Voir la source de Diaporama de visite - Exposition "Science et médecine au siècle de Stanislas" - Nancy - Avril 2016

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__NOTOC__
[1] Comme en 2010 à la Villa Bergeret ou en 2013 lors de l’événement Renaissance, la Direction de la documentation et de l’édition de l’Université de Lorraine <br> vous propose un échantillon des fonds patrimoniaux des bibliothèques des campus de Nancy – Droit, Lettres, Sciences et Santé. Environ deux cents ouvrages <br> ont été disposés en vitrines face à une série de panneaux évoquant les deux thèmes centraux de cette exposition : la science et la médecine au temps <br> de Stanislas. Faisant écho à ces panneaux thématiques, une frise générale resitue les jalons du dix-huitième siècle en matière d’histoire politique, d’art <br> et de littérature.


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[2] C’est par un peu d’histoire régionale que nous commençons notre parcours puisque nous commémorons cette année les deux cent cinquante ans <br> de la mort de Stanislas, ce qui a motivé cette exposition. En 1697, par le Traité de Ryswick, Louis XIV a rendu leur indépendance aux duchés de Lorraine <br> et de Bar, et Léopold, né en Autriche, arrive l’année suivante à Nancy. À sa mort, en 1729, son épouse Elisabeth-Charlotte devient régente jusqu’au retour <br> de Vienne de son fils devenu François III. Elle l'est de nouveau de 1731 à 1737, lorsque ce dernier retourne en Autriche.


En 1736, François III de Lorraine épouse Marie-Thérèse mais la France refuse que la Lorraine passe aux mains des Habsbourg et exige que le duché <br> lui soit cédé. Le dernier des Médicis étant mort sans héritier, on promet à François III la Toscane qu’il quittera pour devenir François I<sup>er</sup> du Saint-Empire. <br> La Lorraine, elle, est offerte par Louis XV à Stanislas, son beau-père déchu du trône de Pologne, qui y règne sans responsabilité réelle [3] en compagnie <br> de son épouse Catherine Opalinska — que mentionne le recueil des hommages funèbres datant de 1747 présenté en vitrine. En 1766, la mort de Stanislas <br> conduit au rattachement de la Lorraine à la France.


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4 [[File:Exposition_Stanislas_BU_2016-Diapositive_(4).JPG|485px]]


[4] Durant son règne, Stanislas dispense un humanisme basé sur le progrès et fait rayonner les sciences et les belles-lettres. En vitrine se trouve le premier <br> volume d’un dictionnaire conséquent du dix-huitième siècle, le <u>Dictionnaire universel français et latin</u> dit « de Trévoux » – aujourd’hui dans l’Ain, Trévoux <br> se situait dans la principauté de la Dombes alors indépendante –, dont l’ex-roi de Pologne autorise la diffusion en Lorraine. En 1750, Stanislas crée à Nancy <br> une bibliothèque publique. L’année suivante est constituée une académie décernant des prix littéraires et scientifiques. [5] En 1752, comme nous le montre <br> le fascicule en vitrine regroupant des lettres patentes, c’est un collège de Médecine qui est fondé. Trois ans après la mort de Stanislas, [6] la faculté <br> de Médecine de Pont-à-Mousson, qu’avait créée Léopold, sera transférée à Nancy. Nous reviendrons, en fin de visite, avec un ouvrage de grand format, <br> sur les institutions dues à Stanislas.


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6 [[File:Exposition_Stanislas_BU_2016-Diapositive_(6).JPG|485px]]


Nous mentionnions le collège de Médecine fondé à Nancy en 1752, et c’est précisément par la connaissance du corps humain que notre parcours commence. <br> [7] Comme le montre le frontispice de cet ouvrage de Manget – qui emploie encore l’alternance des encres rouge et noire –, la tradition des amphithéâtres <br> anatomiques a perduré depuis la Renaissance, mais les conditions de travail des chirurgiens n’ont plus rien à voir avec celles de l’époque de Vésale et <br> d’Eustache – à qui l’on rend ici hommage – qui étudiaient les cadavres en cachette. [8] En 1750, Louis XV crée à Paris l’École pratique de dissection sans que <br> les autorités religieuses ne s’en émeuvent davantage. La démarche est fondamentale dans un siècle qui voit encore s’opposer les médecins avec leurs cours <br> magistraux et les chirurgiens qui se fondent sur l’observation.


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8 [[File:Exposition_Stanislas_BU_2016-Diapositive_(8).JPG|485px]]


En 1543, Vésale faisait illustrer son traité d’anatomie par un élève du Titien. [9] En 1760, la relation entre médecins et artistes n’a rien perdu de sa vigueur, <br> comme le prouve un <u>Abrégé d’anatomie accommodé aux arts de peinture et de sculpture</u> de Tortebat dont la reliure délicate n’a pas permis l’exposition en vitrine. <br> Nous aurons l’occasion de contempler, en fin de visite, de volumineux ouvrages aux planches d’une grande beauté.


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10 [[File:Exposition_Stanislas_BU_2016-Diapositive_(10).JPG|485px]]


[10] Depuis la Renaissance, la connaissance anatomique, ainsi que la qualité du dessin d’observation, a nettement progressé, et la représentation détaillée <br> de la tête – que mentionne déjà ce <u>Traité de céphalatomie</u> – est particulièrement remarquable [11] dans cette planche de Haller. En vis-à-vis a été disposé <br> [12] un <u>Abrégé des principes d’anatomie et de chirurgie</u> dans le but de vous montrer l’extrême encadrement des publications de l’époque, avec approbation <br> datant de 1766 – année que nous commémorons précisément –, censure et privilège. Pour l’anecdote, [13] cet ouvrage d’un certain Rist a été publié <br> à Strasbourg chez les éditeurs Christmann et Levrault, ancêtres de la maison Berger-Levrault bien connue des Lorrains.


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12 [[File:Exposition_Stanislas_BU_2016-Diapositive_(12).JPG|490px]]


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14 [[File:Exposition_Stanislas_BU_2016-Diapositive_(14).JPG|485px]]


Si l’anatomie est de plus en plus perfectionnée, c’est surtout en matière de physiologie que le dix-huitième siècle progresse. [14] L’ouvrage de Borelli exposé <br> ici date du dix-septième siècle mais nous avons estimé judicieux de le présenter afin de montrer à quel point l’explication du corps humain avant le siècle <br> des Lumières était mécaniste. [15] Le corps était alors considéré comme un assemblage de poutres (les membres), de leviers (les muscles) ; le cœur était <br> censé être une pompe, et l’appareil digestif un organe triturateur – idée qui se retrouve chez Louis, [16] dont l’ouvrage n’est pas exposé, mais évoque tuyaux, <br> machines hydrauliques et pneumatiques et leviers.


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16 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(16).JPG|485px]]


Selon Stahl, les fonctions vitales sont assurées par une dynamique analogue à un ressort qui se tend durant les premières années de la vie et se détend <br> progressivement jusqu’à la mort. [17] Hecquet évoque une compression alternative ou encore une oscillation mécanique dans les membranes des intestins. <br> À partir des années 1730, Réaumur et Nollet, bientôt suivis par Spallanzani, montrent le rôle de la chimie dans la digestion. [18] Ainsi que l’évoque Spallanzani, <br> l’ingestion de tubes en bois percés de trous et remplis de viande n’est pas suivie de la destruction des tubes dans l’appareil digestif : les tubes ressortent <br> indemnes mais la nourriture qu’ils contenaient à été digérée.


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18 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(18).JPG|485px]]


[19] Les mêmes physiologistes commencent par ailleurs à lever le voile sur les mécanismes de la reproduction. Il faut reconnaître que les idées étonnantes <br> ne manquent pas, parmi lesquelles la célèbre génération spontanée. D’où viennent les minuscules créatures que le microscope révèle depuis le dix-septième <br> siècle ? [20] Ainsi qu’il l’évoque dans son ouvrage intitulé <u>La Génération solitaire</u>, Hill pense la femme capable de concevoir et d’enfanter sans le commerce <br> de l’homme [21] et évoque la croyance du poète Virgile en une génération spontanée : les juments pourraient se faire engrosser en reniflant simplement le vent <br> dans la bonne direction !


