C.-R. Congr. Soc. savantes Paris dép., Sect. sci. (1901) 106

De Wicri Nancy

Le texte


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SEANCE DU MARDI 9 AVRIL.

SOIR.

PRÉSIDENT, M. OMONT, MEMBRE DU COMITÉ,

ASSISTÉ DE MM. SERVOIS,

DE LABORDE ET BRUEL, MEMBRES DU COMITÉ.

Assesseurs : MM. J. LAIR, de la Société d'histoire de France; PFISTER , professeur à l'Université de Nancy, DUVERNOY, archiviste de Meurthe-et-Moselle.

Conformément aux instructions de M. le Ministre, l'ordre du jour ci-joint, imprimé et distribué aux membres du Congrès, sera suivi aussi exactement que possible.


Détail des communication

COMMUNICATIONS ANNONCÉES PAR

MM. LES DÉLÉGUÉS DES SOCIÉTÉS SAVANTES.

Mardi 9 avril, à 2 heures et demie.

M. ASTIER (R.), professeur au lycée de Toulouse : Note sur la lettre 153 de Gerbert.

M. l'abbé DEGERT, de la Société de Borda : 4e QUESTION DU PROGRAMME : Critiquer les actes apocryphes conservés dans les archives publiques et particulières. A quelle date et pour quel motif les fraudes de ce genre ont-elles été commises ?

MM. l'abbé BLED, de la Société des antiquaires de la Morinie, correspondant honoraire du Ministère; l'abbé DEGERT, de la Société de Borda : 8e QUESTION DU PROGRAMME : Établir et justifier la chronologie des fonctionnaires ou dignitaires civils ou ecclésiastiques dont il n'existe pas de listes suffisamment exactes.

M. LABOURASSE (H.), membre correspondant de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc : Anciens us, coutumes, légendes du département de la Meuse.

M. MARICHAL, archiviste aux Archives nationales: Les archives des départements lorrains et l'Administration des domaines.


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M. PFISTER, professeur à la Faculté des lettres de l'Université de Nancy : L'Académie de Nancy depuis la mort de Stanislas jusqu'à sa suppression.

M. SOREL (Alexandre), de la Société historique de Compiègne : Etat des dépenses du duc de Rourgogne au siège de Compiègne, pendant le mois de mai 143o.

M. VERNIER (J.-.J.), correspondant du Ministère, archiviste du département de l'Aube : Le fonds de Saxe aux archives départementales de l'Aube.

M. VEUCLIN (V.-E.), correspondant du Comité des sociétés des beaux-arts des départements : 1° Les Rosières de la marquise de Pom- padour et de la ville de Dreux, 1751-1752 ; 2° Le pain de Pâques ou de charité dans le bailliage de Caen à la fin du XVIIIe siècle.

Mercredi 10 avril, le malin, à 9 heures et demie.

M. BOYÉ (Pierre), des Sociétés d'archéologie lorraine et d'api- culture de l'Est et de l'Académie de Stanislas : 1° Recherches sur l'apiculture en Lorraine du XVe au XVIIIe siècle; — 2° Anciennes coutumes inédites de Rassigny ; — 3° Coutumes inédites du comté de Bitche.

M. BRAQUEHAYE, correspondant du Ministère, professeur de des- sin à l'École municipale des beaux-arts de Bordeaux : Défi des com- pagnons passants et des compagnons étrangers, jugé par l'Académie de peinture, de sculpture et d'architecture de Rordeaux, le 27 mars 1773.

MM. COZETTE (P.) et LECLÈRE (.J), du Comité archéologique et historique de Noyon; COZETTE (P.) et PAGEL (R.), du Comité ar- chéologique et historique de Noyon : 7° QUESTION DU PROGRAMME : Relever dans les chartes antérieures au XIIIe siècle, et pour une région déterminée, les noms des témoins; les classer de manière à fournir des indications précises pour aider à la chronologie des documents qui ne sont pas datés.

M. DUVERNOY, correspondant du Ministère, archiviste du dépar- tement de Meurthe-et-Moselle : Note sur quelques éléments chronolo- logiques des chartes lorraines du XIIe siècle.

