Collection ALS/Série 2/Tome 1/F. 1/Transfert
Sur le transfert de Strasbourg à Nancy
Sommaire
Discours de Ferdinand Monoyer
En début de transcription hypertexte
L'ancienne Société des sciences naturelles de Strasbourg a transféré son siège social à Nancy. Cette translation est une conséquence naturelle des événements profondément douloureux qui ont eu pour résultat le démembrement de la France et le changement de nationalité de l'Alsace. Tandis qu'une dizaine de membres titulaires se résignaient à rester à Strasbourg, les autres, représentant plus des trois quarts de la Société, quittaient le territoire annexé, et, par un heureux concours de circonstances, se retrouvaient presque tous réunis dans la capitale de la Lorraine[1].
L'ancienne Société des sciences de Strasbourg a connu des moments difficiles durant les époques de trouble et de bouleversement que nous venons de traverser ; elle s'est vue dans la nécessité de suspendre pendant plus de trois années la publication de ses travaux ; maïs elle n'a pas péri dans la tourmente qui a emporté tant d'autres institutions; elle a survécu à nos désastres, à la perte de deux de nos meilleures provinces de l'Est ; elle n'a pas cessé un seul instant d'exister et de faire acte de vitalité, et, plus heureuse que la noble et héroïque cité qui l'avait vue naître, elle a pu être rapatrié.
Le transfèrement de la Société a été voté le 10 mars 1873,
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à l'unanimité, par les vingt-neuf membres qui ont pris part
au scrutin.
La Société transférée a pris le titre de « Société des sciences de Nancy. (Ancienne Société des sciences naturelles de Strasbourg, fondée en 1828) » ; elle a adopté ce sous-titre, autant pour donner satisfaction aux sentiments d'un pieux souvenir que pour affirmer ses droits, car elle est, légalement et de fait, la véritable et unique héritière de la Société des sciences naturelles qui a eu son siège à Strasbourg jusqu'à la date du 10 mars 1873.
La Société des sciences de Nancy n'est donc point une Société de création nouvelle ; c'est, sous un autre nom et dans un autre lieu, la continuation de l'ancienne Société des sciences naturelles de Strasbourg. Elle a conservé la plupart de ses anciens membres titulaires; elle a maintenu sur la liste de ses membres correspondants les savants qui figuraient en la même qualité dans le personnel de l'ancienne Société de Strasbourg ; elle reste propriétaire des archives et des collections qu'elle possédait avant son transfèrement ; et le Ministre de l'instruction publique a donné en quelque sorte une consécration officielle à cette situation, en continuant à la Société des sciences de Nancy la subvention annuelle qu'il avait accordée à la Société des sciences naturelles de Strasbourg.
Reconstituée dans un centre scientifique des plus importants, avec des éléments et sur des bases qui sont des gages
sérieux d'un avenir prospère, notre Société s'est empressée de
renouer les relations scientifiques qu'elle entretenait, avant
la guerre franco-allemande, avec les Académies et Sociétés
savantes de la France et de l’Étranger. Ces relations étaient
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en souffrance ou môme complètement interrompues depuis
près de trois années.