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Pour une politique ambitieuse des données publiques (2011) chapitre 2

De Wicri France
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Pour une politique ambitieuse des données publiques :
Les données publiques au service de l’innovation et de la transparence


Partie 1 - « Open Data » : Contexte et enjeux d’une question sociétale
Chapitre II. La libre réutilisation des données publiques à l'international
RapportDonnéesPubliques2011.png


Le sujet de la réutilisation des données publiques et l’appel à la mise à disposition d’informations publiques sous forme brute a émergé dans le contexte des ruptures technologiques et économiques de ces dernières années.

C’est pourtant par deux ruptures politiques, au plus haut niveau de l’État, d’abord aux États-Unis puis en Grande-Bretagne, chaque fois dans un contexte d’alternance politique, qu’il a été concrétisé par une politique ambitieuse d’ouverture des données publiques.

Le chapitre suivant présente un tour d’horizon de ce mouvement d’ouverture des données publiques, et l’historique récent de ces deux principales initiatives gouvernementales, qui l’ont concrétisée à l’international.

 

Le mouvement Open Data

Le terme Open Data, littéralement « données ouvertes » ou « données libres » (au sens « libres de droits »), est utilisé pour désigner des données en libre accès et ouvertes à la réutilisation. Il trouve son origine en 1995 dans une publication du Comité sur les Données géophysiques et environnementales du Conseil national de la Recherche aux États-Unis intitulée « De l’échange complet et ouvert des données scientifiques »[1] :

« Les programmes internationaux de recherche sur le changement global et la surveillance environnementale dépendent du principe d’un échange complet et ouvert des données (i.e. les données et les informations sont rendues disponibles sans restriction, sur une base non discriminatoire, pour un coût réduit à celui des besoins de reproduction et de distribution). »

Le terme, qui désigne donc à l’origine le processus de collaboration des scientifiques autour de données d’expériences partagées afin de multiplier les chances de détecter des erreurs, se tenir mutuellement au courant des nouvelles évolutions, et collaborer à la rédaction d’articles scientifiques, se répand largement au sein de la communauté des chercheurs. Il trouve ensuite un écho dans la communauté des développeurs, notamment parmi les contributeurs de projets Open Source, dont le mouvement d’ouverture des données est philosophiquement proche.

Des développeurs, des chercheurs et des économistes de l’information créent ainsi l’Open Knowledge Foundation (OKFN) en 2003 et l’Open Data Foundation (ODaF)[2] en 2006 – organismes à but non lucratif qui cherchent à promouvoir l’adoption de normes mondiales de formats et de métadonnées (description des jeux de données), et le développement de solutions open source pour mutualiser les outils de mise en ligne de données.

Les promoteurs de l’Open Data ont ainsi développé des définitions formelles des critères qui caractérisent des données « ouvertes ». Un groupe de travail « Open Government Data » (OGD) d’experts du Web s’est fixé huit critères assez larges de définition des données publiques ouvertes[3]. L’Open Knowledge Foundation (OKFN), pour sa part, propose onze critères[4], plus axé sur les conditions juridiques acceptables qui doivent se retrouver dans la licence de réutilisation.

Les deux ensembles de critères, qui établissent une première définition des données ouvertes, sont détaillés ci-dessous.

Données complètes 
toutes les données sont mises à disposition, sauf exceptions de bon sens.
Données brutes 
les données sont telles que collectées à la source. Elles ont la plus fine granularité possible et ne se présentent pas sous des formes agrégées ou modifiées.
Données récentes 
les données sont mises en ligne aussi rapidement que possible.
Données accessibles
les données sont accessibles au plus grand nombre d’utilisateurs possible, et réutilisables pour des usages les plus variés.
Données libres de droits
les données ne sont pas soumises au droit d’auteur, à brevet, au droit des marques, ou au secret commercial.
Formats exploitables
les données sont structurées pour permettre le traitement automatisé, et disponibles sous une forme pratique et modifiable.
Formats non-propriétaires
les données sont accessibles dans un format sur lequel aucune entité n’a de contrôle exclusif.
Conditions non discriminatoires
les données sont accessibles à quiconque sans aucune obligation préalable ni inscription, et sans discrimination entre les domaines d’application. Les données sont notamment disponibles aussi bien pour des réutilisations commerciales que personnelles.
Paternité
la licence peut exiger, comme condition pour la redistribution et la réutilisation des données, d’identifier clairement les créateurs de l’œuvre ou les contributeurs initiaux. Si cette condition est imposée, elle ne doit pas être indûment complexe à remplir, et notamment la liste des contributeurs à citer doit être clairement indiquée.
Distribution de la licence 
les droits attachés aux données s’appliquent à tous ceux à qui elles sont distribuées.
Non-transitivité de la licence 
la licence ne peut exiger que toute donnée distribuée conjointement avec une donnée sous licence libre soit aussi elle-même sous licence libre, ce qui serait un frein à la réutilisation de ces données.
Droit d’extraction
si les données sont extraites d’un jeu de données, les utilisateurs de l’extrait doivent bénéficier des mêmes droits que ceux qui sont accordés au jeu de données dans son ensemble.

