Formulation d'hypothèses
Formulation d'hypothèses et analyse suite à l’action de veille
La construction d'un socle commun de connaissance sur le Cloud computing, la constitution d'un corpus documentaire, la lecture des documents et la réalisation de datavisualisations permettent à l'équipe-projet de procéder à des croisements d'informations et d'identifier des hypothèses de controverse sur le thème « Cloud computing et sécurité ».
Le mot clé « Cloud computing » renvoie principalement à des informations liées aux entreprises et aux professionnels de l'information et des systèmes informatiques. Les documents qui s’adressent au public non spécialiste, principal utilisateur des Saas (Software as a service), relayent des informations sur la protection des données confiées aux hébergeurs sans systématiquement évoquer le Cloud computing (ou les centres de stockage) qui semble être une notion technique principalement employée par et pour les spécialistes. L’informatique dans les nuages reste un concept opaque et peu explicite pour les utilisateurs. Pourtant, l’augmentation du nombre de systèmes développés en Saas et mis à disposition du grand public est symptomatique du fait que les usagers confient massivement leurs données à des serveurs externalisés. Cette tendance est en contradiction avec l’image d’une externalisation des données porteuse de risque et de cybercriminalité, notamment depuis l’affaire PRISM aux Etats-Unis et la loi de Programmation militaire en France qui ont lancé, en 2013, de nombreuses polémiques sur la question de la protection des libertés individuelles sur Internet.
Par ailleurs, la problématique de la sécurité des données stockées par des serveurs externes est centrale pour les professionnels en lien avec le Cloud computing, acteurs et clients. Les avantages du Cloud computing sont multiples: mutualisation des informations ; réduction des coûts informatiques grâce à la scalabilité des services et au paiement à l'usage ; suppression des frais de gestion des structures de stockage ; mises à jour et maintenance des services par un tiers expert ; optimisation des performances informatiques. Mais, le manque d'encadrement juridique pour assurer la sécurité des données est un frein au développement du Cloud computing. Avec la révolution du numérique, l'information étant devenue l'une des principales richesses des entreprises, celles-ci exigent qu'elle soit traitée, maîtrisée, sécurisée et facilement accessible aux seules personnes intéressées. De plus, la transition vers une externalisation des systèmes informatiques implique une restructuration des DSI et des investissements importants qui ne facilitent pas la prise de décision. En réponse à ces inquiétudes, les fournisseurs de Cloud computing français (Cloudwatt, Numergy,…) axent leurs discours marketing sur une offre de serveurs très sécurisés:
- hébergement des données dans des datacenters dotés d’outils de cybersurveillance indispensables à une gestion en temps réel des risques d'attaques
- installation des datacenters sur le territoire français ou européen pour que les données des sociétés ne soient pas soumises au Patriot Act américain (loi permettant aux autorités américaines d’accéder aux données hébergées sur leur territoire)
- niveau de sécurité adapable en fonction de l’évaluation du degré de criticité fait par l’entreprise-cliente
On note une volonté forte des fournisseurs européens de contrer l’apparente omniprésence sur le marché des hébergeurs américains, dont les plus connus, Amazon, Microsoft, Facebook, Google et Apple. Les institutions gouvernementales européennes et françaises ont identifié le potentiel économique et d’innovation du Cloud computing (le marché français du cloud a pesé plus de 2 milliards d'euros en 2012 et il croît de 25 % par an) et misent sur son développement par la mise en place de politiques d’incitation. En France, le gouvernement a beaucoup communiqué, en 2013, sur la mise en place d’un cloud souverain, c’est-à-dire d’un “nuage informatique” national (baptisé Andromède) qui permettra d’éviter l’utilisation de prestataires étrangers. Pour convaincre les entreprises de migrer vers une externalisation de leurs données, le ministère du redressement productif a choisi, pour la concertation, les entreprises Atos et OVH dont les dirigeants respectifs, Thierry Breton et Octave Klaba, sont des ambassadeurs du Cloud auprès des dirigeants français.