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Empreinte militaire en Lorraine (01-2014) Gérald Arboit

De Wicri Lorraine
Introduction à l'histoire des prisonniers soviétiques en Alsace et en Lorraine pendant la Seconde Guerre mondiale.


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Auteur : Gérald Arboit

La convention de Genève sur la vie des prisonniers de guerre autorisait le travail des hommes du rang. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands utilisèrent un peu partout en Europe occupée cette main-d'œuvre vaincue, à laquelle s'ajouta celle issue du monde concentrationnaire[1]. Dès la défaite française, du fait de leur potentiel industriel et agricole, l'Alsace­-Moselle et la Lorraine[2] virent arriver des prisonniers. Jusqu'en 1941, il s'agissait de soldats français originaires des colonies du Maghreb et d'Afrique noire qui furent remplacés par des Serbes, des Polonais et des internés militaires italiens. Mais, entre 1942 et 1944, les plus nombreux furent des Russes.

La question de l'emploi dans l'industrie de prison­niers de guerre soviétiques, dont le nombre crût à mesure des succès de l'opération Barbarossa[3], ne fut pas résolue au début de l'offensive. Dès juin 1941, l'OberKommando der Wehrmacht (OKW) prévoyait leur utilisation uniquement dans les régions occupées à l'Est. Toutefois, un réseau de camps dans le Reich était prévu. Les industriels allemands, comme les services économiques de l'OKW, entendaient obtenir l'auto­risation de les employer dans l'économie de guerre. Hermann Göring se révéla un très précieux allié. Le chef de l'aviation allemande dirigeait aussi le consortium, gigantesque et difforme, Reichswerke Hermann Göring ; il était au fait des difficultés économiques du Reich et obtint le 31 octobre 1941 que l'OKW ordonnât l'utilisation des Soviétiques dans le secteur civil[4]. On ne dispose que de chiffres globaux. De juillet 1941 à février 1944, on estime à 5 734 528 les soldats soviétiques tombés entre les mains de l'OKW[5]. Leur histoire demeure un élément confus de la Seconde Guerre mondiale. Un million de ces hommes survécut jusqu'en 1945. Un peu plus d'un million fut libéré ou s'évada. Deux millions décédèrent durant leur captivité. Reste encore un million dont le sort n'est pas établi[6].

Affectée à l'économie de guerre, cette « main­ d'œuvre forcée » devait suppléer au départ des ouvriers français, expulsés, prisonniers ou au combat. Les documents français de l'époque mentionnent à peine leur présence. Aucune étude n'est venue détailler les chiffres globaux relatifs à l'Alsace-Moselle et à la Lorraine. Un reportage d'Olivier Jarrige, dans le Républicain lorrain, se hasardait à établir une comptabilité de l'indicible[7], à partir des relevés établis par l'Office interdépartemental des sépultures, soit 4 850[8] Un colloque récent évoque une fourchette de 24 000 à 40 000 prisonniers[9]. Tout juste peut-on dire que 3690 prisonniers furent utilisés dans les mines de Meurthe-et-Moselle en 1942, puis 4950 l'année suivante. À la même époque, dans les mines mosellanes, le Generalbeauftragte für die Eisenerzgewinnung und verteilung für Gebiete Luxemburg und Lothringen estimait leur nombre à 3 000[10]. Ces chiffres concern­ent l'ensemble de la main-d'œuvre complémentaire, pas uniquement les prisonniers de guerre russes. À cette première difficulté, s'ajoutent les différents statuts des travailleurs venant de l'Est et leur intégration dans un environnement local pas toujours hostile.

STATUTS DES SOVIÉTIQUES EN ALSACE ET LORRAINE

Un premier motif de confusion dans l'histoire des captifs soviétiques en Alsace-Moselle résidait dans leur statut. La rumeur locale fit de tous ces hommes des prisonniers de guerre et des Russes. Or, au sens strict du terme, ce ne fut pas toujours le cas. Il y eut aussi des déportés et des travailleurs libres[12] originaires de Pologne et d'Ukraine.

Les déportés

Les soldats soviétiques tombant entre les mains des troupes allemandes confrontèrent l'OKW à une nouvelle attitude, l'extermination d'adversaires politiques[13]. Hitler avait ordonné l'élimination des éléments « dangereux » de l'armée Rouge, c'est-à­ dire les cadres du parti communiste, plus particulièrement les commissaires politiques. La Wehrmacht fut donc obligée d'opérer un « tri des éléments considérés d'un point de vue racial ou politique comme indésirables ». Remis ensuite aux Sections spéciales (SS), ils furent abattus ou envoyés en camp de concentration. Les survivants furent démobilisés. En novembre 1941, Himmler décida de ne conserver que les prisonniers aptes à travailler dans les carrières. Près de 600 000 prisonniers furent ainsi épurés. Rien que pour décembre 1941, les SS exécutèrent 16 000 des 22 000 Russes remis par l'armée[14]. Le camp de concentration de Natzwiller accueillit, à compter de novembre 1941, des déportés russes. Combien étaient-ils ? Personne n'a, à ce jour, fourni de chiffre précis[15]. Tout juste sait-on qu'ils constituaient, en août 1943, plus de la moitié des déportés. D'après leurs noms, ils étaient soit Ukrainiens, soit Polonais. Même le nombre de morts n'a pu être établi officiel­lement. Le tribunal militaire de Metz admit seulement, le 15 juin 1954, que des Russes y avaient été tués[16]. Certains servirent à des expérimentations médicales. Le professeur en médecine Hirt proposa de réunir des crânes de « commissaires judéo-bolcheviques »[17]. Des déportés soviétiques furent également envoyés au camp de rééducation de Schirmeck-Vorbrück. Sur les quatre-vingts décès recensés, on dénombre deux Russes[18].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (01-2014) Gérard Ardoit - Le M-Stammlager.jpg
Annexe 2. Le M-Stammlager XIIF Erw-Kgf-Kranken-Revier Kreutzwald/WM[19].

Dans les camps, les détenus étaient affectés à un des Kommandos de travail ou envoyés dans ceux que Natzwiller avait à l'extérieur. Au Struthof, certains le sont à la carrière. On n'est guère renseigné sur leur histoire sinon à rappeler les dures conditions du Kommando[20]. On l'est mieux sur les camps annexes en Alsace et en Lorraine. Dès l'automne 1942, un camp presque exclusivement composé de 200 Russes s'installa à Obernai, près de l'école SS de transmissions[21]. Environ 1100 Russes arrivèrent le 26 mars 1944 à Urbès[22]. À la même époque, quelques uns furent affectés, avec des Polonais et des Yougoslaves, au Kommando de Markirch (Sainte-Marie aux Mines) pour le compte de BMW[23]. Nous sommes mieux renseignés sur les affectations d'un camp annexe de Natzwiller, en Meurthe-et-Moselle à Thil[24]. Les huit Russes qui y arrivèrent le 3 juillet 1944 étaient âgés de dix-neuf à quarante-quatre ans dont sept furent classés ArbeitszwangAusland (AZA) aptes au travail à l'étranger, le dernier étant encore un Kriegsgefangener[25].

Des déportés Russes furent envoyés au camp de Woippy en Moselle. De novembre 1943 à fin août 1944, il accueillit plus de 4000 prisonniers[26], dont un grand nombre de Soviétiques. Ces derniers étaient employés aux usines Hobus, séparées du camp par la route de Metz. Le 28 août 1944, 100 prisonniers russes furent évacués par les autorités allemandes[27]. Le sort des autres prisonniers resta inconnu jusqu'en avril 1963. À cette époque, les travaux de nivellement de l'autoroute A4, à six cents mètres du camp, mirent à jour quatre fosses communes. Des corps nus furent retrouvés, recouverts de chaux ; toute identification était rendue impossible[28], ouvrant la voie à toutes sortes de supputations. La responsabilité du commandant du camp de Queuleu, Georg Hempen, fut avancée[29]. On pensa également à la fin précipitée du voyage d'un train venant de Compiègne. Mais, la présence de boutons de vareuses soviétiques vint rapidement démentir ces hypothèses.

Les prisonniers de guerre

Après le tri des éléments « dangereux » vers les camps de concentration, les prisonniers de guerre bien portants furent affectés aux entreprises. En Alsace­-Moselle, ils furent employés essentiellement dans les mines et la sidérurgie. Les premiers arrivants furent ceux devant travailler dans les charbonnages. Pleiger, président de l'Association du Reich pour le charbon, avait obtenu que les prisonniers russes fussent utilisés en priorité dans sa branche. En septembre 1942, deux grands immeubles de la cité Neuland à Creutzwald, furent réquisitionnés à cet effet. La « main-d'œuvre forcée » qui les habita, travailla dans les houillères du bassin de Forbach, quelques-uns réussirent à être affectés dans des exploitations agricoles du voisinage. Le M-Stammlager XIIF fut complété d'un hôpital. Une vingtaine de cadavres furent également inhumés dans le cimetière de la Houve[31]. Sur la route de Wissembourg, les casernements de Bitche-camp virent arriver, au début de 1942, un millier de prisonniers[32]. Leurs gardes étaient impi­toyables[33] ; une photographie, montrant une vingtaine de soldats soviétiques, pendus aux arbres, circula à l'époque dans les rangs de la résistance lorraine[34]. Leur affectation reste inconnue. Certains travaillèrent dans un ancien ouvrage de la ligne Maginot proche, le Simserhof[35] ; d'autres furent internés au camp de Veckring. Les Allemands leur firent démonter, dans des conditions de travail et de détention très dures, les rails et le réseau de barbelés du fort du Hackenberg[36].

L'utilisation plus systématique des prisonniers russes dans l'économie de guerre conduisit rapidement les Allemands à rationaliser leur distribution aux industriels. Ainsi, durant l'été 1941, un stalag fut installé au Ban Saint-Jean[37], près de Boulay, dans d'anciens baraquements de la ligne Maginot. Il servait de camp de rassemblement pour la main-d'œuvre des mines de fer de Moselle, de Meurthe-et-Moselle, des mines de charbon de Moselle et de Sarre, et des usines sidérurgiques lorraines et luxembourgeoises. Il réceptionnait également les blessés, les malades[38] inaptes au travail renvoyés par les Kommandos.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (01-2014) Gérard Ardoit - Les cantines des célibataires italiens.jpg
Annexe 4. Le camp des prisonniers russes à Audun-le-Tiche : l'ancienne cantine des célibataires italiens.

