Collection ALS/Série 7/Tome 14/N. 4/Maubeuge Calinon
Société des sciences naturelles de Strasbourg //Société des sciences de Nancy // Académie lorraine des sciences |
Homme de science lorrain : Le mathématicien Auguste Calinon
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Ce texte est en fait la première partie d'un article intitulé :
Le mathématicien Auguste Calinon
Auguste Calinon considéré sous l'angle biographique et en le donnant comme homme de science lorrain, cela peut sembler surprenant. En effet, il fut lorrain d'adoption, n'a pas fini sa vie en Lorraine. Mais il apparaît que son œuvre scientifique a été élaborée en Lorraine (et personne jusqu'ici n'a été capable de préciser, définir ou prouver l'influence du milieu sur une œuvre intellectuelle abstraite ! ) ; l'homme a poursuivi l'essentiel de sa carrière en Lorraine. Enfin, notre structure scientifique a joué un rôle important dans ses travaux. Par conséquent, il n'est pas illogique de traiter la biographie de Calinon comme si c'était un pur Lorrain. Au demeurant, il est resté jusqu'à tout récemment un savant complètement méconnu et rien n'a été diffusé sur le personnage. Il est donc ainsi comblé une lacune.
C'est par hasard que j'ai été amené à m'intéresser de près à
Calinon. En 1965 , C. E. Sjöstedt , docteur en mathématiques, ex
vice-directeur général de l’Éducation Nationale en Suède, travaillait à un ouvrage de mathématiques consacré à l'évolution de la géométrie à propos de l'axiome de parallèles. Cherchant désespérément
des renseignements sur Calinon dont il avait vu les travaux dans
notre revue, le scientifique suédois s'adressait tout naturellement à
notre structure. Nos archives sont assez lamentables quant au contenu, vu nos vicissitudes, et vides de données sur Calinon ; il y a
d'ailleurs une autre cause que l'on verra, logique. Disposant de très
vagues indications, selon lesquelles, Calinon aurait fait carrière dans
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'industrie lorraine, moi-même suivant la même voie, je lançais des
recherches d'archives dans diverses directions. Il ne faut pas oublier
la série de fusions et restructurations qui ont sévi et sévissent encore
dans la sidérurgie, comme les mines de fer. Des archives gardées
jusque-là, vu qu'aucun problème de déménagements des locaux ne
s'était posé, sont apparues, depuis, comme d'insupportables encombrements ; et dans un sens, ceci ne saurait être blâmé. Mes investigations finirent par déceler dans la sidérurgie longovicienne trace d'un
Calinon qui s'est révélé l'homme recherché ; mieux même, un portrait
put être laborieusement retrouvé grâce à l'habitude d'autrefois de
faire poser un rang d'oignons, aussi bien élèves des écoles, philharmonies, que personnel de sociétés ou industries, devant une énorme
chambre noire à non moins énorme trépied ; chambre manipulée par
un monsieur dont la silhouette et l'habit indiquaient de rigueur
l'artiste photographe en portraits. La suite positive des investigations
fut une sorte de miracle in extremis ; car, voulant disposer d'ultimes
précisions, j'appris officiellement, peu après, que toutes les archives
en cause avaient été détruites, vu les restructurations.
J'avais été naturellement frappé et m'était arrêté, autrefois, à feuilleter des articles de mathématiques, mécanique, parus dans les années 1880 à notre bulletin ; le contenu aride et parfois la longueur des travaux m'avaient intrigué ; je n'aurai, en aucun cas, l'impudence d'affirmer que j'avais été capable de les comprendre.
Avec étonnement, je voyais Sjöstedt présenter Calinon comme un mathématicien de génie dans la lignée des étonnants esprits qui vont de EUCLIDE à HILBERT, en passant par exemple par NASIR ADIN AT-TUSÏ, WALLIS , Johan LAMBERT, LEGENDRE, GAUSS, LOBACEVSKII, RIEMANN, BELTRAMI, HELMHOLTZ , Poincaré, (un pur Lorrain, celui-là, et à la biographie bien connue), EINSTEIN, en en celant une multitude. Si un spécialiste indiscutable comme Sjöstedt, dans un livre de près de 1.000 pages retenait un mathématicien français jusque-là presque inconnu et complètement obscur, sur le rang des plus grands penseurs de cette discipline, il fallait qu'il fût vraiment éminent.
