’il soigne les pauvres comme des rois. [158] La bibliothèque de la faculté de Médecine conserve une édition <br> de 1594 de ses <u>Œuvres complètes</u>. On y retrouve les monstres, mais l’ouvrage impressionne surtout par sa superbe tranche bleue agrémentée d’étoiles dorées. <br> [159] Le colophon est également remarquable...


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[160] Le Suisse Gessner, connu en tant que naturaliste, a compilé divers ouvrages de chirurgie d’auteurs anciens et modernes. Il reprend ici Oribase – médecin <br> grec du IVe siècle –, Galien et bien d’autres. [161] Le second exemplaire du même recueil vous montre une page évoquant les blessures par armes à feu, <br> récentes à la Renaissance. Paré, déjà, proposait de rétablir la position du blessé au moment de l’impact afin de pouvoir extraire plus facilement le projectile. <br> [162-166] Des planches analogues se trouvent dans un très bel ouvrage illustré de Della Croce, dont l’état, malheureusement, n’a pas permis la présentation <br> en vitrine. Vous verrez donc, grâce au diaporama exclusivement, quelques-unes des superbes gravures de ce recueil.


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[167] L’avant-dernière vitrine rassemble des pièces à l’esthétique hors du commun : le Nouveau livre de médecine du Bavarois Wirsung révèle une superbe page <br> de titre gothique en noir et rouge montrant notamment une scène de distillation à l’alambic – l’Europe est alors en pleine alchimie... Wirsung ne livre pas moins <br> de quinze mille recettes pour permettre aux non initiés de diagnostiquer eux-mêmes leurs maladies et de les soigner avec les remèdes adéquats, à moindre coût.


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Afin de rendre à nouveau hommage à l’art de la reliure, deux ouvrages sont présentés fermés. [168] L’édition des <u>Œuvres médicales</u> du grec Paul d’Égine date <br> de 1567. Vous apprécierez l’originalité des rubans de cuir destinés à être noués – l’un d’entre eux n’a pas résisté à l’épreuve du temps... L’illustration du cartel <br> semble indiquer que ce système de fermeture était répandu. [169] Remarquable également est la reliure du traité de Jean de Vigo, chirurgien du pape Jules II. <br> [170] La bibliothèque de la faculté de Médecine dispose d’une autre édition du même ouvrage, ouverte ici sur sa superbe page de titre gothique. La mention <br> « Lesdits livres se vendent à Lyon sur le Rhône en la rue des imprimeurs par Benoît Bounyn auprès de Notre Dame de Confort » témoigne des contraintes, <br> pour désigner un lieu, d’une époque qui ne connaissait encore ni les plaques de rues, ni leur numérotation.
 

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[171] C’est à nouveau l’écriture gothique qui est à l’honneur, avec un ouvrage sans doute coloré <i>a posteriori</i> : le <u>Petit livre de consolation</u> de Rueff, qui date <br> de 1554. Le chirurgien de Zurich propose [172] l’un des premiers recueils d’obstétrique destiné à la formation – notamment en anatomie – des sages-femmes. <br> [173] Le titre n’est pas sans rappeler la philosophie de Boèce. La page de titre l’explique en précisant que ce manuel a été écrit pour la consolation de toutes <br> les femmes – manifestement lors de leur accouchement. [174] Outre des planches classiques, nous retrouvons [175] des représentations de monstres analogues <br> à celles que Paré avait dessinées.


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[176] Au début de notre parcours, nous avions, avec Du Choul, évoqué la discipline militaire des Romains. Nous nous en rapprochons avec le traité de Mercurialis <br> dédié à la gymnastique – du grec « <i>gumnos</i> » signifiant « nu », [177] les athlètes s’entraînant nus dans l’Antiquité. Mercurialis édulcore les exercices antiques de <br> leur dimension purement athlétique et de leur aspect essentiellement militaire. [178-179] Il privilégie en revanche l’activité physique susceptible d’entretenir la santé.


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D’Hippocrate à Pasteur, les médecins ont cru la maladie due à un déséquilibre des humeurs. Un astronome italien ami de Copernic, médecin de différents papes <br> et de Charles Quint, a toutefois été plus perspicace. [180] En 1546, Fracastor publie un traité inséré ici dans une édition de 1574 de ses <u>Œuvres complètes</u>. <br> Il y décrit la contamination par des particules invisibles à l’œil nu. Les maladies se transmettraient par contact direct, par l’air ou par les vêtements, ou encore <br> à distance. L’eau chaude, susceptible d’ouvrir les pores de la peau, devient suspecte. [181] C’est surtout pour avoir baptisé la syphilis que Fracastor est connu <br> aujourd’hui. Son poème intitulé <u>Syphilis ou le mal vénérien</u>, présenté ici dans une édition de 1753, décrit en vers la mésaventure [182] d’un berger outrageant <br> Apollon, qui se venge en le défigurant via une maladie mystérieuse présentée comme une nouvelle peste et guérissable grâce au bois de gaïac importé <br> du Nouveau Monde, et auquel François Ier lui-même a recours. Par la suite, le redoutable mercure sera largement utilisé. [183] Contrairement à ce qu’indique <br> le commentaire du texte de Fracastor, la syphilis était probablement connue dès l’Antiquité en Europe et n’a pas été importée d’Amérique. En revanche, <br> les guerres d’Italie menées depuis Charles VIII à grand renfort de mercenaires de toutes les nationalités ont probablement favorisé la pandémie.


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