On estime à 22 000 les Russes qui transitèrent par ce camp. Quelque 3 000 y moururent[39]. Après le retournement du général soviétique Vlassov par les autorités du Reich, les Ukrainiens et les Russes anticommunistes eurent le choix entre conserver le statut de Kriegsgefangener ou opter pour une semi-liberté. Ainsi s'expliquent les différences constatées entre le sort général des prisonniers de guerre et le lot particulier de certains. À compter de la fin août 1942, les industriels du bassin de Briey furent avertis de la prochaine affectation d'une main-d'œuvre complémentaire. Ils devaient prévoir l'encadrement requis par les autorités allemandes pour accueillir ces prisonniers. Chacune des entreprises minières de la région dut élever dans les plus brefs délais un camp pour les héberger. Les plans des baraquements, achevés de la mine Karl-Ferdinand de Hettange-Grande, furent communiqués dès novembre à toutes les mines[40]. Mais, les minières possédant un parc immobilier important, il arriva qu'elles l'utilisassent pour accueillir leurs prisonniers. Ainsi, à Audun-le-Tiche, où l'A.R.B.E.D., qui gérait les actifs de l'ancienne Société minière des Terres Rouges, affecta l'ancienne cantine des célibataires à ce service. Les bâtiments furent sommairement entourés de barbelés et l'ancienne prison communale, sise dans ce périmètre, reprit du service. Les trois mines meusiennes et la plupart des villes de Moselle et de Meurthe-et-Moselle reçurent leurs contingents à compter de décembre 1942. Certains furent logés sur le lieu de production, d'autres dans les cantines des travailleurs italiens ou dans des baraquements de la ligne Maginot : à Bouligny, à Joudreville et Amermont[41], à Nilvange (mine Victor)[42], à Suzange[43], à Neuchef, à Marspich, à Florange, à Elange, à Knutange[44], à Elzange, à Terville, à Thionville (près de l'ancien crassier de Wendel), à Hettange-Grande, à Ottange dans des bâtiments de la mines Ottange III, sur la route de Rumelange[45] et sur le fonds de Nondkeil, à Nondkeil (à l'infirmerie de la mine Ottange II)[46], à Audun-le-Tiche[47], à Aumetz (sur la route menant à Audun)[48], à Crusnes, à Droitaumont[49], à Labry, à la mine Saint-Pierremont de Mancieulles[50], à Anderni[51], aux mines « Orne et Moyeuvre » entre Jœuf et Moyeuvre[52], à Piennes, à Landres, à La Mourière, à Murville[53], à Moustiers[54], à Jarny­-Giraumont[55] et à Valleroy[56]. Hayange en compta même sept, au Faubourg Sainte-Berthe, rue Saint-Joseph, à la mine Carl Lueg[57]. Les anciennes casernes de la ligne Maginot de Tressange et Ludelange reçurent également des prisonniers russes.

Les travailleurs requis

L'aménagement des cavités, mines et tunnels, en abris ou en usines souterraines impliquait également l'utilisation de main-d'œuvre « auxiliaire ». À Amnéville, un camp accueillit 1252 Hilfsarbeiter des deux sexes. D'autres arrivèrent à Errouville mi-mars 1944. Gardés par des sentinelles de l'organisation Todt, ils étaient logés dans un ancien cantonnement de la ligne Maginot d'Errouville. Comme à Amnéville, ce regroupement présentait la particularité d'être mixte, 1 200 hommes et 400 femmes[58]. Il ne s'agissait pas de camps de prisonniers. Hommes et femmes vivaient ensemble et des naissances furent signalées, dix-sept à Amnéville[59] et cinq à Errouville[60] ; il existât même à Amnéville un journal destiné à ce seul public...

Des Ostarbeiter les rejoignirent un mois plus tard, à Villerupt et à Thil. Environ 2 000 hommes, Russes et Ukrainiens, mais aussi Serbes, Polonais, Portugais et Espagnols vinrent former une « colonie de travailleurs étrangers ». Les premiers s'étaient portés volontaires pour intégrer l'organisation Todt, les autres avaient été requis dans les camps de chômeurs d'Europe. Ils furent logés dans des groupes scolaires, cafés, cinémas et salles des fêtes des deux cités ouvrières[61]. Ils furent affectés, comme les auxiliaires d'Errouville, à l'aménagement de la mine du syndicat de Tiercelet en usine souterraine.

D'autres camps apparurent à mesure des travaux entrepris par les Allemands pour camoufler leur industrie de guerre[62]. À Algrange, la mine Burbach accueillit, à compter du 11 mai 1944, cinq cents prisonniers russes de l'organisation Todt[63]. Comme à Aumetz, ces Zwangsarbeiter comprenaient aussi bien des enfants, des vieillards, des femmes que des hommes. Ils étaient partisans, condamnés politiques ou travailleurs récalcitrants. Ces « travailleurs forcés » accomplis­saient les besognes manuelles les plus pénibles et dangereuses. Ainsi, trente Ukrainiennes furent affectées à l'aménagement de la mine Wilhelmine d'Ottange, fin 1943[64] d'autres au creusement d'une tranchée le long de la route d'Hussigny à Audun-le-Tiche, au printemps et à l'été 1944.

D'autres travailleurs requis furent affectés dans les usines de production de matériels de guerre. Ainsi, certains furent envoyés à Rhinau, en Alsace. Les autorités allemandes y avaient réquisitionné une manufacture pour produire du matériel électro­mécanique destiné à l'aviation. Des Ukrainiens et des Russes blancs, âgés de quatorze à soixante ans, s'installèrent avec leurs familles dans des baraquements construits à cet effet. Leur condition de vie n'avait rien à envier à leurs compatriotes d'Errouville[65]. À Wittring, dans les houillères, des prisonniers de guerre italiens cohabitèrent avec des soviétiques et des Ostarbeiterinen ukrainiennes ; si les femmes eurent droit à un logement dans des bâtiments en briques rouges, sur les hauteurs, ou au couvent voisin de Neufgrange, les hommes furent internés sur une quinzaine de péniches amarrées le long de la Sarre, à Weidesheim, ou sous des tentes[66]. À Florange, trois cents prisonniers étaient détenus au camp de Bétange[67]. Dans le gros ouvrage de Métrich, un fort de la ligne Maginot, des Ukrainiennes furent employées à une chaine de montage de torpilles ; le 11 novembre 1944, 78 d'entre-elles furent tuées par des tirs américains qui visaient un hypothétique casernement de la Wehrmacht[68]. Des femmes et des jeunes filles Russes furent employées dans les usines de Hagondange[69]. Deux autres occupèrent des postes de femmes de ménage dans les bureaux de Terres Rouges à Audun-Le-Tiche[70].

ÉLÉMENTS DE CONVERGENCE, ÉLÉMENTS DE DISTINCTION : L'EXEMPLE DU BASSIN FERRIFÈRE

En général, les travailleurs soviétiques, qu'ils fus­sent Kriegsgefangener, Hilftarbeiter ou Ostarbeiter, ne se distinguaient guère aux yeux du Lorrain ou de l'Alsacien. Pour eux, ils étaient venus de l'Est par wagons à bestiaux. Les Allemands les obligeaient à travailler et les nourrissaient de la même façon. Il n'y avait guère que le logement qui changeait ; et encore, pour ceux qui avaient la chance de se retrouver dans des casernements de la ligne Maginot, ou de loger dans une maison vidée par l'exode[71], la grande majorité vivait dans les mêmes conditions sanitaires déplorables. Pourtant, les Allemands entretenaient, d'un point de vue salarial, une distinction terminologique au sein de cette « main-d'œuvre forcée ». Ces convergences et ces divergences sont plus saisissables dans leurs nuances au sein du bassin ferrifère de Lorraine, tant dans les mines d'Audun-le-Tiche, d'Aumetz, d'Hayange, de Saint-Pierremont ou de Joudreville, qu'au camp d'Errouville.

Une convergence du point de vue des conditions de vie et de travail

Une fois affectés dans une mine à l'extraction de minerai, les Russes étaient à la charge des entreprises exploitantes. Le Generalbeauftragte für die Eisenerz­ gewinnung und verteilungfür Gebiete Luxemburg und Lothringen confiait leur surveillance et l'organisation de leur vie aux différents sièges. Dans le Westmark, il agissait par l'intermédiaire du Lothringishes Minettreviers z. Zt. Erzforderung, gérant l'ensemble des mines de fer mosellanes. En Meurthe-et-Moselle, les autorités occupantes passaient par le Comité d'orga­nisation des industries du fer de la Chambre syndicale des mines de fer de France[72]. Quand il s'agissait de sociétés importantes, comme l'ancienne Société minière des Terres Rouges à Audun-le-Tiche, l'encadrement des Ukrainiens et des Russes se faisait par les gardes de l'entreprise, parfois embauchés pour l'occasion, formant le Werkschutz[73].

Ailleurs, sur l'ensemble du plateau lorrain et dans les mines De Wendel, dont les dirigeants étaient notoirement hostiles au Reich, l'administration allemande imposait la constitution d'un Werkschutz, composé d'une dizaine de mineurs. Quatre à six hommes suffisaient à encadrer un convoi de cent prisonniers. L'un d'eux faisait fonction de Hilfspolizei, armé d'un fusil. Un petit détachement de la Reichswehr était également affecté à la garde des camps. À Orne et Moyeuvre, en septembre 1942, il n'y avait qu'un sous-officier et quatre hommes[74]. Les conditions de vie des prisonniers russes dans les mines étaient déplorables. Pourtant, à l'arrivée des premiers convois, les autorités françaises de Meurthe­-et-Moselle, dépendant théoriquement de Vichy, avaient cherché à contrôler les conditions de leur séjour. Une commission de la Chambre syndicale des Mines de fer de France était même venue se rendre compte, à la fin septembre 1942, de l'état des travaux d'aménagement des camps et avait pu constater de l'état des premiers Russes arrivés en Lorraine[75]. De même, la Croix-Rouge suivit le sort de ces hommes. Mais, comme les Soviétiques n'avaient pas signé la convention de Genève[76], les Allemands et leurs émules locaux n'en avaient que faire. À Aumetz, un officier allemand libéra un prisonnier et lança à sa poursuite trois de ses soldats, ivres. Ils l'abattirent dans la rue prétextant une tentative d'évasion[77]. À Joudreville, un autre fut lardé de coups de baïonnette pour avoir ri dans les rangs. À Knutange, le 10 septembre 1944, Gregor Sadwirni décéda d'un coup de feu au ventre[78]. Les traînards furent aussi victimes de coups par leurs gardiens. Le fait est signalé tant pour les troupes allemandes[79] que pour les gardes des anciennes minières[80].

