Mém. Acad. natl. Metz (1837) Morin, faculté de Metz : Différence entre versions

De Wicri Histoire de la Lorraine
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la rareté des hommes capables de professer avec assez de talent pour que l'enseignement des départemens puisse répondre dignement à sa haute mission. A ce motif, Monsieur le ministre , on doit, nous le pensons du moins , en joindre un autre non moins grave, quoiqu'en général il soit moins senti ; c'est que , pour assurer le succès d'un enseignement , il faut non-seulement des professeurs habiles , mais encore un public capable et avide de les comprendre. Si cette seconde nécessité n'a jamais frappé les regards des illustres professeurs de la faculté des sciences de Paris , dont les vastes amphi-théâtres sont encore trop étroits pour la foule studieuse qui s'y presse , c'est que la capitale est le centre vivifiant où la jeunesse vient perfectionner ses études , c'est que là se réuniisent tous les jeunes gens qui se destinent au doctorat , à l'agrégation , et qu'ainsi les intérêts d'avenir des élèves ainsi que la haute réputation des professeurs concourent à augmenter le nombre des auditeurs. Mais, dans nos départemens en général , M. le ministre , l'enseignement scientifique n'a pas partout les mêmes chances de succès , et souvent, quelque savans que soient les maîtres, le public leur fait défaut. Dès-lors l'enseignement supérieur des facultés perd sa considération, sa supériorité , et il est réduit à descendre au niveau de l'enseignement élémentaire. Nous pourrions , à l'appui de nos assertions, citer plusieurs exemples , et entre autres celui d'une faculté de province , où , malgré le talent du professeur de mathématiques pures, cet enseignement ne trouve pas d'auditeurs , et où le savant, trop cons-ciencieux pour rester oisif, est obligé de professer les mathématiques spéciales, à quelques rares candidats à l'école polytbecnique. Tel est et tel sera long-temps encore, dans la plupart
 
la rareté des hommes capables de professer avec assez de talent pour que l'enseignement des départemens puisse répondre dignement à sa haute mission. A ce motif, Monsieur le ministre , on doit, nous le pensons du moins , en joindre un autre non moins grave, quoiqu'en général il soit moins senti ; c'est que , pour assurer le succès d'un enseignement , il faut non-seulement des professeurs habiles , mais encore un public capable et avide de les comprendre. Si cette seconde nécessité n'a jamais frappé les regards des illustres professeurs de la faculté des sciences de Paris , dont les vastes amphi-théâtres sont encore trop étroits pour la foule studieuse qui s'y presse , c'est que la capitale est le centre vivifiant où la jeunesse vient perfectionner ses études , c'est que là se réuniisent tous les jeunes gens qui se destinent au doctorat , à l'agrégation , et qu'ainsi les intérêts d'avenir des élèves ainsi que la haute réputation des professeurs concourent à augmenter le nombre des auditeurs. Mais, dans nos départemens en général , M. le ministre , l'enseignement scientifique n'a pas partout les mêmes chances de succès , et souvent, quelque savans que soient les maîtres, le public leur fait défaut. Dès-lors l'enseignement supérieur des facultés perd sa considération, sa supériorité , et il est réduit à descendre au niveau de l'enseignement élémentaire. Nous pourrions , à l'appui de nos assertions, citer plusieurs exemples , et entre autres celui d'une faculté de province , où , malgré le talent du professeur de mathématiques pures, cet enseignement ne trouve pas d'auditeurs , et où le savant, trop cons-ciencieux pour rester oisif, est obligé de professer les mathématiques spéciales, à quelques rares candidats à l'école polytbecnique. Tel est et tel sera long-temps encore, dans la plupart
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165 de nos département l'écueil contre lequel viendront échouer les tentatives faites pour répandre le haut en—seignement des facultés. Nous indiquerons plus loin, M. le ministre , les moyens qui nous sembleraient les plus convenables pour éviter ces •nconvéniens , mais au-paravant nous devons faire remarquer que , de toutes les villes de province , Metz est sans contredit celle où il est le moins à craindre , et où se trouvent réunis le plus grand nombre d'amis de la science. En effet , sa laborieuse jeunesse se livre avec ardeur à l'étude des sciences physiques et mathématiques qui lui sont néces-saires pour entrer dans les grandes écoles civiles ou mili—taires où les élèves de Metz occupent toujours tant et de si beaux rangs. La présence des écoles régimentaires d'artillerie et du génie , de l'hôpital militaire d'instruction , fournirait encore de nombreux auditeurs à des cours professés par des mattres , parmi lesquels viendraient sans doute prendre place quelques officiers de ces armes sa—vantes qui , déposant l'épée pour revétir la robe du pro-fesseur , feraient passer dans l'enseignement cette habitude des applications qui lui donne à la fois tant d'utilité et tant d'intérêt. Les observations précédentes suffisent donc pour faire sentir que les réflexions générales que nous avons faites sur l'établissement des facultés dans les départemens n'ont pour objet que de mettre en évidence la nécessité de choisir les villes dans lesquelles on voudrait les fonder et de montrer que Metz est une dé celles où il y a le plus de chances de succès pour un pareil établissement. Mais il est, M. le ministre , une autre remarque im—portante à faire , et qui nous semble de nature à •rendre plus générale l'utilité de la création des facultés départe—mentales , et nous nous expliquerons à cet égard avec
  