Bien que ce modèle des données ouvertes puisse s’appliquer à tous types de données, qu’elles soient produites par le secteur public ou non, l’importance démocratique de l’accès aux informations publiques a conduit à focaliser le débat sur l’Open Government Data, ou la réutilisation des données publiques.

Les évolutions technologiques, le cadre réglementaire (notamment les lois sur le droit à l’information et la Directive européenne sur la réutilisation des informations du secteur public) et l’opportunité politique ont mené au lancement, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs en Europe notamment, d’initiatives majeures d’ouverture et de réutilisation des données publiques.

États-Unis : initiatives locales, puis démarche fédérale

L’ouverture des données s’est effectuée aux États-Unis du bas vers le haut. Les villes de Washington, New York, San Francisco, ont entrepris de recenser les collections de données qu’elles envisagent de mettre à disposition, puis d’ouvrir des « data stores » pour mettre ces jeux de données à la disposition du public des entreprises, des développeurs et des citoyens[5].

Ces démarches de « libération » des données publiques sont très souvent accompagnées de concours d’applications pour encourager la réutilisation des données rendues publiques.

Ce mouvement, amorcé par les grandes métropoles, fait désormais l’objet d’une politique au niveau fédéral.

(i) La réutilisation des données émerge dans les grandes métropoles.
L’année 2005 est marquée par une rupture majeure : l’ouverture par Google des « interfaces de programmation » (API) du service Google Maps donne lieu à une floraison d’applications et de mashups[6]. Un grand nombre de ces applications consistent à positionner sur les cartes Google Maps des données d’origine publique.
Ainsi, à Chicago en 2005, Adrian Holovaty, journaliste et programmeur[7] lance ChicagoCrime.org, un site qui renseigne sur une carte les données relatives aux crimes et délits commis dans la ville et récupérées auprès de la municipalité[8]. Suite au succès de l’application, et grâce à un don d’un million de dollars de la Knight Foundation[9] en 2007, il développe une version commerciale du site, EveryBlock[10] (pour « chaque pâté de maison »), qui recense et agrège un grand nombre de données potentiellement utiles pour les citoyens dans un plusieurs municipalités.
Des services du même type, conçus à partir de données publiques des municipalités voient le jour dans les domaines de l’éducation, de l’environnement ou de la santé.
(ii) Succès médiatique des concours d'applications.
Vivek Kundra, responsable des systèmes d’information du District de Columbia (autorité administrative de la ville de Washington), s’empare en 2008 du sujet. Il lance Apps for Democracy, un concours de développement d’applications de services publics, ouvert à tous les développeurs, libres de s’approprier des jeux de données mis à leur disposition pour l’occasion[11].
Contre toute attente, le concours d’application, doté par la Mairie d’un prix de 50 000 dollars, connaît un succès considérable. Alors qu’ils espéraient une dizaine de réponses, les organisateurs reçurent 47 dossiers en 30 jours seulement. Le coût estimé du travail de conception et de programmation ainsi mis à disposition des habitants de Washington a été évalué à plus de 2 600 000 dollars, soit un retour sur investissement de 5 100 % et un effet de levier de 52 pour 1.
Apps for Democracy fait école : les concours d’applications essaiment au sein des grandes métropoles américaines (notamment New York, San Francisco, et Vancouver au Canada)[12]. En 2010, la Banque Mondiale elle-même lance son concours (Apps for Development), qui reçoit plus d’une centaine de contributions.