M. l'abbé GALABERT, de la Société archéologique de Tarn-et- Garonne : Le rôle des «Bonshommes".

M. l'abbé JÉRÔME, de l'Académie de Stanislas : La vie intellectuelle dans une abbaye lorraine aux XVIIe et XVIIIe siècles.

M. le chanoine POTTIER (Fernand), de la Société archéologique


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de Tarn-et-Garonne, correspondant du Ministère : 2e QUESTION DU PROGRAMME : Etudier les authentiques de reliques conservées dans les trésors de diverses églises.

Le soir, à 2 heures.

M. DE CHARENÇAY, de la Société de linguistique de Paris : Sur deux dialectes est-altaïques.

MM. CLAUZEL (P.) de l'Académie de Nîmes; MORIN (Louis), cor- respondant du Ministère: 19e QUESTION DU PROGRAMME : Recueillir les renseignements qui peuvent jeter de la lumière sur l'état du théâtre, sur la production dramatique et sur la vie des comédiens en province depuis la Renaissance.

MM. COZETTE (P.) et LECLÈRE (J.), du Comité archéologique et historique de Noyon : 14e QUESTION DU PROGRAMME : Chercher dans les registres de délibérations communales et dans les comptes communaux les mentions relatives à l'instruction publique : subventions, nominations, matières et objet de l'enseignement, méthodes employées.

M. le lieutenant DENIS (Ch. ), de la Société philomathique Vos- gienne, correspondant du Ministère : Notice biographique : le comte de Choiseul-Stainville, maréchal de France, 1727-1789

M. HENRY, de la Société philomatique Vosgienne, professeur au collège de Lunéville : L'enseignement primaire à Lunéville, de la fin du XVIe siècle à la Révolution.

M. DE LAAGE DE MEUX (Ed.), de l'Académie de Sainte-Croix d'Or- léans : Un diplomate agriculteur au XVIIIe siècle.

M. MORIN (Louis), correspondant du Ministère: 17e QUESTION DU PROGRAMME : Comment et sous quelles formes les nouvelles politiques et autres, de la France et de l'étranger, se répandaient-elles dans les diffé- rentes parties du royaume avant 1789?


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M. BAUDOT (Jules), de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc : Robert, dernier comte et premier duc de Bar.

M. COLLINET , de la Société des études ardennaises, professeur à la Faculté de droit de l'Université de Lille : La frontière d'empire au moyen âge dans l'Argonne et l'Ardenne.

M. DURAND-LAPIE, professeur au lycée de Monlauban : Les écrits de Dom Antoine Ier (158o-1595), et de son fils Dom Christofle de Por- tugal (1595-1638).

M. HAILLANT (N.), de la Société d'émulation du département des Vosges : Sobriquets, prénoms et noms de famille patois d'un village vosgien.

MM. JADART, correspondant du Ministère, bibliothécaire de la ville de Reims; MASSEREAU (T.), des Sociétés académique du Centre et historique du Cher : 13e QUESTION DU PROGRAMME: Re- gistres paroissiaux antérieurs à rétablissement des registres de l'état civil; mesures prises pour leur conservation ; services qu'ils peuvent rendre pour l'histoire des familles ou des pays, pour la statistique et pour les autres questions économiques.

M. l'abbé JEHET, de la Société des lettres, sciences et arts de Bar- le-Duc : HenriIer, comte de Bar (1168-1191).

M. l'abbé MARTIN, de l'Académie de Stanislas : Situation religieuse des trois diocèses de Tout, de Nancy et de Saint-Dié à la fin de l'ancien régime.

M. l'abbé SAHARTHES, de la Société des arts et sciences de Car- cassonne : Essai sur l'origine des noms de lieux de l'Aude.

Le soir, à 2 heures.

M. BLOSSIER, professeur au collège de Honfleur: La Révolution à Honfleur : 1° Conséquences de la journée du 20 juin 1792; 2° Résistance au fédéralisme ; 3° Rôle du commissaire du Directoire exécutif près la mu- nicipalité du canton de Honfleur.