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20 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(20).JPG|485px]]


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22 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(22).JPG|485px]]


[22] L’anatomie, qui se précise au dix-huitième siècle, détaille précisément [23] les organes génitaux masculins et féminins, comme nous le montre cet ouvrage <br> de Kulm. Mis au point à la fin du seizième siècle [24] et considérablement perfectionné – vous avez sans doute en tête le remarquable exemplaire conçu <br> par Magny et conservé dans les collections du Musée Lorrain –, le microscope livre sans relâche un monde infiniment petit, faisant paraître [25] « une puce <br> de la grosseur d’un cochon de lait ». Parmi les découvertes les plus saisissantes, [26] comment ne pas évoquer les animalcules spermatiques observés par Ham <br> et Leeuwenhoek en 1677 et redessinés ici par Buffon ? La tentation est alors grande d’imaginer que le futur embryon s’y trouve préformé à taille réduite – et vous <br> pourrez, à ce sujet, profiter, sur les panneaux, du dessin cocasse que nous livre Hartsoeker.


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24 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(24).JPG|485px]]


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26 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(26).JPG|485px]]


[27] Aux partisans du rôle crucial joué par ces animalcules s’opposent les défenseurs d’une génération par la femme seule, et l’idée semble tout à coup confortée <br> lorsque le naturaliste suisse Bonnet découvre [28] que le puceron peut se reproduire sans l’intervention du mâle. Outre sa mise en évidence de la parthénogenèse, <br> Bonnet nous offre de savoureux passages [29] évoquant son intimité avec des pucerons dont il décrit les mouvements d’humeur !


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28 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(28).JPG|485px]]


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La femelle du puceron pouvant se reproduire seule, il n’y a plus rien d’étonnant à ce que Haller ait eu l’idée de calculer le nombre de germes emboîtés dans <br> les ovaires d’Ève : [30] une théorie communément admise et que nous rapporte Bonnet au sein de l’ouvrage exposé dans la vitrine voisine stipule en effet <br> que chaque génération préexiste en format réduit dans la génération précédente, à la manière de nos actuelles poupées russes. [31] Profondément religieux, <br> convaincu de la préformation, Bonnet – qui prétend qu’une cécité progressive doublée d’une paralysie partielle l’empêche de travailler au microscope – confie <br> à Spallanzani l’avenir de ses recherches, lui demandant même d’être « ses lunettes », mais Spallanzani n’abonde pas complètement dans son sens. [32] Ayant <br> équipé des grenouilles mâles de caleçons en taffetas comme l’avaient fait avant lui Réaumur et Nollet, il constate que le sperme est indispensable à la fécondation <br> – même s’il n’accorde pas encore aux animalcules spermatiques le rôle qui est le leur et les prend pour des parasites de la semence.


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[33] Si le siècle précédent a été largement mécaniste, le dix-huitième siècle – dont on connaît l'élan philosophique – refuse de se contenter d'une approche <br> exclusivement physique et chimique de la physiologie. Pour l’animiste Stahl, l'âme joue un rôle en contrebalançant sans cesse le processus de dégradation <br> du corps. [34] Avec Haller se fait progressivement jour l'idée que, tout comme la gravitation – que nous évoquerons avec Newton – régit l'Univers, une mystérieuse <br> force vitale donne au vivant sa spécificité.

 
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34 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(34).JPG|485px]]


[35] Le siècle des Lumières pose naturellement la question de l'entendement, déjà présente chez Locke et que l’on retrouve chez Bonnet ou chez Wolff, <br> [36] à travers son ouvrage sur la logique. Mais ce qui, plus que tout, fascine alors est sans aucun doute [37] la transmission nerveuse, à une époque où Haller <br> défend la notion de fibre. Vous retrouvez au passage la conception très mécaniste du corps proposée par Le Cat : on y évoque l’Homme comme une machine <br> dotée de canaux, de « liqueurs » (liquides) et d’un fluide que l’on soupçonne d’animer l’appareil. [38] Haller conçoit le cerveau comme le siège de la prétendue <br> force vitale, et Le Cat acquiesce. Vous apprécierez sa prose : le cerveau est comparé à la cour d’un grand prince où affluent les ambassadeurs des différentes <br> parties du corps.


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[39] Les sensations elles-mêmes préoccupent les physiologistes, et les ouvrages exposés sont autant de joyaux en matière de planches, notamment [40] pour <br> l’ouïe, évoquée par le truchement de ces coquillages au travers desquels on entend les conversations. [41] Toujours sur le plan de la forme, vous savourerez <br> l’étonnante lettrine en forme d’oreille, qui introduit la dédicace de l'ouvrage de Valsalva sur l’audition. [42] Les penseurs ne sont pas en reste : Diderot <br> rédige la fameuse <u>Lettre sur les aveugles</u> qui va le conduire droit au donjon de Vincennes, mais également sa <u>Lettre sur les sourds et muets</u>. L’époque est <br> à la compassion : Valentin Haüy fonde une institution pour les aveugles, emboîtant le pas à l’abbé de l’Épée avec son école pour les sourds. [43] Ce souci <br> d’éducation se retrouve dans le cours de Deschamps ici exposé, relié à une dissertation d’Amman qui évoque un alphabet manuel.


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40 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(40).JPG|485px]]


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[44] Les illustrations rivalisent de splendeur dans les ouvrages de Le Cat et, faisant écho à l’audition, c’est la vision qui nous occupe à présent. Le siècle <br> des Lumières se fait fort [45] d’opérer la cataracte, même si la réussite n’est pas toujours au rendez-vous – [46] Bach et Haendel seront les patients du même <br> chirurgien. Cette fameuse cataracte est précisément évoquée dans [47] la <u>Lettre sur les aveugles</u> de Diderot, que nous mentionnions précédemment et dont <br> les premières lignes sont ici en vitrine.


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46 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(46).JPG|485px]]


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[48] De manière générale, la chirurgie évolue au dix-huitième siècle. Déjà bien mieux loti que ses confrères de la Renaissance décriés par les médecins, Dionis, <br> chirurgien à la cour de Louis XIV, avait été nommé pour enseigner la circulation du sang, contraire aux idées de la faculté de Médecine de Paris. Avec La Peyronie, <br> c’est une Académie de chirurgie qui est créée en 1731, sous le règne de Louis XV. [49] Dans son <u>Histoire de l’origine et des progrès de la chirurgie en France</u>, <br> Quesnay retrace le chemin parcouru, et son propos est ponctué de somptueux bandeaux. [50] Celui qui évoque l’époque de Louis XV présente la fusion <br> des chirurgiens et des barbiers, enregistrée par un notaire. Un médecin conduit un barbier poussé par le temps et par l'occasion ; la chirurgie, consternée, <br> se détourne de la scène tandis que deux génies la rassurent en lui montrant le portrait du Roi, caution du rapprochement entre les deux corporations. <br> [51] Pour l’anecdote, parmi les deux volumes conservés dans nos collections patrimoniales, l’un d'entre eux recèle une erreur de lettrine, un L étant noté <br> [52] à la place du T. Quelques autres ouvrages témoignent des pratiques [53] d’une époque que nous sommes loin de regretter, même si les techniques <br> n’ont parfois [54] pas beaucoup évolué.


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[55] Les traitements de rééducation des enfants sont également mentionnés, notamment via le traité de Levacher de La Feutrie sur le rachitisme, doté <br> [56] de planches saisissantes, ou encore via le traité d’orthopédie [57] en deux volumes proposé par Andry. L’auteur y renseigne [58] sur les postures à éviter <br> et propose par ailleurs certains remèdes pour le moins étonnants, [59] particulièrement dans le but de rendre plus grave la voix des jeunes garçons. <br> [60] Cocasse également est l’épître de Fauchard au ministre Maurepas : l’auteur prie son dédicataire de pardonner l’audace qui est la sienne en lui faisant <br> parvenir un traité concernant… les dents ! [61] L’appareillage de l’époque, là encore, laisse rêveur.


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56 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(56).JPG|485px]]


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[62] Le siècle des Lumières est particulièrement troublé en matière de politique internationale et, en cent ans, les conflits ne manquent pas : guerres <br> de Succession d’Espagne, de Pologne ou d’Autriche, guerre de Sept Ans, guerre d’Indépendance américaine… Depuis la Renaissance, les chirurgiens <br> tentent de soigner les plaies dues aux armes à feu, telles qu'évoquées dans l'ouvrage de Ranby. Ils se voient par ailleurs confier une intervention courante <br> à l’époque : celle de la taille du calcul de la vessie. [63-64] Tolet, Baseilhac, [65] Douglas et [66] Leblanc vous proposent quelques planches déconseillées <br> aux âmes sensibles…


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[67] La médication du dix-huitième siècle fait parfois ses preuves, et c’est notamment le cas avec le scorbut, une maladie qui, selon Lind – auteur, en 1753, <br> d’un traité à ce sujet – décime davantage de marins britanniques que les armées espagnoles et françaises réunies. Lors du tour du monde réalisé par les navires <br> de George Anson, on pense qu’environ mille quatre cents marins sont morts du scorbut, ne laissant que cinq cents survivants. Lind préconise la consommation <br> d’agrumes, que l’on sait aujourd’hui riches en vitamine C – acide conséquemment qualifié d’« ascorbique ».