La situation sanitaire de ces hommes se détériorait rapidement[82] malgré certaines précautions prises lors de la construction des camps du bassin ferrifère lorrain[83]. D'abord, les conditions de transport, la promiscuité n'arrangeaient pas les choses. Il n'était pas rare que l'état de santé de certains exigeât leur renvoi, à leur arrivée, dans leur stalag d'origine ; à compter de 1943, ils furent expédiés à celui de Boulay. Le premier convoi arrivé au camp de Orne-Moyeuvre comptait deux morts et vingt inaptes[84]. Même chose à la mine de Saint-Pierremont, où chacun des quatre convois vit une part, sans cesse plus importante, de ces prisonniers déclarés inaptes[85]. Il est vrai que les revers des troupes allemandes sur le front de l'Est à compter de l'automne 1942 empêchaient un renouvellement de la « main­ d'œuvre forcée ». À Ottange, quelque cinq cents prisonniers soviétiques arrivèrent, en vingt et un convois inégaux, entre le 7 janvier 1943 et le 22 août 1944. Le 6 juillet 1944, quarante-trois prisonniers affectés à Ottange II furent transférés à Ottange III. Toutefois, les sorties commençaient au 1er décembre 1942, laissant entendre qu'un premier contingent, estimé à soixante et un prisonniers, était arrivé quelques temps auparavant. Sur cet effectif, 2,3% s'évadèrent, 11,8% furent transportés à l'hôpital d'Ottange ou retournés (0,4 %) sur le stalag du Ban Saint-Jean et 0,4 % décédèrent[86]. Par ailleurs, les épidémies étaient courantes et les défenses immunitaires sérieusement entamées par les privations. Les Ostarbeiter, placés à Errouville, furent décimés par le typhus dès leur arrivée, vingt-quatre morts entre mars et août 1944. Les dépouilles furent enterrées au cimetière de Serrouville[87]. Les Kriegs­gefangener étaient acheminés directement du front, dépourvus de tout effet personnel de rechange. Les uniformes devinrent rapidement des guenilles. Parfois, comme à Creutzwald ou à Sarreguemines, ils étaient remplacés par de vieux effets militaires allemands. Enfin, « ces esclaves [étaient] mal nourris : une soupe et quatre cents grammes de pain en tout et pour tout ». Et encore, les pommes de terre étaient rares et les choux souvent pourris. En Meurthe-et-Moselle, le service des Mines français fournissait des victuailles supplémentaires, mais les Allemands les vendaient au marché noir[88]. Leur faim restait intarissable[89].

Ces conditions générales de vie rendaient cette « main-d'œuvre forcée » incapable de supporter les cadences de travail imposées. D'autant qu'aucun des prisonniers n'était mineur de profession. La liste des cent vingt Soviétiques arrivés à Saint-Pierremont, en février 1943, est édifiante[90] : les ouvriers agricoles représentaient 72% du contingent, tandis que ceux de l'industrie n'arrivaient qu'à la troisième place (6%), derrière les artisans (11%). Même chose pour les déportés d'Europe centrale, envoyés du Struthof à Thil le 3 juillet 1944[91]. Les huit Russes étaient, à l'excep­tion du plus âgé qui était cordonnier, des ouvriers[92].

Cette inexpérience des prisonniers employés à l'abattage dans les mines de fer de Lorraine est à relativiser au regard du nombre de tués. En effet, on ne déplora, semble-t-il, aucun mort parmi les Russes blancs et les Ukrainiens présents à Audun-le-Tiche depuis décembre 1942. Mais, il n'en fut pas de même partout. La mort de quatre prisonniers fut attestée à Aumetz dont trois victimes d'accidents du travail[93]. Même chose à Knutange, avec trois décès enregistrés[94] et seulement un accident[95]. Les rapports d'exploitation des mines d'Hayange, pour la période 1940-1944, établissent, du 1er janvier 1943 au 31 août 1944, le décès de quatre­ vingt-cinq Soviétiques, dont seulement dix-sept clairement recensés comme accidents de travail[96]. À Joudreville, des morts sont signalées, mais elles sont le fait des mauvais traitements[97]. Les motifs des soixante­ cinq décès du camp Sainte-Berthe, à Hayange, sont inexpliqués[98]. Étrangement, on ne dispose d'aucune indication pour la mine de Saint-Pierremont[99]. Et que dire des chiffres avancés dans les houillères, à Creutzwald, trois cents prisonniers et soixante-dix­ neuf morts, à Valleroy, deux cent cinquante captifs et cinquante-deux décédés. Sans parler de Wittring[100].

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (01-2014) Gérard Ardoit - Graphique.jpg
Annexe. Rendements moyens à l'abattage[101] par homme et par jour, en tonnes.
Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (01-2014) Gérard Ardoit - Graphique2.jpg
Annexe. Production totale des mines de Moselle et de Meurthe-et-Moselle et production de la mine Montrouge/Saint-Michel d'Audun-le-Tiche[102] en millions de tonnes.

L'inexpérience de cette « main d'œuvre » et ses mauvaises conditions de vie sont responsables des mauvais rendements de l'abattage. Les prisonniers servaient de chargeurs aux mineurs professionnels libres. Ces derniers freinaient leur travail en raison de l'inertie des premiers[103]. En Meurthe-et-Moselle, où le syndicalisme était plus implanté dans les mines qu'en Moselle, les professionnels voyaient aussi avec méfiance l'arrivée de cette main-d'œuvre complémentaire[104]. Les Allemands et les chefs d'exploitation essayèrent d'encourager, par des suppléments de nourriture, les Russes à produire plus[105]. Mais, les rendements par homme ne s'envolèrent pas. En fin de période, et malgré l'utilisation d'une « main-d'œuvre forcée », les rendements d'abattage étaient même inférieurs à ceux de 1913. La production des mines de fer de Lorraine s'en ressentit. Les objectifs imposés par l'occupant, malgré l'abondant personnel prisonnier, ne retrouva pas son niveau d'avant 1940.

Une distinction du point de vue salarial

Soumis aux mêmes conditions de travail, les Soviétiques employés dans les mines de fer de Lorraine n'étaient pas unis dans leur sort. Ukrainiens, Russes blancs, prisonniers de guerre et militants du Parti communiste d'Union soviétique se divisaient par une haine de l'autre. Les deux premiers jouissaient de plus de libertés dans les camps, pouvant se rendre librement en ville le dimanche[106]. De plus, ils n'étaient pas gardés par les Allemands. Cette situation avait pour effet de les faire passer pour des traîtres aux yeux des seconds. Pseudo libres et non libres se distinguaient encore par leurs niveaux de salaires accordés. Classés dans la catégorie des Untermenschen, les Zwangsarbeiter constituaient une main-d'œuvre gratuite, où puisait naturellement l'organisation Todt. Prisonniers de guerre et Ostarbeiter recevaient, quant à eux, un salaire en Reichsmark, du moins en théorie. Les premiers recevaient leurs traitements en monnaie du camp, le Lagergeld, émis par l'OKW. Dans les mines du bassin ferrifère de Lorraine, ils étaient établis par les services allemands de l'Administration des mines de Metz et correspondaient généralement à 60% de ceux versés à un ouvrier libre.

Fichier:Empreinte militaire en Lorraine (01-2014) Gérard Ardoit - Un Lagergeld.jpg
Annexe 6. Un Lagergeld imprimé par l'Oberkommandos des Wehrmacht : valeur de dix Reichsmark, validité à l'intérieur du camp[107].

Le rapport Régnier présente une feuille de salaire, pour le camp d'Orne et Moyeuvre, pour septembre 1942[108]:

Journées Salaire par journées Salaire brut du mois Cantine Dortoir Cantine et dortoir
25 3,55 88,75 36 6 42

Les travailleurs auxiliaires de l'organisation Todt, catégorie intermédiaire plus tout à fait libre et pas encore totalement esclave, avaient un statut salarial inférieur aux prisonniers de guerre. Ainsi, étaient payés ceux d'Errouville[109] en avril 1944 :

Heures Salaire horaire Montant Total Nourriture Avance spéciales Total Solde Impôt Est
268 0,33 88,61 73,50 45 15 60 13,50 13,50

Il apparaît, en comparant les deux relevés, que les prisonniers travaillaient en moyenne dix heures par jour, vingt-cinq jours par mois. Pour un salaire horaire apparemment similaire, un prisonnier ne touchait qu'un tiers de ce que percevait un travailleur requis. Mais le Hilfsarbeiter était soumis à une double imposition. D'abord, une avance spéciale était retenue proportionnellement au nombre d'heures travaillées. Ensuite, leur revenu était confisqué par l'impôt touchant les citoyens d'un pays vaincu[110]. Le salaire pouvait également varier selon le sexe ou les saisons. À Sarreguemines, employés pour partie à la faïencerie, à l'usine Haffner et à la commune, les quelques cinq cent travailleurs requis voyaient les femmes payées moitié moins que les hommés, 18 Reichsmark contre 36 Reichsmark. Au camp du Ban Saint-Jean, l'été offrait une rémunération de 40 Reichsmark, qui était rapportée à 28 Reichsmark l'hiver[111].

DES PRISONNIERS RUSSES DANS LEUR ENVIRONNEMENT LOCAL

Le phénomène concentrationnaire est toujours difficile à saisir dans son environnement local. Dans quelle mesure les habitants étaient-ils au courant de la présence de ces prisonniers dans leur cité ? Que savaient-ils de leurs conditions de vie ? Le cas des Russes semble toutefois plus aisé à saisir. D'abord car ils étaient affectés directement à l'activité minière ou métallurgique, donc en ville. Alsaciens et Lorrains étaient leurs compagnons de travail. Certains devinrent bientôt leurs frères de combat. Mais l'utilité militaire des prisonniers soviétiques était limitée. Ensuite, car ils ne furent pas tous évacués par les Allemands dans leur retraite.

Leurs rapports avec la population

L'arrivée d'une main-d'œuvre, fut-elle forcée, étrangère au métier a été perçue comme une tentative de chamboulement de l'ordre social établi. Ce sentiment était d'autant plus exacerbé dans les zones de syndicalisation précoce. Ainsi, il ne fut pas étonnant de retrouver des comportements de méfiance envers ces nouveaux venus au sein de la classe ouvrière de la Meurthe-et-Moselle industrielle. La commission de la Chambre syndicale des mines de fer de France le notait en septembre 1942 : « Il est nécessaire de convaincre nos ouvriers qu'ils ne sont pas lésés par l'introduction de cette main-d'œuvre. Les chefs d'exploitations mosellans y sont arrivés »[112]. Le même comportement fut noté par le commissaire spécial des Renseignements généraux, à Longwy, le 28 avril 1944. Il informait son supérieur à Vichy de l'arrivée d'Ostarbeiter à Thil et Villerupt : « Les milieux ouvriers [s'attendaient] à des changements importants (...). Les mineurs [envisageaient] sans enthousiasme leur affectation possible dans un chantier éloigné de plusieurs kilomètres du lieu de leur résidence ». Par ailleurs, les autorités françaises ne perdaient pas « de vue que la mentalité et les coutumes de cette minorité [restaient] complètement inconnues ». Aussi, elles pensaient utile d'ajouter à la surveillance de l'occupant celle de la police française, « en ce qui [concernait] tout au moins l'intérêt de la population »[113].