Aidé de façon décisive par l’École Nationale Supérieure des Mines (Monsieur le Conservateur en Chef de la Bibliothèque), par l'Ecole Polytechnique (Monsieur le Conservateur de la Bibliothèque Centrale), j'ai pu rassembler quelques éléments biographiques certains.
Au concours de 1870 « de l ' X », l'Ecole Polytechnique, à
l'examen de Paris, sous le № d'admission 62, « passé à la I re
division en 1871, le 63e
d'une liste de 145 élèves « apparaît un nommé
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Calinon Zéphirin-Auguste,
né le 17 août 1850, fils de
Louis Calinon et de Albertine VANNIER. Le père était
mégissier à Boissy L'Àillerie, en Seine-et-Oise ; c'étaient donc de petites gens
et rien ne semblait indiquer
une hérédité favorable aux
mathématiques, ni un milieu
d'éducation donnant une
empreinte. L'élève était
boursier ; et sa signature,
comme celle de bien des
jeunes gens, ne traduit pas
un caractère encore affirmé;
elle est riche en fioritures en
haut et en bas. Et l'élève
emploie un A pour affirmer
son prénom, se refusant de
se voir affublé du 1 e r
de l'état civil qu'il a dû juger
quelque peu désuet, victime
des habitudes de jadis ; les
générations se refilaient
alors automatiquement les
prénoms des ancêtres pro-
ches de chaque lignée sans
que les parents se soucient
ce qu'il en adviendrait si le
nouveau-né passait par hasard à la postérité en traînant un prénom curieux. La
fiche signalétique nous indique une pilosité châtain, un
front haut, un nez gros, des
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yeux bleus, une bouche moyenne, un menton rond, un visage ovale,
une taille de 1,67 m; il n'y a aucune marque apparente. V u l'esprit
qui doit présider à l'Ecole Polytechnique et sa rigueur mathématique,
on n'est pas en face d'une fiche aux mentions passe-partout qu'un
scribe ennuyé met de nos jours sur toute carte d'identité. Je crois
même, lisant — ou alors un signe est inexplicable — « taille d'un
mètre 67 centim. 7 », que la précision a été poussée loin, le respon-
sable militaire n'ayant pu se résoudre à mettre 1,68 m ; bel exem-
ple de rigueur mathématique et scientifique, selon ce qui se lit sur
un papier.
Le rang d'entrée était honorable : à mes yeux surtout, moi
qui n'aurais jamais été capable de subir même la préparation à un
tel concours (sans m'en sentir diminué d'ailleurs). En 1872, Calinon
est admis dans les services publics avec un rang médiocre et au
service du génie militaire, en 1872, avec un rang cette fois déplorable ; mais l'essentiel dans la vie française est d'entrer
puis de sortir de cette école. En 1874, il est sous-lieutenant
élève du Génie d'application ; en 1877, lieutenant de Génie
démissionnaire, dans son village natal. En 1879, nous le trouvons
pour la première fois en poste industriel en Lorraine, aux Forges de Pompey, aux portes de Nancy. Il y reste jusqu'en 1887. Notons
les dates, la proximité de Nancy, les travaux publiés et l'on comprend qu'il ait été tout naturellement amené en contacts avec le
seul foyer de sciences pures hors de l'Université, la Société des
Sciences de Nancy. De 1889 à 1893, ayant démissionné du Génie
dès 1879, nous le trouvons chef du Service commercial aux Aciéries
de Longwy, à Mont-Saint-Martin, dans la « vallée des hauts-four-neaux ». On ignore ses fonctions de 1887 à 1889. En 1895, il passe
aux Aciéries de Longwy, à Mont-Saint-Martin. Poursuivant sa carrière industrielle et montant en grade, il doit aller à Paris où, de
1896 à 1899, il est directeur gérant du dépôt des Forges de la Providence, changeant à nouveau de firme et ayant connu la plupart
des grandes maisons de l'époque en Lorraine non annexée. Comme
toute trace se rapportant à lui disparaît après 1899, il semble que,
courant 1900, il est décédé dans la région parisienne ; aucune trace
de famille n'a pu être décelée et bien des détails restent obscurs.