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[68] La médecine de l’époque n’en demeure pas moins douteuse dans le cadre d’autres affections. On continue à mirer les urines – outre-Manche, George III <br> souffre d'une porphyrie qui colore les siennes en violet – et à humer les selles. [69] Quoi de mieux, en cas de pathologie de l’urètre, que le célèbre remède <br> de M. Daran, à base de fiente de brebis sèche ? [70] Fort heureusement, cette médecine rudimentaire donne lieu à la publication d’ouvrages dont les frontispices <br> sont parfois remarquables, ainsi que nous le prouve le recueil dû à Mourgues. [71] Parmi les surprises que nous a réservées la préparation de cette exposition, <br> l’une d’entre elles est cette intéressante reliure d’un ouvrage consacré aux maladies épidémiques : elle est aux armes de Turgot, contrôleur général des finances <br> de Louis XVI.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(69).JPG|485px]] 69-
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[72] Les collections patrimoniales de la faculté de Pharmacie recèlent un dictionnaire de matière médicale de Goulin de la Beyrie fort endommagé mais dont <br> le frontispice n’a pourtant pas à rougir [73] face à la très belle Pharmacopée d’Augsbourg que nous lui avons juxtaposée. Il serait trop long de détailler <br> chacun des deux cents ouvrages de cette exposition, et c’est la raison pour laquelle nous vous laisserons le loisir de revenir vous pencher plus spécifiquement <br> sur certains d’entre eux, parmi lesquels cette dissertation sur les antiseptiques, dont les conceptions, aujourd’hui, prêtent à sourire, [74] tout comme <br> le redoutable traitement à base de mercure suggéré contre la syphilis – qui attendra le début du vingtième siècle pour être convenablement combattue.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(73).JPG|485px]] 73-
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Une bonne connaissance des plantes – et ce depuis des siècles – dynamise toutefois la pharmacopée, et [75] Storck nous propose des considérations <br> relatives tant au colchique – dont le principe actif sera extrait au dix-neuvième siècle – [76] qu’à la ciguë – qui, dans l’Antiquité, aurait causé la mort de Socrate. <br> [77] Une somptueuse pharmacopée wurtembergeoise évoque, dans son frontispice, les grands noms historiques liés aux médicaments, de l’Antiquité <br> de Dioscoride à la Renaissance de Paracelse en passant par le onzième siècle du Persan Avicenne. [78] Nous sommes décidément gâtés en matière de gravures <br> avec deux autres pharmacopées, l’une publiée à Leyde, en Hollande, l’autre à Lyon. [79] Au dix-huitième siècle, la chimie – à laquelle cette exposition consacre <br> quelques vitrines détaillées dans la seconde visite commentée – se mêle de pharmacie, et nous trouvons ici le traité de Baumé, pharmacien, chimiste <br> et industriel malheureusement toujours resté archaïque et sceptique vis-à-vis des travaux de Lavoisier.


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[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(79).JPG|485px]] 79-
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[80] Les nombreuses représentations du médecin au chevet du malade témoignent, aux dix-septième et dix-huitième siècles, avec Sydenham, Stahl, Bichat <br> puis Pinel,  de l’essor incontestable de la médecine clinique – [81] du grec ''klinè'' signifiant « lit ». L’époque reste marquée par la religiosité, et nous évoquerons <br> en fin de visite le devoir chrétien des sages-femmes, déjà mentionné dans l’ouvrage de Hoffmann intitulé <u>La Politique du médecin</u>.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(81).JPG|485px]] 81-
82 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(82).JPG|485px]]


[82] La morale conserve également une emprise qui se joint au bon sens, et les anciens préceptes des siècles passés sont encore d'actualité. Vous pourrez <br> savourer, chez Cornaro, noble vénitien de la Renaissance toujours en vogue au siècle des Lumières, la mention des libertins qu’il convient de ne pas fréquenter <br> afin de mener une vie sobre et réglée. [83] Le même volume, qui propose une réédition d’un traité Renaissance de Lessius sur la sobriété, vaut son pesant <br> d’or par sa seule table des matières qui évoque le danger « de se retenir d’aller à selle », « de retenir les vents sortant par en haut », « de ne point se peigner » <br> ou « de ne point se laver les pieds » !


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(83).JPG|485px]] 83-
84 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(84).JPG|485px]]


[84] Parmi de nombreuses surprises qu’a révélées notre exploration des collections patrimoniales se trouvent un nombre non négligeable de traités relatifs <br> à l’incertitude des signes de la mort et à la crainte d’être enterré vivant, ou encore [85] un mémoire sur la manière de rappeler les noyés à la vie. Le charlatanisme <br> – ainsi que nous aurons l’occasion de l’évoquer avec les idées de Mesmer sur le magnétisme dans l’autre visite commentée – sévit alors souvent. [86] Enfin, <br> l’acupuncture est déjà pratiquée, comme en témoigne le recueil de Dujardin relatif à l’histoire de la chirurgie, qui cite les planches du médecin hollandais <br> Ten Rhijne, premier à relayer cette technique orientale dès le dix-septième siècle.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(85).JPG|485px]] 85-
86 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(86).JPG|485px]]


[87] Le siècle des Lumières est par ailleurs une époque intéressante quant à la question du sang, ne serait-ce que parce qu’a lieu, en 1733, la première <br> mesure de la pression artérielle par Hales – dont nous reparlerons à propos de physiologie végétale au cours de l’autre visite. [88] Depuis l’Antiquité, véhiculée <br> par les disciples d’Hippocrate, une théorie fait reposer la santé sur l’équilibre entre quatre fluides baptisés « humeurs » – d’où l'expression « être de bonne <br> humeur », aujourd’hui encore –, à savoir le sang, le flegme, la bile et l’atrabile. [89] Un visage trop rouge, notamment lors d'une fièvre, signale un excès de sang. <br> Quoi de mieux, alors, pour lutter contre la maladie, que la saignée – qui sévira jusqu’à ce que Pinel l’interdise à la Salpêtrière au début du dix-neuvième siècle ? <br> [90] La pratique, en tout cas, divise déjà vers 1760 : les ouvrages présentés dans cette vitrine vous montrent les positions de ses partisans [91] et celles <br> de ses détracteurs.


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88 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(88).JPG|485px]]


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90 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(90).JPG|485px]]


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92 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(92).JPG|485px]]


D’authentiques progrès dans la lutte contre les maladies sont, quoi qu’il en soit, réalisés à l’époque. Nous avons eu l’occasion de mentionner le rôle des agrumes <br> dans le traitement du scorbut ; [92] une autre pathologie fait des ravages au siècle des Lumières : la variole emporte notamment jusqu’au roi Louis XV, et l’ouvrage <br> de Black présenté en vitrine la rend coupable d’avoir tué plus de deux cent mille individus en cent ans à Londres. Connue de longue date dans l’empire Ottoman, <br> l’inoculation – qui consiste en l’injection d’une variole atténuée, à la manière de nos actuels vaccins – est importée [93] en 1721 par Lady Wortley Montagu, <br> épouse de l’ambassadeur britannique à Constantinople. [94] L’Église s’insurge autant contre le fait de contrecarrer la volonté divine que contre les risques <br> – souvent avérés, cela dit – que fait courir une pratique encore mal maîtrisée. L’idée d’un germe de la variole, de toute façon, est encore contestée dans <br> une époque acquise à la théorie des humeurs. [95] Les rumeurs les plus folles insinuent que l’inoculation communique d’autres pathologies, parmi lesquelles <br> les écrouelles !


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(93).JPG|485px]] 93-
94 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(94).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(95).JPG|485px]] 95-
96 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(96).JPG|485px]]


[96] Une nouvelle technique de lutte contre la variole apparaît en 1796 grâce au médecin anglais Jenner, qui constate que les fermiers au contact de la vaccine <br> ne développent pas la variole. [97] L’idée est alors d’injecter du pus infecté par la variole de la Vache et de protéger ainsi l’Homme contre la variole humaine. <br> [98] Autre belle surprise au sein des collections, la découverte de ce superbe ''ex-libris'' dans un ouvrage de Tissot, célèbre tant pour sa défense de l’inoculation <br> que pour ses mises en garde contre l’onanisme. [99] Comme vous pouvez le voir via cette indication, l’ouvrage a appartenu à un chirurgien de Nancy.