M. COQUELLE (Pierre), de la Société des études historiques de Paris : La mission du général Maillebois en Hollande en 1 785-1 787.

MM. COZETTE (P.) et LECLÈRE (J.), du Comité archéologique et historique de Noyon; THOISON (Eug.), correspondant du Ministère : 21e QUESTION DU PROGRAMME : Etudier les délibérations d'une ou de plusieurs municipalités rurales pendant la Révolution, en mettant particu- lièrement en lumière ce qui intéresse l'histoire générale.


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MM. FLEURY (Gabriel), de la Société historique et archéologique du Maine; GUYOT (Ch.), de l'Académie de Stanislas, correspondant du Ministère, directeur de l'École nationale forestière de Nancy : 23e QUESTION DU PROGRAMME : Faire connaître, par un exemple particu- lier, le rôle d'un commissaire du Directoire exécutif près d'une adminis- tration municipale de canton.

MM. GALLAND (A.), professeur au lycée de Laval ; GUYOT (Ch.), correspondant du Ministère, directeur de l'École nationale forestière de Nancy : 22e QUESTION DU PROGRAMME : Fonctionnement, dans un département, dans un district ou dans une commune, du gouvernement révolutionnaire institué par la loi du 14 frimaire an II.

M. LESORT (André), de la Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc, archiviste du département de la Meuse : Une campagne policière sous la Restauration : à la recherche de Drouet.


Communications de la session

M. LE PRÉSIDENT présente les excuses de M. Astier, professeur au lycée de Toulouse, et communique en son nom une note sur la lettre 153 (155) de Gerbert. Cette lettre est un horologion, horaire ou tableau suivant les différents mois des heures canoniques. M. Astier estime que Gerbert a dû emprunter cet horaire à une source grecque qu'il a eu la bonne fortune de retrouver dans le manuscrit grec 1670 (anc. 272a) de la Bibliothèque nationale et publié au début du XVIIIe siècle dans la Palaeographia graeca de Montfaucon.


Critiquer les actes apocryphes

M. l'abbé MARTIN, de l'Académie de Stanislas, donne lecture des deux communications suivantes de M. l'abbé DEGERT, de la Société de Borda ;

Dans un mémoire qui a pour titre : Critiquer les actes apocryphes conservés dans les archives publiques et particulières (4° question du programme), M. l'abbé DEGERT, de la Société de Borda (Dax), étudie le, texte d'une prétendue donation faite à l'église de Saint-Sever (aujourd'hui département des Landes) en 1030 (29 septembre), Ugone magno rege in Francia, Gregorio VII in papatu romano. Cette pièce fut transcrite au XIe ou XIIe siècle sur un manuscrit de l'abbaye de Saint-Sever, qui contient le fameux commentaire de Beatus sur l'Apocalypse et est aujourd'hui à la Bibliothèque nationale, f. latin n° 8878 (cf. Léopold Delisle : Mélanges de paléographie,


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p. 127 et s.). La donation est évidemment apocryphe; mais si on rapproche cette pièce de quelques autres de la même époque et de la môme région qui font mention de « Hugues, roi des Francs ", on est en droit de conclure, pense M. Degert, que l'avènement de la dynastie capétienne eut jusqu'aux extrémités méridionales de la France beaucoup plus de retentissement qu'on ne l'a dit, surtout en Allemagne.


Établir et justifier la chronologie des fonctionnaires

M. l'abbé DEGERT répond à la 8e question du programme par une liste critique des évêques d'Aire. De toutes les séries épiscopales du Sud-Ouest, aucune, pense-t-il, ne présente autant d'inexactitudes que celle-ci. Comme aucun siège de Gascogne n'est représenté dans les listes publiées par M. Léopold Delisle (Histoire littéraire de la France, XXIX, 386), la liste d'Aire avait dû être reconstituée pièce à pièce. Cette reconstitution, qui fut l'oeuvre de Claude Robert (1626), d'Ochénart(i638), de Sainte-Marthe (165o) et des béné- dictins (1715), renferme quantité d'erreurs et de lacunes que M. Degert s'est attaché à rectifier et à combler dans la mesure du possible. Tout en utilisant les travaux les plus récemment publiés, tels que les Concilia aevi merovingici, de Maanen, les Pactes épiscopaux (t. Il), de l'abbé Duchesne, et la Hierarchia medii aevi..., du P. Eu- bel, il a pu les compléter par de nombreux renseignements em- pruntés à des documents inédits que lui ont fournis les archives locales ou les dépôts publics.