Bien que les autorités allemandes aient strictement interdit les contacts entre civils et prisonniers[115], l'installation de camps dans les villes favorisait inévitablement toutes sortes de relations. Comme à Sarreguemines en 1943, les fêtes patronales étaient l'occasion de mélange entre populations locales et de l'Est[116]. Elles étaient permises par la sollicitude de certains. Ainsi, à Ottange, malgré la pénurie de tabac, il n'était pas rare de voir des mégots bien alignés sur les trottoirs, sur le passage des prisonniers[117]. Elles étaient recherchées par les Russes. Ainsi, arrivait-il de voir des Ukrainiennes du camp de Rhinau se rendre chez le coiffeur de Benfeld[118]. Mais la recherche de nourriture motivait plutôt ces rapports. Les Ostarbeiter d'Audun-le-Tiche, en semi-liberté[119] comme les Kriegs­gefangene de Mancieulles, d'Aumetz[120] ou les Hilfsarbeiter du camp d'Errouville, soumis à un régime très sévère de la part des Allemands, allaient mendier[121] ou plutôt troquer des victuailles. En effet, il n'était pas rare de trouver à Audun-le-Tiche ou dans les fermes de Crusnes, d'Errouville et de Fillières ces étranges petits jouets mécaniques, taillés dans du bois de récupération et coloriés, figurant des oiseaux picorant ou des serpents, ou des paniers de paille tressée en forme de cœur. Au sein des usines et des mines, les mêmes interdictions prévalaient. Mais les ouvriers et mineurs ne pouvaient rester insensibles au sort de ceux qui étaient devenus, par la force des événements, leurs « collègues » de travail. Pour les réconforter, certains n'hésitaient pas à glisser dans leurs musettes quelques pommes de terre cuites[122]. D'autres profitaient de la distribution des lampes pour leur passer furtivement des petits pains, obtenus d'un boulanger compréhensif, de l'ersatz de chocolat et quelques cigarettes[123]. D'autres encore, amenés à travailler à proximité de prisonniers, agissaient de même. Ainsi, cet électricien de Boulay, chargé de l'entretien du réseau électrique du camp du Ban Saint-Jean qui, avec son épouse, collectait des vivres auprès des commerçants du lieu pour les redistribuer aux Russes.

Jusqu'en septembre 1943, la résistance mosellane lui fournissait également des paquets confectionnés à Metz contenant sucre, vitamines, tabacs, et cigarettes[124]. Plus généralement, « la mauvaise impression du début, produite par les différences de langues, de mœurs, de conditions sociales, [s'étaient] considérablement atténuée. S'il [était] vrai que l'indigène serait soulagé de voir s'éloigner cette masse d'étrangers, il n'y [attachait] plus la même importance que précédemment (...). Il [s'était] habitué à ce nouveau genre d'occupation et s'y [résignait] raisonnablement »[125]. Bien entendu, les risques étaient énormes de part et d'autre. Les prisonniers étaient passibles des pires sévices s'ils étaient pris ; certains furent même jugés pour vol[126]. Quant aux Français, ils devaient se garder des dénonciations ; leurs secours pouvaient leur valoir la déportation. Ainsi, ce surveillant qui laissait les prisonniers chaparder dans les wagons qu'ils déchargeaient ou ces deux ouvriers qui passaient des vêtements aux prisonnières de Hagondange. En tout, entre l'été 1942 et l'automne 1944, 14 mosellans furent arrêtés pour avoir aidé des Soviétiques.

De l'évasion à la résistance

Les évasions étaient également dangereuses. Le 8 septembre 1941, le responsable des prisonniers de guerre à l'0KW, le général Reinecke, avait ordonné de tirer à vue sur tout fugitif[127]. Elles restèrent un phénomène rare, impossible à chiffrer. Seules des données précises existent pour le camp de Saint-Pierremont. Pendant les dix-neuf mois qu'il exista, on ne recensa que treize évasions[128]. Les autres camps n'ayant pas été étudiés, il faut s'en remettre à des indications partielles. Des évasions furent signalées à Audun-Le-Tiche[129], à Errouville[130], à Giraumont[131] et à Boulay. Un jeune Ukrainien échappa aux allemands en gare du triage du Sablon, à Metz, caché dans une guérite de serre-frein ; découvert par un mosellan employé des chemins de fer, il fut mis en sécurité par la résistance[132].

Les conditions de vie imposées aux Kriegsgefangene avaient rapidement eu raison du devoir primordial de tout soldat tombé aux mains de l'ennemi : s'échapper par n'importe quel moyen. De fait, seuls les moins préparés au dur travail d'esclave cherchaient à se sauver, un ingénieur, un technicien ou des médecins... La grande masse des prisonniers étant d'origine rurale, il ne fut pas étonnant de les retrouver au nombre des fugitifs. Bien que peu nombreuses, les évasions présentaient au moins quatre caractéristiques similaires : la première concernait la chronologie entre l'arrivée des prisonniers en Lorraine et leur fuite. Les évasions recensées à Saint-Pierremont se produisirent dans les cinq mois suivant l'affectation des deux premiers convois ; même chose à Audun-le-Tiche, où elle intervint quelque temps après la construction des premières baraques. La seconde similitude se situait quant à la saison choisie. En été, les conditions de survie étaient le mieux réunies. Ce fut le cas en 1943 à Saint-Pierremont et à Boulay, et, l'année suivante à Audun­-le-Tiche. L'hiver, les mouvements étaient plus délicats, la boue et la neige offrant aux gardes de belles traces. Le froid empêchait de longs parcours et nécessitait de trouver refuge dans des abris construits. Les fermes isolées étaient très prisées ; elles étaient aussi surveillées par la troupe et par ses supplétifs. Ainsi, au cours de l'hiver 1942, le zellenleiter de Marsal découvrit deux prisonniers russes évadés dans une grange[133]. Les fugitifs cherchèrent refuge dans les zones forestières de la région. Il était plus facile, pour un individu vêtu de guenilles et ne parlant ni l'allemand, ni le français, de se camoufler de ses poursuivants, des yeux indiscrets et de ses ennemis supposés, Ukrainiens et Polonais[134]. Ceux des camps situés au sud du bassin ferrifère prenaient la direction du sud, vers la Meuse. Le point de ralliement des fugitifs d'Errouville était la forêt des Rimonts. De Boulay, les Russes tentant leur chance gagnaient les forêts d'Eincheville et de Guessling à proximité ; d'autres arrivèrent jusque dans les bois d'Olley, près de Conflans[135]. Les évadés d'Audun-le­-Tiche s'enfoncèrent dans le bois d'Ottange.

Aucune de ces évasions n'aurait pu réussir sans la complicité des Lorrains. Les institutions religieuses, comme le pensionnat de jeunes filles de Fillières, les abritaient volontiers. La plupart des Russes qui gagnèrent la Meuse y attendirent la fin de la guerre. La résistance se débrouilla parfois pour leur obtenir des faux papiers. Ils se virent offrir du travail dans des exploitations agricoles, souvent nuitamment[136]. D'autres se constituèrent en bandes, rançonnant les villages environnants[137]. D'autres encore décidèrent de poursuivre le combat dans les groupes de résistance locaux. Un groupe de trente-sept partisans soviétiques se constitua au sein du maquis « Stalingrad », attaché aux FTP sous le n°936, code « Ivan ». Constitué début 1944, il comptait trente-sept prisonniers évadés, commandés par le lieutenant Georges Ponomarev[138]. D'autres maquis se constituèrent dans la forêt meusienne, comme celui d'Alexandre Simeon Petrovitch, connu sous le nom de « Tchapaiev ». On trouve aussi des Russes autour du juge Cosson, à la ferme de la Warière, début 1944, dans les maquis de Grémilly, de la tranchée Calonne et de Lacroix-sur-Meuse. Les derniers mois de l'occupation furent encore marqués par l'arrivée d'éléments ukrainiens, déserteurs de l'armée Vlassov avec armes et bagages. Mais, les Russes combattant pour la libération de Saint-Mihiel refusèrent d'être mélangés avec ces « traîtres »[139]. Profondément divisées, les différentes composantes de ces maquis eurent finalement une utilité militaire limitée, à l'image des mouvements de résistance dont elles dépendaient[140].

Plus généralement, la présence de prison­niers soviétiques en Alsace et en Lorraine ne présenta pas un objectif militaire en soi. Les reconnaissances de la résistance devant aboutir au bombardement du complexe usinier de Hagondange-Woippy ne mention­naient aucunement la présence des camps environnants, ou celle de travailleurs forcés[141]. De même, les journaux de marche de la IIIrd US Army, XXth US Corps ne font pas plus mention de leur existence. Il est vrai que, depuis la fin du mois d'août, les Allemands avaient pris soin d'évacuer leurs prisonniers vers l'Allemagne[142], mais les installations n'avaient pas été détruites. Ainsi, à Thil, les baraquements et de nombreux matériels furent laissés sur place. L'armée américaine en eut connaissance et dépêcha une unité de la mission de renseignement ALSOS, chargée de mettre à jour les avancées de la science allemande, fin septembre 1944 et en janvier suivant[143]. Mais il n'est nulle trace de cette découverte dans les journaux de marche des 43rd et 90th Cavalry Reconnaissance Squadrons qui patrouillèrent dans la zone lors de l'avancée américaine et qui découvrirent le camp[144]. Même silence des autorités du 43rd Squadron à Ottange, alors que s'y trouvaient encore les prisonniers, et même visite d'ALSOS[145]. De même, la libération des déportés de l'Est du camp de Nilvange, le 10 septembre 1944, par le 3rd Battalion, et la découverte de trois déportées polonaises à Thionville, par le major Falvey, du 358th Infantry Regiment, ne sont pas mentionnées[146]. L'historique de la campagne de Lorraine, édité en 1950 par la division historique de l'US Army, ne fait pas non plus état de la découverte des camps de Creutzwald, le 8 décembre 1944, par la 70th lnfantry Division, de la 7th US Army, ou de Sarreguemines, six jours plus tard, par la 35th Infantry Division[147]. D'ailleurs, c'est à peine si l'historique américain aborde les problèmes civils de la libération, mentionnant seulement le nombre important de réfugiés, parmi lesquels se trouvaient de nombreux « Russes, Polonais, Yougoslaves, qui avaient servi d'esclaves dans les mines et les usines aux Allemands[148]».

Leur rapatriement en Union soviétique

Pourtant, ce flot de civils sur les routes lorraines, théoriquement interdites à tout trafic non militaire, ne fut pas sans entraver le déroulement des opérations. Les Civil Affairs Offices, attachés aux différentes divisions américaines, et la Military Police, durent opérer un tri parmi les quelques 33 000 réfugiés refluant vers les lignes américaines jusqu'au début de novembre 1944. Il fallait éviter que des espions allemands ne s'infiltrassent. Des ordres semblent avoir été donnés quant au regroupement des ressortissants des pays « libérés » par l'armée Rouge. À cet effet, une mission de rapatriement soviétique, commandée par le colonel Liskvevsky, était arrivée en France. Installée à Paris, elle dépendait de l'ambassadeur Bogomolov. En 1947, elle était commandée par le colonel Filatov[150]. Des officiers, comme le capitaine L. Lelikov, avaient été détachés auprès de l'US Army. Mais les Américains restèrent discrets quant à leur travail et leurs méthodes[151].

