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De TP INTD
Révision datée du 21 janvier 2014 à 10:21 par imported>Isabelle Mouroux

Introduction

Notre analyse sectorielle ainsi que notre veille ont montré à quel point le passage à l’ère numérique pour la presse est inexorable. Il reste à savoir si ce passage est vécu comme une réelle menace ou comme une opportunité. A partir de notre propre analyse, nous avons utilisé l’outil de text-mining Calliope qui a, soit confirmé, soit infirmé certains points de cette controverse. Nous verrons donc comment l’outil nous a permis de mettre en évidence la façon dont les différents médias ont vécu le passage au numérique, puis quels débats ont émergé de cette analyse, leur importance et leurs acteurs. Peut-on ? Veut-on ? Et comment ? Le monde de la presse semble être pris de vitesse et se pose beaucoup de questions sur son avenir face au développement d’internet. Nous constatons une certaine “peur”, une aversion face au risque du numérique. L’augmentation des tarifs des journaux ne peut tout résoudre et une prise de conscience de la place du numérique dans notre société est capitale pour sa survie. Cette évolution primordiale doit se faire et des débats, des interrogations, surgissent quotidiennement. Chaque jour, de nouveaux journaux apparaissent, d’autres disparaissent, d’autres encore sont rachetés. La liberté des marchés, qui a explosé avec le numérique, met d’avantage à genoux le secteur de la presse. Ainsi, nos débats s’appuyant essentiellement sur une actualité en effervescence et les controverses au sujet de l’avenir, la partie chronologique et l’analyse temporelle de cette étude ne semblaient pas pertinentes. Nous nous sommes donc surtout appuyées sur des prises de position récentes, essentiellement tirées de notre corpus de références de veille.

Méthodologie

Corpus de texte

Nous avons converti la majorité des articles issus de notre veille, ne gardant que les articles de moins de deux pages, les plus récents, publiés après 2008, et nous bornant à la France. Nous avons mis en vert les articles à intégrer dans le corpus, en rouge ou orange, ceux qui qui n'ont pas été retenus.

Vous pouvez consulter ci-dessous le tableau de références :
Média:Tableaux de références.pdf

Nous avons choisi une certaine diversité de sources et de références : sources ministérielles, articles de presse, médias sociaux. Des références à la fois descriptives et critiques, sur les questions économiques, politiques, sociales, technologiques (support et développement) ; des études de cas parfois controversées (Google), la qualité des contenus. Notre corpus se limite aux articles présents sur internet d’une ou deux pages, aussi notre corpus et les résultats dans Calliope se limitent-ils à ces références. Notre étude n’est donc pas exhaustive, elle cherche simplement à donner des éléments et des clés de réflexion.

L'outil Calliope

Nous avons commencé par faire une sélection rapide et préalable des termes. Le choix d’une indexation large nous laissait la liberté de la préciser par la suite. En outre, beaucoup d’expressions étaient difficiles à indexer. Par exemple l’expression “presse quotidienne régionale”appartient simultanément à la “presse quotidienne” et à la “presse régionale”, mais ne peut s’indexer sous aucun des deux ensembles. Notre processus de travail se caractérise par une succession d’allers-retours entre la construction de la terminologie et la visualisation des clusters, afin de déterminer si les termes qui ressortent étaient pertinents. Les termes non pertinents ont alors été indexés ou supprimés. Le processus a été répété jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant, en :

  • supprimant les termes vides, la majorité des adjectifs, les verbes.
  • indexant les termes similaires, par exemple les termes synonymes ou ceux possédant la même racine.
  • supprimant les termes “informations” et “presse”, car trop génériques et attracteurs, ce qui restreignait la visibilité des autres clusters et les cooccurrences plus spécifiques.


