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Les nouvelles frontières de la connaissance (2014) CSRT, Introduction : Différence entre versions

De Wicri France
imported>Jacques Ducloy
(Les raisons de l'autosaisine)
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(Les objectifs et la démarche du rapport)
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* Clarifier les positionnements individuels et collectifs face au relativisme et à l'absence de volontarisme qui caractérise les « vieilles sociétés occidentales ».
 
* Clarifier les positionnements individuels et collectifs face au relativisme et à l'absence de volontarisme qui caractérise les « vieilles sociétés occidentales ».
 
* Formuler des propositions concrètes destinées à nourrir l'action des pouvoirs publics en posant des questions sans tabou et en affirmant des convictions devant l'opinion publique.
 
* Formuler des propositions concrètes destinées à nourrir l'action des pouvoirs publics en posant des questions sans tabou et en affirmant des convictions devant l'opinion publique.
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La démarche de construction du rapport reflète ses origines et ses finalités. Elle repose sur quelques principes :
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* Utiliser les matériaux et l'expertise constitués par les rapports antérieurs du CSRT.
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* Mobiliser les compétences et les expériences des membres du CSRT.
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* Enrichir ces apports internes par des contributions issues de l'extérieur en restant dans une approche scientifique.
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* Ouvrir des débats sans contrainte et sans a priori sur les grandes questions issues de ces diverses contributions.
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* Ancrer le rapport dans la réalité concrète en ouvrant des perspectives constructives afin de rompre avec le doute systématique qui étouffe les initiatives de notre société.
 
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Version du 4 août 2014 à 17:01

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Introduction et cadrage général

Les fondamentaux initiaux

Le présent rapport du Conseil Supérieur de la Recherche et de la Technologie intitulé « les Nouvelles Frontières de la Connaissance » est d’abord la manifestation d’une réaction face à « la crise ». Ce n’est donc pas un simple avis technique, ni le reflet d’aimables propos sur des spéculations intellectuelles. C’est l’expression de citoyennes et de citoyens issus du monde de la recherche, des entreprises, des associations, des syndicats qui refusent la lecture réductrice dominante de la crise qui s’impose aux esprits depuis une décennie, ferme les perspectives et paralyse les initiatives, dans l’ensemble du monde mais plus encore en Europe et singulièrement dans notre pays.

Cette réaction « anti-crise » s’exprime par une affirmation : la crise n’est pas ce que l’on dit, elle n’est pas ce que l’on croit. Ce n’est pas un simple dérèglement conjoncturel de la sphère financière, c’est une mutation générale géopolitique, économique, environnementale, sociale, culturelle et, bien entendu technologique et scientifique, qui marque notre époque et annonce des temps nouveaux. Ce que nous vivons actuellement est l’édition contemporaine des phénomènes de transformation qui jalonnent l’histoire de l’humanité. Au-delà de cette première affirmation de principe il convient d’analyser avec rigueur la réalité, de comprendre l’ensemble de ces mutations dans leur singularité, leur complexité, leur symbiose. Dans ce dépassement de l’analyse de la crise, qui ne peut se réduire au seul domaine de la finance, il s’agit donc de mobiliser les forces de l’intelligence et les capacités de réflexion pour mieux comprendre l’ensemble des mutations actuelles.

Mais, au-delà de la mise en cause radicale de la vision actuelle de la crise au profit d’une approche élargie des mutations, au-delà de la conviction que l’humanité peut choisir son avenir, le rapport du CSRT pose davantage de questions qu’il n’apporte de réponses. Les interrogations les plus lourdes sur la Connaissance contemporaine émergent. Elles dépassent la seule problématique de la science, de la technique, de leur place dans la société. Elles posent des questions majeures sur les civilisations, leur origine, leur développement, leur mort. Elles interpellent notre propre perception de l’Histoire, façonnée par les références au seul horizon occidental. Elles débouchent sur des questions fondamentales sur l’humanité, son identité, sa place dans la nature, ses relations avec le monde vivant…

Ces premiers constats conduisent à deux conclusions préalables, partielles et provisoires.

La première, c’est que la réalité des mutations actuelles, faussement identifiées par le concept réducteur de « crise », au-delà de l’apport indispensable des sciences « dures » qui enrichissent la connaissance de la matière et de la vie, doit être éclairée par un engagement massif et global des sciences humaines et sociales. Celles-ci, par leurs avancées les plus récentes, à la fois diverses et riches, disposent d’outils de connaissance qui peuvent faire progresser considérablement la compréhension de la grande mutation contemporaine.

