Apnées 2013 Nancy
Le colloque Apnées. Retenir son souffle ! Immersion ou fusion ? se déroule, les 14 et 15 mai 2013 à Nancy.
Présentation
L’apnée, régulièrement médiatisée, interroge nos contemporains. L’apnée passionne, l’apnée nous coupe le souffle. Après Le Grand Bleu, Free Fall, court métrage sur l’apnée (Gautier-Néry) a été visionné plus de 12 millions de fois. Chacun de nous a essayé de retenir son souffle. Un apnéïste français (Mifsud) est capable de rester 11 minutes et 35 secondes sans respirer. Ce colloque entend contribuer à une meilleure compréhension des pratiques d’apnée. Quels imaginaires aquatiques ? Quelles adaptations de l’organisme ? Quels profils de pratiquants ? Quels plaisirs ? Comment devient-on apnéïste ? Autant de questions qui pourront être abordées lors de ce colloque pluridisciplinaire.
Appel à communications
« C’est ma dernière inspiration, je le sais, ce que je ressens dans mon estomac ne me trompe pas ; c’est maintenant que je vais partir. Mon corps se tend, mes bras s’avancent, ma tête bascule ; je sens la fraicheur de l’eau me recouvrir entièrement ; le jaune s’estompe et laisse la place à un bleu très clair. Mes oreilles passent, la pesanteur me gagne ; il n’y a pas de doute, ma quête abyssale vient de commencer… ». Pierre Frolla[1]
Presque chacun d’entre nous a essayé un jour de retenir son souffle. Le plus longtemps possible tout simplement, ou alors en vue de rejoindre l’autre bout de la piscine… sous l’eau.
Le pouvoir de séduction de l’élément aquatique et de l’océan n’est plus une nouveauté en métropole, provoquant même l’étonnement de nos voisins : « une chose est sûre : que ce soit à la voile, à la rame ou à la nage, la mer est devenue le liquide amniotique dont rêvent nos voisins d’Outre-Pyrénées » écrit ce journaliste espagnol du Courrier International[2] qui poursuit sur le « phénomène » du Grand Bleu : « des millions d’adolescents s’identifient à l’homme-dauphin interprété par Jean-Marc Barr dans le Grand Bleu, films que seuls le monde francophone et les Japonais sont parvenus à décoder. » Olivier Mongin, dans la revue Esprit, le précédait, pointant la double interprétation possible d’un tel film : fable de l’enfant sauvage renonçant à la civilisation pour vivre sous l’eau ? ou au contraire, « aventure individualiste qui pousse le héros, une espèce de mutant, à disparaître au fond des mers dans un trou noir, happé par une nuit maritime qui le fascine à en mourir » ?[3] Pour Olivier Mongin, Le Grand Bleu décrit une mise à l’eau qui reflète l’épuisement des passions dans notre monde.
Néanmoins, l’eau semble être à la mode ; le bleu n’est-il pas cette couleur qui fait l’unanimité chez nos contemporains (Michel Pastoureau, 2003) ?
Le film Le Grand Bleu a marqué une génération de français, et plus récemment, Free Fall, court métrage réalisé par le couple Julie Gautier et Guillaume Néry a fait « le buzz » sur la toile avec plus de 12 millions de visionnages.
En effet, certains humains, à force de pratique, d’entraînement, de persévérance et de relâchement… ont dépassé leurs limites, voire les limites qui avaient pu être fixées par des médecins, pour atteindre des records incroyables : plus de 11’ sous l’eau sans respirer pour Stéphane Mifsud.
Que ressentent ces êtres exceptionnels qui atteignent des profondeurs incroyables ? Comment gèrent-ils les innombrables sensations qui inondent leurs corps ? Quels sont les mécanismes d’adaptation derrière de telles performances ? Qu’en est-il du novice qui découvre cette pratique ancestrale ? Le plaisir est-il au rendez-vous ? La peur ? Comment s’entraîne-t-on à ne pas respirer ? Comment devient-on apnéïste ?
L’apnée interroge, l’apnée passionne, l’apnée nous coupe le souffle. De fait, l’apnée s’invite régulièrement aux journaux télévisés : exploits et records ; accidents et décès. Car des risques objectifs existent.
Ce colloque entend nous faire découvrir et partager quelques dimensions du monde de l’apnée. Il souhaite réunir différents regards sur une pratique impressionnante, parfois énigmatique voire polémique, à propos de laquelle circulent de nombreuses croyances[4].