Controverse

Eléments non controversés

D’après cette visualisation des résultats de notre corpus dans Calliope, la configuration des termes en Nord-est, correspondant aux thèmes fédérateurs, et Sud-ouest correspondant aux thèmes périphériques, est révélatrice du dynamisme et des débats qui agitent la presse actuellement.

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Les thèmes fédérateurs concernent essentiellement le développement de la presse, à travers le numérique. Les thèmes périphériques sont peu fréquents et peu co-occurrents. Les termes qu’ils regroupent : “auteur”, “écrit”, “métier”, lectorat”, “distribution”, “médiatique”, “liberté”, définissent l’activité même du journaliste et de la presse. Aussi avons-nous interprété ces thèmes, non comme émergeants, mais comme appartenant à une définition classique des caractéristiques de la presse, peu discutée, donc peu remise en cause.

Premier constat

La presse doit changer, le modèle de la presse traditionnelle ne fonctionne plus. Du point de vue économique, le secteur est en déclin, et du point de vue social, on constate une baisse du lectorat de la presse papier. Ce déclin est illustré par le cluster ci-dessus. Le terme “mort” fortement lié à l’expression “état général”, met en évidence la tension, voire l’angoisse qui agite le secteur. Néanmoins, dans ce même cluster apparaissent les termes “avenir” et “capacité”. Il est en outre rattaché au cluster “développement”.

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Les nouvelles technologies et internet ont contribué à ce bouleversement. Tout le monde s’accorde donc sur le fait que la presse doit se renouveler pour survivre. Le débat réside alors sur le meilleur format à adopter, le passage ou non au numérique, entièrement ou non, la création de nouveaux services, le choix d’un modèle économique rentable, l’apport des médias sociaux. Par ailleurs, la question du statut de la presse elle-même et du journalisme est ébranlée par les médias sociaux : nous assistons à une remise en cause du monopole de la presse et des journalistes sur l’information.

Second constat

Les questionnements classiques de la presse ne sont pas discutés. L’utilité de la presse comme média d’informations n’est pas remise en cause. Elle répond à un besoin social et garde une dimension symbolique. L’enjeu tournera davantage autour des auteurs de l'information et de la manière de la diffuser. La liberté de la presse n’est pas non plus remise en cause. Ce principe semble même être radicalisé par les médias sociaux. Ainsi, tout le monde est d’accord sur le fait que la presse doit être libre.

Éléments controversés

Éléments débattus

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Lieux de débat et principaux acteurs

Les lieux de débat sont très divers. Nous les retrouvons dans tous les types de médias et notamment dans la presse elle-même, car celle-ci a une particularité : elle est réflexive ; elle traite de ses propres problèmes.

De nombreux journaux possèdent des pages médias dans lesquelles sont exposées différentes problématiques ou controverses.