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98 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(98).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(99).JPG|485px]] 99-
100 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(100).JPG|485px]]


[100] Point de « semence perdue » pour le dernier volet de notre visite, consacré à l’obstétrique – domaine encore fort délicat, ainsi qu'Éloy le fait remarquer <br> dans son évocation des douleurs de l’accouchement. [101] Comme le montrent différents ouvrages en vitrine, la technique se perfectionne, notamment via <br> les travaux de Smellie sur les forceps. En fin de parcours, le grand atlas de Hunter nos permettra de revenir sur la connaissance du corps de la femme enceinte.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(101).JPG|485px]] 101-
102 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(102).JPG|485px]]


[102] Les campagnes françaises sont largement redevables à l’idée de Louis XV de mandater l’épatante Angélique du Coudray pour sillonner le pays et former <br> les sages-femmes à l’anatomie, [103] notamment grâce à un étonnant mannequin présenté sur l’un des panneaux de cette salle. [104] À Nancy, l’ouvrage de Didelot <br> sur l’obstétrique est dédié au très impopulaire La Galaizière, qui régnait sur la Lorraine au nom de Louis XV, Stanislas n’ayant pas de réel pouvoir politique. <br> [105] Rien, en tout cas, y compris en obstétrique, ne se pourrait concevoir sans la religion, et, tout comme le médecin se doit d’être chrétien, les sages-femmes, <br> elles aussi, voient leur tâche encadrée.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(103).JPG|485px]] 103-
104 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(104).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(105).JPG|485px]] 105-
106 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(106).JPG|485px]]


[106] Il faut reconnaître que la frontière entre la vie et la mort est alors plus que rapidement franchie dans une époque plombée par la mortalité infantile. <br> Le tableau de Daignan exposé en vitrine est pour le moins explicite : dans une même paroisse, sur mille sept cent vingt-huit morts, six cent douze n'ont pas atteint <br> l’âge critique de huit ans. [107] À ce sujet, la table de la probabilité de la vie que Buffon nous propose dans son <u>Histoire naturelle</u> est révélatrice : à sa naissance, <br> un enfant a deux chances trois quarts contre une de ne pas dépasser l’âge d’un an.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(107).JPG|485px]] 107-
108 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(108).JPG|485px]]


[108] La tératologie prend son essor dans une époque riche en accouchements de monstres, qu'évoquent les ouvrages de Walter et [109] de Ruysch. D’un goût <br> plus que douteux, les planches en vitrines [110] montrent les dioramas constitués par Ruysch, passé maître dans l’art de conserver et de mettre en scène <br> les embryons non arrivés à terme.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(109).JPG|485px]] 109-
110 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(110).JPG|485px]]


[111] Des idées toujours ancrées dans l’inconscient collectif se voient combattues dans un siècle de raison, et c’est notamment le cas pour l’influence <br> de l’imagination des femmes enceintes. [112] Quant au croustillant traité de la nymphomanie ou « fureur utérine » dû à Thesacq de Bienville, il explique par quels <br> travers psychologiques la femme finit par prendre le plus repoussant Vulcain pour un Adonis ! 


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(111).JPG|485px]] 111-
112 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(112).JPG|485px]]


[113] Le non moins savoureux essai de Thomas sur le caractère, les mœurs et l’esprit féminins décrit les hommes comme des tyrans ou des esclaves de femmes <br> soit opprimées, soit adorées. C’est en tout cas avec les dames que nous approchons du terme de cette visite : femmes de lettres – comme Françoise de Graffigny <br> que les Villarois connaissent bien –, femmes de sciences – telles Lady Wortley Montagu que nous mentionnions au sujet de l’inoculation de la variole ou, ainsi <br> que nous aurons l’occasion de l’évoquer dans la seconde visite, Émilie du Châtelet, seule traductrice en français des <u>Principes mathématiques de la philosophie <br> naturelle</u> de Newton, ou encore Marie-Anne Paulze, indispensable assistante de son époux Lavoisier. Des  <u>Entretiens sur la pluralité des mondes</u> rédigés <br> par Fontenelle dès 1686 – et dont est extraite cette gravure qui évoque l’éventail et le compas — au <u>Newtonianisme pour les dames</u> d’Algarotti, la vulgarisation <br> leur est en tout cas largement dédiée.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(113).JPG|485px]] 113


[114] Notre visite consacrée au thème de la médecine s’achève avec les dames, et c’est aussi avec elles que cette seconde visite relative à la science débute. <br> [115] Dans ses <u>Entretiens sur la pluralité des mondes</u> rédigés dès 1686, Fontenelle, secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences durant près <br> de quarante ans, membre de l’Académie de Stanislas, mort presque centenaire, popularise à la fois la théorie des tourbillons – auxquels Descartes attribuait <br> la responsabilité du mouvement des astres que Fontenelle imagine par ailleurs tous habités – et l’héliocentrisme. [116] Depuis 1616, les écrits de Copernic <br> plaçant le Soleil au centre de l’Univers et leur défense par Kepler et Galilée sont considérés comme hérétiques, et même l’expurgation, par l’Église, en 1757, <br> de l’Index des ouvrages interdits ne permet pas leur autorisation qui devra attendre 1835.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(114).JPG|485px]] 114-
115 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(115).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(118).JPG|485px]] 116-
117 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(116).JPG|485px]]


[117] L’astronomie fascine pourtant, et Fontenelle écrit une comédie sur le thème des comètes. Connu depuis les Grecs, ce phénomènes a joué, dès les années <br> 1680, un rôle-clé dans l’histoire de l’astronomie. [118] Persuadé que la comète qu’il a aperçue en 1682 était la même que celle que Kepler avait observée <br> soixante-quinze ans plus tôt, Halley a consulté Newton qui lui a expliqué cette périodicité au moyen de sa récente théorie de la gravitation — sur laquelle nous <br> aurons l’occasion de revenir.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(117).JPG|485px]] 118-
119 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(119).JPG|485px]]


[119] Si les idées de Newton peinent à séduire l’Église, l’aristocratie se délecte de la construction d’instruments. Newton pense les lentilles définitivement non <br> perfectibles mais il se trompe : Dollond vend bientôt des instruments achromatiques. [120] Quoi qu’il en soit, Newton préfère mettre au point, à l’aide de miroirs, <br> le télescope imaginé avant lui par Gregory. Dans une époque qui voit l’essor des observatoires, [121] la connaissance de l’Univers se précise sans cesse : en 1781, <br> les télescopes révèlent la première planète à n’avoir pas été repérable à l’œil nu dès l’époque des Grecs : Uranus.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(120).JPG|485px]] 120-
121 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(121).JPG|485px]]


[122] En 1687, soit près de cent ans auparavant, Newton, financièrement soutenu par Halley, a publié ses fameux <u>Principes</u>, auxquels cette vitrine est consacrée. <br> L’ouvrage mentionne les lois du mouvement mais surtout la célèbre force de gravitation, [123] que Newton aurait, selon la légende, déduite de la chute d’une <br> pomme : ainsi que le fruit, attiré par la masse beaucoup plus importante de la Terre, se dirige vers le sol, les planètes tendent vers le Soleil. [124] Les collections <br> patrimoniales des bibliothèques recèlent deux éditions des <u>Principes</u> de Newton, la plus étonnante étant sans doute celle pour laquelle, plus de deux cents ans <br> après la parution initiale de l’œuvre, les élèves du physicien nancéien Blondlot – dont le nom est aujourd’hui associé à une rue et à un parc – ont sollicité Victor <br> Prouvé. L’artiste a, pour l’occasion, conçu cette reliure Art nouveau typique de la fin du dix-neuvième siècle.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(123).JPG|485px]] 122-
123 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(124).JPG|485px]]


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125 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(122).JPG|485px]]


