Le sel en Lorraine (Annales de géographie, 1939)
Cette page reprend un article d'André Labaste dans les Annales de géographie et numérisé sur Persée.
- Référence bibligraphique
- Labaste André. Le sel en Lorraine. In: Annales de géographie. 1939, t. 48, n°273. pp. 318-319.
- url
- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1939_num_48_273_11484
- Consulté le 27 avril 2011
Le sel en LorraineLa production lorraine de sel[1] représente près des trois quarts de la production française, celle de soude les deux tiers. Les salines constituent donc une très notable ressource minérale trop peu connue de l'Est de la France. Le gisement s'allonge sur 70 km. en une bande SO-NE assez étroite de la Moselle à la Sarre ; le sel se trouve dans les terrains triasiques (zone des marnes irisées) en lentilles d'épaisseur et de profondeur très variables. Les concessions exploitées au nombre une trentaine couvrent environ 150 km2. Elles se groupent en trois ensembles :
L'extraction se fait de deux manières très différentes : mines de sel gemme, extraction d'eau salée. Les mines de sel gemme, au nombre de trois, n'existent que dans le groupe du Sud (Saint-Nicolas) ; le sel formant un banc épais de 4 à 5 m., à une profondeur allant de 120 à 160 m., est facilement extrait par puits et galeries de 10 à 15 m. de large, ne présentant aucun danger ; les trois mines ont fourni, en 1937, 119 600 t. de sel gemme (dont la moitié exportée en grosse majorité vers la Belgique). Mais la plus grande partie de l'extraction se fait par simples sondages de dissolution : par le trou du sondage, on envoie de eau qui dissout le sel jusqu'à saturation ; par pompage au niveau du sol, on extrait ensuite ces saumures, contenant plus d'un million et demi de t. de sel. Elles sont pour une part envoyées dans les salines où, après décantation et épuration, on en tire du sel raffiné, par évaporation dans de grands bacs chauffés au charbon : la production lorraine a été de 250 000 t. en 1937 (dont 65 100 pour le groupe du Sud). Mais la plus grande quantité sert de matière première une importante industrie chimique : celle de la soude ou plus exactement du carbonate de soude, utilisant le procédé Solvay. Il existe trois soudières dans la vallée de la Meurthe (principalement à Dombasle), une à Sarralbe. Le carbonate de chaux nécessaire au traitement des saumures par ammoniaque se tire facilement des pierres calcaires des côtes de Moselle[2]. La production de carbonate de soude a atteint en 1937 644 000 t. Elle se fait dans immenses usines, s'étendant pour le groupe du Sud, de beaucoup le plus important, sur plusieurs kilomètres le long du canal de la Marne au Rhin (usine Solvay de Dombasle) : pourtant la main-d'œuvre est peu nombreuse : à peine 100 ouvriers pour les trois soudières de la vallée de la Meurthe. Ainsi se montre une fois de plus un caractère essentiel de la plupart des industries chimiques, dont le développement exige beaucoup d'espace, mais peu d'hommes.
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