(iii) Le « gouvernement ouvert » du Président Obama.
Le candidat Barack Obama avait fait du « Gouvernement ouvert » un des axes de son programme. Le 21 janvier 2009, au lendemain de sa cérémonie d’investiture, le Président Obama signe son premier acte politique : un mémorandum à destination des ministres et directeurs d’agences intitulé « Transparency and Open Government » (Transparence et Gouvernement Ouvert). Il assigne aux services fédéraux américains trois objectifs : transparence, implication des citoyens, et collaboration.
Adrian Fenty, le maire de Washington, D.C. à l’époque, recommande Vivek Kundra au Président Obama : le 5 mars 2009, ce dernier est nommé Chief Information Officer du gouvernement fédéral américain (Directeur des Systèmes d’Information), un poste nouveau et symbolique créé sur mesure, avec pour mission de mettre en place les technologies pour concrétiser la vision politique du chef de l’exécutif.
(iv) Le portail fédéral Data.gov.
Dès le 11 mars, Vivek Kundra demande aux DSI de toutes les agences fédérales américaines de désigner des jeux de données (« datasets ») susceptibles d’être mis en ligne. Se basant sur son expérience à Washington, il se concentre sur les données brutes. Data.gov sera un point focal faisant autorité pour diffuser les données publiques brutes, sous des formats réexploitables.
Son équipe développe une première version beta du site en trois mois, grâce à l’utilisation de techniques de développement dites « agiles » qui découpent la réalisation du produit en cycles rapides (de vingt-quatre heures à quelques jours).
Cette méthodologie aboutit à un processus de développement rapide et itératif, qui assure une rapidité de développement et la possibilité d’intégrer continuellement les évolutions des besoins qui apparaissent très fréquemment dans le cadre de projets de développement logiciel : « commencer petit à petit, réfléchir vite, faire un premier jet, le construire de façon incrémentale, prendre du recul. Trouver un moyen pour avancer »[13].
Le site est mis en ligne le 21 mai 2009, 120 jours seulement après la signature du Mémorandum par le Président avec seulement 47 ensembles de données. Le portail connaît dans les mois suivants une évolution très rapide. Lors du premier anniversaire, en mai 2010, l’équipe de Data.gov annonçait[14] :
  • 250 000 jeux de données uniques en ligne ;
  • Plus de 97 millions de requêtes en 1 an, soit près de 2 millions de pages vues ;
  • Plus d’un millier d’applications listées construites à partir des « ensembles de données » mis à disposition des développeurs.
Quelques enseignements peuvent être tirés de cette expérience :
  • La demande pour des données publiques brutes a un potentiel élevé ;
  • L’intérêt du public est variable selon les types de données, mais difficile à prévoir a priori ;
  • La rapidité de mise à disposition des données, sous forme brute et réexploitable, a créé les conditions du succès ;
  • Les fonctionnalités d’abord limitées de la plateforme n’ont pas empêché une expansion rapide par la suite ;
  • Les résistances à l’ouverture des données ont pu être dépassées par un appui politique de premier ordre, et le rôle de démonstrateur joué par la première version beta de la plateforme.

Grande Bretagne : une impulsion transpartisane du gouvernement

L’initiative britannique a pris corps sous le gouvernement de Gordon Brown : elle a été reconduite et même amplifiée par le gouvernement Cameron. L’annonce le 12 janvier 2011 de la création prochaine de la UK Public Data Corporation (agence britannique pour les données publiques) est une première.

