Mém. Acad. natl. Metz (1837) Morin, faculté de Metz : Différence entre versions

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==Avant propos==
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* https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33217k/f392.item
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* [[Mém. Acad. natl. Metz (1837) Tableau de l'Académie|Tableau de l'Académie au 4 juin 1838]]
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==Le rapport==
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Dans un rapport qui vous a été présenté en décembre dernier, le conseil de l'instruction publique, après avoir développé des idées vastes et généreuses sur l'enseignement en général, vous exprime le vœu que des facultés des sciences soient établies dans les principales villes de France, pour répandre, dans nos départements, les richesses de la science, en suivant les traces de la faculté de Paris. Mais dans ce document on laisse pressentir que d'ici à quelques années, un projet aussi utile ne pourrait recevoir qu'une exécution lente et graduelle par plusieurs causes, au premier rang desquelles on met avec raison la rareté des hommes capables de professer avec assez de talent pour que l'enseignement des départements puisse répondre dignement à sa haute mission.
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A ce motif, Monsieur le ministre, on doit, nous le pensons du moins, en joindre un autre non moins grave, quoiqu'en général il soit moins senti ; c'est que, pour assurer le succès d'un enseignement, il faut non seulement des professeurs habiles, mais encore un public capable et avide de les comprendre. Si cette seconde nécessité n'a jamais frappé les regards des illustres professeurs de la faculté des sciences de Paris, dont les vastes amphithéâtres sont encore trop étroits pour la foule studieuse qui s'y presse, c'est que la capitale est le centre vivifiant où la jeunesse vient perfectionner ses études, c'est que là se réunissent tous les jeunes gens qui se destinent au doctorat , à l'agrégation, et qu'ainsi les intérêts d'avenir des élèves ainsi que la haute réputation des professeurs concourent à augmenter le nombre des auditeurs. Mais, dans nos départements en général, M. le ministre, l'enseignement scientifique n'a pas partout les mêmes chances de succès, et souvent, quelque savants que soient les maîtres, le public leur fait défaut. Dès lors l'enseignement supérieur des facultés perd sa considération, sa supériorité, et il est réduit à descendre au niveau de l'enseignement élémentaire. Nous pourrions, à l'appui de nos assertions, citer plusieurs exemples, et entre autres celui d'une faculté de province, où ,malgré le talent du professeur de mathématiques pures, cet enseignement ne trouve pas d'auditeurs, et où le savant, trop consciencieux pour rester oisif, est obligé de professer les mathématiques spéciales, à quelques rares candidats à l'école polytechnique.
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Tel est et tel sera long-temps encore, dans la plupart de nos départements l'écueil contre lequel viendront échouer les tentatives faites pour répandre le haut enseignement des facultés. Nous indiquerons plus loin, M. le ministre, les moyens qui nous sembleraient les plus convenables pour éviter ces inconvénients, mais auparavant nous devons faire remarquer que, de toutes les villes de province, [[A pour localité citée::Metz]] est sans contredit celle où il est le moins à craindre, et où se trouvent réunis le plus grand nombre d'amis de la science. En effet, sa laborieuse jeunesse se livre avec ardeur à l'étude des sciences physiques et mathématiques qui lui sont nécessaires pour entrer dans les grandes écoles civiles ou militaires où les élèves de Metz occupent toujours tant et de si beaux rangs. La présence des écoles régimentaires d'artillerie et du génie, de l'hôpital militaire d'instruction, fournirait encore de nombreux auditeurs à des cours professés par des maîtres, parmi lesquels viendraient sans doute prendre place quelques officiers de ces armes savantes qui, déposant l'épée pour revêtir la robe du professeur, feraient passer dans l'enseignement cette habitude des applications qui lui donne à la fois tant d'utilité et tant d'intérêt.
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Les observations précédentes suffisent donc pour faire sentir que les réflexions générales que nous avons faites sur l'établissement des facultés dans les départements n'ont pour objet que de mettre en évidence la nécessité de choisir les villes dans lesquelles on voudrait les fonder et de montrer que Metz est une dé celles où il y a le plus de chances de succès pour un pareil établissement.