Dans le Pays-Haut, les Russes furent d'abord regroupés par les FFI dans une caserne de Saint-Mihiel, avant d'être remis à la garde de l'armée américaine[153]. Il semble que des centres de regroupement furent également installés à Nancy, Hayange et Sarrebourg. Après la libération du département de la Moselle, en janvier 1945,les réfugiés russes furent transférés dans quatre camps gérés par la Croix-Rouge. Un d'eux, à Bourbonne-les-Bains, accueillit les ressortissants soviétiques des départements de la Marne, la Haute­ Marne, l'Aube, d'une partie de la Meuse et des Vosges[154].

Un autre avait été ouvert à Sarrebourg, dans la caserne Rabier, mise à disposition par les autorités militaires françaises. En août 1947, il était commandé par le lieutenant Kononenko, assisté, pour le ravitaillement, du sous-lieutenant Liptchansky et, pour l'encadrement, du commissaire-politique Climenko. Les anciens prisonniers étaient installés dans les chambrées, disposant de douches, lavabos, lavoirs et sanitaires à tous les étages. Ils étaient nourris sainement et abondamment. Les enfants en bas âge, les nourrissons et les jeunes mamans recevaient du lait condensé. À partir de la fin de l'année 1946, Sarrebourg devint l'ultime séjour des Russes en partance pour l'Union soviétique. Les prisonniers commençaient aussi à laisser la place à des immigrés, russes ou des provinces polonaises annexées, résidant depuis plusieurs années en France, ayant parfois obtenus la nationalité française. Leur arrivée dans ce camp signifiait un prompt rapatriement, le temps de composer la rame et de déclamer quelque propagande pour les autorités, de rassembler leurs bagages pour ceux appelés maintenant « personnes déplacées »[155]. Ce vocable englobait encore les ressortissants des pays qui, « depuis Stettin jusqu'à Trieste  », étaient passés dans l'orbite de Moscou. Au plus fort de la Guerre froide qui commençait, la France livrait des immigrés polonais et yougoslaves[156].

« Leur départ [était] la conséquence d'une intense propagande qui [avait] été faite durant les derniers mois par des représentants [des gouvernements] (...) aidés par les Associations de patriotes (...). De gros avantages [avaient] été promis aux rapatriés. Les difficultés (...) d'existence en France, principalement dans le bassin industriel (logements insalubres, ravitaillement insuffisant pour le travail à effectuer, salaires modiques, etc...) ont également influé sur la décision des partants[157]». La 2ème division, 2ème bureau, de la préfecture de Moselle, le bureau des étrangers, coordonnait l'opération, les maires organisant les départs. Ils devaient veiller à ce que les partants fussent en règle avec le Trésor public et la Justice française, et s'assurer qu'aucun n'était devenu français[158]. Pour ces immigrés retournant vers leur lieu de naissance, les convois se formaient à Paris. Au départ, ils remettaient leur pièce d'identité française, leurs cartes d'alimentation et de textiles aux maires qui les retournaient en préfecture. À Sarrebourg, les ressortissants soviétiques se voyaient retirer leurs papiers français directement dans la cour du quartier Rabier par des gendarmes français[159].

Le voyage durait une semaine. Puis, c'était la plongée dans une vie qui s'était arrêtée lors de leur départ vers l'Ouest, dans un autre temps. Le journaliste du Lorrain ayant visité le camp de Sarrebourg s'interrogeait au moment de conclure son article : « Une grande question se pose, celle de la réadaptation de toutes ces familles brusquement transplantées en Russie soviétique (...). Nous nous sommes fait dire que les rapatriés volontaires pouvaient, avant leur départ, non seulement demander à être embauchés dans le métier dans lequel ils désiraient travailler, mais encore choisir leur lieu de résidence. Le voyage est gratuit, le logement assuré : on promet aux rapatriés des avances suffisantes pour la reconstruction d'un toit, pour l'achat de terres, de cheptel et pour l'aménagement intérieur (...). Il s'agirait seulement de savoir, par la suite, si beaucoup de ces rapatriés ne regretteront pas tôt ou tard leur décision, en se souvenant de l'hospitalité agréable qu'ils ont reçue en France ».

L'histoire des déportés, prisonniers et travailleurs allemands requis soviétiques en Alsace-Moselle et en Lorraine reste un chapitre peu connu de la Seconde Guerre mondiale. Les monographies locales font peu cas de ces esclaves. L'absence de sources, surtout en Moselle, pouvait l'expliquer. Le désintérêt pour l'histoire minière et sidérurgique contemporaine de la part des historiens en était aussi une raison. Il ne restait plus, aux historiens locaux, que des témoignages de leur présence, souvent obscurcis par la mémoire. Les départs « volontaires » des immigrés russes, polonais et yougoslaves restent ignorés. Aucune donnée chiffrée d'ensemble n'est parue à ce jour[160]. À cela s'ajoutait le mutisme des autorités soviétiques à donner des renseignements sur ces retours en Lorraine. Les persécutions sous Staline justifient peut-être cette attitude. L'ère de changement, inaugurée par Gorbatchev, a permis l'ouverture d'archives[161], mais il fallut attendre la disparition de l'empire soviétique pour qu'un renouveau historiographique ait lieu[162]. Cet aspect de l'histoire sociale lorraine est à écrire.

La disparition de l'empire soviétique n'a pas permis de changement d'attitude des autorités russes vis-à-vis de ces prisonniers[163]. Cet aspect de l'histoire sociale lorraine est encore à écrire. Des axes de recherches ont été amorcés. L'Alsace et la Lorraine ont toujours accueilli des prisonniers de guerre. Depuis les guerres napoléoniennes, des dépôts se succèdent dans ces régions, parfois aux mêmes endroits. L'utilisation des soldats vaincus dans l'histoire lorraine est une chose commune depuis la Première Guerre mondiale[164]. « L'augmentation révolutionnaire de la mobilité des armées, qui constitue une des nouveautés essentielles de la Seconde guerre mondiale, eut pour conséquence une explosion du nombre de soldats faits prisonniers. Parmi eux, à l'âge de la guerre totale, les militaires de carrière constituaient une petite minorité par rapport aux mobilisés, issus de toutes les couches sociales. Leur absence affectait donc l'ensemble des sociétés en guerre. Par la durée de la captivité, leur expérience s'étale du début des hostilités jusqu'aux dernières libérations intervenues plusieurs années après la guerre ».

Seulement, la question des prisonniers de guerre soviétiques s'inscrit dans le cadre plus large de la politique raciale nazie, notamment dans les mouve­ments de populations originaires de l'Est du continent, et également dans celui du monde ouvrier de l'Ouest. Si le problème semble bien perçu en ce qui concerne l'industrie lorraine, qu'en est-il de celui de l'agriculture ? Et en Alsace ? Même si leur intérêt militaire ne semble qu'anecdotique, il ne peut être dissocié de l'étude, plus générale, des mouvements de résistance de ces deux régions annexées à l'Allemagne. C'est donc une histoire culturelle des prisonniers de guerre qu'il faut encore entreprendre.

Si l'on en croit Pieter Lagrou, dans son compte rendu du colloque de Comité international d'histoire de la Seconde Guerre mondiale de juin 2002, sur le retour des prisonniers de guerre, « l'histoire de la captivité en elle-même a fait l'objet de nombreuses études depuis de longues années ». On ne compte pourtant que quelques monographies locales[166]. Si l'on s'en reporte à la bibliographie de Christian Ingrao, même si elle ne vise pas l'exhaustivité[167] on ne trouve qu'un ouvrage sur la question ; et encore concerne-t-il la Première Guerre mondiale[168]. En 2003 a été publié un ouvrage collectif englobant la question dans une perspective longue[169].