M. Gaston DUQUENOY, membre de la Société des antiquaires de la Morinie, donne lecture, au nom de M. l'abbé Bled, président de ladite Société, d'un travail qui est le fruit de longues et pa- tientes recherches.

L'auteur de ce travail, s'appuyant principalement sur des car- tulaires, a rétabli la liste des évêques, archidiacres, doyens, chantres, écolâtres, pénitenciers, officiaux, custodes ou trésoriers, chanceliers et avoués de l'église de Thérouanne, capitale des Mo- rins jusqu'en 1553.

Cette chronologie des fonctionnaires ou dignitaires civils et ecclé- siastiques de l'un des plus vastes diocèses de la Gaule-Belgique qui, lors de sa suppression en 1559, servit à constituer les trois évê- chés de Boulogne, Saint-Omer et Ypres, fixe la date jusque-là incer- taine de plusieurs char les intéressantes et resserre en des termes plus rapprochés les dates flottantes d'autres chartes.


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L'Académie de Nancy depuis la mort de Stanislas jusqu'à sa suppression

M. PFISTER, professeur à l'Université de Nancy, donne lecture d'une étude sur l'Académie de Nancy depuis la mort de Stanislas jusqu'à sa suppression en 1793. Il expose la crise que traversa la Compagnie après le décès du roi de Pologne et le nouveau règlement qui lui fut donné par Louis XV. Il rappelle les noms des principaux académiciens, les événements auxquels la Compagnie prit part; il cite divers épisodes relatifs aux concours scientifiques et littéraires de la Compagnie et où sont mêlés les noms de François de Neufchâteau, du poète Gilbert et de l'abbé Grégoire. Il raconte enfin le rôle de l'Académie au début de la Bévolution, le pillage de la bibliothèque publique, le 13 novembre 1792, par le bataillon des Marseillais ; à la fin de 1792, la Convention nationale interdit de faire à l'avenir toute nouvelle élection dans les Académies, et un décret du 14 août 1793 supprima toutes les Sociétés savantes de France. Ce fut la fin de l'Académie de Stanislas.


Le fonds de Saxe aux archives de l'Aube

M. VERNIER, correspondant du Ministère et archiviste départemental à Troyes, donne lecture d'une notice sur le fonds de Saxe aux archives de l'Aube, constitué par les archives du prince Xavier de Saxe, plus connu en France sous le nom de comte de Lusace. Après avoir rappelé brièvement les mémoires ou rapports consacrés à ces archives par ses prédécesseurs et esquissé à grands traits la biographie du prince Xavier, M. Vernier étudie les circonstances diverses qui ont rendu le département de l'Aube dépositaire de ce fonds, unique en son genre, et dont les documents, d'un caractère tout spécial, ne peuvent être en rien assimilés à ceux que l'on conserve d'ordinaire dans les archives des départements; il entre dans quelques détails sur sa composition, et il en fait ressortir l'importance au point de vue historique.

D'une manière générale, dit M. Vernier, ce fonds comprend deux grandes séries formées : l'une par les titres de la terre de Chaumot au diocèse de Sens, ceux de la seigneurie de Pont-sur- Seine et quelques pièces relatives à l'hôtel que le prince possédait à Paris; l'autre, de beaucoup la plus considérable et la plus importante, par les archives particulières du prince Xavier. Cette dernière série est elle-même subdivisée en sept sections : la première renferme les documents relatifs à la guerre de Sept ans où le prince servit sous les ordres du maréchal de Broglie, avec le titre de lieutenant général et de commandant en chef du corps auxiliaire