 
==Voir aussi==
 
==Voir aussi==
 
* https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33217k/f164.image
 
* https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33217k/f164.image

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Dans un rapport qui vous a été présenté en décembre dernier, le conseil de l'instruction publique, après avoir développé des idées vastes et généreuses sur l'enseignement en général , vous exprime le vœu que des facultés des sciences soient établies dans les principales villes de France, pour répandre, dans nos départements, les richesses de la science, en suivant les traces de la faculté de Paris. Mais dans ce document on laisse pressentir que d'ici à quelques années, un projet aussi utile ne pourrait recevoir qu'une exécution lente et graduelle par plusieurs causes, au premier rang desquelles on met avec raison

la rareté des hommes capables de professer avec assez de talent pour que l'enseignement des départemens puisse répondre dignement à sa haute mission. A ce motif, Monsieur le ministre , on doit, nous le pensons du moins , en joindre un autre non moins grave, quoiqu'en général il soit moins senti ; c'est que , pour assurer le succès d'un enseignement , il faut non-seulement des professeurs habiles , mais encore un public capable et avide de les comprendre. Si cette seconde nécessité n'a jamais frappé les regards des illustres professeurs de la faculté des sciences de Paris , dont les vastes amphi-théâtres sont encore trop étroits pour la foule studieuse qui s'y presse , c'est que la capitale est le centre vivifiant où la jeunesse vient perfectionner ses études , c'est que là se réuniisent tous les jeunes gens qui se destinent au doctorat , à l'agrégation , et qu'ainsi les intérêts d'avenir des élèves ainsi que la haute réputation des professeurs concourent à augmenter le nombre des auditeurs. Mais, dans nos départemens en général , M. le ministre , l'enseignement scientifique n'a pas partout les mêmes chances de succès , et souvent, quelque savans que soient les maîtres, le public leur fait défaut. Dès-lors l'enseignement supérieur des facultés perd sa considération, sa supériorité , et il est réduit à descendre au niveau de l'enseignement élémentaire. Nous pourrions , à l'appui de nos assertions, citer plusieurs exemples , et entre autres celui d'une faculté de province , où , malgré le talent du professeur de mathématiques pures, cet enseignement ne trouve pas d'auditeurs , et où le savant, trop cons-ciencieux pour rester oisif, est obligé de professer les mathématiques spéciales, à quelques rares candidats à l'école polytbecnique. Tel est et tel sera long-temps encore, dans la plupart

165 de nos département l'écueil contre lequel viendront échouer les tentatives faites pour répandre le haut en—seignement des facultés. Nous indiquerons plus loin, M. le ministre , les moyens qui nous sembleraient les plus convenables pour éviter ces •nconvéniens , mais au-paravant nous devons faire remarquer que , de toutes les villes de province , Metz est sans contredit celle où il est le moins à craindre , et où se trouvent réunis le plus grand nombre d'amis de la science. En effet , sa laborieuse jeunesse se livre avec ardeur à l'étude des sciences physiques et mathématiques qui lui sont néces-saires pour entrer dans les grandes écoles civiles ou mili—taires où les élèves de Metz occupent toujours tant et de si beaux rangs. La présence des écoles régimentaires d'artillerie et du génie , de l'hôpital militaire d'instruction , fournirait encore de nombreux auditeurs à des cours professés par des mattres , parmi lesquels viendraient sans doute prendre place quelques officiers de ces armes sa—vantes qui , déposant l'épée pour revétir la robe du pro-fesseur , feraient passer dans l'enseignement cette habitude des applications qui lui donne à la fois tant d'utilité et tant d'intérêt. Les observations précédentes suffisent donc pour faire sentir que les réflexions générales que nous avons faites sur l'établissement des facultés dans les départemens n'ont pour objet que de mettre en évidence la nécessité de choisir les villes dans lesquelles on voudrait les fonder et de montrer que Metz est une dé celles où il y a le plus de chances de succès pour un pareil établissement. Mais il est, M. le ministre , une autre remarque im—portante à faire , et qui nous semble de nature à •rendre plus générale l'utilité de la création des facultés départe—mentales , et nous nous expliquerons à cet égard avec

Voir aussi