NOTES

  1. Stephen Kotkin, « World War Two and Labor : A Lost Cause ? », International Labor and Working-Class History, 2000, n°58, pp.181-191.
  2. L'Alsace et la Moselle étaient annexées à deux Gaue du Reich dès août 1940, tandis que la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et les Vosges étaient dans une zone réservée. Le bassin ferrifère de Longwy, administrativement en France, était soumis pour les affaires minières et sidérurgiques au Generalbeauftragte für die Eisenerzgewinnung und verteilung für Gebiete Luxemburg und Lothringen de Hayange.
  3. Christian Hartmann, « Massensterben oder massenvemichtung? Sowjetische kriegsgefangene im "Unternehmen Barbarossa": Aus dem tage­ buch eines deutschen lagerkommandanten », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, 2001, vol.49, n°1, pp.97-158, à partir d'extraits du journal du Major Johannes Gutschmidt pour les années 1941-1942.
  4. Joseph Billig, « Le rôle des prisonniers de guerre dans l'économie du Reich», Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, n°37, janvier 1960, pp.65-66. Voir aussi Rolf Keller, Reinhard Otto, « Das massensterben der sowjetischen kriegsgefangenen und die wehrmachtburokratie: unterlagen zur registrierung der sowjetischen kriegsgefangenen 1941-1945 in deutschen und russischen institutionen », Militargeschichtliche Mitteilungen, 1998, vol.57, n°1, pp.149-180 et Sergei Aleksandrovich Il'enkov, Viktor Vasil'evich Mukhin, Pavel Markovich Polian, « Trofeinye nemetskie kartoteki sovetskikh voennoplennykh kak istoricheskii istochnik » [Les fichiers allemands concernant les prisonniers de guerre soviétiques comme source historique], Novaia i Noveishaia Istoriia, 2000, n°2, pp.147-155.
  5. William Shirer, Le IIIe Reich, des origines à la chute, Paris, Stock, 1960, p.427, estime le nombre de prisonniers russes à 5 750 000. Joseph Billig, op. cit., p.55, rapporte ce chiffre à 5 103 000.
  6. Christian Streit, Keine Kamaraden : die Wehrmacht und die Sowjetischen Kriegsgefangenen, 1941-1945, (Bonn, J.H. W. Dietz Nachf, 1991, Ière éd. Stuttgart, 1978), « Oni nam ne tovarishchi », Voenno-Istoricheskii Zhurnal, 1992, n°1-10 et « Les prisonniers maudits de la guerre 1939-1945 », L'Histoire, n°59, septembre 1983, pp.10-19. Voir aussi John H. E. Fried, « The fate of soviet pows in world war II », Simon Wiesenthal Center Annual l988, n°5, pp.203-225, Uwe Bitzel, Die Konzeption des Blitzkrieges bei der deutschen Wehrmacht, Francfort/M., 1991 et Mikhail Egorovich Erin, « Sovetskie voennoplennye v germanii v gody vtoroi mirovoi voiny » [Les prisonniers de guerre soviétiques en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale], Voprosy Istorii, 1995, vol.11-12, pp.140-151.
  7. Le 25 novembre 2007. Publiée du 26 au 30 novembre, en cinq chapitres, son enquête établissait que les « prisonniers soviétiques [étaient] les oubliés de l'Histoire » et présentait « ces travailleurs de l'Est disparus sans laisser de trace », « des milliers de Soviétiques privés de sépultures, des « prisonniers de guerre : survivre jour après jour », enfin « le camp du Ban Saint-Jean : un terrain plein de questions ».
  8. 778 en Moselle, 578 dans le Bas-Rhin, 2 879 à Noyers Saint-Martin, soit 4 235, auxquels le journaliste ajoute les 426 de Forbach, rassemblés à la nécropole de Metz-Chambière, 120 figurant sur une stèle de Metz-Chambière et 68 du cimetière de Sarreguemines, soit 4 849. « Avec le crâne découvert au Ban Saint-Jean, cela fait 4850 »... Cette façon d'appréhender la question des prisonniers soviétiques, comme le montre du reste le reportage, ne permet pas de mettre en évidence autre chose qu'une inflation d'approximations fondées sur des témoignages et une recherche rapide. D'ailleurs Olivier Jarrige le dit clairement : « Malheureusement, les cotes en W avec leur nomenclature chiffrée et leurs dérogations à tiroirs ne sont pas taillées pour les journalistes pressés », Le Républicain lorrain, 28 novembre 2007.
  9. Nadège Mougel (dir.), Les centres d'internement et d'interrogatoires 1940-1945 en Moselle et Gau Westmark, Metz, ONAC, 2007.
  10. Claude Precheur, La Lorraine sidérurgique, doctorat Lettres, Paris, 1957 (Paris, SABRI, 1959), p.107.
  11. Source : National Archives and Record Administration (NARA), RG 111 SC. Ces prisonniers venant d'être libérés par les Américains étaient partielle­ment vêtus d'effets militaires allemands.
  12. Marcel Neigert, Internements et déportation en Moselle, 1940-1945, Metz, Centre de recherches en relations internationales de l'université, 1979.
  13. Christian Streit, « Les prisonniers maudits... », op.cit., pp.12-13. Voir aussi, sous réserve compte tenu de l'analyse idéologique, Norbert Muller et Margers Vestermanis, « Verbrechen der faschistischen Wehrmacht an sowjetischen kriegsgefangenen 1941-1945 », Militiirgeschichte [Allemagne de l'Est], 1977, vol.16, n°1, pp.15-27.
  14. Ibid., p.12, Joseph Billig, op.cit., p.67 et Karel C. Berkhoff, « The mass murder of soviet prisoners of war and the holocaust: how were they related? », Kritika: Explorations in Russian and Eurasian History, 2005, vol.6, n°4, pp.789-796.
  15. Pavel Polian (trad. Elaine MacKinnon), « First victims of the holocaust: Soviet-Jewish prisoners of war in German captivity », Kritika: Explorations in Russian and Eurasian History, 2005, vol.6, n°4, pp.763-787.
  16. A.D.M., J 7226, documents polycopiés relatifs au procès du Struthof. En trois ans et demi, quatre mille cinq cents Polonais y moururent.
  17. Vladimir Claude Fisera, « Document : Le témoignage du docteur Leo Fritz sur les crimes nazis commis dans le camp de concentration de Natzwiller-Struthof. Traduction, présentation et notes d'après l'édition yougoslave de Dragoljub Kocic », Revue d'Alsace, t.114, 1988, pp.231 - n°17 et 235 - n°28.
  18. Jean-Claude Richez, « Le camp du Struthof. L'horreur dans les Vosges », Saisons d'Alsace, n°121, « La guerre totale - 1943 », pp.58-63 (et Encyclopédie d'Alsace, vol.12, pp.7164-7165). Charles Bene, L'Alsace dans les griffes nazies. V. Organisations policières nazies. Prisons et camps de déportations en Alsace, Raon l'Étape, Fetzer SA, 1980, p.60.
  19. NARA, op.cit..
  20. Ibid, et entre autres, Henry Allainmat, Auschwitz en France, Paris, Presses de la Cité, 1974.
  21. Humanité d'Alsace, 1945 et Obernai, Strasbourg, Ed. Gyss, 1977.
  22. KL Natzweiler-Block W[esserling]-Baustelle U[rbès].
  23. Charles Bene, op.cit., pp.195-203.
  24. Eugène Gaspard, Les travaux du IIIe Reich entre Alzette et Fensch, Thionville, Gérard Klopp, 1992, pp.13-120. Gérard Arboit, « Un village dans la tourmente : le 10 septembre 1944 à Audun-le-Tiche », Le Pays-Haut, n°3-4, 1995, pp.49-50.
  25. Archives de l'Office départemental des Anciens combattants et Victimes de guerre (AODACVG, Nancy), doc. Arolsen, liste nominative des prisonniers adressée par Natzwiller à Thil du 29 juin 1944.
  26. La liste des matricules du camp contient 4336 entrées, mais, comme le note Marcel Neigert, op. cit., p.3, il n'est pas rare de trouver deux ou trois fois le même nom. Il y avait, en outre, quatre cent soixante-quatre internés mosellans.
  27. Marcel Neigert, op.cit., p.62. Voir Léon Burger, Le groupe « Mario ». Une page de la résistance lorraine, Metz, Imp. Louis Hellenbrand, 1985, p.110.
  28. Pierre Denis, La libération de Metz, Metz, Ed. Serpenoise, 1994, p.28-34.
  29. Léon Burger, Tragédie mosellane : le fort de Queuleu, Metz, Imp. Louis Hellenbrand, 1973, p.83.
  30. NARA, op.cit.. Ces trois hommes sont vêtus de tenues allemandes.
  31. Pascal Brenneur, « Les nécropoles soviétiques en Lorraine », Le Pays Lorrain, n°l, 1989, p.48 et Le Républicain Lorrain des 17 et 24 décembre 1983.
  32. Ibid., p.49. Une enquête de gendarmerie, en 1945-1946, estima que 700 à 800 Russes décédèrent dans ce camp.
  33. Un d'eux fut jugé par le tribunal militaire de Metz, fin mai 1947, aux travaux forcés à perpétuité pour avoir assommé à coups de crosse, puis exécuté d'une balle un prisonnier russe [Le Lorrain du 25 mai 1947].
  34. Léon Burger, Le groupe « Mario »..., op.cit., p.73. L'auteur des reproductions était un photographe de Hagondange, Philippe Moser.
  35. Témoignage de Henri Schoenhentz à l'auteur du 25 juin 1996.
  36. A. Hohnadel, R. Varoqui, Tourisme militaire dans le plus gros ouvrage de la Ligne Maginot : le fort du Hackenberg, Veckring, Amifort, 1990, p.27.
  37. Gérard Henigfeld, « Les camps de Boulay et du Ban-Saint-Jean », Les Cahiers des Pays de la Nied, n°18, décembre 1992, pp.30-42, Paul Bajetti, « Les camps de la faim : Ban-Saint-Jean et Boulay », Les Cahiers des Pays de la Nied, n°29, juin 1998, pp.27-52 et Gabriel Becker, Le camp du Ban-Saint-Jean, chez l'auteur à Ottonville.
  38. Blessés et malades étaient soignés sur place, soit par un prisonnier nommé par les Allemands ou par le médecin de la Caisse de secours. Les plus graves, dont l'état rendait impossible un déplacement long, étaient dirigés vers l'hôpital de Creutzwald, voire dans des institutions civiles voisines, à Briey, à Stiring-Wendel...
  39. Pascal Brenneur, op.cit., p.51 et Le Républicain Lorrain des 9, 12, 17 et 20 février 1980, 23 janvier et 16 février 1987.
  40. L'étude de Pascal Brenneur, « Les prisonniers russes dans les mines de fer lorraines (1941-1944) », Mercy Magazine, n°73 (20 jan­vier 1987), 74 (3 février 1987), 75 (3 mars 1987), repris dans Les cahiers lorrains, n°1, 1989, pp.39-47, reste la plus complète menée jusqu'à présent. Malgré le titre, elle est consacrée aux prisonniers affectés à la mine de Saint-Pierremont, à Mancieulles (Meurthe-et-Moselle). Cette étude spécifique se fonde sur les archives privées de la SA des Mines de Saint-Pierremont
  41. 150 Russes travaillaient dans ces deux dernières mines, [témoignage de Lambert Ortolani, Serge Bonnet, L'Homme de fer, II (1930-1959), Nancy, Centre d'études sociologiques, 1977, p.196]. Jacques Dupâquier, qui échappait au Service du travail obligatoire en étant employé au roulage de la mine de Joudreville, signale la présence de 300 prisonniers soviétiques pour cette seule mine [« Un normalien dans les mines de fer », André Montagne, Edouard Tincelin, Jacques Astier et Jean-Arthur Varoquaux, Les mines de fer de Lorraine, Paris, UIMM, 1992, p.119].
  42. René Caboz, La bataille de Thionville 25 août-25 décembre 1944, Sarreguemines, Pierron, 1994, p.92.