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saxon; la seconde est tout entière consacrée à la correspondance particulière du prince, et ce n'est certes ni la moins curieuse ni la moins intéressante ; la troisième renferme des miscellanea; les do- cuments relatifs à la Pologne, de 1782 à 1791, forment la qua- trième section ; la cinquième présente une énorme collection d'in- ventaires des meubles des résidences du prince en France et en Saxe ; la sixième contient les titres relatifs à la seigneurie de Zabel- litz, près de Dresde, qui appartenait au prince et où il mourut le 21 juin 1806 ; la septième, enfin, est consacrée à la comptabilité particulière du prince et à l'administration de ses biens et de sa maison. En 1852, époque à laquelle M. Guignard, archiviste de l'Aube, dressa l'état sommaire dont il vient d'être donné un aperçu, le fonds de Saxe comprenait en outre une huitième section com- posée des titres relatifs au gouvernement de la Saxe et concernant particulièrement l'administration du prince Xavier pendant la mi- norité de son neveu Frédéric-Auguste III, de 1763 à 1768. Cette dernière section aujourd'hui n'existe plus, car, en 1864, le gou- vernement saxon demanda et obtint la remise de la plus grande partie de ces documents.


Les archives des départements lorrains

Sous ce titre : Les archives des départements lorrains et l'administration des domaines, M. MARICHAL, archiviste aux Archives nationales, signale quatre décrets des 11 juin, 28 août et 2 5 novembre 1806 et 14 mars 1808, par lesquels les départements formés des duchés de Lorraine et de Bar furent autorisés, dans un intérêt domanial, à faire entre eux des échanges de documents d'archives.

Un bureau temporaire, composé de quatre personnes, fut établi à Nancy pour réaliser, sous forme de copies ou d'analyses, la communication des pièces qu'il était impossible de déplacer. M. Marichal avoue ne pas savoir quel fut le fonctionnement de ce bureau ni quelle exécution reçurent les décrets en question : mais il estime que l'on peut être renseigné à cet égard par les archives locales.

M. VEUCLIN, de la Société historique de Lisieux, a soumis à la Section deux mémoires. Le premier, intitulé : Les rosières de la marquise de Pompadour et de la ville de Dreux (1751-1752), se rapporte à l'heureuse innovation apportée par Louis XV au programme habituel des réjouissances publiques qui marquaient les événements


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nationaux. A l'occasion de la naissance (13 septembre 1761) du duc de Bourgogne, son petit-fils, le roi avait ordonné, en effet, que les sommes ordinairement affectées aux fêtes de celte nature seraient employées à la dotation et au mariage de filles pauvres et sages. Or, la marquise de Pompadour fut la première à répondre au désir du roi. Elle maria et dota une quinzaine de villageoises appartenant aux paroisses dont elle était la dame féodale, savoir : Crécy-Couve (5-9 octobre); Garancières et Boissy-en-Drouais (5 oc- tobre); Aulnay et Saint-Rémy-sur-Avre (6 octobre), etc.

Puis, le 9 novembre, jour où la ville de Paris faisait célébrer à ses frais, et en même temps, six cents mariages, la ville de Dreux voyait marier deux jeunes filles dotées également par la marquise de Pompadour. De son côté, la ville lit choix, après un long exa- men , de quatre filles pauvres dont le mariage se fit avec une grande solennité, le 25 janvier 1752, en l'église Saint-Pierre de Dreux. Cette brillante cérémonie fut suivie d'un banquet et de réjouis- sances publiques dont M. Veuclin donne les détails, d'après les archives de l'hôtel de ville et du tabellionage de Dreux.