(i) Une genèse qui doit au hasard.
Sir Tim Berners-Lee, inventeur du Web en 1989 et artisan de l’émergence du « Web sémantique » a joué un rôle essentiel. Son appel à mettre en ligne les données publiques brutes lors de la conférence TED en 2009 avait reçu un écho important dans le monde numérique, notamment d’un des principaux journaux britanniques, le Guardian, qui avait fait campagne pour l’ouverture des données publiques (« Free Our Data »).
À Gordon Brown qui l’interrogeait début 2009 sur les mesures phares qu’il pourrait prendre pour faire progresser le numérique britannique, Tim Berners-Lee avait répondu que la mise en ligne des données publiques britanniques serait à elle seule une avancée majeure[15].
« L’aspect le plus fascinant du Web c’est que, quand vous mettez quelque chose en ligne, vous ne savez pas qui va l’utiliser – mais vous savez que quelqu’un va l’utiliser. »
Si ces données – performances scolaires, localisation des adresses postales, météo, et surtout les cartes – étaient mises en ligne, explique-t-il, chacun y trouverait une utilité[16].
Avec le Professeur Nigel Shadbolt, chercheur reconnu dans les technologies du Web sémantique, Tim Berners-Lee se voit alors chargé d’accompagner les efforts de mise en ligne d’un portail d’informations publiques sur le modèle du Data.gov américain, Data.Gov.uk. Une première version du portail est ouverte le 30 septembre 2009[17], préfigurant le concours d’idées civiques Show Us A Better Way[18]. En parallèle, s’amorce un mouvement de mise en ligne de données géographiques, dont une grande partie a été rendue gratuite, une révolution pour l’Ordnance Survey, l’institut géographique national britannique[19].
(ii) Un mieux-disant politique autour de la mise en ligne des données publiques.
Le thème acquiert une visibilité politique à l’occasion des élections parlementaires de mai 2010. En réaction au retentissement médiatique du scandale des notes de frais des parlementaires à l’été 2009, le thème de la transparence et celui de l’ouverture des données publiques figurent dans le programme de tous les candidats. Une sorte de surenchère à la mise en ligne de données publiques se met en place à l’occasion de la campagne.
Après l’alternance politique, David Cameron reprend à son compte l’initiative data.gov.uk, et réoriente ses priorités, de l’innovation et du soutien à la création de nouveaux services aux citoyens vers la mise en place d’outils de transparence de l’action de l’État. Il nomme un Public Sector Transparency Board (qui compte dans ses membres Tim Berners-Lee et Nigel Shadbolt) et affiche sa volonté de construire « le gouvernement le plus transparent au monde », en s’appuyant sur une mise en ligne généralisée des données de fonctionnement des ministères et agences britanniques, vu comme un élément de contrôle du « Big State » par la « Big Society » (son thème de campagne).
(iii) Fédérer un écosystème performant.
Ce consensus pour l’ouverture des données de l’État au sein de la classe politique doit beaucoup aux efforts de conviction de Tim Berners-Lee et aux travaux de l’Open Knowledge Foundation[20].
Un rédacteur de ce rapport a pu assister à une conférence de presse le 19 novembre 2010 à Londres, au cours de laquelle fut annoncée la mise en ligne de l’ensemble des dépenses de l’administration centrale britannique, détaillées à partir de 25 000 livres et remises à jour tous les mois.
Cette conférence de presse, qui réunit Sir Tim Berners-Lee, Francis Maude, Minister for the Cabinet Office, Paymaster General et le Premier Ministre David Cameron (via une allocution vidéo)[21] a été largement relayée par les médias.
Un travail de collaboration entre le gouvernement, le journal The Guardian et l’Open Knowledge Foundation (qui a développé la technologie CKAN[22] utilisée par la plateforme Data.gov.uk) a permis de mettre au point des outils de visualisation et d’exploration de ces ensembles de données. L’outil de visualisation du budget de l’État britannique destiné au grand public réalisé en amont par OKFN, Where Does My Money Go[23] fut présenté lors de cette conférence de presse.
Furent aussi mis en avant, le même jour, les acteurs privés les plus innovants en matière de réutilisation des données publiques, comme Timetric[24], qui développe un « YouTube des graphes de données[25] » et finance son produit consommateur gratuit par des services de business intelligence aux entreprises.
À l’occasion de cette conférence de presse fut aussi consacré le travail de Rufus Pollock, économiste à l’Université de Cambridge, cofondateur de l’Open Knowledge Foundation (organisatrice de l’Open Government Data Camp concomitant), et auteur de l’étude économique majeure sur le sujet des données publiques.
(iv) Tensions entre pouvoirs locaux et administration centrale.
Dans un contexte de coupes budgétaires drastiques, l’ouverture des données publiques cristallise cependant des tensions entre le gouvernement central et les pouvoirs politiques locaux.
Eric Pickles, le ministre en charge des Collectivités Locales, avait fixé aux collectivités la date butoir du 31 janvier 2011 pour mettre en ligne les données relatives aux dépenses budgétaires excédant 500 livres. À quelques semaines de l’échéance, seules 150 collectivités sur les 350 concernées avaient publié leurs données[26], même si la majorité s’est ensuite pliée à cette demande.
Le ministre Eric Pickles est revenu sur le périmètre des données que ces institutions seraient tenues de diffuser[27] sans délai, de manière à apaiser les tensions apparues en raison d’une trop forte ambition initiale.

La « Public Data Corporation », une compagnie des données publiques britannique

Francis Maude annonce le 12 janvier 2011 la création de la UK Public Data Corporation (agence britannique pour les données publiques)[28].