[125] Si d’Alembert mentionne le système newtonien dans le livre exposé en vitrine, ce sont surtout Maupertuis, Voltaire – à qui la nièce de Newton rapporte <br> l’anecdote de la pomme – et la marquise du Châtelet qui relaient le newtonianisme dans une France encore très cartésienne. [126] Émilie du Châtelet est longtemps <br> restée la seule à avoir intégralement traduit en français le chef-d’œuvre explicitant la mécanique du grand savant anglais. [127] À défaut de pouvoir vous <br> présenter cette traduction parue à titre posthume – et dont la Bibliothèque municipale de Nancy conserve un exemplaire –, nous avons exposé ici un autre ouvrage <br> de la plus brillante physicienne de son temps, et qui semble également avoir appartenu à Blondlot. [128] Magistrale synthèse des idées de Descartes, de Leibniz <br> et de Newton, les <u>Institutions de physique</u> nous proposent en outre de très belles illustrations – le paraboloïde de Truchet représenté sur cette page rappellera <br> des souvenirs aux visiteurs de l’exposition [http://www.chateauluneville.meurthe-et-moselle.fr/fr/le-musee/les-expositions-temporaires/au-fil-de-lexperience.html « Au fil de l'expérience »] [https://gargantua.polytechnique.fr/siatel-web/linkto/mICYYYS75jYK], proposée, en 2012, par le Musée du château des Lumières, à Lunéville.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(128).JPG|485px]] 126-
127 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(126).JPG|485px]]


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129 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(129).JPG|485px]]


[129] Au sein du cortège des sciences, la mécanique est assez atypique : ses bases sont jetées dès le dix-septième siècle et elle inspire d’autres disciplines, <br> telles que la chimie ou même la physiologie, ainsi que le prouve l’ouvrage de Borelli exposé dans la partie de cette exposition consacrée à la médecine. <br> Nous n’avons pas résisté à la tentation d’exposer ici le traité de Brisson présentant une adaptation de la fameuse expérience réalisée par Guericke à Magdebourg <br> en 1654 [130] et que Nollet mentionne également : des hémisphères ne peuvent être séparés si le vide est réalisé entre eux.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(130).JPG|485px]] 130-
131 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(131).JPG|485px]]


[131] La mécanique des fluides, elle aussi, conforte ses bases dans un siècle qui voit les travaux de Daniel Bernoulli. Les <u>Récréations mathématiques et physiques</u> <br> d'Ozanam présentent des dispositifs de fontaines intermittentes connus depuis l’Antiquité. [132] C’est une même approche mécaniste qui préside aux études <br> de physiologie végétale de Hales, à qui est par ailleurs due la première mesure de la pression artérielle. Hales est convaincu que c'est l’appel de fluide lié <br> à la transpiration des feuilles qui, dans la plante, cause l’ascension de la sève.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(132).JPG|485px]] 132-
133 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(133).JPG|485px]]


[133] L’étude des phénomènes de pression et la mécanique des fluides se retrouvent naturellement au cœur des préoccupations des concepteurs de machines <br> à vapeur, dans le sillage des travaux de Papin et de Newcomen. Ainsi que nous le montre l’<u>Encyclopédie</u>, le dispositif qui fera tant pour la révolution industrielle <br> procède par chauffage d’eau qui, en se vaporisant, pousse un piston que l’on bloque. La vapeur est ensuite condensée par refroidissement, ce qui crée un vide. <br> Le piston, qu’on libère, revient violemment à sa position initiale, pouvant notamment, s’il est relié à une corde, tirer une charge ou aspirer l’eau dans une mine.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(134).JPG|485px]] 134-
135 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(135).JPG|485px]]


[134] Nous évoquions précédemment un Newton astronome. Avant de l’envisager opticien dans une vitrine à venir, c’est le mathématicien que nous rencontrons <br> avec ce traité sur le calcul différentiel – qui porte sur les variations infiniment petites –, dont il partage la paternité outre-Manche avec Leibniz sur le continent. <br> [135] Fontenelle, grand adepte du concept de l’infini, se fait l’écho de ce nouvel élan mathématique qui va conduire à l’essor de l’analyse chère à Euler et dont <br> le marquis de L’Hospital se fait également le relais. [136] Depuis la Renaissance, la fascination exercée, sur les mathématiciens, par l’estimation possible <br> de l’espérance de gain au jeu a livré d’intéressants travaux, notamment dus à Pascal, Fermat et Huygens au dix-septième siècle. [137] Avant que Laplace <br> n’entérine la notion de probabilité comme étant le rapport du nombre de cas favorables au nombre de cas possibles, des experts comme Jacques Bernoulli <br> ou Montmort se penchent sur la question. [138] L’ouvrage du second recèle de superbes gravures montrant des joueurs.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(138).JPG|485px]] 136-
137 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(136).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(137).JPG|485px]] 138-
139 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(139).JPG|485px]]


[139] Parmi les ouvrages de mathématiques notables de nos collections se trouvent également les œuvres complètes de Jean Bernoulli, dotées d’un superbe <br> frontispice avec portrait de l’auteur, d’une dédicace avec portrait de Frédéric II – et non Frédéric III comme l’inscription pourrait le faire penser – [140] et de divers <br> bandeaux [141] et lettrines.


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141 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(140).JPG|485px]]


[142] Ainsi que Fontenelle l’a fait avec l'astronomie et comme Nollet le fera en physique, Ozanam rend, par leur aspect ludique, [143] les mathématiques <br> accessibles à un public non spécialisé. De sa plume, nous trouvons ici [144] un traité d'algèbre puis, notamment, le problème du loup, de la chèvre et du chou <br> devant être convoyés au-delà d’une rivière – défi qui faisait déjà réfléchir les écoliers de l’époque de Charlemagne.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(143).JPG|485px]] 142-
143 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(144).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(142).JPG|485px]] 144-
145 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(145).JPG|485px]]


Dès le dix-huitième siècle, les applications des mathématiques sont nombreuses. [145] L’abbé Deidier évoque notamment le génie, l’artillerie, ou encore <br> [146] la perspective – pour laquelle la Renaissance lui a largement ouvert la voie. Ce n’est pas sans étonnement que nous avons découvert, [147] dans les gardes <br> de l’ouvrage, ces curieuses lignes d‘écriture.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(146).JPG|485px]] 146-
147 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(147).JPG|485px]]


[148] Retour à l’incontournable Newton au sujet duquel le poète anglais Pope écrivait « La nature et ses lois gisaient dans la nuit. Alors Dieu dit « Que Newton <br> soit ! » et la lumière fut ». Force est de constater que la lumière ne « fut » pas complètement grâce au savant britannique, [149] même si Smith rapporte ici <br> sa théorie corpusculaire : selon Newton, la lumière serait composée de particules de masses différentes correspondant aux couleurs. Par analogie avec les sept <br> notes de la gamme diatonique en musique, Newton imagine que le prisme décompose la lumière blanche en sept couleurs fondamentales non divisibles ensuite : <br> [150] celles de l’arc-en-ciel étudié depuis l’Antiquité grecque : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé et rouge. Cette théorie, ainsi qu’on le sait aujourd’hui, est <br> inexacte, mais l’emporte provisoirement contre son pendant ondulatoire défendu par Hooke et Huygens – rivaux dont Newton a prudemment attendu la mort pour <br> publier son traité. [151] L’optique est en tout cas au cœur de dispositifs utilisés depuis un siècle déjà (lanternes magiques, microscopes…), [152] et même <br> le révolutionnaire Marat, scientifique amateur fort décrié par ses contemporains, se fait le relais de l’optique de Newton dont il propose une nouvelle traduction <br> française.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(148).JPG|485px]] 148-
149 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(149).JPG|485px]]


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151 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(150).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(152).JPG|485px]] 152-
153 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(153).JPG|485px]]


[153] Un autre domaine fascine les contemporains de Stanislas : l’électricité, que l’on ne sait alors produire que par frottement via d’imposantes machines entraînées <br> en rotation, ainsi que nous le montre ce volume des <u>Principes de physique</u> de Brisson. Le dix-huitième siècle va largement progresser en matière de connaissance <br> de l’électricité, [154] et l’un des plus importants dispositifs de l’époque est sans doute le condensateur, dont le principe est découvert, à ses dépens, par <br> Musschenbroek, [155] dont Louis rapporte ici la mésaventure. [156] Un an après la mise au point de la « bouteille de Leyde », c’est un nouveau dispositif <br> essentiel qui voit le jour. Confirmant ce que l’on soupçonnait de longue date, [157] Franklin, convaincu du « pouvoir des pointes », serait parvenu à capter la foudre <br> via un cerf-volant et à prouver sa nature électrique. Si l’expérience relève en partie de la légende, l’idée vient en tout cas au savant américain d’équiper les points <br> hauts des premiers paratonnerres.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(154).JPG|485px]] 154-
155 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(155).JPG|485px]]


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(156).JPG|485px]] 156-
157 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(157).JPG|485px]]


[158] Le surprenant Bertholon de Saint-Lazare imagine précisément éviter les tremblements de terre au moyen d’un dispositif électrique analogue <br> à un paratonnerre inversé. L’un de ses ouvrages est présenté en vitrine et concerne la prétendue électricité du corps humain – une idée que lui reprendra <br> Galvani. [159] Les charlatans ont bien évidemment le champ libre dans cette époque où l’électricité reste un mystère, et l’idée d’une guérison électrique est alors <br> répandue. Le pouvoir du phénomène sur les intestins est dit « incontestable ». Salivation, sueurs, diarrhée, hémorroïdes … rien n’échappe à la vogue du moment, <br> [160] et, jusqu’au traitement des paralytiques, le mystérieux fluide est investi de pouvoirs imaginaires.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(158).JPG|485px]] 158-
159 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(159).JPG|485px]]


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161 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(161).JPG|485px]]


[161] Force est de constater que c’est en étudiant l’impact de l’électricité sur le système nerveux que Galvani observe en 1783 la contraction d’une cuisse <br> de grenouille placée au contact de deux métaux différents. L’expérience inspirera Volta et il sera bientôt possible, en utilisant deux métaux séparés par un matériau <br> humide et conducteur, de produire de l’électricité non plus par frottement mais par des réactions chimiques. Utilisant ce principe, la pile fera son apparition <br> en 1799.