  43. À compter de 1943 « Le camp de Suzange », Les Amis d'Adrien Printz, n°5, 1992, p.30, ce camp accueillit des prisonniers ukrainiens, Pierre Denis, op.cit., p.383.
  44. Marcel et Marie-Louise Kaercher-Régnery, Knutange, son histoire, Knutange, Imp. Klein, 1987, p.535.
  45. Jacques Vincent, « Souvenirs de guerre d'un français sous l'uniforme américain. Du débarquement (6 juin 1944) à sa démobilisa­tion (15 août 1945) », La Revue lorraine populaire, juillet 1991, p.249.
  46. Témoignage de Richard Cottlenga à l'auteur du 1er septembre 1998.
  47. 84 Russes, qualifiés abusivement d'Ostarbeiter, furent employés de décembre 1942 à septembre 1944 à la mine Saint-Michel. Arrivés par six convois, entre le 11 décembre 1942 et le 23 octobre 1943, ils furent évacués le 1er septembre 1944, 40 furent libérés le 17 octobre suivant ; 29 avaient été renvoyés, quatre n'avaient pas de date de sortie, vraisemblablement morts. Archives privées, cahier des entrées et sorties de personnel d'octobre 1940 à avril 1952. Voir aussi Gérald Arboit, Terres Rouges. Le fer et le feu à Audun-le-Tiche, Audun-le-Tiche, C.E. ARBED, 1997, pp.83-84, et Eugène Gaspard, Alain Simmer, Le canton du fer, Thionville, 1978, pp.210-213.
  48. 80 prisonniers, auxquels s'ajoutaient leurs familles, soit 150 personnes [« Aumetz. 50e Anniversaire de la Libération. 10 septembre 1944/1994 », pp.45 et 88].
  49. A.D.M-M, rapport de l'intendant de la Police nationale au Préfet du 24 février 1944.
  50. 67 prisonniers arrivèrent en janvier 1943. Ils furent suivis de 45 en juin, 120 autres (âgés de dix-neuf à quarante-huit ans) en octobre, 135 en janvier 1944 et 62 en avril. Le camp exista dix-neuf mois durant. Voir Pascal Brenneur, op.cit.
  51. Les 90 prisonniers étaient répartis entre les mines d'Anderny-Chevillon et de Sancy.
  52. 250 prisonniers, de dix-huit à quarante-trois ans, arrivèrent le 5 septembre 1942.
  53. Respectivement 120, 50, 120 et 90 Russes.
  54. Voir les témoignages d'André Lamotte et de Joseph Montarello, Ibid., p.195.
  55. Voir le témoignage d'Edouard Janowski, Ibid., p.196.
  56. Voir Le Républicain lorrain des 19 août 1979 et 5 septembre 1987, et la liste des militaires russes inhumés au cimetière national de Valleroy, guerre de 1939-1945 éditée par la ville de Valleroy et la direction départementale du secrétariat d'État aux Anciens combattants de Nancy le 20 juillet 1971.
  57. Adrien Printz, Hayange d'un siècle à l'autre, Sérémange, Impr. Marchal Florange, 1980, p.204 et Jean-Luc Périoli, Le mineur de fer au quotidien. Mines d'Hayange, Knutange, Ed. Fentsch vallée, 1995, p.66. Se fondant sur les rapports d'exploitation des mines d'Hayange, pour la période 1940-1944, M. Périoli établit que 224 prisonniers (effectif optimal) furent employés entre le 1er janvier 1943 et le 31 août 1944.
  58. A.D.M-M, W 1059/7, rapport des RG de Briey du 30 mars 1944.
  59. Entre le 15 février 1943 et le 11 août 1944, Le Républicain lorrain du 27 novembre 2007.
  60. A.D.M-M, W 1059/7, rapport du 30 mars 1944, AODACVG, « table contenant dix naissances(...), close et arrêtée ce vingt-quatre janvier mil neuf cent quarante-cinq par nous François René, maire d'Errouville » et Le Républicain lorrain du 28 avril 1979.
  61. Ibid., rapport du commissaire spécial des RG, à Longwy, du 28 avril 1944.
  62. Eugène Gaspard, op.cit., pp.121-144.
  63. BundesArchiv (Coblence), R7, 1214, f.1.
  64. Témoignage de Jean-Pierre Geisel, dans Eugène Gaspard, op.cit., p.132.
  65. Témoignage de Paul Winum à l'auteur du 27 juin 1996.
  66. Témoignage de Robert Mourer dans Le Républicain lorrain du 28 novembre 2007.
  67. Le Républicain lorrain des 24 décembre 2004 et 29 novembre 2007.
  68. Nicolas Dicop, Les épreuves d'une bourgade lorraine au cours de la Deuxième Guerre mondiale : Koenigsmacker-Métrich, 1980, p.77.
  69. Marcel Neigert, op.cit., p.40. Il s'agissait de condamnées politiques. Archives privées, lettre du directeur de l'usine de Hagondange au directeur Cordes à Hayange du 4 juin 1941, sur l'édification d'un camp de 440 places pour des condamnés au travail
  70. Archives privées, Stammrole Hilfspersonal Rothe Erde.
  71. C'était surtout vrai pour les Serbes et les Polonais qui travaillaient pour l'Ostland. Voir la thèse de doctorat de Jacques Mièvre, L'Ostland en France durant la Seconde Guerre mondiale : une tentative de colonisation agraire allemande en zone interdite, Nancy, publiée ''Annales de l'Est''. Mémoire n°46, 1973. L'auteur a tendance à confondre déportés et Ostarbeiter, et s'étonne de voir la demande d'un père de faire venir sa fille, de Pologne, satisfaite par les autorités allemandes.
  72. Archives privées, circulaire de la Chambre syndicale du 31 août 1942, relative à l'affectation et l'encadrement à prévoir pour les prisonniers russes affectés dans les différents sièges de Meurthe-et-Moselle.
  73. Archives privées, Stammrole Hilfspersonal Rothe Erde, et cahier des entrées et sorties de personnel, octobre 1940-avril 1952 et Gérard Arboit, op.cit., p.83. Le Werkschutz audunois compta treize hommes, dont trois interprètes ukrainiens, à compter d'août 1943. Toutefois, entre le 1er septembre et le 28 novembre 1944, la Société minière des Terres Rouges licencia 25 gardes, mêlés de près ou de loin à la surveillance des Russes. Seuls quelques-uns les moins impliqués, Luxembourgeois ou de la région d'Audun-le-Tiche, retrouvèrent leur emploi à la mine. Les autres, Allemands ou Alsaciens, durent aller chercher du travail ailleurs.
  74. Archives privées, rapport de M. Régnier, p.2, annexe d'une lettre de la section Est de la chambre syndicale, Nancy, du 5 octobre 1942.
  75. La commission était présidée par M. Régnier, directeur du service des mines de la Société des Hauts-Fourneaux de Saulnes. Elle visita le « camp de 250 prisonniers destinés aux mines ORNE et MOYEUVRE » et recueillit « des renseignements sur une mine lorraine qui employait 80 prisonniers .» Archives privées, rapport de M.Régnier, p.1, op.cit..
  76. Joseph Billig, op.cit., p.64.
  77. « Aumetz... »,op. cit.
  78. Registre des décès de la ville de Knutange, Marcel et Marie-Louise Kaercher-Régnery, op. cit.
  79. Témoignage de Jacques Dupâquier, op.cit.
  80. Témoignage de Richard Cottlenga à l'auteur du 1er septembre 1998 et Gérard Arboit, op.cit., p.83.
  81. NARA, op.cit.. Cette photo, extraite du reportage de James W. Todd, montre le Medic T/5 Max Freeman, du 274th Collecting Detachment, le 5 mars 1945.
  82. Se rapporter au témoignage de Henri Helce, prisonnier de guerre français dans un stalag du Hanovre et qui côtoya des prisonniers russes. Dans les geôles d'Hitler, Nancy, Imp. Lemoy, 1945, pp.118-120.
  83. Voir la circulaire du 26 août 1942 du Beauftragte de Bouligny, cité par Pascal Brenneur, op.cit..
  84. Archives privées, rapport de M. Régnier, p.2, op.cit..
  85. 5% du contingent de janvier 1943, 17% un mois plus tard, 35% en janvier 1944 et 43% en avril [Ibid.].
  86. Archives privées, Registre du personnel, Ottange 1/3 de 1929 à 1969.
  87. AODACVG, « table contenant(...) vingt-six décès, close et arrê­tée ce vingt-quatre janvier mil neuf cent quarante-cinq par nous François René, maire d'Errouville ».
  88. Témoignage de Jacques Dupâquier, op.cit., et « Aumetz... », op. cit.. Voir le menu destiné aux travailleurs les plus lourds (Schwerste Arbeiter) dans le rapport de la commission Régnier [op.cit., p.1].
  89. Archives privées, rapport de M. Régnier, op.cit..
  90. Pascal Brenneur, op.cit..
  91. AODACVG, doc. Arolsen, op.cit..
  92. Il n'y avait que 5,6% de mineurs, tandis que les ouvriers de la grande industrie représentaient 70,3% et les artisans 22% de l'ef­fectif total du camp. Ibid., liste des matricules.
  93. « Aumetz... », op.cit., p.88.
  94. En plus de Sadwirni, il y eut Nikolay Koschelew, pendu le 11 février 1944. Registre des décès de la ville de Knutange, Marcel et Marie-Louise Kaercher-Régnery, op.cit..
  95. Feder Autuschin, décédé par accident dans le camp Victor, le 23 juin 1944 [Ibid.].
  96. Jean-Luc Périoli, op.cit ..
  97. Témoignage de Jacques Dupâquier, op.cit..
  98. Adrien Printz, op.cit., p.204.
  99. Pascal Brenneur est, en effet, silencieux à ce sujet.
  100. Le Républicain lorrain du 28 novembre 2007.
  101. Claude Prêcheur, op.cit., p.107.
  102. Claude Prêcheur, op.cit., p.107, André Montagne, Edouard Tincelin, Jacques Astier et Jean-Arthur Varoquaux, op.cit., p.91 et archives privées, « Production des Mines Montrouge et Saint-Michel depuis 1911 ».
  103. Archives privées, rapport de M. Régnier, op. cit., pp.2-3.
  104. Ibid., rapport de la Chambre syndicale des mines de fer de France du 5 août 1942.
  105. Ibid., rapport de M. Régnier, op. cit., pp.2-3.
  106. Témoignage d'Édouard Janowski, sur le camp de Giraumont, Serge Bonnet, op.cit., p.196 ; Pascal Brenneur en affirmant que les Ukrainiens se gardaient eux-mêmes, le témoin entend qu'ils n'étaient pas gardés par les Allemands.
  107. Pour d'autres exemples de cette monnaie, voir Eugène Gaspard, op.cit., p.139.
  108. Op.cit., p.3.
  109. AODACVG, rôle des ouvriers russes employés à Thil, mairie d'Errouville.
  110. Les Allemands saisissaient ainsi 15% du salaire des ouvriers et des mineurs d'origine polonaise. Témoignage de Léon Misiak à l'auteur du 18 janvier 1997. Les Italiens et les Alsaciens-Mosellans ne pouvaient percevoir d'allocations familiales s'ils n'étaient pas inscrits dans une formation nationale, fasciste pour les uns, Volksgemeinschaft pour les autres.
  111. Le Républicain lorrain du 27 novembre 2007, d'après les archives municipales.
  112. Archives privées, rapport de M. Régnier, p.3, op. cit..
  113. A.D.M-M, W 1059/7, rapport du 28 avril 1944.
  114. Dessin de M. Noël, d'après un objet du Dr. Paul Robaux de Nancy [Pascal Brenneur, op.cit., p.42.
  115. Archives privées, circulaire du Generalbeauftragte-Gruppe III (Orne-Fentsch) du 24 août 1942.
  116. Le Républicain lorrain du 27 novembre 2007.
  117. Témoignage de Richard Cottlenga à l'auteur du 1er septembre 1998.
  118. Témoignage de Paul Winum à l'auteur du 27 juin 1996.
  119. Témoignage de Léon Misiak à l'auteur du 18 janvier 1997.
  120. « Aumetz, ... » op.cit., p.88.
  121. A.D.M-M, W 1059/7, rapports des RG de Briey, du 30 mars 1944, et du préfet délégué de Meurthe-et-Moselle au préfet régional, du 26 avril 1944.