La photographie dont j'ai pu disposer a été prise à Mont-St-Martin, lors du séjour aux Aciéries de Longwy ; l'homme avait donc
45 ans. Ce qui paraît correspondre avec le portrait. La figure est avenante et respire la douceur, avec un front intelligent et l'œil vif,
bien que clair ; la barbe est celle des intellectuels et messieurs bien
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en place de l'époque. La fiche d'état-civil ne paraît pas avoir menti
ou fait d'erreurs. Malheureusement, la minuscule photographie,
agrandie, ne donne pas tous les détails de la figure.
Qu'à donc fait ce personnage et en quoi est-il, pour nous, important ?
Si on se réfère au Poggendorff (Biographisch-Literarisches Handwörterbuch, 1904 et 1926, Leipzig), on voit, avec étonnement, que Calinon y est cité. Le livre du Centenaire de l'Ecole Polytechnique le tire du néant mais le citant laconiquement comme ayant publié des « études sur la Philosophie des Sciences ». Le Poggendorif recense tous ses travaux ; la liste est relativement brève :
- Bulletin de la Société des sciences de Nancy :
- Étude critique sur la mécanique (94 pages), 7, 1885 ;
- Étude sur la sphère, la ligne droite et le plan (47 pages), 9, 1887 ;
- Étude cinématique à 2 et 3 dimensions (135 p.) , 10, 1889, 1890 ;
- Introduction à la géométrie des espaces à 3 dimensions (44 p.), 11, 1891 ,*
- La géométrie à 2 dimensions des surfaces à courbure constante, (44 p.) 14, 1896;
- Grandeur en mathématiques (28 p.), 15, 1897 ;
- Étude de géométrie numérique (32 p.) 1, 1900.
- Nouvelles Annales de Mathématiques :
- Théorème de Gauss sur la courbure (2 p.), 15, 1896.
Seul S TOSTEDT paraît avoir attaché une extrême importance au travail copieux donné par Calinon à la Revue Philosophique (18e année, X X X V I , 1893), (pp. 595-607) intitulé :
- Etude sur l'indétermination géométrique de l'Univers.
Le mathématicien suédois paraît lui attribuer une importance capitale dans. toute l'œuvre de Calinon.
Calinon se situe directement dans la lignée de chercheurs,
HELMHOLTZ, CLIFFORD, CAYLEY, ayant traité jusque-là l'interpréta-
tion de la géométrie non euclidienne ; ce qui débouchera sur les con-
ceptions de EINSTEIN. SXÖSTEDT explique que la géométrie est un sys-
tème logique qui peut être formulé de manières différentes selon que
l'on s'appuie sur des axiomes différents. Tous les systèmes sont
équivalents du point de vue logique et les mathématiques n'ont pas
à se prononcer pour celui qui serait préférable. C'est l'expérience qui
tranche de la validité. De nombreuses confusions résultent des di-
verses conceptions ; et selon SJÖSTEDT, c'est bien Calinon qui, le
premier, a formulé clairement les conceptions jusque-là plus ou
moins vagues découlant des divers systèmes. Calinon précise clai-
rement que la vérification expérimentale concernant la trajectoire du
rayon lumineux est une relation purement physique et non mathéma-
tique. La physique peut utiliser, à ce propos, différents systèmes de
géométrie pour aborder le problème. Pour tous, il existe une certaine
indétermination quand il s'agit de sélectionner la méthode la plus
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adaptée. C'est bien là la découverte de base de Calinon. Et il indi-
que ainsi 3 possibilités en regard des suppositions : 1. — Notre
espace est et reste rigoureusement euclidien ; 2 . — C ' e s t un espace
géométrique très peu différent de l'espace euclidien, mais toujours
le même. 3 . — Notre espace réalise successivement dans le temps
divers espaces géométriques ; notre paramètre spatial varierait avec
le temps en s'écartant du paramètre euclidien ou en oscillant au-
tour d'un paramètre déterminé très voisin du paramètre euclidien.