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Mais il est, M. le ministre, une autre remarque importante à faire, et qui nous semble de nature à rendre plus générale l'utilité de la création des facultés départe—mentales, et nous nous expliquerons à cet égard avec d'autant plus de franchise que nos vues rentrent dans les intentions manifestées par le conseil de l'instruction publique, et que nous entendons les renfermer dans les mêmes limites.
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Paris est le foyer où convergent et où aboutissent tôt ou tard toutes les sommités scientifiques de la France l'institut , les facultés des sciences, de droit et de médecine réunissent dans leur sein toutes les illustrations. La haute renommée des professeurs stimule l'ardeur de la studieuse jeunesse qui les écoute , et de là résultent les heureux fruits de l'enseignement de la faculté de Paris. Mais, dans nos départements, on est plus froid pour la science, le but des études est plus restreint, et il a un objet plus immédiat , et pour expliquer notre pensée d'un seul mot, on y cultive la science moins pour elle-même que pour le parti que l'on en peut tirer ; on y préfère de beaucoup les applications à la théorie. De là résulte, à ce qu'il nous semble, M. le ministre, que pour donner à la. création des facultés des sciences départementales le plus de chances de succès et leur assurer la présence d'un grand nombre d'auditeurs , il serait convenable de diriger leur enseignement vers les sciences appliquées, sans toutefois perdre de vue, comme le fait sagement remarquer le conseil de l'instruction publique, que les facultés ne doivent pas devenir des conservatoires des arts et métiers.
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Sous ce point de vue encore, au milieu d'une population active, laborieuse qui tend chaque jour davantage à augmenter le bien-être n'a dû jusqu'ici qu'à l'agriculture et à son esprit d'ordre et d'économie, de toutes les ressources qu'elle pourrait emprunter à l'industrie, il est certain qu'un haut enseignement des sciences serait placé dans les circonstances les plus favorables.
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Nous ajouterons enfin que placée près de la frontière, Metz pourrait recevoir dans son sein de nombreux étudiants étrangers attirés à la fois par sa réputation scientifique et par sa proximité.
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Quel que soit donc, M. le ministre, le cas que vous croyiez devoir faire des observations que nous vous avons soumises sur la création des facultés départementales en général, il nous parait évident que Metz est une de celles où ces établissements pourraient être créés avec le plus de succès , soit à cause du grand nombre d'élèves qui ,en suivraient les cours , soit par la présence des établissements et des sociétés scientifiques qu'elle renferme.
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Nous venons donc vous demander de solliciter de [[A pour personnalité citée::Louis-Philippe Ier|sa Majesté]] la création d'une faculté des sciences comprenant :
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:1° Une chaire de mathématiques pures ;
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:2° Une chaire d'astronomie et de mécanique rationnelle et expérimentale ;
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:3° Une chaire de physique ;
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:4° Une chaire de chimie théorique et appliquée aux arts ;
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:5° Une chaire d'anatomie comparée, de zoologie et de physiologie animale avec application à l'agriculture ;
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:6° Une chaire de botanique et de physiologie végétale avec application à l'agriculture ;
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:7° Une chaire de minéralogie et de géologie.
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Ce bienfait serait reçu avec reconnaissance par la population messine et en contribuant à augmenter la prospérité et la gloire de cette belle cité , l'un des remparts de la patrie , elle accroîtrait le dévouement de ses enfuis pour le gouvernement ami de la science et des progrès qui l'en aurait dotée.
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==Voir aussi==
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;Source:
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Version du 16 décembre 2021 à 18:16