« Les données publiques soutiennent une part croissante de l’économie. Les technologies actuelles permettent à chacun d’utiliser et de réutiliser cette information de maintes façons nouvelles et innovantes. Le rôle du gouvernement est d’aider à maximiser les bénéfices que la société retire de ces développements. Aujourd’hui, beaucoup d’agences font face à un conflit entre les revenus issus de la vente de données et la possibilité de rendre les données disponibles gratuitement, pour être exploitées à des fins économiques ou sociales. Créer la Public Data Corporation permettra au moins de gérer les conflits d’intérêt en visant à ouvrir l’accès aux données, et au mieux de les éliminer »[29].

L’agence pourra décider la mise en ligne des données. Arbitre des conflits d’intérêt entre génération de revenus et bénéfices sociétaux, elle sera chargée d’harmoniser les politiques tarifaires afin de préserver leur cohérence et de faciliter la réutilisation et l’innovation. Elle devrait aussi jouer un rôle dans les investissements pour des données publiques de qualité.

Les réactions dans la communauté des réutilisateurs britanniques sont mitigées : ils redoutent un retour vers un modèle de tarification généralisée des données publiques, qui pourraient mettre à mal les efforts réalisés jusqu’à présent pour soutenir la réutilisation[30].

Situations contrastées en Europe

(i) Contrastes forts entre États-membres.
La transcription en droit national et la mise en oeuvre de la Directive « PSI » (Public Sector Information, ou données du secteur public) de 2003 débouchent sur des situations très contrastées dans les États-membres.
Les pays scandinaves, avec une culture historiquement ancrée de la transparence, sont souvent en pointe en matière de réutilisation des données publiques. La Finlande a notamment annoncé avoir lancé un processus exploratoire pour étudier la mise en ligne de ses données.
Les institutions européennes, Eurostat et le site de droit communautaire http://ejustice.europa.eu en premier lieu, autorisent la réutilisation des données et informations publiques issues des institutions européennes.
Le degré d’avancement des autres pays est difficile à bien percevoir, notamment du fait du manque de visibilité des projets de portails nationaux ou de l’approche très décentralisée qui a souvent été retenue (comme par exemple avec les Répertoires d’Information Publique choisis par la France).
(ii) Réexamen de la Directive PSI.
La Commission européenne a lancé en septembre 2010 une consultation publique sur la directive « Informations du secteur public » : elle portera sur le champ d'application, les tarifs et licences relatives aux données ainsi que sur les formats électroniques disponibles. Selon Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la stratégie numérique, « une grande partie de ces informations, en Europe, sont sous-exploitées. Nous ne pouvons nous permettre de négliger ce potentiel. Nous devons examiner l'opportunité de modifier les règles de l'UE en matière de réutilisation des informations du secteur public pour libérer pleinement leur potentiel économique »[31].
La Direction générale pour la Société de l’information et médias de la Commission Européenne a financé une plateforme électronique d’échange et de veille autour de ces questions : ePSIplatform[32].
La Commission a par ailleurs lancé une étude visant à évaluer l’opportunité d’une refonte de la Directive PSI, notamment vers un champ plus large, des règles de tarification plus contraignantes ou des préconisations plus contraignantes sur les licences de réutilisation.
Le travail de réflexion sur le sujet et d’animation de la communauté des réutilisateurs, notamment via un concours européen de développement d’applications, l’Open Data Challenge, va déboucher sur une forte visibilité de la question des données au niveau européen. L’Open Data a été l’un des sujets majeurs du Digital Assembly de juin 2011, premier rassemblement annuel de suivi de la stratégie européenne pour le numérique, ce qui en souligne l’actualité brûlante.



Notes originales :