En 1893, Calinon aborde de manière un peu différente les types de différentes indéterminations pouvant exister dans la sélection d'un système géométrique le mieux adapté à la description d'un phénomène physique. On ne peut dire quel système géométrique est valide en réalité. Calinon a suscité immédiatement l'opposition et les objec- tions de Bertrand RUSSEL qui paraît avoir déconsidéré l'œuvre de Calinon devant l'opinion scientifique. Malgré la clarté totale de l'ex- posé de Calinon qui élimine toute incompréhension, selon SJÔSTEDT, un savant de valeur comme RUSSELL a fait une erreur capitale de compréhension en confondant les relations géométriques et physi- ques dans la théorie de Calinon ; la critique eut été fondée s'il s'a- gissait de relations purement géométriques ; mais Calinon a bien po- sé le problème des relations physiques et rien ne tient, aucune objec- tion avancée, dans la critique de RLISSELL. Rappelons que RUSSELL écrivait plus spécialement la critique suivante : « Calinon rajoute une nouvelle suggestion que la constante de l'espace peut peut- être varier avec le temps ; ceci incluerait une connexion causale entre l'espace et autres choses qui semble difficilement concevable, et si on fait le plus attention possible, devrait certainement dé- truire la géométrie étant donné que celle-ci dépend de partout de l'inapplication de la causation » (c'est-à-dire de l'action de produire un effet).
Reprenant l'œuvre de RUSSELL, des travaux modernes ont été amenés à revenir laconiquement sur les conceptions de Calinon. Il ne semble pas que cet auteur ait été tiré outre mesure de l'oubli où il est tombé.
Il est très difficile et impossible sous l'angle purement mathématique, à un profane, de poursuivre une analyse plus fouillée de
l'apport de Calinon. Il est probable que des spécialistes s'y emploieront. On peut dire que SJÔSTEDT a sorti de l'oubli1
quasi total l'œuvre de Calinon ; il a fait une réhabilitation.
En ce qui nous concerne, ceci a une importance réelle et est intéressant, à divers titres, dans l'histoire des sciences en Lorraine.
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Si la direction d'affaires industrielles n'était pas, avant 1900,
aussi écrasante que maintenant par sa complexité, l'époque avait ses
problèmes et un dirigeant même dans une société anonyme était con-
fronté aux complications prosaïques journalières. Pourtant, en Lor-
raine, un dirigeant d'industrie a eu le temps de se livrer solitairement à de profondes méditations et recherches mathématiques et
de philosophie scientifique. Hors de l'Université, en Province, il n'y
avait pas de foyers de recherches scientifiques, mis à part de très
rares grandes écoles à but précis (rappelons celle des Eaux et Forêts à Nancy). Un homme comme Calinon est le sujet d'un étonnement dans le contexte de l'époque. De nos jours, on côtoie constamment des hommes de science, parfois de valeur ; le génie est en
quelque sorte dans la rue. Imagine-t-on le potentiel certain d'esprits supérieurs, hommes de science, voire de vrais savants si l'on
veut porter un jugement de valeur, qu'il y a dans les années 1970
dans une ville universitaire de Province comme Nancy ; comparons à
l'indigence relative de 1870-80, le progrès (si progrès il y a, après
tout) en un siècle ; la plupart de ces scientifiques de 1970 trans-
portés en 1870 eussent passé à la postérité pour des esprits absolu-
ment éminents, parfois des génies. On est blasé avec le nombre, com-
me par le stupéfiant succès de la technologie : après l'enivrement
des premiers jours du succès, l'humanité participant à notre civili-
sation technologique trouve naturel que des hommes soient allés
marcher sur la Lune.
Isolé, Calinon ne pouvait que tenter de trouver des contacts scientifiques et de diffuser ses résultats.