  • Les médias audiovisuels, la télévision, la radio, discutent aussi ces questions, et permettent d’informer le grand public par des reportages, des interviews des personnalités du milieu.
  • Internet, par le biais des blogs, tenus par des journalistes ou des amateurs, des forums, permet à toute personne intéressée de discuter, de commenter le sujet.
  • Les réseaux sociaux, Facebook, et particulièrement Twitter, sont à la fois un lieu de débat et un débat en lui-même. Nombre de polémiques ont lieu autour de Twitter, animées par des politiques et des journalistes.
  • Les commentaires sur les articles en ligne, sont un service proposé aux individus pour s’exprimer et participer au débat. Le journal peut aussi organiser des tchats.
  • Les salons et colloques, comme les dernières Assises du journalisme, à Metz au mois de novembre dernier, ont permis un éclairage sur la situation de la presse à l’heure actuelle.
  • Les pages des syndicats sont intéressantes car très actualisées sur les débats qui agitent ce milieu.
  • Les conférences ou vidéoconférences, régulièrement mises en ligne, sont un lieu de controverses privilégié où les directeurs de presse, chercheurs et sociologues peuvent argumenter leurs positions. En outre, les conférences étant ouvertes au public, toute personne peut s’exprimer et poser des questions.
  • Les livres et les essais restent des points d’ancrage. Ils permettent à de nombreux journalistes ou à des chercheurs comme Patrick Éveno de développer leurs analyses.
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Les essais, les conférences, écrits par des spécialistes, des sociologues, constituent une prise de recul par rapport à l’actualité, une réflexion poussée sur les problèmes et les enjeux de la presse. Ce type de littérature n’est pas forcément accessible à des personnes extérieures au milieu de la presse, soit par manque d’intérêt, soit parce que le propos est très technique. Ils peuvent malgré tout avoir une influence sur les politiques qui sont les principaux décisionnaires. Les salons et les colloques permettent une discussion entre spécialistes, journalistes, syndicats, patrons de presse. Ils ont une influence relative sur l’opinion générale, dans la mesure où l’information est diffusée et regardée, mais les discussions résultantes peuvent influer sur la décision des patrons de presse et des principaux décisionnaires. Les journaux, quant à eux, la télévision et surtout internet, sont accessibles facilement à la majorité des gens, ils peuvent donc avoir une forte influence sur l’opinion public, en fonction de l’audience. Cela peut avoir un poids dans les décisions du secteur, quand une majorité d’internautes décide de signer une pétition, par exemple. En outre, ces médias diffusent les discours des personnalités importantes du débat : les patrons de presse, les ministres, les instances gouvernementales. Ils auront plus d’influence dans les débats, parce qu’ils sont connus et ont une légitimité dans le secteur. A l’inverse, les internautes, s’ils peuvent s’exprimer sur internet, ne seront pas forcément écoutés, par manque de légitimité. A noter, les controverses qui feront de l’audience, sur lesquelles le public prendra position, ne sont pas forcément les mêmes que celles qui intéressent les principaux décideurs, souvent plus techniques. Les patrons de presse seront plus attachés aux questions économiques et de rentabilité, que le public.

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Conclusion

La méthode

Calliope est un outil intéressant, qui nous a permis d’étayer quelques réflexions, de révéler des points de controverses. Néanmoins, il a certaines limites, comme l’impossibilité de traiter des longs textes (problèmes de proportions de chaque texte), des ouvrages, des tableaux et graphiques, des vidéos. Calliope, pour fonctionner, demande des références spécifiques et normées alors que les lieux de controverses dépassent ce cadre. Il n’en reste pas moins un support de réflexion, sous réserve des limites du corpus. En outre, les résultats dépendent de la diversité des sources et des points de vue, bien qu’elles ne puissent être exhaustives. Si le choix des références, suffisamment nombreuses, respectent cette règle, les résultats seront plus pertinents, donc plus légitimes dans l’analyse.

L’analyse de débat

Les débats sont complexes et nombreux, constitués surtout de questions ouvertes, avec plusieurs choix possibles, à l’inverse des questions fermées, plus facilement identifiables en terme de positionnement, pour ou contre. Ils se positionnent sur différents aspects de la presse, qui se rapportent à des débats plus généraux qui dépassent son périmètre. Les questions économiques et de subventions, dans un contexte de crise économique, concernent tous les niveaux de la société et influencent le déclin de la presse papier. Le développement des nouvelles technologies et d’internet modifie le contexte social, supprime des postes et en crée de nouveau. Si l’Etat donne des subventions pour sauver la presse papier, c’est pour aussi sauver un certain nombre d’emploi, comme celui des marchands de journaux. La presse numérique, le développement d’internet et des nouvelles technologies, modifient non seulement la presse papier traditionnelle, dans sa forme et sa diffusion, mais aussi la presse en tant que telle, parce qu’elle devient interactive avec son public. La logique n’est plus seulement descendante, de la presse aux individus, mais il y a échanges et aussi retours. Cela oblige la presse, et les médias en général, à s’adapter à ce nouveau potentiel, qui peut autant être bénéfique que problématique.