Il ambitionne de faire dialoguer savoirs théoriques et savoirs pratiques, pour une meilleure compréhension d’une pratique fascinante. Ainsi, le corps objectivement appréhendé, mesuré, évalué, sera mis en perspective avec le corps vécu, expérimenté subjectivement. De même, le milieu aquatique, aux qualités physiques spécifiques, pourra être interrogé par une approche subjective et symbolique de ce milieu. Références
Axes des communications ou thématiques qui pourront être abordées
Au sein de chaque thématique, les communications permettront ce dialogue des savoirs. Les propositions pourront être fondées sur des connaissances scientifiques de première main ou des recherches originales, des enquêtes de terrain, des savoirs issus de l’expérience, des témoignages. En ce sens, ce colloque présente une ambition pluridisciplinaire évidente.
- Histoire de l’apnée
Les records, les compétitions, les fédérations, l’évolution des techniques et des représentations… On pourra ici interroger l’organisation de l’apnée en France et dans le monde. Quelles structures de pratique ? Différences entre AIDA, FFESSM et CMAS ? Analyse des records en apnée ?
- L’élément aquatique, l’imaginaire
Symboliques aquatiques, pluralité des lieux et pluralité des eaux, ambivalences aquatiques…
- Le corps dans l’eau, immersion ou fusion ?
Adaptations du corps ; se détendre sous l’eau ; l’écoute du corps, les sensations ; approches phénoménologiques de l’apnée : l’être dans l’eau ; quelles expériences corporelles de l’immersion ?
- Respirations
Ventiler et respirer…
Éduquer la respiration ?
Respiration, yoga, réflexologie, écoute corporelle, lâcher prise, détente…
- S’engloutir, jusqu'où ?
Améliorer ses performances, son aisance, son aquaticité
Dépassement du corps / des corps de l’extrême ? / hallucinations ?
Apprentissage des sensations : la sensorimotricité ou l’écologie corporelle ? Comment se placer dans une écoute sensorielle de l’expérience d’immersion ?
- Pratiquer ensemble
Approche des sociabilités liées à la pratique de l’apnée.
Le partage des expériences corporelles.
- Les rituels
Approches ethnologiques de situations d’apnée, compétitives ou ludiques. La préparation mentale, le matériel….
- Une pratique risquée ?
Peurs, risques, douleurs…. (barotraumatismes, syncopes, éducation à la sécurité, etc.)
- Parcours d’apnéïstes
Trajectoires sportives, trajectoires géographiques, trajectoires sociales…
Conditions de soumission
Le résumé de deux pages minimum (format word ou pdf) :
- présenter l’objet de la communication, la problématique, les références théoriques principales éventuelles, le type de données analysées, les principaux résultats, le plan de l’intervention et quelques références bibliographiques.
- renseignements pratiques comprenant : nom, affiliation, téléphone, adresses postale et électronique.
Soumission sous format électronique votre résumé aux adresses suivantes : mary.schirrer@univ-lorraine.fr & bernard.andrieu@univ-lorraine.fr,
Une publication aux Presses Universitaires de Nancy réunira les meilleures contributions à ce colloque.
Les propositions écrites ne devront pas excéder 30000 signes environ et seront à envoyer avant le colloque. Iconographie libre de tous droits.
Comité scientifique
- Mary Schirrer - Staps, Université de Lorraine, Lisec
- Bernard Andrieu - Staps, Université de Lorraine, APEMAC
- Marc Morieux - Staps, Université de Lorraine
Calendrier
- Date limite de proposition : 4 mars 2013
- Date de retour des avis : 18 mars 2013
- Date de diffusion du programme : début avril 2013
- Dates du colloque : mardi 14 et mercredi 15 mai 2013
Informations pratiques
- Lieu du colloque : Faculté du Sport - 30 rue du Jardin Botanique - 54603 Villers-lès-Nancy,
Voir aussi
Notes
- ↑ P. Frolla, « Conclusions », in L’apnée. De la théorie à la pratique, dir. F. Lemaître, Mont-Saint-Aignan, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2011 (2007), pp. 417-418.
- ↑ Courrier International n°220, janvier 1995.
- ↑ O. Mongin, « Le Grand Bleu ou le trou noir de nos passions », revue Esprit, « Souffrance psychique et passions extrêmes », janvier 1990, pp. 84-99.
- ↑ Les médecins ont par exemple longtemps pensé que les poumons, en-deça de 50m de profondeur, risquaient de s’écraser. Un apnéïste comme Herbert Nitsch (the deapest man on earth – l’homme le plus profond au monde) repousse actuellement les limites de l’organisme, dans une forme de pratique que peu défendent aujourd’hui : le no limit (descente à l’aide d’une gueuse, et remontée à l’aide d’un ballon gonflé d’air). La dernière tentative de record d’Hebert Nitsch, en juin 2012, à 800 pieds (« extreme 800 ») soit 244 mètres, a mal tourné. Depuis, l’apnéïste est en convalescence et donne quelques nouvelles à ses fans, alors que les médecins étudient les effets de la narcose sur son organisme.