C'est là, bien que notre corps constitué soit et reste profondé-
ment concerné par le cas Calinon, que l'on a une très forte surprise.
Après de longues recherches malgré le caractère décevant de
nos archives, il m'a fallu admettre une évidence. Il me paraît abso-
lument prouvé qu'au sens juridique du terme, Calinon n'a jamais
appartenu à notre compagnie, si H. POINCARÉ, OU Louis PASTEUR
ont été de nos illustres membres prédécesseurs, eux.
Comment se fait-il donc que Calinon ait donné une série par-
fois de très longs travaux et la quasi-totalité de son œuvre à notre
tribune et dans nos publications ? Pourquoi ?
Je crois que nous en avons l'explication nette. Le travail sur
l'Etude critique de la mécanique de 1885 a été en fait présenté et
transmis favorablement par FLOQUET, membre, spécialiste, doyen et
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professeur à l'Université. Quand les très précieux comptes rendus
de séances sont venus donner une image détaillée de notre vie so-
ciale, on peut parfois retrouver ainsi des précisions qui s'avèrent un
jour importantes. Le C . R . de la séance du 16 juin 1885 est.symp-
tomatique à ce propos. Calinon est entré on ne sait trop comment :
directement, par d'autres relations, etc., en contact avec FLOQUET.
Celui-ci a le mérite d'avoir, ou vu, ou senti qu'il y avait quelque
chose d'important dans les travaux de Calinon ; il l'a patronné.
Et, comme à cette époque, nous tenions et avons toujours tenu le
rôle de corps savant constitué lorrain, il a estimé la tribune toute
normale. C'était nous faire, sans le savoir, un très grand hon-
neur, car ce sont nos pages qui ont présenté au monde savant ce
que les spécialistes déclarent maintenant une œuvre de tout pre-
mier plan, même plus, vu l'époque, quand un tel savant est mis sur
la lignée passant par un EINSTEIN.
Le mystère total est que Calinon n'ait jamais été intégré officiel- lement comme membre. Est-ce une certaine timidité et modestie ? Peut-être, si un mauvais portrait et la physiognomonie sont applica- bles : on a l'impression d'un homme doux et réservé. Car il est dou- teux qu'avec le patronage de gens comme FLOQUET, l'intégration n'ait pas été acquise ; ceci malgré qu'à l'époque, on appliquait fé- rocement les règles primitives d'élection et d'admission après le trans- fert de Strasbourg. (Je renvoie à mon étude historique récente sur notre vie sociale).
Comme je l'ai déjà dit, on ne peut pas ne pas comparer cet homme tiré de l'oubli d'une façon fracassante, à un autre isolé énig- matique, le moine MENDEL poursuivant, solitaire et méconnu, ses inves- tigations, bases de la génétique moderne. Le passé est venu donner la gloire à des chercheurs que le hasard, voire l'incompréhension des hommes ou l'injustice, avaient tenus dans l'ombre. Il eut certes mieux valu que justice leur fût rendue de leur vivant. Mais l'injus- tice des hommes ou du destin est parfois irréparable malgré les ges- tes propitiatoires ; les intéressés sont restés bel et bien dans leur so- litude face à une collectivité scientifique à laquelle ils voulaient don- ner un message.
Comme dans toute famille, on s'honore grandement des parents
qui ont réussi, on cherche à taire les parentés peu flatteuses, voire
même on torture les faits pour asseoir les plus belles généalogies,
nous autres Lorrains, en général chauvins, vu certains aspects de la
vie de Calinon, le revendiquons comme s'il avait été un pur fils
de la province. Son œuvre est associée notre publication.
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L'analyse de cette œuvre est tout à fait superficielle et je suis incompétent, j e l'ai dit ; des détails de la vie de Calinon nous restent totalement inconnus. L'attention attirée, dans une région où des documents et des informations restent possibles, à défaut de témoignages, vu l'époque, je crois avoir rempli un but. J'ai appelé l'attention sur un de nos illustres prédécesseurs ; nous nous devions à cet hommage posthume s'agissant d'un tel méconnu, pionnier de l'école mathématique logistique.