[162] Parmi les fantaisies de l’époque, citons le supposé magnétisme animal dont le charlatan Mesmer imagine pourvus tous les êtres vivants. Dans l’aristocratie, <br> la mode est alors aux séances collectives organisées autour de baquets remplis d’eau et de limaille de fer et munis de tiges dont les protagonistes se saisissent, <br> feignant de ressentir le passage d’un hypothétique fluide. Les dérives – notamment érotiques – observées durant ces séances persuadent Louis XVI de nommer <br> deux commissions qui, sans appel, démantèlent l’imposture. Dans ces commissions, nous retrouvons Franklin, mais aussi Guillotin ou encore Lavoisier.


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163 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(163).JPG|485px]]


[163] C’est précisément la spécialité de Lavoisier qui occupe les quelques vitrines à venir. Au dix-huitième siècle, la chimie demeure très archaïque. La table <br> des rapports de l'<u>Encyclopédie</u> exposée ici nous montre les symboles alchimiques toujours employés. [164] Les expérimentateurs fondent encore leurs travaux <br> sur la théorie des éléments héritée des Grecs : la matière serait composée de mélanges, en différentes proportions, de terre, d’eau, d’air et de feu. Dès les années <br> 1750, l’essor de la pneumatique – ainsi que l’on désigne la science des gaz – mène la chimie vers sa révolution : on étudie le gaz carbonique ; on isole l’hydrogène <br> et le chlore. Des machines analogues à celle que Nollet présente sur cette illustration mettent en évidence l'azote ; Scheele isole un gaz que Lavoisier baptise à tort <br> « oxygène », le pensant présent dans tous les acides – ''oxus'' en grec.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(164).JPG|485px]] 164-
165 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(166).JPG|485px]]


[165] Pilier de la révolution de la chimie, Lavoisier se forme auprès du chimiste Rouelle. La bibliothèque de la faculté de Pharmacie conserve un superbe cours <br> manuscrit recopié sur celui que Diderot lui-même a suivi auprès du maître. [166] On y retrouve la terminologie de l’époque : la mention « sucre de Saturne <br> ou céruse » (actuel carbonate de plomb) rappelle la croyance des alchimistes – dont les symboles sont encore employés – en une influence des astres sur <br> les minerais. [167] Ainsi, le safran de Mars désigne un oxyde de fer.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(165).JPG|485px]] 166-
167 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(167).JPG|485px]]


[168] Déçu par son maître peu pédagogue, Lavoisier s’emploie, dans son <u>Traité élémentaire de chimie</u>, à la rédaction d’un manuel complet qui reste à la portée <br> du néophyte. Devenu fermier général — notamment grâce à La Galaizière —, possédant une fortune qui lui permet de faire construire des instruments de précision <br> servant par exemple à peser les gaz, [169] Lavoisier parvient au principe de conservation de la masse dont la formulation est légèrement plus longue que <br> le raccourci bien connu du grand public « rien ne se perd ; rien ne se crée ; tout se transforme ».


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(168).JPG|485px]] 168-
169 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(169).JPG|485px]]


[170] Faisant passer de l’eau sur du métal porté au rouge, le grand chimiste français prouve qu’elle se décompose en hydrogène et en oxygène et qu'elle n'est donc <br> pas un élément comme le pensaient les Grecs. Lavoisier confirme également que l’air contient différents gaz et n’est pas davantage un élément. [171] La théorie <br> des éléments perdant ainsi toute assise, Lavoisier se charge de redéfinir ce qu’il convient de considérer comme des « substances simples », et son tableau peut <br> nous déconcerter : la lumière et la chaleur sont considérées comme matérielles. Nous retrouvons ensuite des gaz connus. Pour Lavoisier, [172] la chimie avance <br> dans sa quête en imaginant la matière toujours plus divisée. Malheureusement, celui qui révolutionne sa discipline n’aura pas la chance de connaître le renouveau <br> de la théorie atomique proposé par Dalton : l’impopulaire fermier général est décapité en 1794.


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171 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(172).JPG|485px]]


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173 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(173).JPG|485px]]


[173] Avec ses collègues Guyton de Morveau, Berthollet et Fourcroy, Lavoisier dote en tout cas la nomenclature chimique d’une terminologie moderne et tourne <br> définitivement la page de l’alchimie : ''exit'' le « vitriol de Lune » ; place au « sulfate d’argent ». Évoquant avec amertume les bourreaux de Lavoisier, Lagrange <br> affirme : « il ne leur a fallu qu’un moment pour faire tomber cette tête, et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en produire une semblable ». <br> [174] La célèbre phrase « La République n’a pas besoin de savants », dont on prétend parfois qu’elle aurait été prononcée lors du procès de Lavoisier, <br> est sans fondement dans une époque où l’armée a recours aux travaux des chimistes pour s’approvisionner en poudre via le salpêtre, et où l’aérostation nécessite <br> l’utilisation des gaz. À ce sujet, les collections patrimoniales des bibliothèques recèlent une description, par Faujas de Saint-Fond, du ballon que les frères <br> Montgolfier font voler en 1783 dans la cour du château de Versailles ainsi qu’un éloge de Pilâtre de Rozier, premier être humain à voler en aérostat [175] et dont <br> Huet de Froberville rapporte la fin tragique alors qu’il s’apprêtait à traverser la Manche en ballon.


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175 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(175).JPG|485px]]


Pour les scientifiques, à l’image d’un Lavoisier qui fait construire nombre de balances de précision, l’heure est à l’essor technique en termes d’instruments. <br> [176] Saussure – qui s’est par ailleurs illustré dans l’exploration des Alpes – conçoit un hygromètre mentionné dans l’ouvrage en vitrine. De même, si Lavoisier <br> a œuvré pour l'hygiène dans les hôpitaux et les prisons, il s’est inscrit dans un vaste mouvement de l’époque, dont témoigne ici [177] le recueil d’instructions <br> du Conseil de Santé du ministère de la Guerre : on vise la salubrité et l’air pur dans les hôpitaux militaires. En son temps, Hales lui-même a préconisé [178] l’emploi <br> d’un ventilateur pour assainir l’air des mines, des prisons et des hôpitaux.


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177 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(177).JPG|485px]]


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179 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(179).JPG|485px]]


À la fin du siècle des Lumières, l’hygiène attend encore les travaux qu’entreprendront Belgrand ou Pasteur soixante ans plus tard. Pourtant, la méfiance [179] <br> à l’égard des bains, qui a sévi depuis la Renaissance, commence à se dissiper, et Marie-Antoinette remet la baignoire à la mode. La balnéothérapie prend son <br> essor, ainsi que le montrent les ouvrages de Maret [180] et de Bresmal. La consommation, elle, laisse plus perplexe : [181] Parmentier assure que l’eau de la Seine <br> y est d’autant plus propre qu’on y jette toutes sortes de choses censées l’aérer ! Rappelons que la Seine draine alors les eaux  évacuées par les abattoirs <br> autant que par l’Hôtel-Dieu ! [182] Depuis les travaux de Priestley et de Schweppe, les chimistes savent saturer l’eau en gaz carbonique, et les eaux gazeuses <br> fascinent. [183] À titre plus régional, nous n’avons pu résister au plaisir de proposer ici l’analyse des eaux minérales vosgiennes [184] que nous consommons <br> encore aujourd’hui.