La seconde communication de M. Veuclin a pour titre : Le pain de Pâques ou de charité dans le bailliage de Caen a la fin du XVIIIe siècle. Ce mémoire rappelle une ancienne coutume qui subsistait en 1778 dans soixante-trois paroisses des environs de Caen; c'était, en des jours déterminés, une importante distribution de pain faite aux habitants de ces paroisses, sans distinction de classe et de rang, Chaque année, grâce à des fondations dont l'origine était inconnue, 2,o32 boisseaux de blé étaient ainsi convertis en pain, moyen- nant la somme de 644 livres. Certaines paroisses avaient, à cet effet, des ressources relativement considérables : Colleville, par exemple, disposait de 2 44 boisseaux de blé; les Ifs, de 161 bois- seaux ; Éterville, de 135 boisseaux, etc. En 1778, un arrêt de la Cour supprima cette coutume à laquelle les populations tenaient beaucoup, bien que n'en retirant aucun profit réel; les revenus furent donc reportés au bénéfice de l'Hôtel-Dieu de Caen, malgré une très vive opposition de la part des paroisses intéressées dont les habitants avaient, paraît-il, l'hôpital en horreur. En 1784, des lettres patentes confirmèrent l'arrêt de 1 778

Le 14 février 1482, Me Guillaume Vicart, prêtre habitué en la paroisse rurale de Saint-Vincent-du-Bouley, au diocèse de Lisieux, fit une fondation pour des services religieux et aussi «pour faire


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une donnée, au dimanche de l'octave du Saint-Sacrement, de quan- tité de pains bénis par le curé, après la messe paroissiale et distri- bués aux présents autant qu'on en peut manger honnestement, sans qu'aucuns en soient exclus». En 1680, 6 boisseaux de blé étaient employés à cette donnée, laquelle, comme le pain de Pâques, était en dehors du pain bénit rendu chaque dimanche.

A propos de cette communication, M. Louis MORIN, de Troyes, correspondant du Ministère, signale que dans son Etude historique sur Romilly-sur-Seine, M. Louis Le Clert, également correspondant du Ministère, mentionne la fondation à Romilly, en 1194, par Hugues de Bomilly et sa femme Aales, d'une distribution de pain à tous les habitants du pays, le jour de Pâques, afin que ce jour-là au moins les malheureux n'aient pas, pour manquer aux offices, l'excuse trop légitime de l'obligation où ils se trouvaient d'aller chercher leur subsistance.

Cette distribution, assurée par des biens et des parts de dîmes et confiée dans la suite aux soins des religieux de l'abbaye de Scel- lières, puis à ceux du prieuré de Romilly, des chanoines de Saint- Urbain de Troyes et des seigneurs du lieu, fut fidèlement faite jus- qu'à la Révolution. M. d'Arbois de Jubainville a calculé qu'en 1645 la dépense occasionnée de ce chef équivalait à la somme de 3,367 fr. 35.


Dévastation de la cathédrale de Toul

M. Albert DENIS, maire de Toul, membre de la Société d'archéologie lorraine, fait une communication sur la dévastation, pendant la Révolution, de la cathédrale de Toul. Il réduit à néant certaines relations plus ou moins romanesques, publiées jusqu'ici sur cette dévastation, et démontre, à l'aide de documents authentiques, que cette dévastation fut ordonnée par un arrêté du 27 nivôse an II (16 janvier 1794) rendu par le représentant du peuple Balthazar Faure, en mission dans la Meurthe, et qu'elle fut exécutée le 7 pluviôse (26 janvier) par des ouvriers toulois, requis à cet effet par le conseil général de la commune.

M. Albert Denis raconte la dévastation des ornements et objets d'or et d'argent qui formaient le trésor mobilier de la basilique touloise, la destruction des statues, tombeaux et armoiries en pierre placés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'édifice; enfin,


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il indique quel fut le sort de tous ces précieux débris de l'art du XVe siècle.


Dernières interventions

M. DE RIVIÈRES a envoyé une charte de l'année 1286, en langue romane du Midi, dont l'original lui appartient. Cette charte est relative à une vente consentie par l'abbé de Gaillac à un marchand de Gaillac.

M. le docteur MIGNEN, de Montaigu (Vendée), fait hommage au Congrès d'une étude dont il est l'auteur et qui est intitulée : Pa- roisses, églises et cures de Montaigu.

M. PONTHIEUX, secrétaire du Comité archéologique de Noyon, fait également hommage, au nom de ce Comité, de Notes et docu- ments, publiés par MM. Bécu, Ponthieux, Tassus et Chrétien, de celte Société.


Voir aussi