Les artisans bateliers représentent un petit groupe professionnel : 734 entreprises soit 1300 individus répertoriés à la Chambre nationale de la Batellerie en 2011. Ces professionnels sont itinérants et habitent leur embarcation. La voie d’eau est à la fois leur espace de production, le transport de marchandises, et d’habitation. Ils sont dispersés sur les différents bassins de navigation et entretiennent peu de contacts avec l’extérieur excepté avec la famille. Le groupe professionnel connait de nombreuses mutations depuis ces quinze dernières années. Economiquement d’abord, le secteur du transport fluvial s’est libéralisé mettant fin au tour de rôle à la fin des années 901. Le tour de rôle consistait à répartir, entre les artisans, les demandes de transport. Ce système d’affrètement se déroulait dans des bourses d’affrètement, bâtiments répartis stratégiquement dans les grandes villes fluviales de France (Douai, Dunkerque, Conflans, Paris, Strasbourg, Saint-Jean-de-Losne, etc.). Aussi, la localisation de ces établissements a déterminé pleinement leurs pratiques territoriales. Les artisans bateliers s’amarraient le plus souvent dans ces villes fluviales. Par ailleurs, ce lieu professionnel représentait un haut lieu de sociabilité et de regroupement pour le groupe professionnel et permettait l’échange d’une série d’informations de type privé (baptême, mariage, décès). Or, la disparition de ces lieux de sociabilité et d’organisation du travail coïncide, d’un point de vue temporel, avec l’émergence de la téléphonie mobile et d’internet, en particulier les réseaux sociaux. L’introduction de ces nouvelles technologies au sein des embarcations constitue un bouleversement pour la profession et entraîne de nouvelles pratiques. La communication tentera de répondre aux questions suivantes. Quelles sont les conséquences de ces deux ensembles de mutations simultanées, la suppression des bourses d’affrètement et l’émergence des nouvelles technologies, sur les pratiques professionnelles et sociales des professionnels mobiles ? Les TICS entraînent-elles la création d’un nouveau territoire qui remplacerait celui de la bourse d’affrètement, lieu cristallisant différents territoires, territoire des pratiques professionnelles, territoire de la sociabilité batelière, territoire de leur expression politique ?

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