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181 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(181).JPG|485px]]


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185 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(185).JPG|485px]]


Nous quittons la chimie et le strict domaine scientifique pour évoquer ce qui, par son style, a tant inspiré le <u>Traité élémentaire</u> de Lavoisier : l’<u>Encyclopédie</u>, <br> [185] dont nous verrons en fin de parcours quelques somptueuses planches en grand format. Initialement engagée dans la traduction de l’ouvrage anglais <br> de Chambers, l’équipe de Diderot et d’Alembert fait, sans en avoir pleinement conscience, débuter l’une des plus extraordinaires aventures de l’histoire de l’édition, <br> jalonnée de scandales et d’interdictions. Parus à quatre mille deux cent vingt-cinq exemplaires, les trente-cinq volumes de la première publication renferment plus <br> de soixante-et-onze mille articles agrémentés de planches et ont mobilisé un millier d’ouvriers pendant près de trente ans. [186] En vitrine figurent le prospectus <br> annonçant les premiers volumes ainsi que deux recueils de planches en moyen format. [187] Abandonné par d’Alembert dont Condorcet propose ici un éloge, <br> Diderot — dont le portrait figure à gauche de la diapositive — termine seul la supervision de l’ouvrage.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(186).JPG|485px]] 186-
187 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(187).JPG|485px]]


C’est pourtant d’Alembert que nous retrouvons avec un ouvrage qui semble lui aussi avoir appartenu au physicien nancéien Blondlot. [188] Dans ses  <u>Éléments <br> de musique théorique et pratique</u>, l’encyclopédiste évoque la théorie musicale du génial Rameau, à qui s’oppose alors, sans grande légitimité, l’ardent partisan <br> de la musique italienne qu’est Rousseau, [189] amateur peu éclairé en la matière et pourtant bien décidé à faire évoluer le système de la notation musicale. <br> La bibliothèque du campus Lettres conserve par ailleurs une édition d’époque [190] du <u>Contrat social</u> et nous n’avons pas résisté à l’envie de la présenter en vitrine.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(188).JPG|485px]] 188-
189 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(189).JPG|485px]]


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191 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(191).JPG|485px]]


[191] L’Homme à l’état de nature préoccupe un siècle des Lumières fortement impliqué dans la rencontre d'autres civilisations. Enrichie de nouveaux instruments <br> – dont les chronomètres de Harrison qui garantissent enfin la longitude –, la navigation progresse sans cesse. [192] Les années 1735 à 1743 ont confirmé <br> le soupçon de Newton : la Terre, probablement en fusion lors de sa formation, n’a pu manquer de s’aplatir aux pôles et de s’étirer à l’Équateur par effet centrifuge. <br> [193] C’est au cercle polaire que Maupertuis se rend auprès du Suédois Celsius pour mesurer l’arc de méridien au sol correspondant à un degré de latitude. <br> Pendant ce temps, une autre expédition réalise des relevés au Pérou. [194] La connaissance toujours plus précise de la circonférence terrestre aura, <br> à la Révolution, un autre avenir : elle servira de fondement au système métrique.


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193 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(193).JPG|485px]]


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195 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(195).JPG|485px]]


L’exploration du globe – et notamment de ses océans par Bougainville, Cook ou La Pérouse — se prolonge par une étude des peuples de diverses régions <br> terrestres. [195] L’anthropologie participe du développement du savoir en matière d’histoire naturelle et, à ce sujet, c’est tout naturellement Buffon que nous <br> croisons avant de le retrouver plus longuement au fil des dernières vitrines. [196] Son étude de visages exposée ici annonce les idées étonnantes de Lavater. <br> [197] Le père de la physiognomonie reprend, dans son ouvrage, la théorie antique des tempéraments : selon l’excès d’une humeur par rapport aux autres, <br> l’individu peut être sanguin, flegmatique, bileux ou mélancolique. [198] Pour Lavater, notre seul faciès indique nos aptitudes – une théorie que l'on peut rapprocher <br> de la phrénologie de Gall qui tire de tout aussi improbables conclusions de l’examen des bosses du crâne. [199] Ainsi que vous pourrez le lire en vitrine, Lavater <br> va jusqu’à passer en revue les expressions des grands noms de l’époque de la Révolution française.


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197 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(197).JPG|485px]]


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199 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(199).JPG|485px]]


[200] L’examen des caractéristiques humaines selon la zone géographique considérée est assez sidérant dans un dix-huitième siècle dont les Lumières sont parfois <br> plus qu’obscurcies. [201] Ainsi que le montrent les extraits projetés, les préjugés sont légion [202] et l’acharnement mis à donner un semblant de scientificité <br> à n’importe quelle idée non fondée prête aujourd’hui à sourire : on reconnaîtrait ainsi les Français à leurs dents ! [203] Dans cette vitrine consacrée aux peuples <br> de diverses régions, nous avons inséré l’ouvrage de Marmontel sur les Incas. Le Pérou est largement visité dans cette époque qui, comme nous l’avons vu, engage <br> la mesure de l’aplatissement terrestre. Le nom d’Huascar, mentionné dans cette page, n’est pas sans évoquer le personnage homonyme de l’opéra-ballet <br> de Rameau <u>Les Indes galantes</u>. [204] Deux cents ans après l’arrivée des conquistadors de la Renaissance sur le sol américain, l’exotisme semble toujours autant <br> fasciner.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(200).JPG|485px]] 200-
201 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(201).JPG|485px]]


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205 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(205).JPG|485px]]


[205] Avec Hunter et Vicq d’Azyr, l’anatomie comparée éclaire la nature sous un angle nouveau. L’heure est à l’examen des crânes, que l’on retrouve chez Camper <br> ainsi que vous le montre l’un des panneaux. [206] Avec Blumenbach émerge la répartition des individus de l’espèce humaine en cinq races : jaune (mongole), rouge <br> (américaine), blanche (caucasienne), marron (malaise) et noire (éthiopienne). Moreau de la Sarthe évoque, lui, une classification [207] quelque peu différente.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(206).JPG|485px]] 206-
207 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(207).JPG|485px]]


Contrairement à ce que l’on imagine, le siècle de Voltaire et de Montesquieu est profondément européocentriste. [208] Certes, plus de quarante ans avant <br> Schœlcher, l’abbé Grégoire et quelques esprits éclairés parviendront à faire abolir l’esclavage avant que Bonaparte ne le réinstaure, mais le rapport des Européens <br> aux autres civilisations reste extrêmement biaisé. [209] L’origine de la couleur de peau interroge Le Cat, [210] qui évoque la venue, en 1744, d’un jeune Africain <br> albinos à Paris – Maupertuis avait, à ce sujet, entamé la rédaction de sa <u>Vénus physique</u>. [211] L’<u>Histoire naturelle</u> de Buffon stupéfie par la crudité de son style <br> lorsqu’est évoquée une Africaine qui n’est pas sans annoncer l’épisode tristement célèbre de la Vénus hottentote des années 1810. [212] Buffon entérine toutefois <br> l’influence du climat sur la couleur de peau.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(208).JPG|485px]] 208-
209 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(209).JPG|485px]]


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Au-delà du seul aspect anthropologique, le dix-huitième siècle représente en tout cas un fabuleux moment d’inventaire. [213] Nous avons déjà mentionné <br> les études de Hales en matière de physiologie végétale, et ses successeurs ont montré tant la respiration des plantes que leur faculté à purifier l’air sous l’influence <br> de la lumière – que nous nommons aujourd’hui « photosynthèse ». C’est pour des raisons de forme que [214] l’ouvrage de Micheli a attiré notre attention : à travers <br> le diaporama, vous pourrez profiter des superbes gravures [215] qui constituent tant des lettrines que [216] des culs-de-lampes ou [217] des bandeaux <br> de ce recueil.


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(214).JPG|485px]] 214-
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217 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(217).JPG|485px]]


[218] Au siècle des lumières, l’étude systématique des végétaux mène surtout à l’élaboration de classifications monumentales, notamment conduites par le grand <br> naturaliste suédois Linné, dont nous présentons en vitrine l’extraordinaire frontispice du <u>Jardin de Clifford</u>, bien éloigné des austères volumes de son <u>Système <br> de la nature</u>. [219] À travers cet ouvrage, Linné décrit les plantes de la propriété du directeur de la Compagnie hollandaise des Indes. Fondant sa répartition <br> des végétaux sur l’examen de leurs organes reproducteurs, Linné sera qualifié de « botaniste pornographe » par ses détracteurs !