Rapport sur la création d'une faculté des sciences à Metz

Par M. Arthur Morin, présenté au Ministre de l'instruction publique par l'Académie nationale de Metz.


 
 

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Rapport sur la création d'une faculté des sciences à Metz

Par M. Arthur Morin, présenté au Ministre de l'instruction publique par l'Académie nationale de Metz.


 
 

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Titre
Rapport sur la création d'une faculté des sciences à Metz
Auteurs
Arthur Morin.
In
Mémoires de l'Académie nationale de Metz, 1837

Avant propos

Note contextuelle

Concernant l'argumentation sur les ressources de Metz voir :

Note rédactionnelle

Pour une lecture plus facile, l'orthographe et la typographie ont été modernisées.

Le rapport

Dans un rapport qui vous a été présenté en décembre dernier, le conseil de l'instruction publique, après avoir développé des idées vastes et généreuses sur l'enseignement en général, vous exprime le vœu que des facultés des sciences soient établies dans les principales villes de France, pour répandre, dans nos départements, les richesses de la science, en suivant les traces de la faculté de Paris. Mais dans ce document on laisse pressentir que d'ici à quelques années, un projet aussi utile ne pourrait recevoir qu'une exécution lente et graduelle par plusieurs causes, au premier rang desquelles on met avec raison la rareté des hommes capables de professer avec assez de talent pour que l'enseignement des départements puisse répondre dignement à sa haute mission.

A ce motif, Monsieur le ministre, on doit, nous le pensons du moins, en joindre un autre non moins grave, quoiqu'en général il soit moins senti ; c'est que, pour assurer le succès d'un enseignement, il faut non seulement des professeurs habiles, mais encore un public capable et avide de les comprendre. Si cette seconde nécessité n'a jamais frappé les regards des illustres professeurs de la faculté des sciences de Paris, dont les vastes amphithéâtres sont encore trop étroits pour la foule studieuse qui s'y presse, c'est que la capitale est le centre vivifiant où la jeunesse vient perfectionner ses études, c'est que là se réunissent tous les jeunes gens qui se destinent au doctorat , à l'agrégation, et qu'ainsi les intérêts d'avenir des élèves ainsi que la haute réputation des professeurs concourent à augmenter le nombre des auditeurs. Mais, dans nos départements en général, M. le ministre, l'enseignement scientifique n'a pas partout les mêmes chances de succès, et souvent, quelque savants que soient les maîtres, le public leur fait défaut. Dès lors l'enseignement supérieur des facultés perd sa considération, sa supériorité, et il est réduit à descendre au niveau de l'enseignement élémentaire. Nous pourrions, à l'appui de nos assertions, citer plusieurs exemples, et entre autres celui d'une faculté de province, où ,malgré le talent du professeur de mathématiques pures, cet enseignement ne trouve pas d'auditeurs, et où le savant, trop consciencieux pour rester oisif, est obligé de professer les mathématiques spéciales, à quelques rares candidats à l'école polytechnique.

Tel est et tel sera long-temps encore, dans la plupart de nos départements l'écueil contre lequel viendront échouer les tentatives faites pour répandre le haut enseignement des facultés. Nous indiquerons plus loin, M. le ministre, les moyens qui nous sembleraient les plus convenables pour éviter ces inconvénients, mais auparavant nous devons faire remarquer que, de toutes les villes de province, Metz est sans contredit celle où il est le moins à craindre, et où se trouvent réunis le plus grand nombre d'amis de la science. En effet, sa laborieuse jeunesse se livre avec ardeur à l'étude des sciences physiques et mathématiques qui lui sont nécessaires pour entrer dans les grandes écoles civiles ou militaires où les élèves de Metz occupent toujours tant et de si beaux rangs. La présence des écoles régimentaires d'artillerie et du génie, de l'hôpital militaire d'instruction, fournirait encore de nombreux auditeurs à des cours professés par des maîtres, parmi lesquels viendraient sans doute prendre place quelques officiers de ces armes savantes qui, déposant l'épée pour revêtir la robe du professeur, feraient passer dans l'enseignement cette habitude des applications qui lui donne à la fois tant d'utilité et tant d'intérêt.