  122. « Aumetz, ... » op.cit., p.45.
  123. Témoignage de Jacques Dupâquier, op.cit..
  124. Léon Burger, Le groupe « Mario »..., op.cit., p.74.
  125. A.D.M-M, W 1059/7, rapport du commissaire spécial des RG, à Longwy, du 28 avril 1944.
  126. Sentence du tribunal allemand de Première instance de Metz du 13 décembre 1944, citée par Pierre Denis, op.cit., p.356.
  127. Christian Streit, Keine Kamaraden..., op.cit., p.17. Voir aussi le témoignage de Jacques Dupâquier, op.cit.. Deux gendarmes allemands de Thionville furent condamnés aux travaux forcés, l'adjudant à perpétuité et le lieutenant à dix ans, pour avoir assassiné deux prisonniers évadés [Le Lorrain des 11 et 17 octobre 1947].
  128. Pascal Brenneur, op.cit..
  129. Trois Russes, Gregory Bolschakov, de Smolensk, d'Ewgen Folmatch, de Saint Mironovska, et de Jaroslaw Gomassink, de Moscou. Eugène Gaspard, Alain Simmer, op.cit., p.212, d'après deux lettres des 1er et 11 septembre 1944.
  130. 156 prisonniers, surtout russes, mais aussi hongrois, bulgares et yougoslaves, s'évadèrent pendant les transferts entre le camp et Thil. Témoignage d'André Battin, cité par Eugène Gaspard, op.cit., p.28].
  131. J. Collin, J.P. Harbullot, op.cit., p.179.
  132. Léon Burger, op.cit., p. 76.
  133. En 1947, il fut condamné à deux mois de prison, six mille francs d'amende et dix ans de dégradation nationale [Le Lorrain du 5 février 1947].
  134. Trois Russes vécurent, de 1943 à début 1945, dans le bois de Saint-Jean les Buzy, près d'une ferme de l'Ostland, ou ce couple se cacha sous des branchages à Morgelin, près d'Etain [C. Collin, J. P. Harbullot, Histoire de la résistance de la Meuse. Avoir 20 ans en 1940 en zone interdite, Épinal, La Table Ronde, 1986, p.34].
  135. Pascal Brenneur, « Les prisonniers russes évadés en Lorraine durant l'occupation allemande de la Deuxième Guerre mon­diale », Le Pays-Haut, n°1-2, 1988, p.30.
  136. Tel ce groupe de Russes entassant des bottes de paille contre de la nourriture et une cache [Pascal Brenneur, op.cit., p.32].
  137. Ainsi à Troyon, près de Fresnes-en-Woëvre, nécessitant une action répressive de la résistance locale [René Boulanger, La vie et les combattants de la résistance en Lorraine : les hommes de la Liberté, Verdun, Imp. Lefèvre, 1985, p.126].
  138. Voir la liste reproduite dans Jean-Louis Étienne, La Lorraine dans la tourmente, Nancy, CRDP, 1984, doc.17. Il comptait deux commissaires politiques Macare Stych et André Tsibikov. Voir aussi C. Collin et J.P. Harbullot, op.cit., pp.34, 135 et 144, et Pascal Brenneur, op.cit., p.37. Pour l'idéologisation à laquelle cette participation de Soviétiques à la résistance française contre l'occupant, voir A.V. Kudryts'kyi , « Uchast' hromadian radians'koi Ukrainy v partyzans'komu rusi Frantsii » [La parti­cipation des citoyens d'Ukraine soviétique dans le mouvement partisan de France], Ukrains'kyi Istorychnyi Zhurnal [USSR], 1967, vol.6, pp.11-19.
  139. C. Collin et J.P. Harbullot, op.cit., pp.170, 179 et 197.
  140. Voir Maurice Noël, « Carte des actions de la résistance dans le Pays-Haut (1943-1944) », Le Pays-Haut, n°3-4, 1983, p.225. Sur les actions dans le secteur de Briey, voir Pierre de Préval, Sabotages et guérilla, Paris, Berger-Levrault, 1946, pp.119-143.
  141. Carte de Hubert Glesener, envoyée à Londres pour préparer les bombardements, Musée national de la Résistance d'Esch-sur­-Aizette.
  142. Saint-Pierremont au printemps 1944 (les Russes furent remplacés par des Nord-Africains), Thil et Audun-le-Tiche le 31 août 1944.
  143. NARA, RG 319, « Visit to underground V-1 manufacturing plant » du 23 septembre 1944.
  144. Ibid., RG 407, « After Action report, 3rd Cavalry Group » de septembre 1944.
  145. Jacques Vincent, op.cit., et Eugène Gaspard, op.cit., p.132.
  146. René Caboz, op.cit., pp.92-98.
  147. Anthony Kemp, Lorraine Album Mémorial. 31 août 1944-15 mars 1945. Lorraine Journal Picturial, Bayeux/Metz, Heimdal/Serpenoise, 1985, pp. 426 et-438.
  148. Hugh M. Cole, US Army World War II. The European Theater of Operations. The Lorraine Campaign, Washington, 1950, p.598.
  149. Photographie de deux partisans russes (à gauche, Alexandre Petrovich). Au dos, dédicace manuscrite en russe : «  En souvenir des gens les meilleurs de la population de la région de la Meuse. Aux sympathisants et à tous ceux qui contribuèrent à l'action des partisans français de l'Est de la France. De la part de l'organisation du détachement des partisans russes Tchapaiev. Alexandre Simeon Petrovich, le 27-3-45 » [Pascal Brenneur, op.cit., p.35].
  150. Son adjoint s'appelait Romachko. Quant à Bogomolov, il avait été remplacé par le consul général Abramov [Le Lorrain, 30 août 1947]
  151. Nicholas Bethel, Le dernier secret : 1945, comment les alliés livrèrent deux millions de Russes à Staline, Paris, Seuil, 1975.
  152. NARA, RG 319, « Visit to underground V-1 manufacturing plant » du 23 septembre 1944.
  153. A.D.M-M, WM 1174, lettre du préfet de la Meuse au commissaire de la République à Nancy du 17 octobre 1944.
  154. Gilbert Grandval, A. Jean Colin, Libération de l'est de la France, Paris, Hachette, 1974, p.225. Voir aussi les travaux de Georges Caudry, « Le regroupement des ressortissants soviétiques en France à la fin de la Deuxième Guerre mondiale : L'accord de Moscou du 29 juin 1945 », Guerres mondiales et conflits contemporains, 1994 [1995], vol.45, n°177, pp.105-129 et « Le rapatriement des ressortissants sovié­tiques de 1945 à 1947 : avatars de la réciprocité », Guerres mondiales et conflits contemporains, 1995, vol.45, n°178, pp.119-140.
  155. Jack, « Sarrebourg : centre de rapatriement pour les Biélorusses », Le Lorrain du 30 août 1947.»
  156. Voir le sort qui leur était réservé à leur arrivée à destination dans Bernd Bonwetsch, « Die Sowjetischen Kriegsgefangenen zwischen Stalin und Hitler » , Zeitschrift fur Geschichtswissenschaft, 1993, vol.41, n°2, pp.135-142 et Kees Boterbloem, « Soviet Gis or Decembrists? The reintegration into postwar soviet society of russian soldiers, POWs, partisans, and civilians who lived under german occupation », War & Society [Australie], 2006, vol.25, n°1, pp.77-87.
  157. A.D.M-M, W 1053/17, note blanche du commissaire de police des RG de Longwy du 30 juillet 1947.
  158. Archives municipales d'Audun-le-Tiche, lettres du secrétaire en chef délégué de la sous-préfecture de Thionville au maire d'Audun-le­ Tiche des 6 novembre 1946, 6 août, 12 et 29 septembre 1947.
  159. Le Lorrain du 30 août 1947.
  160. Lorsque Jack visite le camp de Sarrebourg, deux convois de 800 ressortissants russes sont déjà partis et un troisième de 900 autres va se mettre en route. Le commissaire des RG de Longwy signale que « 110 soviétiques ou considérés comme tels par le Gouvernement russe » vont rejoindre à Sarrebourg un convoi de 3 000 autres, originaires de toute la France.
  161. Étude de O. Iu. Starkov, « Oni ne sdalis ! », Vœnno-Istorichesldi Zhurnal n°12, Moscou, 1989, pp.81-84. L'auteur publie seize fiches de prisonniers de guerre russes remplies à leur entrée dans les camps de concentration allemands.
  162. Voir Mikhail Ivanovich Semiriaga, « Sud'by sovetskikh voennoplennykh » [Le destin des prisonniers de guerre soviétiques], Voprosy Istorii, 1995, n°4, pp.19-33, Mikhail Egorovich Erin, op. cit. (1995), de Sergei Aleksandrovich Il'enkov, Viktor Vasil'evich Mukhin, Pavel Markovich Polian, op. cit. (2000), de Pavel Polian, op. cit. (2005)...
  163. Voir l'intervention de l'historien russe Pavel Polian, « The internment of returning Soviet Prisoners of War after 1945 », Comité internatio­nal d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, journées d'étude de Hambourg, 29 juin 2002. On lui doit également une étude sur les « déserteurs et prisonniers de guerre de l'armée Vlassov (1941-1945) », Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, n°73, mai 1999, et sur « la violence contre les prisonniers de guerre soviétiques dans le IIIe Reich et en URSS », S. Audoin-Rouzeau, A. Becker, C. Ingrao, H. Rousso (dir.), La violence de guerre, 1914-1945 (Paris/Bruxelles, IHTP-CNRS/Complexe, 2002), pp.117-132.
  164. Pour la dernière étude sur cette question, Gérald Arboit, « Main-d'œuvre et production dans l'industrie ferrifère lorraine pendant la Première Guerre mondiale : l'exemple de l'utilisation de prisonniers de guerre russes à Deutsch-Oth », Guerres mondiales et conflits contemporains, n°202-203, avril-septembre 2001, pp. 65-79.
  165. NARA, op.cit.
  166. Outre celles déjà citées pour l'Alsace et la Moselle, on retiendra le long travail d'Etienne Dejonghe sur les « Requis ukrainiens et prison­niers de guerre soviétique dans le Nord de la France, 1942-1944 », paru dans Etienne Dejonghe (dir.), « L'occupation en France et en Belgique 1940-1944 », Actes du colloque de Lille 26-28 avril 1985, Revue du Nord, 1987, n°l, 1988 ou la trilogie de Dominique Pecqueur, « Les prisonniers de guerre dans le Pas-de-Calais : de la capture à l'arrivée du camp », « Les prisonniers de guerre du Pas-de­ Calais : les Français captifs » et « Les prisonniers de guerre du Pas-de-Calais : les P.G. au travail », Mémoires de Guerre, IX-X, 1997 et 1998.
  167. « Approches comparées des deux conflits mondiaux. Essai de bibliographie introductive », Bulletin de l'Institut d'Histoire du Temps Présent, op.cit. Le travail d'Ilse Dorothee Pautsch, « Prisoners of war and internees in the Second World War - A survey of some recent publications », Contemporary European History, 2003, vol.12, n°2, pp.225-238, est naturellement plus complet, mais ne recense que des publications allemandes et anglaises.
  168. Annette Becker, Oubliés de la Grande Guerre. Humanitaire et populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, Noêsis, 1998.
  169. Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen (dir.), Les prisonniers de guerre dans l'histoire. Contacts entre peuples et cultures, Toulouse, Privat, 2003.


  Pour citer cet article :
Gérard Ardoit - Introduction à l'histoire des prisonniers soviétiques en Alsace et en Lorraine pendant la Seconde Guerre mondiale. - Projet Empreinte militaire en Lorraine
Consulté en ligne le <date du jour> - Url : http://ticri.inpl-nancy.fr/wicri-lor.fr/index.php?title=Empreinte_militaire_en_Lorraine_(01-2014)_G%C3%A9rard_Ardoit

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