Émérites.Lorraine/Conférences/2020/GUCKERT
Origine et devenir de l'Institut Agricole et colonial de l'Université de Nancy
Le rôle méconnu du Professeur Edmond GAIN.
- Conférence aux Émérites de Lorraine le 16/01/2020
- Par Armand GUCKERT, Professeur Émérite de l'Université de Lorraine,
- Président Fondateur de l'Association EMERITES.LORRAINE
Introduction
Au terme d'une recherche approfondie sur des moments forts de l'université au début du XXème siècle, il présenta dans sa conférence les résultats illustrés de ce travail de compilation. La création de l'Institut Agricole et Colonial de l'Université de Nancy, dont la plupart des nancéiens ignorent l'existence, a eu un rôle éminent au début du XXème siècle comme centre de formation et de recherches dans le domaine agronomique. Armand GUCKERT en donne ci-dessous un bref résumé.[1]
Résumé de la conférénce
Après une période faste, essentiellement liée à l'action de Mathieu de DOMBASLE, l'enseignement agricole en Lorraine décline fortement après le décès de ce dernier. L'arrivée des alsaciens lorrains, après 1870, crée un nouveau dynamisme qui se concrétise par une orientation marquée de la Faculté des Sciences vers les sciences appliquées. Ainsi sont créés divers instituts (Chimie, Brasserie, Électrotechnique...) dont sont issues la plupart des Écoles actuelles.
Dans ce contexte régional, Edmond GAIN (1868-1950) joue un rôle essentiel pour l'enseignement et la recherche dans le domaine biologique et agronomique. Ancien étudiant à la Sorbonne, il est nommé en 1895 maître de conférences de Botanique à l'Université de Nancy. Il développe à partir de 1901 un enseignement agronomique complet et des actions de recherche dans le nouveau Laboratoire de Botanique Agricole. De plus il crée l'Institut Agricole et l'Institut Colonial. Outre la formation, le second a une mission de propagande coloniale. Ces deux instituts attirent de nombreux étudiants français et étrangers, dont des juifs d'Europe centrale fuyant les pogroms, pour qui la France représente un modèle d'intégration. Certains diplômés de l'Institut Agricole jouent un rôle important dans la mise en valeur de la Palestine et la création de l'État d'Israël. Tout en conduisant des recherches originales, Edmond GAIN assume la gestion du jardin alpin du Monthabey et du jardin botanique de Nancy.
De 1902 à 1930, près de 1500 conférences publiques, traitant des colonies françaises, sont ouvertes à l'Institut. En 1904, Edmond GAIN crée le "Bulletin de l'Institut Colonial de Nancy", qui parait jusqu'en 1915, puis de 1921 à 1937.
Après des années de bagarres, Edmond GAIN peut enfin envisager la construction d'un nouvel immeuble en 1928. L'édifice, situé rue Sainte Catherine, abrite l'Institut Agricole et Colonial, ainsi que l'Institut de Botanique de la Faculté des Sciences, inauguré en 1930.
Il s'investit également dans la création du Musée Colonial, qui s'installe en 1933 dans les locaux de l'Institut. Ce musée est destiné à fournir une base documentaire aux étudiants et à présenter au public les productions de l'empire colonial français. En plus de ses activités permanentes, l'Institut Colonial participe activement à différentes manifestations à Nancy, notamment des "semaines coloniales".
En 1938, les deux instituts fusionnent, donnant naissance à un établissement unique dénommé "Institut Agricole de Nancy". Il acquiert en 1948 la ferme et le château du Montet, comprenant une surface cultivée de 42 ha et un parc boisé de 9 ha. En 1953, l'Institut Agricole de Nancy devient "École Nationale Supérieure Agronomique de Nancy" (ENSAN).
L'Institut National Polytechnique créé en 1970, regroupe les Écoles d'Ingénieurs de Nancy et entraîne la fusion de trois d'entre elles : l'ENSAN ("Agro"), l'ESBMBA ("École de Brasserie") et l'ELN ("École de Laiterie"). Ainsi est créée l'ENSAIA : "École Nationale Supérieure d'Agronomie et des Industries Alimentaires". Les terrains de la Ferme du Montet ayant été utilisés pour la construction de l'IUT de Biologie appliquée, des bâtiments l'Université de NANCY 1 et la mise en place du Jardin Botanique, la direction de l'ENSAIA obtient en 1967 la Ferme de "la Bouzule" située près de Champenoux, qui deviendra la ferme expérimentale actuelle de l'ENSAIA.
- ↑ Introduction de Christian Gsell