Les observations précédentes suffisent donc pour faire sentir que les réflexions générales que nous avons faites sur l'établissement des facultés dans les départements n'ont pour objet que de mettre en évidence la nécessité de choisir les villes dans lesquelles on voudrait les fonder et de montrer que Metz est une dé celles où il y a le plus de chances de succès pour un pareil établissement.

Mais il est, M. le ministre, une autre remarque importante à faire, et qui nous semble de nature à rendre plus générale l'utilité de la création des facultés départe—mentales, et nous nous expliquerons à cet égard avec d'autant plus de franchise que nos vues rentrent dans les intentions manifestées par le conseil de l'instruction publique, et que nous entendons les renfermer dans les mêmes limites.

Paris est le foyer où convergent et où aboutissent tôt ou tard toutes les sommités scientifiques de la France l'institut , les facultés des sciences, de droit et de médecine réunissent dans leur sein toutes les illustrations. La haute renommée des professeurs stimule l'ardeur de la studieuse jeunesse qui les écoute , et de là résultent les heureux fruits de l'enseignement de la faculté de Paris. Mais, dans nos départements, on est plus froid pour la science, le but des études est plus restreint, et il a un objet plus immédiat , et pour expliquer notre pensée d'un seul mot, on y cultive la science moins pour elle-même que pour le parti que l'on en peut tirer ; on y préfère de beaucoup les applications à la théorie. De là résulte, à ce qu'il nous semble, M. le ministre, que pour donner à la. création des facultés des sciences départementales le plus de chances de succès et leur assurer la présence d'un grand nombre d'auditeurs , il serait convenable de diriger leur enseignement vers les sciences appliquées, sans toutefois perdre de vue, comme le fait sagement remarquer le conseil de l'instruction publique, que les facultés ne doivent pas devenir des conservatoires des arts et métiers.

Sous ce point de vue encore, au milieu d'une population active, laborieuse qui tend chaque jour davantage à augmenter le bien-être n'a dû jusqu'ici qu'à l'agriculture et à son esprit d'ordre et d'économie, de toutes les ressources qu'elle pourrait emprunter à l'industrie, il est certain qu'un haut enseignement des sciences serait placé dans les circonstances les plus favorables.

Nous ajouterons enfin que placée près de la frontière, Metz pourrait recevoir dans son sein de nombreux étudiants étrangers attirés à la fois par sa réputation scientifique et par sa proximité.

Quel que soit donc, M. le ministre, le cas que vous croyiez devoir faire des observations que nous vous avons soumises sur la création des facultés départementales en général, il nous parait évident que Metz est une de celles où ces établissements pourraient être créés avec le plus de succès , soit à cause du grand nombre d'élèves qui ,en suivraient les cours , soit par la présence des établissements et des sociétés scientifiques qu'elle renferme.

Nous venons donc vous demander de solliciter de sa Majesté la création d'une faculté des sciences comprenant :

1° Une chaire de mathématiques pures ;
2° Une chaire d'astronomie et de mécanique rationnelle et expérimentale ;
3° Une chaire de physique ;
4° Une chaire de chimie théorique et appliquée aux arts ;
5° Une chaire d'anatomie comparée, de zoologie et de physiologie animale avec application à l'agriculture ;
6° Une chaire de botanique et de physiologie végétale avec application à l'agriculture ;
7° Une chaire de minéralogie et de géologie.

Ce bienfait serait reçu avec reconnaissance par la population messine et en contribuant à augmenter la prospérité et la gloire de cette belle cité , l'un des remparts de la patrie , elle accroîtrait le dévouement de ses enfuis pour le gouvernement ami de la science et des progrès qui l'en aurait dotée.


Voir aussi

Source
Dans le réseau Wicri :

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