  1. < http://www.nap.edu/readingroom.php?book=exch&page=summary.html >
  2. < http://www.opendatafoundation.org/ >
  3. < http://www.opengovdata.org/home/8principles >
  4. < http://www.opendefinition.org/okd/ >
  5. Benhamou, B., 2010, « Les concours d’applications mobiles dans le monde », Délégation aux Usages de l’Internet, 21 octobre 2010.
  6. Applications web combinant différentes sources au sein d’une seule plateforme, l’une des facettes du design collaboratif sur le web.
  7. Auteur de la librairie de développement en langage Python à succès, Django.
  8. Entretien le 18 octobre 2010 avec Sylvain Parasie, LATTS, Ecole des Ponts ParisTech.
  9. Organisation caritative dédiée aux avancées dans le domaine du journalisme. Ce type d’acteurs dotés en fonds et organisés pour soutenir des programmes d’action ciblés, reste rare en France mais joue un rôle important dans le débat social aux États-Unis.
  10. EveryBlock.com est désormais une filiale de MSNBC.
    < http://www.everyblock.com/ >
  11. Lakhani, R., Austin, R. and Yi, Y. Data.gov Case Study. Harvard Business School.
    < http://www.data.gov/documents/hbs_datagov_case_study.pdf >
  12. Bernard Benhamou. 2010. « Les Concours d’Applications Mobiles dans le Monde », note de la Délégation aux Usages de l’Internet.
  13. Lakhani, R., Austin, R. and Yi, Y. Data.gov Case Study. Harvard Business School (voir plus haut).
  14. The White House. 21 mai 2010. « Data.gov : Pretty Advanced for a One Year Old ».
    < http://www.whitehouse.gov/blog/2010/05/21/datagovpretty-advanced-a-one-year-old >
  15. Tom Chatfield and James Crabtree. 27 janvier 2010. « Mash the state : opening up public sector data is an old geek hobbyhorse, but could the man who invented the web reinvent the British government ? ». Prospect Magazine.
    < http://www.prospectmagazine.co.uk/2010/01/mash-thestate/ >
  16. Texte original, tiré de l’article de Chatfield et Crabtree cité plus haut :
    As Berners-Lee explains: « The thing people are amazed about with the web is that, when you put something online, you don’t know who is going to use it—but it does get used. » So his pitch to Gordon Brown was simple: if this data—exam results, postbox locations, weather reports, and most crucially, maps—was put online, people would find a use for it.
  17. « Sneak Peek Site Open ». 30 septembre 2009. Data.gov.uk Blog.
    < http://data.gov.uk/blog/sneak-peek-siteopen >
  18. « What would you create with public information ? » 20 janvier 2010. Show Us A Better Way Blog.
    < http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20100807004350/http://showusabetterway.co.uk >
  19. Great Brittan’s Ordnance Survey Annual report 2009.
    < http://www.ordnancesurvey.co.uk/oswebsite/aboutus/reports/annualreport/09-10/os_annual_report_and_accounts_2010.pdf >
  20. Open Knowledge Foundation. < http://okfn.org >
  21. Allocution par le Premier Ministre David Cameron, 19 novembre 2010. < http://data.gov.uk/about >
  22. Comprehensive Knowledge Archive Network. < http://ckan.net/ >
  23. WhereDoesMyMoneyGo a été développé par Jonathan Gray de l’Open Knowledge Foundation en 2007, et remis à jour au fur et à mesure.
    < http://wheredoesmymoneygo.org/ >
  24. Timetric : Indexing the World Economy.
    < http://timetric.com/ >
  25. TechCrunch. 20 avril 2009. « Four teams selected for Mini Seedcamp day in London ».
    < http://eu.techcrunch.com/2009/04/20/four-teams-selectedfrom-mini-seedcamp-day-in-london/ >
  26. The Register. 6 janvier 2011. « Pickles Throws Down Gauntlet on Data. »
    < http://www.theregister.co.uk/2011/01/06/councils_must_put_spending_data_online_or_else/ >
  27. TransportXtra. N°562, 14 janvier 2011. « Pickles scraps accessibility and school mode choice datasets. »
    < http://www.transportxtra.com/magazines/local_transport_today/news/?id=25331 >
  28. The Cabinet Office. 12 janvier 2011. « Public Data Corporation to free up public data and drive innovation. »
    < http://www.cabinetoffice.gov.uk/news/public-datacorporation-free-public-data-and-drive-innovation >
  29. Texte original de l’annonce telle que relatée par le site du Cabinet Office le 12 janvier 2011 : Public sector information underpins a growing part of the economy. The technology that is around today allows people to use and re-use this information in new and different ways. The role of Government is to help maximise the benefits of these developments. At present many state agencies face a conflict between maximising revenues from the sale of data and making the data freely available to be exploited for social and economic gain. Creating the PDC will enable the conflicts at the least to be managed consistently with a view to opening up access, and at best to be eliminated.
  30. Chris Taggart (membre du comité du gouvernement britannique sur les données publiques locales), 14 janvier 2011. « What’s that coming over the hill, is it… the Public Data Corporation? ». Publié sur :
    < http://countculture.wordpress.com/2011/01/14/whats-thatcoming-over-the-hill-is-it-the-public-data-corporation/ >
  31. Stratégie numérique: la Commission lance une consultation sur la réutilisation des informations du secteur public.
    < http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/10/1103&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=en >
  32. < http://www.epsiplus.net/ >
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