[[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(218).JPG|485px]] 218-
219 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(219).JPG|485px]]


Si Linné organise la nature en tableaux par genres, espèces et familles, son grand rival Buffon la structure autour de l’Homme. [220] L’idée est déjà présente <br> chez Bonnet [221], notamment via l’échelle des êtres exposée en vitrine. [222] La problématique de la création divine est omniprésente dans une époque où <br> – comme nous l’évoquerons au sujet des démêlés de Buffon avec la Sorbonne – la censure religieuse bride les scientifiques. Bonnet constate la perfection établie <br> par Dieu – notion que défendra Bernardin de Saint-Pierre. [223] Buffon tombe également dans cette facilité au début du chapitre de son <u>Histoire naturelle</u> consacré <br> aux animaux carnassiers. [224] Il évoque en effet le règne du bien – une attitude aux antipodes de la dénonciation, par Voltaire, de l’optimisme de Leibniz, tant dans <br> <u>Candide</u> [225] que dans son <u>Poème sur le désastre de Lisbonne</u>.


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La bibliothèque de la faculté des Sciences et Technologies dispose, dans son intégralité, de l’édition originale [226] de l’<u>Histoire naturelle</u> de Buffon, et la tentation <br> était grande de terminer notre parcours par quelques morceaux choisis de cet ouvrage colossal, publication-fleuve qui occupe Buffon durant près de quarante ans, <br> et ce jusqu’à sa mort. [227] La dédicace au roi est elle-même savoureuse, particulièrement représentative d’une communauté scientifique flagorneuse qui connaît <br> l’omnipotence des souverains et sait combien il est sage de s’attacher leur soutien.


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[228] Dès le début de sa publication, Buffon s’intéresse aux phénomènes géologiques et à la formation de la Terre. Si, comme le prétend l’héliocentrisme encore <br> à l’Index en 1749, la Terre n’est pas au centre de l’Univers, elle doit avoir un passé, que Buffon imagine dans sa « Théorie de la Terre ». Le schéma proposé <br> déclenche les foudres de la Sorbonne, devant laquelle Buffon plie – ou feint de plier – dans les pages liminaires [230] du quatrième volume de son encyclopédie. <br> Très prudent, Buffon semble mettre en parallèle [231] des parentés entre Âne et Cheval et [232] entre Singe et Homme mais reste – ou fait mine de rester – prudent.


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Inquiété pour sa « Théorie de la Terre », Buffon prépare pourtant des écrits plus péremptoires encore. [233] Tandis que l’exégèse religieuse impose au globe <br> une création qui ne remonte pas à plus de quatre mille ans avant notre ère, le naturaliste se lance dans une estimation du temps mis par la Terre pour se refroidir <br> depuis un état de fusion supposé originel. [234] Connaissant le diamètre de la Terre et celui de boulets qu’il fait porter au rouge avant de mesurer le temps qu’ils <br> mettent pour atteindre à nouveau la température ambiante, [235] Buffon parvient à extrapoler un âge de la Terre qu’il indique [236] égal à 74 000 ans environ. <br> Ainsi qu’il le soutient dans une très belle analyse du texte biblique de la Genèse, [237] les jours supposés de la création seraient en fait des époques ayant duré <br> bien plus de vingt-quatre heures. [238] Tout comme la lumière, la chaleur demeure toutefois un phénomène mal connu – et Lavoisier, comme nous l’avons vu, <br> les tiendra toutes deux pour matérielles en 1789 encore…


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[239] Au-delà de son contenu parfois controversé sur le plan scientifique et de ses illustrations remarquables, l’<u>Histoire naturelle</u> est surtout, de part en part, portée <br> par un style, et le lyrisme de Buffon n’a pas manqué d’être raillé : l’Homme y est l’être préféré de Dieu, le cheval la plus noble conquête de l’Homme. [240] Le chat <br> est loin d'être décrit de manière amène, ce qui n'empêche pas une belle planche d'angora ; [241] le lion est le roi des animaux – ce que l’illustration ne laisse <br> guère deviner ! [242] Buffon le présente ardent en amour et fier dans sa marche. Le zèbre, que l’auteur juge élégamment vêtu, est pour lui moins proche du cheval <br> que ne l’est le chien car ces derniers ont tous deux été domestiqués tandis que le zèbre est resté à l’état sauvage. [243] Le serin est le musicien de la chambre <br> et [244] l’oiseau-mouche est le plus brillant des êtres animés ! Abstraction faite de quelques approximations en matière de zoologie, [245] force est de constater <br> que l’ouvrage est une splendeur, ne serait-ce que par ses gravures.


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[246] Nous terminons notre évocation de la nature avec un contemporain de Buffon qui a étudié tant la digestion ou la reproduction que la chaleur au moyen <br> de thermomètres qu’il a conçus : Réaumur. [247] Ce sont trois des six volumes de son magistral mémoire sur les insectes que nous présentons dans cette dernière <br> vitrine. La visite thématique relative à la médecine évoque la théorie de la préformation qui imagine tous les êtres emboîtés, de génération en génération, <br> dans un germe commun, et la transformation de la chenille en papillon via la chrysalide ici mentionnée n’a pas été sans influence sur cette idée d’emboîtement <br> des germes. [248] Une fois de plus, dans cette première monographie consacrée aux insectes qui paraît de 1734 à 1742, [249] nous ne pouvons que saluer <br> le soin apporté, par les graveurs, aux illustrations dont la photographie numérique permet aujourd’hui [250] de détailler mieux encore la finesse.


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247 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(247).JPG|485px]]


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249 [[File:Exposition_Stanislas-BU-2016-Diapositive_(249).JPG|485px]]


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''Le texte ci-dessous n'a pas donné lieu à un diaporama parallèle projeté dans la mesure où les participants se sont vu offrir la possibilité de profiter, <br> en comité restreint, des ouvrages qui ont été feuilletés hors vitrines, en cours de visites. Quelques clichés sont en revanche insérés entre les lignes <br> afin de faire écho au propos de cette dernière partie des parcours commentés. Merci de votre compréhension.'' 


Un changement d’échelle nous attend pour terminer cette visite puisque, de la minutie des gravures précédentes, nous passons à quelques ouvrages <br> de grand format conservés dans le fonds ancien de la  bibliothèque de la faculté de Médecine. Avant de revenir à la médecine humaine, c’est par le domaine <br> vétérinaire que nous commençons avec ce traité d’hippiatrie de Lafosse dont vous pouvez admirer les planches en couleurs.


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La couleur est également bien présente dans le superbe recueil concernant l’anatomie de la tête réalisé d’après les dissections de Joseph-Guichard <br> Duverney, démonstrateur au Jardin du roi sous Louis XIV. Tout comme dans le monumental <u>Cours complet d’anatomie</u> de Jadelot édité à Nancy, la technique <br> de la quadrichromie due à Le Blon et reprise par Gautier d’Agoty a été employée. Les deux planches initiales du second ouvrage s’inspirent de tableaux <br> du peintre lorrain Girardet.


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Plus volumineux encore, le traité intitulé <u>Anatomie de l’utérus gravide</u> nous est proposé par l’obstétricien britannique William Hunter. Les planches, <br> qui présentent la dissection intégrale et progressive d’une femme morte avant l’accouchement, sont déconseillées aux personnes sensibles. <br> Un dernier ouvrage d'anatomie de grandes dimensions vous est proposé ici avec les <u>Tables du squelette et des muscles du corps humain</u> dues à Albinus.


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Nous passons enfin à quelques volumineux ouvrages conservés au sein des collections patrimoniales des bibliothèques des facultés de Lettres et de Droit. <br> Une grande carte de Russie nous est offerte au sein de ce volume évoquant les voyages du zoologiste et botaniste allemand Pallas, un temps installé à la cour <br> de Catherine II. La fascination pour les voyages se retrouve dans la tradition du Grand tour d’Europe qu’accomplissaient les érudits. Passages obligés, l’Italie <br> et la Grèce sont alors réputées pour leurs ruines dans une époque qui exhume les sites d’Herculanum et de Pompéi, dont l’architecture inspirera le néo-<br> classicisme dans les arts décoratifs. Après une dédicace au marquis de Marigny, frère de la marquise de Pompadour et directeur général des bâtiments <br> de Louis XV, l’architecte Le Roy représente ici les <u>Ruines des plus beaux monuments de la Grèce</u>. Nous retrouvons enfin, pour la description de divers métiers, <br> quelques somptueuses planches de l’édition originale de l’<u>Encyclopédie</u>, et c’est tout naturellement par une ultime évocation du dernier duc de Lorraine <br> via ce recueil des fondations qui lui sont dues que nous prenons congé de Stanislas et de son époque.


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