La seconde, c’est que la seule approche technique et scientifique de la connaissance, même avec le concours puissant des sciences humaines et le soutien de la philosophie, ne suffit pas. C’est la question des choix de société qui est posée. Il revient donc aux politiques de prendre le relais, d’élargir et d’organiser le débat le plus large et le plus profond sans craindre les remises en causes et les ruptures, au-delà du présent rapport qui n’est qu’un point de départ. Il appartiendra alors aux citoyennes et aux citoyens de s’exprimer, aux hommes et aux femmes de choisir leur destin et celui de leurs enfants.

Ces fondamentaux étant posés, la décision du Conseil Supérieur de la Recherche de lancer une réflexion sur «les Nouvelles Frontières de la Connaissance» appelle quelques éclaircissements. D'abord sur la légitimité de l'initiative, à quelques mois du terme de l'instance, réformée par la loi. Ensuite sur la nature même du sujet dont l'ambition peut sembler hors de portée de la compétence d'une simple instance de conseil. Il est donc indispensable de préciser en préalable les raisons de cette auto saisine, les objectifs du rapport, sa méthode d'élaboration et la philosophie qui l'inspire, avant de présenter son cheminement et son plan.


Les raisons de l'autosaisine

Les circonstances politiques, concrétisées par le calendrier législatif, situent l'initiative de ce rapport au moment même où s'ouvrait le débat sur la nouvelle loi d'orientation de l'enseignement supérieur. Cette concomitance a conduit le CSRT à considérer qu'il avait toute légitimité à assumer ses responsabilités jusqu'au terme juridique de son mandat et dans le cadre des missions qui lui ont été confiées au sein du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Il a donc jugé utile d'ouvrir, par auto saisine, un nouveau chantier en vue d'élaborer un ultime rapport qui n’est ni une somme ni une conclusion mais un appel à poursuivre et approfondir la réflexion.

Dans ce contexte particulier, ce rapport répond donc à un souhait des membres du CSRT, de faire un point synthétique sur les travaux produits au cours des dernières années, de les mettre en perspective, de les situer dans un cadre plus large. Ce choix conduit naturellement le CSRT à dépasser l'approche technique qui était le propre de ses travaux pour ouvrir sa réflexion à des considérations philosophiques, scientifiques et politiques. Cette orientation a semblé conforme aux missions fondamentales du CSRT, chargé de formuler des avis aux Ministres de l'Enseignement Supérieur et de la recherche à partir des expertises de ses membres issus du monde de l'enseignement et de la recherche mais aussi de la « société civile ».

A ces raisons « internes » s'ajoute la volonté du CSRT de mieux porter les interrogations actuelles de la communauté scientifique en prolongeant, par une contribution nouvelle et renforcée, la démarche engagée par les Assises de la recherche et de l'enseignement supérieur, Celles-ci ont été certainement utiles, mais paraissent limitées à des approches ponctuelles trop techniques voire catégorielles. Il semble aujourd'hui indispensable de prendre en considération des interrogations plus générales de cette communauté scientifique sur sa mission et sa place dans la société. Enfin, ce rapport au titre ambitieux, témoigne de la volonté du CSRT de poser la question de la connaissance dans la réalité actuelle. Il ne s'agit donc nullement d'une nouvelle réflexion confinée à la communauté scientifique mais bien d'une contribution ancrée dans notre époque, prenant en compte ses mutations radicales, à l'écoute des interrogations et des attentes sociales afin de briser le carcan de l'idéologie de crise qui paralyse notre société.


Les objectifs et la démarche du rapport

Les trois types de raisons qui ont conduit à l'auto-saisine du présent rapport en structurent naturellement les objectifs. On en retiendra cinq principaux ;

  • Définir un cadrage général sur les sciences, les techniques, et, globalement sur la Connaissance, sans ambition encyclopédique mais dans une démarche prospective globale.
  • Consolider et préciser la réflexion sur les enjeux de la science et de la technologie formulés dans l'approche classique de l'innovation en ouvrant cette approche au champ sociétal.
  • Engager une réflexion conceptuelle plus large et plus radicale, voire critique, sur la connaissance contemporaine.
  • Clarifier les positionnements individuels et collectifs face au relativisme et à l'absence de volontarisme qui caractérise les « vieilles sociétés occidentales ».
  • Formuler des propositions concrètes destinées à nourrir l'action des pouvoirs publics en posant des questions sans tabou et en affirmant des convictions devant l'opinion publique.

La démarche de construction du rapport reflète ses origines et ses finalités. Elle repose sur quelques principes :

  • Utiliser les matériaux et l'expertise constitués par les rapports antérieurs du CSRT.
  • Mobiliser les compétences et les expériences des membres du CSRT.
  • Enrichir ces apports internes par des contributions issues de l'extérieur en restant dans une approche scientifique.
  • Ouvrir des débats sans contrainte et sans a priori sur les grandes questions issues de ces diverses contributions.
  • Ancrer le rapport dans la réalité concrète en ouvrant des perspectives constructives afin de rompre avec le doute systématique qui étouffe les initiatives de notre société.